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DICTIONNAIRE
DE
PHYSIOLOGIE
TOME VI
DICTIONNAIRE
HYSIOLOGIE
PAU
CHARLES RICHET
PHOmS^KUR Dlî PSYSIOrOOlB k LA FaCULTR DR lIKDBCmS DE PAHIfl
AVEC I. A C O L L A K O tt A I I n >
fflM. E ABELOU8 {Totiloua«l - ALEIaVs (MArseilliTi — ANDRÉ (Paris) - S. ARLOIMO (Lvoti^
ATHANA8IU 'Ps^rïn) - BARDIEB Tnulonto) - F, BATTELLI (OtMieve) — R. OQ BOIS REYMOND {B^^rlio}
0 BONM«ER (PariVi - f. BOTTAZII (Florence) — E. BOURQUELOT (P^im) — BRANCA tPar\s\
ANORÉ BROCA { Pari* I -L. CAMUS iPariB)— J. CARVALLO fpari*) -^CHARRiN (Pans) -A CM ASSEYANT Pun s)
CORIN iLjèpe) ~E. DE CtON Pam)- A. OASTRE (Part») - R. DUBOUS (t.yûfi) - W. ENOELMANN it«Hitii
G, FANO {Florencej- X, FRAWCOTTE {}MgtM- L. FREDERICÛ (Liègâ]— J. QAD (l^Mpiig) -- OELLÉ (Parin)
E. ÛtEY (Paris) - GRIFFON iHi-tines) -^ L. ÛUINARD {L>on) - HAMBUROER {CrrAniafretO
m. HANRiOT (Pan») — HÉOON fWouipemer) - F. HEIM (Parisi ~P HENRIJEAN Jàiïgoi- J. HÉRI COURT [Piriu)
F. HEYIiANS (OaDd) — J. lOTEYltO (BruîtellM) - PIERRE JANET rPam) — H. KRONECKER Bcrii*)
LA HOUSSE (Gaiiû) — LAMBERT (Nancy) — E. LAMBLINQ {IMU] — P. LANQLOIS (Paris)
L- LAPJCauE (Parisi ~ LAUNOIS iPimsi — CH. LIVON (Marscilkj - E, MACÉ (Nanc.vi — GR MANCA Pa^louo)
Ji»ANOyVR»ER(Paria)— W «HENDELSSOMN ( P.: lorsliourt;) — E. («EYEfl (Naticy) — miSLAWSKI Ka/an)
J P. MORAT (l.yoti) — A fiOSSO (Turin) - NICLOUK Paris) - J.-P. NUEL iLièee; - A. PINARD i Pun^
F. PLATEAU iilaad) — E, PFiUQER «Itonn; — II,P0WPIL«AN iParisj— P. PORTIER <Paris)- O.PÛUCHET (Pansi
E- RETTERER Paris) — i.CH. ROUX (Paris) - P. SÉBILEAU (Pam) — G. SCHÉPILOFF (Goufcvej
J, SOURy(Paris) - W. STIRLINO iManrliosler) — J, TARCHANOFF (P«^Lerfcbourgl - TiQERSTEDT (HoUîiigfora
TRtBOULET (Paria] - E, TR0UES8ART Paris) - H DE VARIGNV Paris - M. VERWORN (GOttiogao)
E. VIDAL rPans* - G. WEISS ;Parisi — E. WERTMEtHEfl lî.aioj
TOME VI
F G
AVEC 99 GHAVLRKS UA^S LE TKXTI
PARIS
FÉLIX ALCAN, ÉDITEUR
ANCIENNE LIBRAlRtE GERMER BAlLLlËnE ET C"
108, BOULKVARO SAIKT-aSHHAIN, 108
f90i
Tous droits r*»ervét.
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DICTIONNAIRE
DE
PHYSIOLOGIE
I vw ■ ■ ■ n
FAIM.
f Sommaire. — ^ L CaractèroB de la laira. — § II. Du Kentioittit de la faim. Expticatioti qat
Vùm peut en fournir. Ses causes. — ^ III. Voie» de transmission de la faim, — § IV. Rdie
des centres nerveux, — ,:; \'. Pathologie du seotimeut de la faim.
La faim est une sensation spéciale, commune à (ous les animaux cl qui traduit chez,
eux le besoin de manger.
Elle appartient au groupe des sensations internes. Bfiicxis» qui divise celles-ci en huit
classes^ fait rentrer la faim dans celle des besoins d'activité, à c^té de la sensation desotf,
de mastication, de déglutition, de nausée» de raicUon, ropposant ainsi aui besoins
d'inaction» tels que le besoin de .sommeil et le besoiii de repos.
Nous aborderons Tétude delà faim dans deux cas ditférents, d*aboid au cours de la vie
normale, puis dans des conditions spéciales, au cours de rinanition volontaire ou acci-
dentelle. Nous passerons ensuite en revue les théories proposées pour Texpliquer. Nous
aurons encore à étudier les causes, le siège, les voies de transmission et le rAie que
jouent les centres nerveux dans la perception consciente de cette sensation. Hn dernier
lieu, nous nous ocuperons de la palbologin de la faitn.
Et d'abord, il convient de bien spécitler ce que Ton entend par faim et appétit.
H ne s'agit pas de deux sensations dilTérente5,5'appliquant, comme certains auteurs le pré-
tendent, lu première k la quantité, fa deuxième à la qualité d'aliments. L*uae et l'autre
expriment le besoin de manger : il n'y a entre elles cju'une difîérence de degrés.
Alors que la faim est une sensation pénible et douloureuse, l'appétit est au contraire
nue sensation légère et plaisante. Cest celle que nous éprouvons au moment de nos
repai, au jnoment ou le besoin de manger à peine ressenti va <*tre satisfait. ï/appétit
n'est (ionc, peut-on dire, que le premier degré de la faim, i) en représi-nte la période
I agréable- D'une fai;on générale d'ailleurs, tous nos besoins .sont comun^la faim, agréables
à leurs débuts. C'est seulement plus lard qu'ils engendrent de la douleur, s'ils ne sont
point satisfaits.
^ l. — Caractères de la faim.
ne
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^
i}^ fahn au eourx df ta vir normate. -^ h) La faim au cours de i'inanifion fattée, — c) La faim
au cours de Vinanîtion volontaire ijeûne expérimental et charlatane»que).
Chacun de nous a certainement resseuti la sensation dont nous parlons, et. d'après
notre propre expérience, it paraît a priori facile d*en retracer les caractères. Il en est
bien autrement si nous nous adressons à rexpérimentation chez les diverses espèces ani-
males, car alors nous ne pouvons que surprendre les manifestations extérieures qui
Irahiîssent leurs besoins. Cepeudant, d'après les connaissances que nous possédonsTil est
rationnel de supposer, sinon d'admettre, que la faim st* manifeste de la même fa»;on chez
I
IUCT. DE PBYStOLOOlB. — TOME VI.
FAIM,
l'homme et les divers animaux» avec des réserves toutefois au sujet de certains carac-
tères particuliers. Il va sans dire qu'il faut toujours tenir compte des conditions d*exîs-
tence de l'espèce animale envisagée.
Disons au&sitÔt que le besoin de niati^er ne consiste généralement pas en une sen-
sation unique, mais bien en nne série de sensations. Elles sont diversement localisées, el
leur nombre comme leur siège en rendent l'analyse très difflcilot bien qu'il paraisse ne
pas en èlre ainsi, tant la faim exprime un besoin nettement défini.
En général, quand on a faim» on éprouve une très légère douleur ou dui moins on.
sintpïe malaise qu'on localise au niveau de la région épigastrique. Cest génêi alement le
signe du début île la faim que Ton observe. Il disparaît par la pénélration des matières
ttlimentaires dans le tube dijfrestif; alors lui succède le plaisir qui acronipagne toujours la
siitislaction d'un besoin naturel accompli. Les choses se passent ainsi au moment de nos
îf^pa."?, lorsque la faim, à peine ressentie» est aussitôt satisfaite. Mais il en e^l autrement
si nous endurons pIu;* lonj^temps ce besoin. Le malaise épigastrique persiste toujours et
s*acceotue au poinl de se transformer bientôt en une sensation pénible et désajL'féable.
Bien plus, il ne tarde pas à se produire une véritable irradiation de cette sensation vers
les régions voisines; c'est alors que Ton éprouve parfois des crampes, drs liraillements
sur toute la paroi abdominale, îles dotileurs musculaires disséminées plus particulière-
ment au niveau de la rrgirm îiupériêure du corps. Ces phénomènes s'ciccompagnent de
bi\illen3ents répdlî's, d'une violente eéphalaïgie et d'une lassitude générale. Plus tard, ils
s'exagèrent encore, et l'organisme entier est envabi par une véritable torpeur, incompatible
avec un eiïort quelconque, pbysique ou intellectuel. Tout travail devient impossible; Tat-
lentiou est désormais fix«-'e sur la seule préoccupation de s'alimenter.
La succession de ces diverses manif'estalinns conscientes n'obéit pas h des lois bien
définies, et leur ordj-e chronologique est essentiellement variable suivant lescireonstances,
suivant les iudividus. Toutefois, nous devons reconnaître que le début de la faim est
presque toujours marqué par un malaise épigastrique qui s*accom pagne assez vite d^une
pléiade de sensations secondaires. Il suffit, par exemple, de retarder de deux à trois lieures
Je moment habituel du nqias, pour être en proie aux douleurs de la faim. C'est ce que
Ton observe généralemerrt, bien que dans d'autres circonstances un retard beaucoup
plus considérable ne soit nullement incommodant.
D'autre part, on aurait tort de croire que ces différents signes s'appliquent k Tuniver-
salité des cas. Tout au contraire, ce besoin peut se présenter d'une fa^on bien différente,
et le tableau symptomatique changer presque complètement.
En signalant la sensation de douleur épigastrique, nous l'avons considérée comme
un des premiers signes de la faim. C'est la l'opinion de beaucoup de physiologistes;
d'autres pensent qu'elle ne saurait avoir rien d'absolu, La douleur parfois peut faire
défaul, comme nous le verrons tout à l'heure. Il en serait de même pour les sensations
secondaires qui s'ajoutent à celle de la faim et qui peuvent non seulement différer
comme nature, mais encore se localiser diversement. Sciurr rapporte qu'ayant inter-
rogé un certain nombre de militaires sur l'endroit plus ou moins précis où ils localisaient
la sensation de faim, plusieurs lui indiquèrent, d'ailleurs assez vaguement, le cou, la
poitrine; 23, le sternum; 4 ne surent localiser la sensation daris aucune région, et
2 seulement désignèrent l'estomac. Or S^-uin fait judicieusement observer que ces deux
derniers étaient iniirmiers. Il croit que leur réponse a pu être influencée parles quelques
connaissances anatomiques qu'ils possédaient. Il n'est évidemment pa> permis de tirer de
ces données une conclusion rigoureuse au sujet de la valeur absolue du signe qui
nous occupe; le nombre des personnes examinées était trop restreint. Cependant, la
difficulté qu'ont éprouvée ces niilitïiires à localiser la sensalîon de faim doit nous mettre
en garde contre la tendance trop facile à considérer la douleur stomaeale comme constante
dans la faim. Évidemment elle peut souvent faire défaut. Le même auteur a observé par
exemple que trois personnes, le grand-père, le fils, et le petit-fils ressentaient la faim
dans rarrière-gorge. A ce propos, Beau.nis estime que la connaissance que chacun pos-
sède de son propre corps et des organes qui le composent» influe sur toutes ces sensa-
tions. L'observation des deux infirmiers de Scqïff le prouverait jusqu'à un certain point*
Beaunis, analysant en détail sur ïui-mème les manifestatiotis intérieures conscientes
de la faim, constate un premier fait, c'est qu*il ne ressent pas la douleur épigastrique*
FAIM. 3
Il éprouve au contraire un plus ou moins grand nombre de sensations qui s^éteudent
dans toute îa répion sus-diaphragmatiqoe, avec de?^ localisations au niveau de rœsQpliagc
du pbar>'nx, du plancher buccal, de la région paroiidienne, des muscles nmsticalours,
de la tempe et de la ré|ïion épicranienne. Encore importe-t-il d'ajouter qu'il ne se
prononce pas catégoriquement i?ur ces sensations. Il ne saurait affinner qu*elles sont
réelles» ou bien ducs tout simplement à Taltenlion qu'il porte sur ce qui se passe ou doit
se passer dans ses propres organes. En lin de compte, .^e basant sur son expérience per-
sonnelle, et juju^eant d'après ses propres sensations et dans les ni»nlleures conditions
possibles, c'efit-à-dire, en s'afTrancbissant autant que possible de tonte idée préconrue,
Beaitn'is suppose que la faim consiste en un ensemble de sensations dont le point de
dil*part réside dans tons les organes rentrant en jeu dans les plH/nonii>netv digestifs.
Il était bon de consigner toutes ces divergences, pour montrer la diflicullé qiie Ton
éprouve lorsque l'on veut préciser exactement les premiers caractères de la faim. Il suf-
fit d* ailleurs, pour s'en convaincre, d'étudier sur soi-mfime cette sensation. C'est avec la
plus ^Tande peine qu'on peut la caractériser et la localiser. Personnellement, nous avons
miiintcs fois cherché à l'étudier sur nons-mAme. Mais, en dehora d*un sentiment de
vacuité au niveau de Tépigraslre, en dehors d'un malaise ^'én^'ralisé dans la partie sus-
diaphragmatiqijc, plus particulièrement marqué sur la li^'oe médiane de cette région,
DOos n'avons jamais pu arriver h préciser tïés exactement la nature de nos sensations
Cependant, malgré leur diversité, malgré leurs différences individuelles, il est permis
de considérer que la faim est généralement accompagnée, au début, d*une sensation
désagréable, voire même douloureuse, ressentie au niveau de la région épigastriquc* A
celle-ci s'ajoutent ensuite d'autres sensations. En empruntant â Beainh une coiiipai ai-
son tirée de ta musique, on peut dire : « qu*â la sensation fondamentale qui part de
Tcstomac, s'ajoutent des sensations barmoniquos provenant des autres or^^anes diges-
tifs». Nous croyons pouvoir ajouter que le point de départ de ce:^ dernières ne r<5side pas
exclusivement dans l'appareil digestif, mais dans tous les organes.
Mais là ne s'arrête pas le tableau des symplAmes que nous avons à décrire; si le
besoin de réparation que manifeste ainsi l'organisme n'est pas sati*faiJ, le système ner-
veux ne tarde pas à en subir le contre-coup, et bientrit survient la torpeur pïiysique et
intellectuelle que ijénératisent encore les sensations. Enthi, à un plus haut degré, on
observe des troubles psychiques graves avec manifestations délirantes. Notre première
description ne s'appliquait donc qu'à la faim phy^^iologique, à ce besoin habituel que
nous ressentons chaque jour avant Theure du repas ; elle est insuffisante à rendre
compte dfl la faim chez un sujet en état d'inanition.
On ne peut en elTet contester qu'il existe des degrés dans la sensation que nous
cause le besoin de mançcr. On a plus ou moins faim suivant les circonstances, suivant
le moment du dernier repas, suivant aussi de nombreuses conditions éminemment
variables. D'autre part, la délimitation de ces degrés est incertaine» rar Tintensilé d*> la
sensation est loin de suivre une courbe parallèle A sa durée. Autrement dit, o«i n*a pas
matbémaiiquement d'antatjt plus faim que Ton s'éloigne davantage du dernier repas.
Le sentiment de la faim se modili<' sous de nombreuses influences j et, k cette occasion,
il convient de signaler parliculièienni^iit le rftle important du système norveux. On
pourra se soumettre volontairement à un jeûne prolongé, comme rexpérieoce en a plu-
sieurs fois été tentée, et endurer assez facilement les souffrances de la faim* Le besoin
de manger sera d'autant moins douloureux, d'autant plus facile à supporter qu'il suffira
d'un signe pour être mis en face d'un succulent repas. Au contraire, la faim sera beau*
coup plus pénible, ses manifestations lieaucoiip plus douloureuses, si l'on se croit —
dans un naufrage, dans une expédition, — voué à une inanition complète sans espoir de
salut. Les naufragés de la Mcdmc, de la Jeannett*^, et récemment encore de la VUfe Saint-
Nazaire, nous en ont fourni de bien tristes exemples. Ces diJTérences dans rinlenwité de
la sensation au cours d'une inanition volontaire ou accidentelle, reconnaissent sans
contredît plusieurs rauses, mais le système nerveux a certainement sur elles une
inlluence considérable.
Il était nécessaire d'établir préalablement les relations de la faim avec les principaux
facteurs capables de la modilier. Hn nous basant maintenant sur ses différents degrés,
nous considérerons à cette sensation deux phases bien distinctes :
i
FAIM.
i^ La faim au cours tie Itt vie normale, ceïle que l'on ressent au moment des repas^
— faim phu^iolotjitfuc.
2*^ Iji iairn «y l'oiirs d une inanition conipléLe, — fnim pathahuique.
Mais. *'ômniit nous venons de le dire, il faul lenir rornpte des conditions de relte ina-
uH ion. EU à ce sujet, nous adopterons IVudre établi pai Ch. Richkt pour le jeune. De
rtiômo qu'il distîngui:' le jei^ne forcé, expérimental el cliarlatanesque, de même rou*
#studierons !a seiisiiLion de faim au cours d*uno tnanilion forcve, cJ'pMmentale et diariti'
lanesque.
a) La faim au cours de la vie normale. — Faim phijfiiolùgiquc. — En réaliti^, les carac-
tères de J;i lai m que nous avuns dêrrits plus haut s'appliquent parfailemenl a la sensa^
tion que nous retisenlons d'hahilude au moment de nos repas.
Mais, a côté de ceux-ci. il tu est d'autres ijue nous avons volonlairement laissés de
côté, pour les sifsiialer dans ce chapitre .spécial.
C'est ainsi que la faiuj, chez la plupart des espèces animales et chez l'homme, est une
sensation rythmique. Elle ne réapparaît pas aussittM f[iiVlle a été satisfaite, mais seule-
ment au hout d'un cedain temps, variable suivant les personnes, les habitudes ei de maï-
liples influences. Chez rfiomme, c'est en général cinq à six heures après te dernier repa»
du matioj douze heures après le repas du soir que le besoin de manger se fait sentir. Il
convient à < e point de vue de signaler le rôle très important que joue riiahilude dans
celte rythmiiité. Cela est si vrai que Ton a généralement faim à peu près exactement au
moment où l'on a l'habitude de prendre ses repas. Retarde-t-on cette heure, il n*est pas
rare d'observer que la faim peut disparaître, et ne survient que bien plus lard. Comme
le dit encore Brai njs : a La régularité du repas ramène avec l'exactitude d*une horloge
la sensation de faim. » La mAnie périodicité s'observe chez les nouveau-nés, La régula-
rité des létées détermine In régularité du rytîime de la faim. On constate couramment
que» par des cris et des pleurs trahissant sa faim, le nourrisson réclame la tétée a rheure
exacte, au moment jirécis où elle lui est donnée d'habitude. Les chiens, les chats, les
bestiaux, connaissent avec beaucoup d*^ précision l'heure habituelle du repas qu*ils
réclament par leurs cris et leur agitation.
De même que lu régularité do rythme de la faim dépend tle ta régularité de l'habitude»
de même une nouvelle haJjitude sera susceptible de inoditier le mode de ce r\thme. Le
fait de retarder régulièrement son repas d'une heure à deux retarde aussi d'une égale
durée l'apparition de la faim, l*rcnd-on pendant plusieurs jours un repas supplémen-
taire de jour ou de nuit, on constate bientôt que la faim apparaît à l'heure de ce nouveau
repas. Tous ces faits démontrent Faction du système nerveux sur la sensation qui nous
occupe .
Donc le rythme de la faim ne présente jias toujours le même mode. !ï varie sui-
vant les espèces auimales, suivant les individus, suivant leî^ habitudes. Sa pénodicilé en
un mol est liée non seulement au genre d'alimentation, et partant aui phénomènes de
rmtrîtion cellulaire, mais aussi au foncyonnement du système nerveux. S'il est vrai que
le sentiment de la faim reÛète un certain degré de dépérissement organique, s'il esl
vrai que cette sensation est ressentie au moment où nos cellules appauvries réclament
des matériaux nutritifs, il est également vrai que^ pour une bonne part, ses manifesta-
tions sont sous la dépendance du système nerveux, ce qui rend diClicde de préciser le
moment où, en théorie, les pretniers symptômes de la faim devraient se manifester. Cer-
tains auteurs, comme Beaunis, admettent que ce moment dépend exclusivement de la
valeur des pertes de l'organisme. D'après des expériences faites sur lui-même, ce phy-
siologiste suppose que la faim survient à l'instant où Torganisme — abstraction faites
des fèces et des urines — a perdu environ t>00 grammes. Cette évaluation ne saurait
évidemmerd représenter qu'une moyenne, et non une indication absolue.
Il en est de mÔme pour l'intensité de la sensation : elle est essentiellement variable*
ILius des cotidilions de vie absolument semblables, tel individu aura régulièrement faim
au moment de ses repas, tel autre n'éproovera à ce même moment aucune sorte de sen-
sation. Il ne s'ngit certes pas d anorexie dans ce dernier cas, puisque, sans avoir faini^
il prendra la nourriture dont il a malêrielleraent besoin. On peut encore signaler
le cas des personnes chez lesquelles la faim se fait régulièrement sentir avec vio-
lence, sans quils soient boulimiques. Autrement dit, on observe, dans riiitensité da
FAIM.
besoin de manger, toute une échelle de gradations qui la rendent très variable.
Kn dehors des relations de la faim avec le système nerveux (habitude), il convient
de signaler l'influence des phi**numènes chimiques intra-organiques. Pins ces rf^actîons
sont considérables, et plus aussi le dépérissemenl celUilaire est rapide. C'est ce qui nous
eiplique pourquoi la faim est plus vive en hiver qn'en étt% pourquoi Texercice augmente
rappétii. pourquoi aussi le besoin de manger est resseJili plus fortemenl chez Tentant et
ie convalescent.
Puisque la chaleur animale dépend exclusivement des échanges chimiques, il va de
soi qne la faim est également en relation étroite avec la température organique. Voilà
pourquoi cette sensation est alTaiblie chez les personnes ou les animaux à vie sédentaire,
({appelons û ce sujet le cas des animaux hibernants. Chez eux, le besoin de manger dis*
parait à peu près complètement pendant leur période de repos. Voilà aussi pourquoi
nous constatons que le sommeil annihile la faim. De \k le fameni dicton : « Qui dort
dîne, »
Ici devrait se placer naturellement Tétude de la faim chez les animaux à sang froid;
mais il n'existe guère de renseignements sur les manifestations de leur besoin. Toutefois,
les considérations précédentes sur les relations des phénomènes chimiques avec la faim,
les connaissances que nous possédons sur la rési.^Unce de ces animaux à riuanition, sur
la lenteur de leurs échanges nutritifs, nous permet tent Je conclure que la fiiim chei
eux doit être une sensation extrêmement alti*nuée.
6) La faim aa cours do l'inanition forcée. — Ffiim patholagique, — Si Thistoiro est
riche en cas malheureusement trop nombreux d'inanition forcée (naufra^çes, éhoule-
ments, expéditions, etc.), elle est beaucoup plus pauvre en renseignements circonstanciés
et précis .^ur l'intensité et la modalité de la sensation de faim au cours de ces jeûnes
dont riî^sue est fatale. Les narrations que nous possédons relatent surtout les phéno*
mènes ultimes de perversion psychique qui frappent particulièrement IVsprit des assis-
tants, peu disposés, et pour cause, h une analyse scientilique. De telle sorte que le
départ entre les phénomènes relevant de l'inanition proprement dite, et ceux qui carac-
térisent la sensation simple de la ïaini est très difficile à établir.
Toutefois^un des traits dominants de la faim dans l'inanition forcée, c'est son retenlisse-
menl sur les phénomènes psychiques. Il se manifeste par un délire particulier, caracté-
ristique, auquel on a donné le nom de dvitre famélique* Ce délire a été observé d'une
manière presque constante, ainsi t\n\^ii témoignent surtout les récits des naufrages de la
Mèdtise, de la Mignomictle, de la Bounjogne, et plus récemment de la VtUe Saint-
Nnzaire. Les sympl<imes de cette perveriion mentale sont absolument terri liants et
ont tour à tour inspiré narrateurs et poètes. On y retrouve tous les degrés de Tétat
mental, depuis la folie furieuse transformant les hommes en de véritables bétes ne se
connaissant plus, s'entre-égorgeant les uns les autres, jusqu'aux rêves agréables qui se
déroulent au milieu des souffrances les plus vives. Mous nous abstenons de citer les
exemples de ce j^enre, que Von retrouvera dans les mémoires spéciaux consignés dans
notre bibliographie.
Abstraction faite de ce^ perversions cérébrales, la faim apparaît, dès le début de
l'abstinence forcée, avec une intensité inaccoutumée. La certitude de la mort la rend
rive, intolérable, alors que dans le jeflne volontaire elle est plus facilement supportable
par une cause inverse. De telle sorte que les premiers jours du Jeilnc accidenlel sont
marqués par des douleurs extrêmes.
Mais, si nous avons posé en principe que Finlensilé de la faim n'est pas proportion-
nelle il sa durée, cela est bien vrai pour te cas qui nous occupe. Ce fait repose sur une
série d'oï^ervations prises sur rhomnie et sur TanimaL Personnellement nous connais-
sons un ancien comballanl de 1H70 qui, durant la campa^rne, dut passer deux jours «'^om*
pïets sans manger. Les effets de la faim se firent ressentir pendant ces quarante-huit
heures avec une violente intensité* Cependant, ils commençaient a s'amender a!*sez sen-
siblement et faisaient place aune fatigue exlrénie quand urr beureui hasard lui Ut ren-
contrer des vivres. Contrairement a ce que Ton eiU pu croire, il no put faire qu'un très
lé uer repas, et d\iilleurssans grand appétit.
It nous serait facile de citer des observations analogues montrant la possibilité de la
régressiou du sentiment de la Taim, au fur et à mesure que dure rabstinence. Il convient
FAIM.
d« diro que la ju^iikj conutalalton a éié fmUi «tir des animaui. Aiasi, raconte Ca. RrcucT :
LMioiiitK lu'a moniré un €liicn ([nil avait ^oiiniti!» à l'inanition et auqael il ne donnait
(|uc thi IVtuii. Kli liif.«iil au bout de Ux-nl»i juurs de jeûne» ce cUieu ne s'est pas jeté arec
lividité' Mir une soupe tr^^s uppétiâsante qu'on lui avait préparée avec de la viande, du
(>ain H dct Tertu.
Nuus-nn5rue dan* le Liiboraloirc do physiologie delà Faculté de Paris, en présence de
(lu. Hinni&T. jïou* avons observé le mf^me phénomène sur deux oies que nous avions
fcuumiïiw» A uujertne de dix-t*ept jours, daiis le but d'étudier leurs échanges respiratoires .
Ayiiiit dit il ce ïiionn^nt interrompre nos expérience^*, nous prc-sentûmes à ces animaux
dcH aljinefïtïi qu<' dlhihitudc ils mangent avec avidité. Comme dans l'expérience précé-
ilf*r»Lrr, i Iles ne he précipitùreiit nullement sur ce qui constitue d'habitude un de leurs
M II mon Ih pnM'ih'èH,
Au siir[itiH, nou^ ne pouvons préci«;er le moment de l'inanition qui marque l'affaiblis-
Mement on la siippre»sioii de la ^ensatiun. Parfois la faim persiste longtemps, comme
nous avon» eu Toccasion'de le constater tout récemment sur un chien. Cet animal avait
Hé ^oumi» à Jlnanitioa pendant 14- jours. Le iù*, on lui présenta diiïérents aliments sur
lesqur'ls il se précipita avec la grande voracité, témoignant ainsi d'une persistance ma-
nifeste du bosuin de manger qu'il ressentait selon les apparences avec une grande
intensité,
tïovons-nous concluro de ces faits que dans Tinanilion le sentiment de la faim puisse
&'attï'muer au point de disparallre iromplitement? Nous ne le croyons pas, pas plus qu'il
ne convient, seloji imus, d'tittrihuer à la faim ton les les perversions ccrébrales que pré-
sentent les inanitiôs. Elles ont vraisemblablement une double cause qui ressort du besoin
continuel de manger, et de l'inltuence progressive <!e Tabstintmce*
Non^N mentionnerons aussi les perversions du goftt au cours de l'abstinence forcée. Le
.Ht'nliment du hi faim est soumis parfois à de véritables modi^cations palhotogîques, qui
»o caiactéri.sent par ce fait que les inanitiés^ n'ayant plus désormais de répUjLfuance»
nian^<<nt h peu pj es tout ce qui leur tombe sous la main, sui^stances alibiles ou autres.
Cf» manifenlations patbolofçiques peuvent mt'nie arriver jusqu^ux cannibalisme* Mais il
s'en faut ipie ces perversions du goût qui accompagnent en général le délire famélique
apparaissent toujours avee la m«îme violence. On cite des exemples où des individus
surpris par un ébuulement se sont montrés d'un courage, d'une énergie stoïque, luttant
de san^-'-froid Pi^iilrc la faim, â tel point qu'an milieu des plus dures angoisses ils par-
tageaient entre eux les quckpies provisions qu*ils possédaient,
Ajonlons onlin que tous ees phénomènes : délire, perversion du ^oût, ne sont pas
seulement liés h la durée de Tina ni lion* Hs dépendent aussi, et pour une bonne part,
des roudilions même de Tinanilion. En général^ les individus surpris dans un naufrage,
ilans un < boulem"rit, dans une expédition, ont h lutter contre les agents ei teneurs. Us
ont, dans les naufruf^es surtout, à se défendre contre le froid, eiéculent ainsi du travail
mécajiique, augmentent conséquemnienL les pertes de Tor^anisme et facilitent l'appa-
rition de la faim. VX c'est dans ces circonstances que se montrent tes perversions dont
nous venons de parler,
r) La faim au cours de rinamtien volontaire (jeûne expérimeutal et charlaiaEesque).
— La faim ïje présente pas ImiL ,i lait la rnéme évolution dans rinanition volontaire et
dans rinanition accidentelle. Les conditions du jeune en sont la cause. Dans le cas de
l'inanilton lurcée, il est absolument impossible de se soustraire un seul instant au besoin
pressant que Ton éprouve avec d'autant plus d'intensité, semble-i-iL que Ton est dans
rimiiossibihté matérielle de le salisfaiiT. Au surplus* la lutte que Ton est obligé de
soutenir contre les causes mêmes de cette inanjtion aiii»mente la sensation de faim.
Hien de tout tela n'existe dans le jeûne volontaire, puisque Ton peut k son yré apaiser
la faijn en mangeant, puisque aussi, pour se mettre en meilleur état de résistance, ou
exéi'uti* le moins possible de mouvements* En un mot, les conditions «le l'abstinence
volor^taire sont telles que le sentiment de la faim sera atténué et facilement
supportable.
Nous empruntons à Cn. Rîr.Hr.T Tanalyse d'uu jeftne expérimental d'une durée de
quarante- huit heures autiuel s*est volontairement soumis tUMtE, Le physiologiste
aUemaivd n*a jins eu spécialement pour but d*analyseT ses sensations. Cependant,
FAIM,
ccrtttins détails de son observalion nous intéressent. Ainsi, dit Cu. Uichet : h \[ n*a pai
ressenti une grande înconimodîlé; d^ plus, durant» ce jeûnei c'est surtout aux pieiniers
momenls que les souffrauces ont été cruelles. Les symptômes qu'il présentait étaient
une grande faiblesse musculaire, Timpossibililé de se livrer à des mouvenienli
prolongés, des frémissements tlbrillaires, de la céphaïalgie. Ce qu'il y avait de plu*
saillant, c'était lephénoménep constant d*ailleur&, d'une insonmie avec des nuits troublées
par des cauchemars et le retentissement du pouls dans la tète >».
Malbetireusetnent, Tétudc de la faim ditns des circonstances analofj^ues n'a guère été
faite. Eu s'apptiyunt î-m la durée possible du jeune volontaire, sur des expériences
[faites sur les animaux, il est néanmoins légitime de penser (jue, si le senlinient de la
faim t^sl surtout vif vl pénible dans les premiei^ momenls, il s'affaiblit ensuite au
point d'être relativement supportable.
Mais le jeûneur n'est pas seulement en proie h la faim; il ne tarde pas bientôt a souf-
frir surtout de la soif. On a observé qne le jeûne expérimental est plus facile à supporter,
et peut être prolongé^ f»râce à Tabsûrption oxcîusive de liquides +^1 mêine de liquides ne
possédant aucune valeur alimentaire, comme l'eau. On peut utilement^ à ce point de vue,
opposer à certains cas déjeunes charlalanesque^, coninie ceui de Succi, qui bnvait un
liquide particulier, celui d*Antonio Viterbi, avocfit magistrat sous la première Répu-
blique. Compromis pendant ta Restauration dans une alîairede Vendetta, il fut condamné
h la peine capitale, le Itî décembre 1821, par la cour de Baslia. Il voulut sVpargner la
bontede l'écbafaud, ense laissant mourir do faim, et il exécnla son projet avec une éton-
nante force de volonté. Lui-même prit son observation, dont nous extrairons les passages
qui nouî- intéressent.
« 27 novembn' 1821, Je me suis endormi vers une heure, et mon sommeil s'est prolongé
jusqu'à trois heures et demie* A quaire heures el demie je me suis rendormi pendant
plus d*uue heure. A mon réveil, je me suis trouvé plein de force et sans le moindre sen-
timent de malaise, si ce n'est que ma bouche était un peu amére. Voici la lin du second
jour que j*ai pu passer sans manger : je n*en ressens aucune incommodité et n'éprouve
aucun besoin, v
(II y a ici une lacune : la copie ne parle point des quaire jours écoulés entre le
27 novembre et le 2 décembre, jour où Viterbi a interrompu son premier jeùtie qui a
duré six jours; le second jeûne, commencé le 3 décembre, amène la mort de Viterbi le
20 décembre.)
u *2. df^cembre. Aujourd'hui à trois heures, /ai mâtiné arec appclitt et j'ai passé une nuit
fort tranquille,
*» 3. Lundi. Aucutïe espèce de nourriture; je ne souffre pas de cette privation (seconl
jeûne).
« 4. Manli, Même abstinence : le jour et la nuit se sont passés d'une manière qui eiU
donné du courage à quiconque ne serait pas^ dans ma situation*
« 3. Mercredi. La nuit précédente, je n'ai point dormi, quoique je n'éprouvasse aucune
inquiétude phy^sique; mon esprit seul était extrêmement agité. Dans la matinée il est
devi^nu plus calme» et ce calme se soutient, Il esl. maintenant deux lieures après-midi, et
depuis trois jours moji pouls ne inanireste aurnn mouvement fébrile; il est un peu plus
rapide, et ses palpitations sont plus furies et pins sourdes. Je ne sens aucune xorte de
malaise. Vestomac et /es intestins sont d^jm un repog p<frfaiî. La télé est libre, mon imagt-
nalion active et ardente; ma vue extrêmement claire. Nulle envie de hoire ou de mnnger;
il est positif que je n'éprouve de velléité ni pour l'un ni pour Tiiulre»
H Dans une heure, trois joui s se seront écoulés depuis que je m'abstiens de toute
nourriture. La bouche exempte d'amertume, l'ouïe très (ine, un sentiment de force
dans tout rindividu. Vers quatre heures et demie, j'ai fermé les yeux pendant quelques
insLintSp mais nn tremblement général m'a bientôt éveillé. A cinq heures et demie
environ, j'ai commencé à ressentir des douleurs vagues dans la partie gauche de la
poitrine. Après huit heures, j'ai dormi paisiblement jendant une heure; â mon réveil, le
pouls élail parfaitement calme. Depuis environ neuf heures el demiejusqu'à onze, doux et
profond sommeil, faiblesse IrH semtbie ilans le pouls, qui reste régulier et profond :
point d'autre altération-
« A minuit, tranquillité absolue dans toute l'économte animale, particulièrement dans
FAIM.
lu poatii. A uni! heaf«, la gorgs aridr, une mf txçemne. A huit heures, mdme seasa-
Uon, ei''f»pt^" iin*^ IrA» lr'(<rîre du u leur au cœur-
* he jiouN & ^aueli*» rend d***» oscillalions axiirei que celles de ilroite, t:e qai annODce
le dénordro produit par l*ab!icnc« de nourriture*
» rv. Jtfii</i. - Le niMecin ma conseillé de matifier, rn*asmrant que rabsiinence, à laquelle
ji» rn obstinai s, prnloniferait mon cxUlence tk *iuinze jours. Je me ^uis déterminé à remplir
mon rutomac, dann Vcupéranrc qu'un excès produ trait i'effi^t déiiré, H a produit l'effet cou-
iratre, ot la diarrhée n'eitt arr^ti'se ; en un mol, j ai été malheureux en tout. Point de
fliWro» fit r^prndiinlr dtpu'ts quuire jours eniiers, je fiai bu ni manQé,
*i Je hupport'' unf ^oi/, une faim dnoranie^ avec im i.oura^e îi toule épreuve et une
rnuMtunrf^ inejtorsihht. ilri des dtHails sur le potils.)
a A neuf h*^urrs, proslratinu dos forces; le pouls assex régulier; ta bouche et le Qosiet
destâ^rhéâ: nnmniril haiMpiilIc d'ujje deriu-Ueure ♦mviron,
" 1, Vûjuh'cdî, — (Nuit lrttn«][uiHf* depuis six heures). Des verliges au réveil, ime soif
brûlante,
<i A neuf heures, la ^oif diminue,., à deui heun-s. soif ardente... à six heures, la bouche
amère... >*
8. Smtiedi. l'cudanl loiiLe la journ^'M?, il ^ouf^re exclusivement de la soif.
0, tJtmanthr. — Il priisonte queUjues vertiges, le ptjuls est taihlf^, la soif toujours
vive, rt A Irais heures de rapn^'s-midi» une de mi -heure de l*on sommeil à la Un duquel
lo pouU f'fîi intiTmitlcnt; des vertiges, une suif arduniv et continudie. Ensuite la lôte
eil Iraniiuilhv, festomitr vt km inteHitts sam aucune tujitftfion: pulsations régulières.-.
« A huit heures, le pouls fort et rei^titicr» la ti^te libre, l'estotmtc et tes entrailles en
bon état; la vue claire, l'oreilh? bonnt\ une aoif terrible; le cot*pfi plein de vigueur. »
u 10, Utndi, — l'endanl ta jonriicc du 10» même douleur otxiasionnée par la soif*
« Jtî <!ontinne h jirendrf du labai! avec plaisir; jV' ne sens aucun ftéair de manger.,, A
i] i X h e u re î< , soif œn fi n u* ^Ite e l tmij ou r s p l n s a rdet tte.
<i Hur rnrli' envie de mander m'a pris à (dusiours reprises pendant raprès-mldi,
je li'ai n^ssenti d'ailleurs ni (rouble ni douleur dans aucune partie du corps. »
Ih Mardi, - Il est toujours [ir^ocrupé par la soif.
n A %ix heures, mes facuUt^s inlellecluclles ont maintenant toute lY-nergie accoutu-
miV; la soif eut brûlante, toleiabie: la faim a cessé tout à fait. Mes forces décroissent sen-
»iblenif»iit... f'estomar, tiutestin ne me cument aucun malain^e, A dix heures, pouls faible
çt régulier; aoif horrible, nul désir lie manger.
H 12. Mrrrrrdi. -- Même élat, Nulle envie de manger ^ mais ta soif plua ardente,
<* la. Jeudi. — La ssoif est peul-élre un peu plus totérable; même indilTérenre pour la
nourriture ♦"
IH d&embre, — Eïilln il demeure toujours lourinenle par la soif depuis le 12 jusqu'au
18, où il écrit :
w A onxe heures, j*arrive au terme de mou existence avec la sérénité du juste, La
faim m mr îounmnte p/ws; la noif a entit^rement cessé; l'estomac et les inti'!<tius sont tran-
quUk$t la t^le sans nuajîe, la vue claire. En un mol, un c^lme universel règne, non seu-
lement dnns mnn l'u'ur et dans ma cmï^eience, mais encore dans toule mon organisation,
R Liî pru \Us monii^iits qui me n^stent s*écoulent tout doucement comme Teau d'un petit
ruisseau A travers un*? bell*^ et délicieuse prairie. La lampe va s'éteindre faute d'huile. »
Vitorhi vécut encore deux jours et mourut le 20 décembre.
Donc Antonio Viterhi mourut apri^s dix-sept jours d'un jeune pendant lequel il s'abs-
Iml de tout breuvage. Cette observation nous parait être très instructive; car elle nous
dtHuonlro que si, au botit d'un certain temps, la faim peut être iolérable, il n'en est pas
de même pour' la soif.
Nous piiurnons citer d\iuti*c3 cas de ce genre. Tel celui d'un condamné à mort,
liUillanme Granie, qui se laissa mourir d*inanitton dans les prisons de Toulouse. U
ntiiunit au bout de soi^tante jours. Tels les cas des mélancoliques qui peuvent s inanitier
pendant une période variant de vingt à soixante jours. Telle aussi l'observation d*aii
jeûneur nommé Hasselt et rapportée par SmoN GouL-\aT. Cet homme, enfermé penduii
quarante jours sans nourrituiw aurait été après cette longue période retrouvé vivant. De
Qiêtae, L^ptNK cite le cas d*une jeune lille qui, après avoir avalé de Tacide sulftirif]ue»
FAIM.
W
fut aUeinte d*un rétrécissernent de Ta^sophagd. Pendant six jours, elle ne pu! ni boire
ni manger, et mourut après avoir enduré surtout les douleur» de la soif. Teï encore le
cas d'un négociant aUemand qui se laissa mourir de faim à la suite de mauvaises
affaires, tl mourut après un jeune de dix-huil jours.
Nous n'insisterons pas plus longtemps sur ces relations inti^ressantes qui, malheureu-
sement, nf* m<fînlionnent point les particularités de la sensation de faim. Elïes sont sur-
tout importantes ati point de vue du jeûne, et trouveront mieux leur place dans Tarticle
Toaiutxoii.
Quoi qu'il ^n soit, nous voyons que, dans le jeône volontaire, les souffrances de la
faim ne sont pas de très longue dur^^r'. En to«t cas, il y a un contraste frappant entre
Tinanition forcée et Tinanilion volontaire. Evidemment, dans les deux cas, ou observe
une série de symptômes à peu près constants; agitation, faiblesse, dépression, lialluci-
nations, insomnie, excitation furieuse suivie de stupeur. Mais, chez le jeûneur volontaire,
ces phénomènes ne lardent pas à s'amender; chez Tautre, au contraire, ils suivent pro-
gressivement une marche ascendante pour arriver jusqu'à la perversion mentale, jusqu'au
délire, à la folie. Encore une fois, nous pensons que la faim n'est pas seule en cause.
Ces modiÛcations psychiques peuvent tenir au désespoir, à Tappréhension d*un danger
constant et d'une mort imminente.
Rien d'étonnant non plus, d*après les raisons indiquées plus haul, que la mort sur-
vienne plus rapidement dans l'inanition accidentelle. D'ailleurs, le moment de la mort
diffère suivant les circonstances qui provoquent le jeûne. Il ne saurait y avoir rien
d*ahsoîu. Si les conditions sont les mêmes, on peut admettre que les individus non alié-
nés meurent après des périodes variant de seize à vingt jours, »* Mous pouvons admettre,
dit tA\. RicHET i7oc. rJt^), que, cfiez les individus sains, sans lare nerveuse, la durée de
l'inanition qui amené la mort est d'environ vingt jours, Maiiscliez les aliénés et les indi-
vidus préparés au jeûne, la durée de rinanition peut être plus considérahle* n Pourquoi'?
sinon parce que la sensation de faim, avec ses terribles miinifestations, abstraction faite
de la valeur des échanges nutritifs, place Tinanitié dans des conditions de moindre résis-
tance.
Aussi BEHNtnciac oppose-l-il la durée de la vie dans l'inanition profirement dite k la
durée de la vie dans certains cas d'manition, telles que l'inanition hystérique, fébrile,
i< Constatons d'abord, dit-il, qne si, dans son état normal, un homme ne saurait
impunément prolon^j^er son jeune au delà de quelques jours, il le peut dans certaines
circonstances particulières, il le peut dans la fièvre. Le malade affecté de fièvre typhoïde
peut rester plusieurs semaines sans s'alimenter, sans boire autre chose que de l'eau : il
ne meurt pas d'inanition, >»
Le même phénomène s'observe dans certains cas d'embarras gastrique, d'anorexie
hystérique, de vomissements incoercibles.
Voilà cerles des oppositions intéressantes, qui, apparemment, restent inexplicables, si
Ton adniet que, dans tous les cas précités, les échan|?es nutritifs restent k peu près les
mêmes et ne s'écartent pas beaucoup de la rjormale. Pourquoi donc celte différence dans
le moment de la mort? BiciiNUEiit a insisté avec juste raison sur ce point, et a émis à ce
sujet une théorie des plus intéressantes et des plus ingénieuse», mai» qui impose
quelques réserves,
€ L'homme sain qui meurt après plusieurs jours de jeûne, dit-il, uo meurt pas d'ina-
nition; il n'a pas maigri d'une façon excessive; l'usure de sa substance n'est pas arrivée
à ses dernières limites. Le poids de son corps et la structure organique de ses tissus
sont cncx)re compatibles avec la vie. Bien autrement émacié est le malheureux phtisique
qui ne man^e plus, qui perd sa substance par tous les^pores, par la sueur, par Texpec-
toration, par la diarrhée, par la fièvre, et que cependant l'on voit encore se traîner
pendant des semaines comme un squelette ambulant.
M A c<^té de lui, l'homm*^ primitivement sain, après huit jours de jeûne, est encore un
colosse et cependant il meurt.
IL ne meurt pm fftndnition, il meurt de faim. Le féhricitant, le phtisique, l'anorexique,
rhystérique qui vomit n'ont pas faim, La faim tue avant ^inanition : voilà la raison de
cette apparente anomalie.
to
FAIM.
Aittremont dit, pour Bëiinhkisi, la faim crée chez Tindividu normal une véritable
nérrose, afTeclbri qtxi niénterait d*HvQ dbliaguée de l'inaniUoii propreiiieut dile.
La faim, d'après Itit» tue rapidement; rinanifioH treskniement.
Aussi, veul-on empêcher TalFtimé de mourir, il ^uîfii simplement Je calmer sa faim
par des agenb tels que l'apium, la merpliiiie, le sommeil hypnotique, le chlorolortne, etc.
K Certains étals pathologiques peuvent supprimer la faim, lyautres conditions, des
influences psychiques, de vives êmt^tiouh morales, peuvent la modérer. »
Voilà comment Bernheiu explique les cas si curieux d'anorexie hystérique, voilà coni'
meut aussi» il con«;oit la possibilité d*un jeâne relativement très prolongé, comme celui
de Cetti, de Merlatti et autros.
Au sens où l'entend rîEn>HRiMp les jeûneurs qui se soumettent à Tinadition résistent
facilement, tuut simplement par le fait d'une auto-suggesliou. Dtsctitant en particulier
le jeûne de Cetti, il admet que ce dernier — tout en n'étant pas un hystérique — s'est
su^j^estionné. Il demeure convaincu que la liqueur qu'il avala le premier jour l'avait
nourri, qu'il n'avait plus faim, qu'il conservait toute sa force physique. « Cela sullU pour
réaliser le phénomène; l'idée fait Tacte; il s'eialte, il s'entraîne, il se nourrit de son
idée, il se moulre avec complaisance à ses visiteurs, il jouit de son triomphe; l'esprit
domine le corps; son imagination le soustrait aux angoisses de la faim; le sensoiium
cérébral cuirassé par la suggestion est inaccessible k ce besoin. Cetti ne meurt pas de faim,
parce qu'il n'a pas faim ; il ne subit que les eO'etsde Tinanition, qui, à elle seule, ne tue pas
en trente jours. »
Sans adnieLlre complètement la manière de voir de BEHNUKtM, nous pensons cependant
qu'elle renferme une part de vérité. Il est certain que la volonté intervient comme un
facteur puîssanl d^attiMmation de la faim, que par ce fait nous pourrons d'autant mieux
résister a Tahstinence que nous nous elTorcerons de le vouloir. Ceci n'a d'ailleurs rien de
spécial au besoin de manger, D une ïin;on générale, la douleur est d*autaal plus intense
qa*elle nous surprend, que nous la redouions, qn^elte nous elTraie. Préparés à la subir,
l'attendant de pied ferme, elle nous sera plus légère. Est-ce â dire, comme le prétend
Bersiiejm» que nous puissions /« supprimer par un sinipîe effort de notre volonté, par une
auto-suggestion ? Nous ne le cro3'ons pas, et c'est en cela que la Ihéorie de ce savant noua
paraît prêter le flanc à !a critique.
Sans doute, la sensation de faim est nulle ou presque nulle dans l'anorexie hystérique,
dans certains jeûnes par suggestion hypnotique. Mais rien d'élonnant à cela, puisqu'il
s'agit dans l'espèce de véritables cas pathologiques. It en est lout différemment dans le
jeûne expérimental, volontaire. L*auto-suggeslion ne saurait à elle seule sufhre â éteindre
complètement le besoin de manger. Mais la volonté peut augmenter très bien notre
résistance au jeûne en diminuant L'intensité de noire perception consciente. Il s*agU
donc d'une auto-siîggestiûn beaucoup plus simple et moins névropatliique que ne le
pense Ber.xheim. Le jeûneur, par sa volonté, arrive à résister à l'habitude de manger; il
obéit à sa cunsdence qui le soumet à rahslinence, mais certainement sa volonté doit
être incapable de provoquer la suppression d'une sensation.
Pas n'est besoin dès lors d'invoquer avec HEaMîEiM une sorte de névrose créée par la
faim. Pas n'est besoin non plus de supposer que tous les jeûneurs sont des hystériques^
llien n*est moins fond^^ paraît-il, bien que certains d'entre eux aient présenté quelque slig-
mates. Ainsi Sucei n'était pas hystérique, d'après Topinion de Luigi BcFALmi : a Ceux
qui le connaissent d'après son enfance, diL*il, l'ont toujours tenu pour un homme dont
le cerveau est parfaitement équilibré. »> Mats, à défaut de signes hystériques, Beilmif.im
invoque Pau to- s n-j; gestion, comme pouvant à elle seule arriver à supprimer complète-
ment la faim. Il expliquerait ainsi le jeûne de deux femmes hystériques, endormies par
fJEfiovE, auxquelles ce médecin suggéra l'absence de faim et l'ordre de ne pas manger.
Elles supportèrent très bien ~ ne buvant que de Peau —un jeûne de quinze jours» bien
qu'on eût mis à leur disposition le plus fort régime hospitalier, et que les personnes du
service eussent Tordre de leur apporter les aïimenls qu'elles demanderaient. Mais il
s'agissait dans l'espèce de deux hystériques avérées, et l'on sait que cette névrose con-
stitue nu terrain éminemment propre à l'anorexie.
Il serait supcrûu d'insister plus longtemps sur les causes qui peuvent expliquer la
résistance au jeAne. Nous l'avons déjà dit, tout, dans le jeûne volontaire, est fait pour
FAIM,
H
résister à la faim, et le peo d*eiercice, et le âoiameil, et la température. Il y a. pcut-oa
dire, une véritable adapalion à ce nouveau genre de vie. Enfin l*habîtuJe peut encore
auj^rmenter cette résistance^ et c'est le cas des jeûneurs cliarlataiiesquesou de profession.
Pour clore cette discussion, et nous résumant^ nous dirons que^ si l'on ne doit pas, à
t*tnstarde BEaNHEt^, considérer la faim comme une névrose qui tue avant rinanition, oa
doit cependant en tenir compte comme d'un lacleor puissant» diminuant la résistance à
Tabstinence. Les douleurs qu'elle engendre, son relentisseinenL sur le système nerveux
central^ ne sont pas faits pour retarder le moment de lu mort : tout au contraire. Cesi
ce qui nous explique comment, si la mort dans Tînanition forcée survient au bout de 10
à 2u jours, rinanitiou volontaire est compatible avec une durée de trente à quarante
jours. Mais ta suppression de la sensation n*est jïas uniquement liée à l'auto-suggestion.
Par le fait de» nombreuses conditions que nous avons énumérées plus haut, si cette sensa-
tion existe, elle parait bien moins forte, et elle est bien mieuj^ supportée.
.^ II. — Bti sentiment de la faim. Explication que Toq peut en fournir.
Ses causes.
i) Origine tocalt de ta faim. — h) Origine centrak de ta faim, —
c) Or if) i ne vt'nphériqut de ta faim.
Puisque ta faim est un besoin dont nous avons conscience, elle doit nécessairement
reconnaître^ comme les autres besoins sensoriels, instinctifs ou acquis, un certain
nombre de causes qui rentrent dans l'étude physiologique de cette sensation.
On peut, en effet, envisager lascnsaliou à un double point de vue, comme le dit Joanny
KoLx : on peut : « par ce terme, entendre la sensation consciente, le fait interne, acces-
sible uniquement à l'observation subjective.
u On peut, au contraire, élargir beaucoup le sens de ce mot, comprendre dans Tétude
de la sensation tous les phénomènes qui précèdent le fait de la conscience, c'est-à-dire
reicJlatioji périphérique causale, sa transformation en mouvement nerveux, le trajet
de celui-ci Jusqu'à récorce, où apparaît la sensation consciente. On peut même suivre
ce motivement plus loin à travers Técon-e et le système nerveux cenlrifuj^e, dans sa
réflexion pénphériijue.
« C'est en sonmie l'étude d'un réilexe, sur le trajet duquel apparaît un phénomène
de conscience, »
C'est de cette manière que nous devrons maintenant considérer la faim. Et disons
qu'en définitive ce senliment nous avertit de Fétat de déniilnlion organique, La vie est
caractérisée en effet par un double mouvement au niveau de la matière or^^anique; l'un»
d'assimilation; l'autre, de désassimilalion. Leur succession rythmique et réj[^uli<iMe assure
réquilibre vital, sans quoi les réactions chimiques lil»ératricês do réucrgie dont n<ius
disposons détermineraient l'usure^ et ensuite la destruction du protoplasnia cellulaire.
C'est au momeiiï où nos éléments analomiques ont besoin de réparation que la faim se
faitsenlir. Elle représente donc une sensation de la plus grande utilité, puisijue, aulonia»
tiq*iemt'nt, nous sommes avertis de lanécessité de notre réparation organique. Admirable
système Je défense que l'on observe à tous les degrés de Péchelle animale!
Mai<, bien que ja cause primordiale de la faim semble consister en Tappauvrissement
nutritif des cellules» cela ne fait nullement comprendre la nature des excitations qui
engendrent la sensation.
Trois grandes théories se trouvent en présence. La première assigne à la faim une
origine stomacale, ta deuxième lui reconnaît une cause centrale, la troisième enlin la
ratlachi^rait a un réilexe nutritif dont le point de dépai t résiderait dans toutes les cellules
df^ l'orjL^inisme. Nous les examinerons successivement.
a) Origine locale de la faim. — 1) La faim reconnait pour cau$*f une excitation
tei}H€ de Vcitomâc,
Un premier argument en faveur de l'origine locale du sentiment de la faim est tiré
de ce fait» que, presque toujours, comme nous l'avons vu» cette sensation esl perçue dans
l'estomac, et saci'use par une douleur ^«-aslrique. Mais, outre qu'il n'y a à cela rien
d'absolu, îl importe de remarquer avec Sriupr que le siège d'une sensation ne saurait à
tt
FAIM.
fui sûul expliquer son origine; on peut loul aussi bien localiser à la périphérie une sen*
«ation il 'origine crnlrale.
AinM un a»npulé soufrdra «le la jambe qu'il n'a plus. Dans ce cas parliculier, il rap-
purlc à lu périphérie une sensation indiqtiant une altération des troncs nerveux qui
réunisstnit son moignon aux centres nerveux oo bien une allération de res centres uer-
veui eiix-m^mes* On connaît de nombreuses observations cliniques où des lésions céré-
brales provoquent d^â sensations [rapportées à la périphérie, La compression du nerf
cubital au coude provoque une sensation à un endroit très éloigné de celui où s*esl pro*
duile l'excilation*
Donc on doit justement distinguer la localtsalion d'une sensation d'avec son origine.
Ce sont deux choses absolument diîlérentes.
D'aiileurs la faim ne débute pas infailliblement par une sensation ressentie au creux
de Testomac, Les observations de Schipf et de Ubacnis sont suffisamment démonslra-
iives, El si, dans la majorité des cas, le besoin de manger est accompagné d'une dou-
leur stomacale, il ne s'ensuit pas qu*il y ait entre ces deux phénomènes une relation de
cause à effet. Nous savons bien que la sensation de faim est très complexe, et qu'elle
consiste dans la réunion de plusieurs sensations* La douleur stomacale peut n'être
qu\m des signes dominants de ce besoin, sans qu1l soit nécessaire de la considérer comme
l'unique cause de la faim.
Nous savons cependant que certains fails expéiinientaux militent en faveur do la
localisation stomacale de la faim. Tel le chat agastre de Car valu* et Pachon\ Cet
animal, après rablation totale de son estomac, eut une survie opératoire de six mois.
Dans cet intervalle, et princji>alemenl après le troisième mois, ces auteurs ont observé
que ce chat se refusait presque d'une manière absolue à prendre une nourriture quel-
conque. Il aurait donc, en apparence du moins, perdu le sentiment de la faim.
Voilà certes une observation d'une réelle valeur; mais les conclusions à en tirer au
point de vue de la localisation de la sensation ne sauraient être rigoureuses» En tout cas,
ce seul fait expérimental ne détruit pas les objections que nous faisions lout à llieure
contre la théorie de Forigine locale de la faim. Encore faudrait-il être absolument sûr
que ce chat avait complètement perdu le sentiment de la faim«
2) La faim dépend de la vacuité de V estomac, — Il semble, au premier abord, que nous
avions faim au moment même où notre estomac est vide. C'est cinq à six heures après
le dernier repas que nous éprouvons de nouveau le besoin de prendre des aliments.
En réalité, la faim survient longtemps après que les matières alimentaires ont été
dissoutes par les sucs digestifs et absorbées pur les voies normales- C'est du moinï^i ce
<jue confirme la célèbre observation de Beaumont sur le chasseur canadien atteint d'une
fistule gastrique, il n'avait faim que longtemps après la Un de la digestion stomacale et
intestinale.
D^aiïleurSp si Ton pose en principe que la faim est due à la vacuité de l'estomac, il
s'ensuit falalemenl que les animaux — les herbivores — dont la cavité gastrique renferme
sans cesse des aliments, n'éprouveraient jamais le besoin de manger. Or Tobservation
démontre le contraire.
3) La faim dcpcnd des contractions de festonuiv. — D'après cette manière de voir, les
contractions de Testomac vide auraient pour résultat de provoquer sur la muqueuse
des excitations spéciates qui se traduiraient par l'impression de faim*
Mais cette explication est insuffisante^ si l'on songe qu'une contraction de cette
inlensité n*est guère possible dans l'estomac vide, et que les mouvements musculaires
de l'estomac à l'état de vacuité sont rares et beaucoup moins prononcés que pendant la
digestion- Pourquoi dès lors le sentiment d»^ la faim ne s'exagère-t-il pas a la tin de nos
repas?C'est alors que les mouvements stomacaux sotit surtout énerg^iques; partant, c'est
à ce nioment que nous devrions surtout avoir faim. Cette hypothèse paraît peu fondée.
4) Nous mentionnerons simplement pour mémoire une tbéorie qui tend à expliquer
la faim par un (ituiltement du muacle di*îphragme. Quand l'estomac est rempli d'ali-
ments, il constituerait un coussin sur lequel repose le foie. Le coussin venant à
«iinquer, alors que resloraac est vide* la glande hépatique s'alTaisserait en attirant à
elle les attaches diapbragmaliques. Mais cette lijpothèse ne peut nous expliquer la faim
des animaux à station horizontale.
FAIM.
13
3) BsAUMOKT altribue le sentiment de la faim à ta turgescence de la muqueugc gastrique
ûup au gonflement des glandes ïitomacales avant le repas,
A propos de cette opinion, ScMiFt- fait remarquer que le travail de «écrétion ne s'exé-
cute pas pendant la période de v-acuité de Testomac. On peul aîn^i irriter mécaui-
tjuement la muqueusi* d'un ejitomac et provoquer une hypersécrétion abondante, san»
faire cesser la faim.
Braunis rejette dune façon absolue Topinion de Braumo^t; car, dit-il : « Les recherches
de HeiDEftHAiN ont montré que c^est pendant le repos de Testomac que i*accamule dans
les glandes gastriques la substance (propepsine) aux dépens de laquelle âe formera, au
moment de la digestion, le ferment actif du suc gastrique, Ja pepsine; ces glandes se
Irouvcnt donc, dans rinlervaMe des repas^ en un véritable état de turgescence* "
6} Dans ces dernières années, on a attribué une assez grande valeur à une théorie de la
faim que paraiisent fortement accréditer certains cas de pathologie.
Les partisane de cette tliéorie soutiennent que la faim est liée 4 h pmductioti d'acide
chlorhyrtrique qui provoquerait une irritation de la muqueuse gastrique. Certains caractères
de cette sensatioUtet surtout sa périodicité*, s^expliqueraient par le fait même de lapério-
dicité de la sécrétion acide. De plus, la pathologie confirmerait dans une certaine mesure
celte manière de voir. 11 est très fréquent» d'observer par exemple, rexagération do besoin
de mang«?r ehex les malades atteints d'hyperchlorhydric*
Discutant la valeur de cette hypothèse, Schiff recherche la reaction storaocale avant
et pendant la digestion. Or il trouve que celte réaction à jeim e*t légèrement acide, ou
neutre et rarem»*ïit alcaline. Cesl seulement an moment de la sécrétion gastrique que le
liquide devient francbement acide. Comment donc admettre une semblable explication
basée sur un phénomène a peine appréciable dans restomac vide et augmentant d'inten-
sité par Tingestion des aliments?
En somme, toutes les théories émises sur Torigine locale du sentiment de la lai m
sont insuflisantes pour nous rendre compte d'une façon exacte et rationnelle de cette sen-
sation. On ne peut d'ailleurs accepter facilement Tidéeque la laim. exprimant un besoin
essentiellement gênerai, puisse prendre eiclustvemeni son ori^xine dans restomac.
Examinons mainlenani la Ibéorie de Torigine centrale de la faim.
1*1 Origine centrale do la faim. — Rappelons tout d'abord que fa faim est liée à
Tétat de dénutrition or^aoique- Ainsi que nous l'avons déjà dit au début de ce chapilrei
elle est à l'avant-garde de la période d'assimilation, et représente pour l'individu un véri-
table système de défense.
S11 en est ainsi, tout obstacle à rassimilation, àla pénétration des principes alimentaires
jusqu'au niveau des éléments anatomiques* entraînera comme conséquence la sensation
de faim.
11 faut donc rejeter aussitôt comme cause de la faim les lésions anatomo-palbo-
logiques placées au niveau des voies d'absorption. La pathologie a en elï'et enregistré des
cas de ce genre. Ainsi MonGAGrd releva à Tautopsie d'un sujet» qui pendant sa vie avait
été tourmenté par une faim continuelle, un engorgement tuberculeux des ganglions
mésentériques. Tiedemanw cite également un cas de rupture du canal tltoracique. Les
diverses phases de la digestion s'accomplissaient d'une façon normale et régulièrement;
le seul passage des principes nutritifs dans le sang en était empêché par la rupture du
conduit. Aussi le malade ne pouvait-il jamais asr^ouvir sa faim. Dans le ra^me ordre
d'idées, on a signalé des cas de faim insatiable coïncidant avec une longueur insuftisante
de Tintestin. Cela est particulièrement fréquent chez certaines espèces d'oiseaux qui
arrivent à manger le dixième de leur propre poids. La raison en est toujours la même. Ils
digèrent incomplètement les matières alimentaires ingérées, et ils ont continuellement
faim. On peut ajouter à toutes ces observations celles que nous fournit la clinique à pro-
pos de certains cas d'anus contre nature et de llstule biliaire.
.Nous voyons donc que tout obstacle à l'arrivée des principes nutritifs dans le sun^^
entraîne fatalement la sensation de faim. Et cette dernière apparaît, parce simple fait*
indépendante de l'état local de l'estomac. Voila pourquoi Scmi-'i- a recherché la cause de
la faim dans une variation de la composition chimique du sang. Il ne pouvait en outre
qu'être encouragé dans ce sens par les analogies qui existent à ce oint de vue entre la
faim et la soif.
li
FAIM.
€amme la faim, cette sensation est très complexe. Elle consiste en une séi-ie de sen-
sations surtout localisées daos la réjCjîon buccale sans ejcrltisico du besoin général que
Ton ressenl d'ingérer des liquides, il priori, on serait tenté d^attribner à fune et à Tautrc
de ces sensations nue origine locale en se basant sur leur localisation péripbériqiie.
Cependant, il est, à Theure actuelle, démontré que la soif est une sensation générale.
DcPL'YTRFN, faisant courir des cbiens au soleil, calmait leur soif en injectant de Teau ou
d'autres liquides dans !es veines. Schifp a plusieurs fois répété cette exp*^nence. D'autre
part, personne n'ignore qu'à la suite d'bénioiTagies abomlantes les malades souffrent
d'une soif très vive qui disparait après Tabsorption d'une boisson rafralcliissanle. Autaot
de preuves que la soif est «'troiteiiient liée à la quantité de sang qui circule dans le
réseau vasculair^.
Eh bien! une moditlcation particulière, pbysique on cliimiqne, dans la composilian
du liquide san;^!uin» ne pourrait-elle pas à elle seule provoquer la faim? Telle est l'hypo-
thèse de SciUFi', nu du moins la théorie qull, défend et qu'il a|)puie sur reipêrieuce. Si
Ton injecte dans le système circulatoire d'animaux des substances nutritives en quantité
suffisante et artificiellement préparées, on peut non seulement calmer leur faim, mais
on les nourrit parfaitement. Dans certains cas de faim prolongée, on a également
observé que les lavements alimentaires apaisaient jusqu'à un certain point les souffrances
ressenties*
Srnii-F donne encore d'aul res preuves en faveur de Tori^'ine centrais Si l'on étudie la
sensation au i ours de l'inanition, on voit qu'elle au^^mente dintensilé le deuxième, troi*
sième et quatrième jour. Cependant^ Testomac une fois vidé de son contenu, son état ne
chanjçe phîs. Il semble^ d'après lui, qu'on doive rapporter l'intensité de la faim aux modi-
fications qualitatives du sang, qui, devenant sans cesse plus profondes, sont pour lea
centres nerveux une cause d'excitation de pins en plus grande. 1! n'en serait pas autre-
ment pour la première apparition de la faim chez Tenfant nouveau-né. Au bout de
quelques heures, il manifeste par des cris le besoin de manger, et cependant son esto-
mac après (a naissance est vide. On a prétendu que la cavité ^'astrique renfermait
une certaine quantité de liquide amniotique, et que ce liquida* *:on=iti tuait la véritable
nourritun^ du foetus. Le fait n'a rien d'absolu ; d'après certains auteurs, il userait au con-
traire tout à fait acccidenteL
En dernière analyse, Schiff conclut que la faim est liée à une modilîcation pliysico-
chimique du sang, qui constitue le point de départ de cette sensation, en excitant les
centres nerveux.
Cette théorie, comme nous le verrons tout à l'heure, est passible de certains
reproches. Ajoutons, pour l'instant, que Scuiff cherche encore à expliquer comment,
sous cette influence centrale, se produit tout le cortège des manifestations à lorahsation
péripliérique. Mais il ne tranche cette question qu'en raisonnant par analogie, par
déduction» sans expérience. H invoque en ell'et une irritation des centres nerveux, sous
rinfluence de l'état chimique particulier du sang, irritation provoquant des seusations
excentriques. ^- Pour n'en citer qu'un exemple, dit-il, les malades affectés de (umeiir
céréhrale, ne se plaignent-ils pus de douleurs sourdes dans les extréniit«?s, de fonrniil-
leraenls, d'hallucinations? Or il n'est pas indispensable que l'irritation des centres ner-
veux soit de nature mécanique: elle peut provenir tout aussi bien d'une altération chi-
mique, d'un changement de composition de la masse du sang. Dès lors, on conçoit que
la diminution des éléments constitutifs du sang, qui nous fait sentir le besoin de nourri-
ture, puisse aussi se trahir par des altérations de la sensitiilUé locale, sans que la loca-
lité où nous percevons cette altération soit directement alîectée. Ce qui donne un certain
poids A cette conjecture, c*est qu'il n'est pas excessivement rare d'observer des lésions
profondes de l'estomac, des destructions cancéreuses du cnl-de-sac de la région pylorique,
de la petite et de la grande courbure, sans que les malades aient cessé de percevoir la
sensation gastrique spéciale qui annonce la faim. »
Contre la théorie de Scjuff s'est élevée une objection tirée de la sensation gastrique
qui accompagne le besoin de manger. Nous ne reviendrons pas bien entendu sur celte
sensation dont nous avons suffisamment parlé. Nous rappellerons simplement qu'elle
s'observe fréquemment, mais non constamment. Cependant sa fréquence lui donne une
très grande valeur aux yeux de certains savants. Pour eux» ce signe ne constituerait fias
FAIM,
15
seulement Tcxpression d'un état général, mais il seraîl lié à un ëlat particulier de Te»-
lomac. En elfet, il est possible — sans faire dbparaUre la faim, — de supprimer celle
douleur, en iritroduisaul dans reslomac des matières non alibiles.
Mais, comme le fait remarquer ScaiFt, celte objection est basée sur une erreur de
raisonnement. Assurément, on peut calmer une névralgie d origine centrale, par une
irritalion mécanique du tronc nerveui lui-niAnie. Ainsi, chez un malade atteint de
tumeur cén^brale, et âoutfraot de fourmillements aux doigts, on peut, par une vigoureuse
pression mécanique sur les parties douloureuse*, faire disparaître la douleur. « Beaucoup
de n«'vra(gies, dit Si:«iff, sont momentanément calmées et môme supprimées par l'appli-
cation d*une douleur extérieure. C'est l'impression périphérique qui prévaut sur la sen-
sation centrale. »
Il en est de même pour la sensation gastrique qui accompagne la faim. Les applica-
tions extérieures» la compression de la région épigastrique, la conslriction calmenL la
Uim : d*où l'expression connue « se serrer le ventre ». Cela s'explique faoilemeut par la
prédominance de Tirrilation périphérique sur la sensation excentrique. <* La mt^me
explication, dit encore Schut, vaut pour Tin^estion de substances inertes, de pierres, de
sable, moyen palliatif qui malheureusemenl n'a été que trop souvent expérimenté contre
la faim en temps de disette; ici, c'est Tirritalion locale, appliquée aux nerfs sensibles de
la cavité stomacale» qui sr^ substitue h la sensation transmise aux centres»
« On voit donc que l'opinion qui regarde la sensation épigastrique de la faim comme
dépendant d'un état local de retsioraat!, parce qu'il existe des moyens palliatifs locaux
pour l'apaiser, est fondée sur une erreur de raisonnement, que c'est préciscmenl le con-
Iraire que nous enseigne l'analogie. >*
Il est encore d'autres exemples de la prédominance des sensations périphériques
sur les sensations d'origine centrale. Ainsi le sommeil est un besoin f?énéral, el cepen-
dant il se traduit par une série de sensations excentriques : sensation particulière dans
les yeux, lourdeur» pesanteur, démangeaison des paupières. Or on trompe assez facile-
ment le besoin de dormir par des applications d'eau froide sur les tempes ou sur le
ront.
Il en serait de même pour la faim, el Tobservalion des malades atteints de pyrosîs
ne ferait que coulirmer cette manière de voir. Ces malades ont une faim continuelle, et
mangent peu à la fois. Les aliments in^'érés sont en assez grande quantité pour tromper
leur faim, mais non pour la supprimer; car ils ne sauraient suffire à la réparation com-
plète des pertes organiques.
C'est ainsi que Scoiff réfute rette objection et persiste à admettre que certaines mo-
dïfications physico-chimiques du liquide sanguin sont capables de faire naître lu faim
par leur retentissement sur le syslènie nerveux central, tout comme les adultérations
du sang provoquées par l'excès d'acide carbonique ou le manque d'oxygène modifient
les actes respiratoires par action centrale. Nous venons de le voir, plusieurs observations
directes, certaines analogies plaident en faveur de cette théorie. Mais rien ne prouve
que, dans les premiers stades de la faim, le liquide sanguin a subi une modification
chimique ou physique; rien ne prouve d'autre part que cette excitation, si elle existe,
puisse à elle seule déterminer l'apparition de la faim. Le processus est peut-ôlre plus
complexe, el le retentissement de la dénutrition organique sur le système nerveux cen-
tral peut s'expliquer non seulement par une irritation chimique, mais par un acte
réilexe, tout comme les phénomènes respiratoires et circulatoires ne sont pas seulement
influencés par des excitations centrales d'origine cliiniique, mais aussi par des excita-
tions sensitives périphériques qui se transmettent aux centres nerveux par voie réflexe.
Ces dernières considérations nous conduisent tout naturellement à parler de la
théorie péri plié H que de la faim,
c) Origine périphérique de la faim. — D'après les partisans de cette théorie, la
faim prend naissance au sein même des innombrables cellules de l'organisme. Comme le
dit JoANXY lloux (toc. vit.) : *.< C'est le cri de notre organisme réclamant des matériaux
nutritifs, lorsque le milieu intérieur s'appauvrit. Toutes les cellules de notre organisme
sont solidaires, et cette solidarité est rendue nécessaire par les spécialisations fonctionnelles
multiples, par la division du travail. Lorsqu'une cellule éprouve un besoin qu'en raison
de cette spécialisation elle est inapte à satisfaire elle-même, elle Tait appel à d'autres
Î6
FAIM.
cellules, et cela par rititormédinire du syslt^me nerveuic. Telle est rorigicip de tous Jes
réllexes nutrilifs, et dans la lensalion de la Jaîrii il n'y a pas nutn- chose qu*un rcflej-e
nutritif corticai, n^flexe imomplùtement ttdaptv, et donnant naiésancc à ce titre ^ comme épiphé-
mtm^ne, à un fait de conscitnee : ta i^ensation de ta faim, au sena ancien du mot. ••
Sans suivn? ki J. Hulx dans son inléressatil [ilaidoyer eu faveur de cette doctrine,
nous signaïerous simplemetjt l'opposition qui existe entre celte IhOorie et celle de ScaiFf*
ScHiFF invoque l'action directe du sang adultéré sur les centres nerveux, comme cause du
besoin de niangei. Cette excitation a pour effet de localiser h la péripbérie des sensa-
tions d'origine centrale par un phénomène semblable à celui des irradiations excentriques
des sensations. Dans la première théorie au contraire, il s'agit d'un réflexe nutritif
corlical dont le point de départ siégerait dans toutei? les cellales, et qui aboutirait à un
neurone cortical (phénomène de conscience). « L'aboutissant de ce réflexe est la recherche
involoatAire et consciente des aliments, n
Peut'tHre convient-il de rechercher dans ces deux théorie les causes de la faim qui
proviendrait ainsi, d'une part, des modifications du sang, d'autre part» d'une excitation
nerveuse de toutes les cellules de Torgatysme»
11 faudrait donc admettre que les cetdres nerveux sontà lafoisdircc(cMicî>/ excités par
les variations de la composition phjsico-chimique du milieu sauguiu, indirecttment par
une excitation nerveuse dont le point de départ résiderait dans tontes les cellules de
rorganisme.
Olte opinion mixte a l'avantage de concorder avec les explications qu'ont données
de la ftiim les physiologistes comme Lomget, Mac£N01e» ScBiFr, BKiUNis, Wl'ndt, pour ne
eîler que ceux-là.
M\GE.NmE : u La faim, dit- il, résulte comme toute les autres sensations, de Tactlon
du systi?"me nerveux; elle n'a d'autre siège que ce sysLèrae lui-même. Ce qui prouve bien
la vérité de cette assertion, c'est qu*elle continue quelquefois, quoique l'estomac soit
rempli d'aliments, c'est qu'elle peut ne pas se développer, quoique l'estomac soit vide
depuis longtemps; enfin c'est qu'elle est soumise à riiabiludê, au point de cesser sponta-
nément quand l'heure habituelle du repas est passée, »
ScHiFF : « L'usure et la destruclior» vitale sont causes de modifications impor-
tantes de ta composition du sang. D'une part, les produits de la décomposition chimique
des tissus^ corps désormais inutiles à la fonction de lorgane dont ils proccdent, sont
emportés par le courant circulatoire; d'autre part, les tissus appauvris, altérés dans leur^
propriétés normales, empruntent au sang qui les baigne les matériaux aptes à les recon-
stituer. De là, une double altération de ce liquide; augmentation des corps eicrémenli*
tieîs inutiles à la vie, et diminution des éléraenls utiles et réparateurs des tissus. On
coni;oit que cette altération, arrivée à un certain degré, ne peut rester sans influence
sur ce que nous appelons l'rtat yéitéml^ ou, en d autres termes, que les centres nerveux
doivent subir l'impression du sang appauvri et réagir a cette impression par une sen-
sation particulière et de nature générale.
«( Or les symptômes particuliers qui nous font connaître cet appauvrissement du sang
résultant de Texercice régulier de nos orgaueSi sont ce que nous désignons sous le nom
de seJiSfUions (fe la faim et de ta soif, n
LoNtiF-T : « La faim est l'expression d*un état général qu\ se traduit par une sensation
spéciale que nous rapportons à Tendroit où elle se fait sentir, bien qu'en réalité elle ue
siège pas uniquenjcnt en cet endroit.
ti C'est dans l'organisme en général qu'il faut placer le sentiment de la faim, et la
sensation particulière, éprouvée dans la région épigastrique, doit être considérée comme
une manifestation limitée d'un état général, comme le prodrome des nombreux phéno-
mènes de la faim- »>
Bkao.ms : u II ei^t évident qu'il y a dans la faim autre chose que des sensations locales.
L'insufli sauce et i'arrét de rabsorption digestive, l'état d'appauvrissement de la lympbc-
et du sang, le défaut de nutrition des tissus et des organes déterminent une réaction des
centres nerveux, et celte réartion se traduit par ce sentiment de défaillance qui vient
s'ajouter aux sensations plus exclusivement localisées dans les organes digestifs propre-
ment dits. Pour que la faim soit satisfaite d'une façon complète, il ne suffît pas que les
aliments soient digérés; il faut ijue les produits de cette digestion, absorbés dans le
■ AIM,
tm&c alîm^nUîre» passent dans (a lymphe et tlaus le sauj^ et ailleiil r<:ijiarer Ips pertes
des tistsu^ et des organes. A ce point de vue, on pourrait dire avec Lo^xr^er que c*est
dans tout forganisme que réside le sentiment de la faim. »
WuNDT : « Les sensations de faim, de soif, la scn^^atian dn manque d'air, depuis les
besoins modérés normaux de respirer, jusqu'à lu dyspnée la plus intense, toutes «:es
sensations dépendent certaioement, mai> on très faibles parties, des orfçanes périphê-
tiques où elles sont localisées. Klles sont liées à des états dèterininés de la composi-
tion du liquide sanguin; ces tUat», d'après nos présomptions, mettent m jeu dans k's
[•centres nerveux correspondants des excitations qui produisent, soit des mouvements
^ involontaires, soit des sensations, et par ceUes-ci des mouvements volontaires propres à
entretenir les tondions en question* •
En tout cas, il nous semble impossible, a Tbeure présente, d'assii^uer à la faim on*^
caune absolument précise. Nous nous sommes arrêté à la théorie mixte que nous avons
résumi^e tout a Theore, convaincu qu*elle rpnferme la plus grande part de vérité sur les
T^érilables faclt-urs qui engendrent cette sensation.
;i III. — Voies de transmission de la faim,
a) Héh dn pn^umoffastriqties. — b) Hôle du Mympathiffite.
r^onHne le dit lÎKArNis, <♦ la faim comprend :
« i<^ Les sensations localisées d'une façon plus ou moins vMiçue dans les orçancs
dig'f'slifs, les muscles masticateurs^ sensations qui uni pout point de départ la mui|ueuâe
de ces divers organes avec leurs nerfs sensitifs, les glandes (6lat île n*plélinn avant fa
digeslion), lea muscles (besoin de contraction au débat, coolradions morbides dansleiv
degrés intenses de la faim).
« 2" Une sensation ^^énérale due à Tappauvrisseraent et â Tinsuflisance de nutrition
de l'organisme; mais ce sentiment générât lui-même n'est que la résultante d'une
multiplicité de sensations partielles, vîurues, obscures, mal détinies, partant des diverses
régions de l'orgiinisme. "
Il est évident qu*à diitcune de ces sensations est alTectê un système particulier de
transmission. Voyons ce que Ton a pu déterminer à ce sujet, à l'aide de rexpérimen-
tation.
Tout d'abord, on s'est préoccupé de rechercher spécialernenl les voies de conduction
des sensations localisées le long dn tube digestif, voies qui ne peuv-»nt élrv représentées
que par les nerfs sensitifs émanant de ces org^anes. Aussi a-t-on été amené à considérer
tour 4 tour le sympattiiquc et les pneumogastriques comme let* conducteurs liabiturds
de la sensation de faim, ^i Tuu sont;e que ces deux nerfs se partai^ent rinncrvatiur
tnolrice etsensitive du canal intestinal.
On a pratiqué une foule d'expériences dont nous ne retiendrons qu« les plus impor-
tantes, tout en faisant néanmoins remarqn*^r que les résultats obtenus sont îoin d*étrc
décisifs,
a) Rôle des pneumogattriques. - II n'y a aucun doute : la faim persiste malgré la
résection de ces deux nerf». L*«q)ération a été faite souvent sur diverses espèces animales
(cheval, cbien, cobaye, lapin, etci. ltEAi:xis'n*a jamais pu obtenir la cessation de la faim,
.*înr soixante expériences de résectiou du pneumogastrique, il a toujouis vu les
animaux se remettre h manger après ropéralion. Ce fait ne peut s*expliquer que par
la persistance de la faim. Il n'y a pas lieu d'incriminer le ^oiVt, puisque* la sertion du
lingual et du j^losso-pbaryngien n'abolit pas non plus le s«*nttment de la faim,
TtfUe n'est pas l'ufjinion rie Bftu uet. «.et auteur reconnaît au pneumogasiriqueun rôle
itxcessivement important au point de vue de celle sensation, et cherche à le démonlfi'C
expénnienlatement. Il a fait jeûner un chien pendant vingt-quatre heures cnviion, puis il
lui a sectionné les deux pneumogastriques au niomeni où ranimai était prêt ù se jeter
avec voracité sur des aliments qu'on lui avait présentés. On vil alors la faim a apaiser
presque aussitôt.
Cr n'est là qu'une observation iniique et 1res incomplète, qui ne saurait entraîner
pour conclusion, comme le veut Mn.\CHtrr, que ta sens.itiun de faim naît au niveau de
DtcT. vm pavstoLOoiv, — tome vu 2
18
FAIM.
la muqueuse gastrique et possède comme voie de^condiiclion le tronc nerveux des pneu*
mogasirîques.
D'ailleurs, (iresqiie tous les auteurs qui se sont occupés de la question sont unanimes^
à reconnaittG que les animaux qui otit subi la double vagotomie ne perdent nullement le^
sentiment de la faim. Le besoin de manger se fait ressentir aussi bien après qu'arant
l'opérai ion,
SÉiïîLLor a conservé des chiens après la donlde vngylomîe p*^ridanL long-temps et
affnmc avoir reconnu chez eux les signes certains de la faim, parfois très persistants,
puisque, duus certaine cas, la survie opératoire êfait de plusieurs semaines. Schiff a
ronfirmé enlièrement les résultats de Sédillot, sans pouvoir toutefois conserver aussi
longtemps qun lui les animaux opérés (six jours au plus lard). Cependant il est très
explicite à cet é/arard, et soutient que lourapprlit s'est manifesté aussittU après les effets
fSdnt^raux de ropôratiou. Le cheval, qui réagit moins que tout autre à la section des
vagueSp conlinue à maoger immédiatement après l'opération.
H importe, en elfet, de tio point confondre les effets généraux de Topération avec ceuï
qui dépoudent exctu'iivemeut de la section des vag-ues, Brachet, par exemple^ considère
Fanoresie presque iuïmédiate survenant après la section nerveuse, comme due au rôle
que jouent normalement le^î pneumogastriques dans la conduction de la sensation. Mais.
h ce titre-là, de nombreux nerfs tiennent sous leur dépendance cette sensation, puis-
que celle-ci peut disparaître aussittU après une lésion des parties inférieures de la moelle^
du nerf sciatique, du plexus LracliiaL
On ne saurait iuvoquer en faveur du rôle spécial joué par les vagues ce fait, que
l'anorexie, fonséculive à leur section * est de ptus louf^ue durée qu'après les traumatismes
précités. Ne savons-nous pas que la double va^'otomte entraîne des lésions intlamma-
toires du poumon capables de déterminer une anorexie qu^on attribuerait h tort à la seule
section nervi?use?
H n'y a pas lieu davantage de supposer que la vagotomie aura des eiïets différents
sur la faim, suivant le lieu de la section. Sckikf a pratiqué cette section, soit au cou, soit
au-dessous du diaphragme, 11 s'est assuré dans ce cas de la section complète de tous les
rameaux gastriques et hépatiques. Los résultats observés sont semblables à ceux que
provoque la section sus*diaplirat;matique, avec cette différence que, l'opération étant
moins grave, Tobservation a duré bien plus longtemps. Durant leur longue survie, les
animaux ont toujours montré le retour de l'appétit, el ont absolument mangé comme
à l'état noimaL
Uue conclure de ces diverses expériences, sinon que les vagues ne Jouent probaldé-
ment aucun rùle particulier?
h} Rôle du Ejnipathique, — On ne sait que peu d<^ ctiose sur la fonction de ce nerf.
LoNr^Hi lo considère comme la voie par laquelle la sensation de faim est transmise aui
centres, Mais celle-ci persiste, bien que l*on extirpe les différents amas ganglionnaires et
les différents rameaux du sympathique.
Ainsi BnrTiiXKR et Bensfin ont fait ta section des splancbniques, et les nnimaux opérés
rontiQuérent à manger avec toi^s les signes de l'appétit.
Bien plus, Scunr, opénint sur des lapins, sectionne les deux vagues, les deux sympa-
tliiques et extirpe les ganglions cœliaques. Il a conservé les animaux pendant cinq
h six joïirs et constat*? la persistauce de Tappétit.
En r et rit actuel delà science, il est donc bien difficile de préciser les voies de transmis-
sion de ta faim. L'expérimentation n*a pas élucidé cette question pour la sensation
principale qui accompagne te besoin de manger, c*est-^-dire ta douleur gastrique. A fortiori^
sommes- nous dans Ti ni possibilité de dissocier par l'expérience les voies de conduction
pour les sensations secondaires ?
L*onlogénie et la phylogénie permettent d'afllrmer que la sensation de faim existant
chez le nouveau-né doit être transmise par des conducteurs nerveux myélinisès. D'après
les travaux de FLccusiii, nous savons que, dès le neuvième mois de la vie intra-utérine, une
partie du système nerveux commence à se myétiniser. Ce système est représenté par
des libres dont les cellules d'origine sont placées dans les noyaux gris centraux faisant
suite au ruban do IteiL. 11 est donc probable riue cVst grâce à lui que les sensations de faim
et de soif peuvent être perçues.
FAIM,
i9
De qaelque façon qa'i>n envisage la faim, qu*on la considère comme uae sensatioii
d'ori|3;ine locale, centrale on périphérique» on esl bien obligé de faire intervenir les
centres nerveux dans le phénomène de conscience de ce sentimeot. L*appareil nerveui
central jonc donc un rûle, mais quel est-il?
Les résultats eipérimeiitaux ou cliniques que la science possède sont également
mal déterminés.
Cedains auteurs, tels que CoMbss Sl-ruheim, OftOL-ss^ts, admettent on centre particulier
ifu'ilfl appellent l'organe de ratimentivité. D'après eux, il serait placé dans les fosses laté-
rales et moyennes de la base du crâne, apparfenant ainsi au cerveau proprement dit.
RosENTHAt admet ce centre qu'il appelle centre de la faim.
D'autres, avec SrrLLER, admettent que Teicitation primitive de la fairu se produit à ta
périphérie» au niveau des terminaisons nerveuses du vaiu'uo et du synipalbiqiie dans
Testomac : nous savons ce qu'il faut penser de celte dernière opinion. Mais dans quelle
ré^'ion faut-il localiser ce centre de ta faim, si tant est que ce centre existe?
Tout d'abord, on sait que la sensation de faim est éprouvée r»ar les animaux entièrement
dépoorvti«i de cerveau, que, chez des foHus anencépbales appartenant à Tespèce humaine,
les nianifestalions de la faim ont été observées. Sur nn chien qui avait subi Tablalion de
Técorce cérébraleT Goltz a observé ta persistance de la faim et le goût. Du manteau
entier* il n'avait laissé subsister que rextrémité de la hase du lobe temporal» Tuncus.
Au sujet des sensations gustativesde cet animal ainsi dépourvu de la corlicalilé cérébrale,
GoLTZ rapporte un certain nombre de faits intéressants. Xous empruutons à J, Soury
les détails qui suivent : ** S'il y avait lon^îtemps qu'il n'avait pas été nourri, il allait ç4
et la sans repos dans la cage, en tirant rythmiquemenl la langue; souvent des mouve-
ments de mastication à vide s'associaient à ces mouvements de la langue. Tiré de la
cage et placé sur une table, une terrine de lait devant la gueule, il commeui^ait aussitôt
à boire le lait, avec les mêmes mouvements qu'un chien normal. Si, comme c'était Hia-
hitude, de gros morceaux de viande de cheval étaient mélangés au lait, et que le chien,
en lappant le lait, mît dans sa gueule un morceau de viande, il le mâchait exacttmient
l'omme un chien ordinaire..... A le voir boire et manger, il paraissait avoir de Tappétil
et dévorer avec satisfaction. »
Et plus loin : « ce chien semblait éprouver les sensations de la faim et de la soif,
puisque aux heures des repas il accélérait ses mouvements de mané^L'e, poussait même
«(uelquefois des cHî* • d'impatience )>, et, de ses deux pattes de devant, se dressait sur le
bord de sa cage, d'où il était tiré deux fois par jour, pour i^tre immédiatement alimenté
sur une table placée à proximité. »
D'apré-i ces doum^es, it paraîtrait donc Indique de clierclj»:?r lalocalisalion de ce centime
dans le bulbe rachidien ou laprotulȎrance, pnisqu*i ces deux portions de centres existent
chez les anencéphales. Cependant Stei-hen Pagkt, s'appuyant sur des obseri'ations ana-
tomo-palbologiques, a cherctié la localisation corticale du centre de la faim^qu*îl serait
tenté de placer au niveau de l'extrémité antérieure du lobe lemporo-sphénoïdal, près
des centres du langage et du centre olfactif. Ces conclusions s'appuient sur Tobservation
clinique de 14 malades atteints de traumatisme cérébral. Toutefois, il serait prématuré
d'admettre rexistence de pareils centres, sur les seules observations de Paget.
§ T. — Pathologie du sentiment de la faim.
aj Boulimie, — b. Pot^pkagie. —c] Anorexie, — dj Anorexœ hystérique, — e; Illusions de la faim,
La faim, avons-nous dit, est une sensation dont les caractères individuels, în locali-
sation et rintensilé sont éminemment variables. TanlAt elle se présente avec violence,
tantôt elle s'atténue au point de disparaître à peu près complètement. Ces deux cas
extrêmes constituent des modifications pathologiques que nous allons étudier. Du c6té
lie l'exagération de la sensation, nous trouvons la boulimie, ta polyphagîe, la paroreiie;
du côté de son extrême atténuation, l'anorexie. C'est dans cet ordre, établi par Boi vEnirr,
que nous allons les étudier.
fO
FAIM.
Boulimie. — Celle alteetion eoasiste dans rexagératioii de la seusalion de faim : elle
*»Bt connue» soit sons le nom de boulimie (gou; Xijio;)» de oynorexie(faîrn caiiineL de lyea-
rexie faim de loup). Bouvrhiît propose !e terme d^hyperoreiie comnie mieux approprié
il la désignaîio» de relie alTectiot», car il signifie mieux que [tout autre l'exagération
de la faim.
Tout d'abord, il importe de Lieu déOnir ce que Ton entend par boulimie. 11 est de
toute évidence que Ton n'est pas boulimique par le seul fait que l'on manjEte beaucoup,
puisque tout le monde ne mange pas également, que les uns absorbent retativenjent peu,
et les aulrps beaucoup. D'un autre cùLé, on connaît les relations ("'troiîes qui existent
entre les échanges nutritifs et la faim. D'une façon générale, ou observe que la faim croît
au fureta mesure que les perles de Forganisme augmentent. Est -ce à dire qu'un ado-
lescent, un convalescent et les individus qui mènent une vie active soient boulimiques?
Non, puisque tous ont besoin d'une forle ration alimentaire : n'est pas boulimique celui
dont la ration alimentaire, quelque considérable qu'elle soit, est en rapport avec ses
besoins organiques.
Lorsque, au contiaîre, sans rausp apparente, ce rapport n'existe pas, lorsque les ali-
ments ingérés sont en très grande quantité, que le désir immodéré de manger se fait
sentir très souvent, et peu après un repas suflisant, il s'agit là de boulimie.
On peut dire, en effet, que cette îiflection, ou mieux cette névrose, a pour caracté-
ristique essentielle la ré^»étïtion immodérée du besoin de manger. Mais ces névrosés, en
mangeant beaucouji et souvent, peuvent momentanément calmer leur appétit vorace.
Les manifestations de la faijn boulimique sont du même ordre que celles de ta faim
normale. La sensation est beaucoup pins vive qu'à l'état normal, voilà tout. Puis le
malade alleint de cette allection est sans cesse en proie aui douleurs de la faim, puis-
que celle-ci réapparidt presque aussitôt après qu'elle a été satisfaite. L'accès boulimique se
reproduit donc à chaque repas, et ainsi le boulimique ne tarde pas à subir le contre-coup
de son malaise si fréquent Bientôt, en effet, il présente des phénomènes généraux qu'ex-
plique sa préoccupation presque continuelle de calmer sa faim. Il est triste, inquiet; ses
forces diminuent, s'anéantissent même, si par liasard il est pris à Timproviste par son
accès et s'il ne peut manger. Comme tout individu surpris par la faim, il tombe dans îa
torpeur physique et intellectuelle, ■ A celle astbéniM souilaine, dit BocvEHKr (/oc. cif.},
peuvent *i*ajouter encore le bourdonnemcnl des oreilles, le vertige, le IreniblernenL Chez
quelques boulimiques, l'accès est dominé par df^s troubles circulatoires, la p;lleur de la face,
le relVoidissenient des extrémités, la petitesse du pouls, la sensation de défaillance immi-
nente. Au plus haut dej^Té, l'accès s'accompagne de symptômes d'excitation cérébrale. <*
Il va de soi qu'avec une sensation aussi impérieuse le boulimique ne résiste
guère à Ti m pulsion qui le porte à prendre tout ce qu*il U^ouve. Il ne saurait mesurer la
portée de ses actes. Cet étal |ia1hologique est intéressant, non seulement dans ses
rapports avec la pathologie générale, la j^sycho-pliysiologie, mais aussi et surtout avec la
médecine légale. Les ri oui en rs de la faim provi>quent un état psychique particulier, sus-
ceptible de rendre jusqu'à un certain point l'individu irresponsable.
L'irrésistibilité du boulimique n'est pas le seul caractère qu'il présente. 11 importe
irajouler qu'il tralme sa faim dès qu'il a absorbé des aliments. Mais, quelques instants
après, Taccés revient aussi intense qu'auparavant. Bref, le malade est sans cesse tour-
menté. Bientôt il ne pense plus qu'à assouvir son appétit insatiable et redoute conti-
nuellement Taccès qui te guette. 11 est en proie à une anxiété sani^ fin et s'entoure de
toutes les précaulions pour m* jamais être plis au dépourvu d'aliuients. Voilà bien le
cara<tére îles boulimiques. « B£vr{n,dtt Bouveret, raconte l'histoire d'un neuraslliénîque,
fn^quemment atteint de boulimie nocturne, et qui ne pouvait s'endornur qu'A la condi-
tion d'avoir ii eôlé de son lit une table sur laquelle un repas était servi. En effet, beau-
coup de boulimiques ont des accèï^ nocturnes; une ou plusieurs fois par nuit, ils sont
réveillés ptu^ rimpérieu.x désir de manger, w
Causes. — Cette exagéralion du sentiment de la faim constitue parfois une sorte de
vice congénital, indépendant de toute autre manifestation. Mais cette boutiniie que Ton
peut qualilier d*esscntielle est relativement rare. Le plus sonveni, elle est associée à
diverses alTections dont elle n'est qu'un symptôme, un épiptiénonïène.
Ou la rencontre souvent dans la plupart des névroses : l'hystérie, la neurasthénie,
FAÏM.
2t
IVpitepsîe, la maliMlîe de Baseoow« les maladies menUiles, ta chlorose, la paralysie géné-
rale.
l/état pueqvi^ral prédispose aussi à la boulimie. Mais les femmes enceintes ne pî'é-
sentent pas seulement une perversion de la tViiin. Leur sens ^uslatifest en même temps
perveili. Aussi les voit-oii quelquefois manger avec plaisir des objets bizarres et souvent
même d^-goûUnts»
La boulimie s'observe encore dans certaines affeclions, telles que la maladie d'AoDisox,
les suppurations prolongées. Elle est surtout fréquente dans le diabète.
Enfin les maladies des voies digestives, t^omme les fistules intestinales, les lésions
iuléressanl les voies d'absorption, provoquent fréquemment la faim boulimique. Les
parasites intestinaux produiraient le m^me effel» d'après certains auteurs, mais c*est là im
point particulier qui est loin d*èire élucidé.
En résumé, U sensation de faim s*e3cagére ou peut s*exagérer au cours de nombreuses
uiïêctions, 50*1 générales» soit loraïes. En tout cas, en Télal afluel de nos connaissances,
il esta peu prhs imjiossible de dissocier les causes de celte perturbation.
Les uns y voient une excitation du j?ystème nerveux cenlral; les autres, du syslt^-rae
nerveux périphérique- Ces deui liypotliêses s'appuient sur des observations qui ten-
draient à les juslifier, puisque d*un cAlé. la boulimie s'observe chez les paralytiques
généraux et chez les malades atteints de tumeur cérébrale, et que d'un autre côté, des
lésions péripht5rique3 comme Tulcere rond J'hypersécrétion, sont capahles de reproduire
re symptAme.
Peut-t^tre convient-il d^admettre à (a fois une cause centrale et une cause périphé-
rique, pui5f[ne la sensation normale de la faim paraît rtre sou? hi double innueiice de
causes centrales et péiiphériques.
Nous laisserons de côté Texpliration qu'on a voulu donner de la boulimie, en la
basant sur certaines moditications aualomo-pathologiques. On ne saurait en tirer
une conclusion sur les causes de la honlimie^ attendu que les lésions observées chez les
boulimiques proviennent très vraisemblablement d'une irritation du tube digestif consé-
cutive à un fonctionnement exagéré,
Polyphagie. — Alors que la boulimie se caractérise par la répétition immodérée du
besi*in de mander, la polypbagie est généralement associée à la diminution ou à la sup-
pression de la sensation de faim. Le boulimique n»ant;e souvent et relativemeiït peu,
le polyphagique man^n* beaucoup. Le premier assouvit asseij facilement sa faim; le
deuxième n'y arrive qu'après avoir absorbé de très grandes t|uanlités d'aliments : et
eni'ore! Telle est la difTérence essentielle qui existe entre ces deux altérations patholo-
giques de la faim.
Comme ta boulimie, la polyphagie est quelquefois indépendante de toute airectiou*
Dans d'autres circonstances elle n'est qu'un symptûme ; dans ce cas, on l'observe fré-
quemment au cours des alTections organiques de l'enuéphaïe : dans l'hystérie, la neu-
raslhéniCt et dans certaines maladies générales comme le diabète.
Bien entendu, il y a des degrés dans la polyphayie, et, a ctMé des cas de polyphagie
modérée, on en observe d'autres, véritablement exceptionnels, dans lesquels !a faculté de
manger est développée à un degré extraordinaire. La plus célèbre observation de ce
genre est bien celle de Tarare, rapportée par Peucv.
H A l'âge de dix-sept ans, dit Blachk^ iarL *< Boulimie » du Dict, des se. méd.). Tarare
pesait 100 livres et mangeait en vingt*quatre heures une quantité de viande de ba*uf,
de f>oids égal au sien. Engagé comme soldat, il se soumettait aux plus rudes corvées
pour se procurer des suppléments de ration, et pouvait à peine satisfaire son appétit
avec les aliments destinés à six ou sept hommes, l/insuffisance de nourriture déter-
mina chez lui un état de faiblesse telle qu'il fut obligé de quitter son service et de
rentrer à rhApilal Une portion quadruple lui fut accordée. îfalgré ce supplément, il
mangeait tous les restes qu'il pouvait se procurer. Sans cesse à la recherche de sub-
alances alimentaires, quelles qu'elles fussent, il faisait une guerre incessante aux chiens
et aux chats de l'établissement qu*il dévorait quelquefois encore vivants* Devant le
médecin en chef Loue.vtz, qui voulait s*assurer de rexaclitude des rapports qui lui étaient
adressés, il prit un chat vivant par la tête et les pattes, lui dévora le ventre et le rongea
jusqu'aux 09. Il maniait facilement les serpents et mangeait toutes vivantes les plus
FAIM,
grosses couLeuvres. L>ii jour, on le vit manger à lui seul un repas abondant, préparé pour
Ui ouvriers allemands. ]l avalailsaus inconvénients des corps volumineux. Pebcy raconte
que celte singulière faculté rut utilisée par le commandant d'un corps d armt'e qui la»
faisait avaler des dépêches contenues^ dans un étui en bois. A la fin de sa vie, ce raallveu-
reui» objet dlxorreur pour tous ceux qui rentouraient, se repaissait des reliefs de
viandes abandonnés dans les boncberies. Les infirmiers Tavaient surpris dans les ^les
de l^hôpitaJ de Versailles, buvant le sang des saignées et dévorant des morceaux de
cadavre. On le soupçonna même du meurtre d*iin enfant de quatorze mois» Il mourut
dans un état d éibisie consécutif à une diarrliée dont le produit se composait de détritus
orf^aniques infects. >
Les personnes atteintes de polypbagie manjgenl pour ainsi dire tout ce qui leur tombe
«ous la main. Est-ce à dire qu'on doive les considérer comme des parorexiques? Non.
Il ue s'agit pas ici de perversion de Tappétit; ils mandent beaucoup, tout simplement
pour arriver à la sensation de satiété qui n'existe pas cbez eux.
Comme pour la boulimie, on ne connaît pas encore les causes de la polyphagie.
D'après Bouveret {toc. cit.) : *> Rombehg ralLacbe celte névrose à une astbénie des nerfs
sensitifs de la muqueuse gastrique. Rosenthal Tattribue à une diminution de l'excitaiii-
lité du nuyau sensitif du pneumogastrique. Il appuie celte opinion sur quelques obser-
vations de polrpbagie suivies d'autopsie, celles de Sghwan, de Bu-nabdu de Johnson, de
Frankel, dans lesquelles on a constaté ratropbîe ou la compression d'un ou des deux
nerfs de la X" paire. » Il cite encore un cas de Senator (Arch, f. Psychiatrie^ xi, 1881)»
dans lequel il s'agit d'une paralysie bulbaire à forme apoplectique. Le malade était sans
cesse tourmenté par la faim et par la soif, bien que la sunde, introduite toutes les trois
heures, permît de faire pénétrer dans son estomac une très grande quantité d*aUments*
A Tiintopsie» on trouva une oblitération thrumbosique de l'artère vertébrale gauche,
et un foyer de ramoliisseraenl intéressant le noyau postérieur du pneumogastrique.
Parorezie. — Ce terme s'applique aux perversions de rappétil qui présentent trois
degrés diiTérents : la malacia, le pica, l'allotriopliagie. On donne le nom de malacie à
celte affection particulière qui se traduit par Tenvie irrésistible do manger des sub-
stances moins alimentaires qu'excitantes, comme les divers condiments : le poivre, les
fruits verts, les cornicbons, la salade» etc.
La pica diffère de la malacia eu ce sens que les malades qui en sont atteints
mauf'ent des substances absolument inusitées. l/a!lotriophagie, d'après Bouveret, « est
rtiabitude prise» la manie d'avaler des cboses extraordinaires. Sont allotriopbages les
aliénés qui mangent leurs excréments, certaines peuplades qui mêlent de la terre à
leurs aliments, les hj^stériques qui se plaisent à avaler des aiguilles et des épingles ».
Ces perversions de la faim, et particulièrement la malacia, la pica, sont fréquentes
chez les enfants, les femmes, enceintes, les chlorotiques. Les objets ingérés avec plaisir
sont très variés. Par exemple, les cbtorotiques se régalent de charbon, de plâtre, de
cendres» de poivre, de sel. Plus rarement l'appétit se pervertit au point de se porter sur
des objets dégoûtants, tels que les poui, les fourmis, les araignées, les matières fécales,
le fumier. De m+)me, la malacia et la pica, <jui sont presque toujours associées, s'observent
au cours d* autres alTections comme rhelminthiasis, les affections organiques du cerveau,
Taliénation mentale, l'idiotie et les névroses telles que la neurasthénie et riiystérie.
L*allotriopbagie peut également survenir, au même titre que la malacia et la pica,
au couis des affections que nous venons de rappeler* Non.-> voulons parler de la
géophagie. En dehors des malades qui ont une appétence marquée pour des substances
étranges comme la terre, il existe des peuplades entières donl tous les individus sont
atteints de ce goûl singulier; la terre est pour ainsi dire un mets uiitionaL On l'observe
surtout dans ta zone torride.
Les Oltomaques, sur les bords de rOrénoque, paresseux et indolents, dédaignant les
fruits de cuiture, se nourrissent d'une terre argileuse jaune^ onctueuse au toucher, riche
en oxyde de fer. Ils la pétrissent, en font des boulettes qu'ils font cuire à petit feu.
Puis ils les avalent après les avoir humectées d*eau. Ils sont si friands de cette terre,
d'après de Humioldt, qu'ils en mangent un peu après leur repas, pour se régaler dans
la saisoii de la sécheresse, et lorsqu'ils ont du poisson ea abondance.
Des faits analogues ont été observés à Banco, près de la rivière de la Madaleoa, sur
FAIM.
n
des femmes occupées à la fabrîcatioii de poterie», sur les nègres des cdles de Gainée« sur
ie^ Nouveaux -Calédoniens.
Ou raconte en outre que, dans certaines villes du Pérou^ là terre se vend comme
roniestible.
A cette liste de géophages on pourrait encore ajouter les Tuufçuses ou Tartares
nomades de la Sibérie, les nègres du Scut-gal, et les naturels des lies Idoîos, ol, à côté
4e ces peuplades barbareSp certaines élégantes senoras des provinces d'Espagne et de
Portugal qyi mangent avec plaisir la terre de Bucaros, aprrs rjti'ellô a servi à Ja
confection des récipients où le vin a séjourné et laissé de son aro4iia.
Anorexie. — Le terme anorexie (dérivé de « privatif, opEftç» appétit,) sj(yiu(ie manque
d'appétit.
Bien quVil soit nécessaire de ne pas confondre le manque d appétit avec le dégoût
que nous inspire tel ou tel aliment, il faut cependant reconnaltri' que le terme anoreide,
faute d'autre, est applicable aux deux cas.
Autrefois» on considérait Tanoreiie comme une nKiladie bien distincte, délimitée et
complète. A l'heure actuelle» on ne doit l*envisager qoe comme le sjnipt*^ine d'un état
j^'ènéral ou local. Nous le retrouvons dans des affections très variées. En gt'néral, on peut
•dire que l'anorexie s'observe dans toutes les maladies aiguës qui s'accompaj^neut d'un
état fébrile. De li un vieil adage a la fièvre nourrit ». Sous rintluenee des Iroublos
apportés aux fonctions organiques par la fièvre, la sensation de faim disparaît d'une façon
constante dans les maladies [comme les diverses pblegnmsies aigu^.'s, (ièvi'R éniptives, le
typlius, la fièvre intermittente, otc. Chacun de nous a pu observer sur lui-mèmo ce fait,
au cours d'une poussée fébrile* ni<*Mne légère. Ce n'est pas là un des ellets les moins
inconstanld de la fièvre.
Mais, si Tanûrexie parait être l'apanage des maladies aiga«-$, elle ^'observe moins
fréquemment dans les affections chroniques. On cite par exemple des malades atteints
de tuberculose pulmonaire, qui, malgré la coexistence d'un étal fébrile permanent,
<îonserveiit cependant un excellenl appétit. îl eu est parfois de mémi; au cours de
l'évolution de tumeurs cancéreuses des parois intestinales^ qui s'accompagnent de
poussées fébriles continues.
Encore pouvons-nous considérer que l'anorexie dans ces atlections fébriles e^t une
maniftislation des troubles apportés dans l'organisme par rhyperlheimie. Autrement dit
la cause de l'anorexie serait d'uu ordre ^'éuéral.
Parfois ujie lésion locale ou orf^anique, surtout de l'esloman, peut engemtrer l'ano-
rexie.
En passant en revue tes maladies de l'estomac au cours desquelles s'observe l'inappé-
tence, ou remarque surtout celles qui intéressent la muqueuse gtistrique dans sa totalité,
comme l'embarras gastrique, la gastrite chronique.
Au contraire, si Ips lésions sont circonscrites en un point bien déterminé do la
muqueusej'appétence pour les aliments peut persister; mais il n'y a là rien d'absolu. Ou
a vu des malades, atteints de cancer du cardia ou du pylore, conserver l'appétit* Ainsi
que le remarque BÉmEfi, U semble que l'anorexie dépende de la grandeur de la surface
lésée. Mais cela ne peut être posé en principe, puisque souvent fanorexie est uu signe
d'assez grande valeur pour le diagnostic précoce d'une tumeur cancéreuse de l'estomac^
au moment où la palpation ne peut relever encore rempâtement et l^augmentation
d'épaisseur des tuniques stomacales.
Quoi qu'il en soit, sauf quelques exceptions, les maladies de restomac entraînent géné-
ralement de rînappétence. Mais celle-ci peut encore être provoquée par des allections
d*autres viscères, comme cela s'observe dans les maladies du rein, de la vessie, dans la
grossesse, à son début ou à sa fin.
Nous signalerons encore i*anoreiie des phtisiques. Elle ne survient peut-être pas
tout à fait au dôbùl de la tuberculose pulmonaire, mais elle ne tarde pas h s'accentuer
avec les progrès de la lésion. Elle peut alors, ou bien constituer un symptôme spécial,
indépendant des autres, ou bien elle peut être la suite de la répugnance qu'inspirent à
ces malades les vomissements, les quintes de toux, qui suivent fréquemment l'ingestiot»
des aliments.
Les maladies organiques des centres nerveux sont également susceptibles de retentir
f ur \îi H©n*iit!V>n c1^ fnim, ot l'anorexir |»osaè*k' alors «ne valeur prodromique que l'ai^
eonrtAU hîcri depiiii Jofi^4crnpH, BKtutift à ce »ujel rapporte l'observation sui\raiite : li
s'agissaii d'un vieillai J i^iii *h\\h, <1( fHii«^ pliisietirs mois, éprouvait un invincible dé^oûli
pO«f lonln r!«pè(r<i rralinieiits. Cun lot même ni à ce que Je disais loul à Theure à propo
du cêncer de re»t4)raac, on cherchait ii celle anoretie persistante ne devait pa;S être rat-
tachée A colle dernière raafc, lorsqu'une hi^morragie cérébrale vint frapper le malade.
Cettr invincible i'é[iuUîon poui loul aliment, quel qu*il filt. avait été le premier signe de
!a maladie cérébrale.
On rr trouve le m^me »ymplôme au début de Tencéphalite. L'anorexie se rencoot
au4*i très sonvent dans la période prodromique de la méningite tuberculeuse chex Teiî-
fanl» et en géntfral dans toutes les aireclions des centres nerveux, atreclions partîcuHè-
roroent fréquentée, comme on le sait, chez les enfants et chez les vieillards.
Enfin, nous nignalerons Tariorexie au cours de la chlorose. Dans cette maladie, les
manif«9tation!i du sen liment de la faim peuvent être dilTérentes. Tantôt on constate
reia^'i ration nu la perversion, tantôt, <*t c'est, croyons-nous, le cas le plus fréquent,
la sensation ent presque abolie* A ce point de vue, la chlorose se rapproche de certaines
malndien nervrnses qui s'acrompa^ne^it de la perte de sensation de la faim.
lUticsi UK dit en elTet : i^ l/alir/naLion menlale, sous toutes ses formes et dans
ioulcH hi*s vHriéU*, donne assez souvenl roccasion d'observer des phénomènes dlnani-
tjon. En eJTul, les mélancoliques, les maniaques, les démetrts, les paralytiques sous
l'influence de rooceptions délirantes ou d'une lésion organique, refusent toute espèce
d'alinienl»; \e^ un» croient qu'on veut les empoisonner, les autres s^imaginenl qu'ils n'ont
plus d'estomac, qu'ils ont le tube intestinal bouché, qu'ils sont morts» etc. De là le
refus souvent invincible des uns el des autres à prendre les aliments qu'on leur otfre ;
quebiues'Uns feignent de faire leur repas comme d'bal»itude^ mais ih n'ingèrent à
dnsseir» iprtine Irt's pelife quantité d'aliments. Au bout d'un certain temps, les phéno—
nit^nc^ projires â rinanitioti apparaissent m?ts et rapides, si l'alimentation est nulle ou
presque mille; insidieux et plus lents, si les aliénés prennent à chaque repas une petite
quîâjilïté de nourriture, m
I! est donr' établi que le manqua d^appétit, ou ranorexie, s'observe fréquemment au
rfïurs <li'S <blTérentes atrections du systtl^me nerveux des névroses. Mais parmi ces der-
ni^^res, il convient de noter tout particulièrement l'hystérie. Les observations concer-
nant les cas d'anorexie hT^térique sont très itombreuses et très intéressantes. Aussi-
inniiittvrons-nonK tciut pLirticuliMrement sur ce point.
Anorexie hyalérique. — I.asegi k en France, W. IIull en Angleterre, ont dénommé
cetlu anorexie, anorexie nerveuse ou hystérique. Les caractères en sont très particulier?,
ot sans aucune cause la Jeune ou le jeune hystérique perd peu ^ peu compl«'4ement son
appétit.
« Due jeune fille, dit Laskglîe. entre quinze et vingt ans» éprouve une émotion qu'elle
avum» ou qu'elle dissimule. Le plus souvent, il s'a^'it d*un projet réel ou imaginaire de
mariiige» d'une conti ariélé alTérente à quelque ï^ympathie ou même à quelque aspiration
(dus on moins ron.Hciçnle. D'autres fois, on en est réduit aux conjecluressur la cause occa-
sionnelle, soit que la jeune lllt^' ait intérêt à so renfermer dans le mutisme si habituel
aux hystcriques, soit qu'en réalité la cause première lui échappe, et parmi ces cause-s
multiples» plusieurs peuvent passer inaperçues,
i< KUe éprouve tout d'abord un malaise à la suite de l'alimentation : sensations^
vagues de plénitude, d'angoisse, gastralgie po$i prmidium, ou ptutAt survenant dés le
commcnccjnent du repas. Ni elle ni les assistants n'y attachent d'importance; il n*eu
résulte ancunr' inronmiodiié brutale.
t( L** lendeniiiin, ta même sensation se répète, et elle continue, aussi insignifiante,
mais tenace, pendant plusieurs jours. La malade se déclare alor^ à elle-même que le
meilleur remt'^dc à ce malaise indéfmi particulièrement pénible consiste à diminuer Tali-
mentation* Jusque-là rien d'extraordinaire; il n'est pas de gastralgique qui n'ait suc-
combé à celte leutalion, jusqu'au moment où il acquiert la certitude que l'inanitioa
relative est non seuti»ment san> ptolil, mais <|u'*"lle af;h'rave les soulTrances. Chez l'hysté-
rique, les choses se |>!isseîit autrcm^'uL Pt'u à peu, elle réduit sa nourriture, prétextant
tantÔI un mal d*^ tête, tantûl un dégoiU momentané, tantôt la crainte de voir se répéter
FAIM.
25
Ips impressions douloureuses qui succèdent au lepas. Au bout de ijuelques semaines, c<?
ne sont plus des r6pu;;nances «.upposftes passa/ières, c*e**l un refus de ralimcntalion qui
se prolonge indrliniment. La nialculie esl ilécliitêe, et elle vn suivre sa marche si faUik-
iniMit qu'il devient facile «le pronoaLiqucr l'avenir. »
A ne s'en tenir qu a ce tableau, la muse Ue Tanorexie paraît résulter des sensations
douloureuses ressenties riu niveau de l'épigastre aprè^ les repas. Les malades refusent
peu à peu tuutc alimenlation pour éviter le retour de ces malaises qu'elles redoutent
particulièrement. « Mais, quels que «loient sa forme, son siège et son degré, la sensation
pénible est-elle due u une lésion stomacalei ou n'est-elle que Teiprcssion rélleie d'une
perversion du système nerveox central? Je ne crois pas que la solution reste douteuse»
du moment (]u*on s*est posé la quesLioiK >»
Dans dt' nombreux cas, les troubles digestifs sont consécutifs k des causes morales,.
telles que cbagrin, déception, contrariété violente. Les douleurs gastriques accom-
pa^»uent bientôt les modilicattons survenues dnm les phénomènes normaux de la diges-
tion. Dans d'autres cependant, il s'agit de véritables affertions stomacales. C'est du moins
ce qu'aflirme Bouvehkt, en se basant sur certaines observations, telles que la suivante:
a Une de mes malades, dit-il, souffrait depuis un an de dyspepsie hyperchlorhydrique.
Pour supprimer la crise fjastralgique qui suivait chaque repas, elle en était arrivée à
supprimer à peu près complètement tonte a]imentalion,et elle était tombée dans un état
d'inanilion des plus alarmants. Ici Tétat mental ne Joue qu'un rôle secondaire, et ce qui
le prouve bien, c'est que die/, cette jeune fille Tisolement n'a point été n<*cessaire; îl i*
suffi d© traiter l'hypercbloriiydrie pour faire entièrement disparaître et l'anorexie ner-
veuse et les symptômes graves de l'inanition. »
La cause de celte anorexie peut encore être recherchée dans une byperesthésie du
pharynx, du spasme de rrrsophagc, on bien d^ins l'appréhension d'une attaque convul-
sive. SoLLîER Ta observée parfois dans une illusion des sens connue sous le nom de
a tuacropsie bystérique », Les aliments paraissent gigantesques, et les malades se refusent
à les accepter^ les trouvant trop volumineux.
Ou bien, selon Roskntual. rhyslérie développe au niveau de la muqueuse f^'astrique
une byperesthésie spéciale qui se traduit par une sensation très précoce de satiété-
Dans d'antres cas, l'exaltation de Tidée reli^'ieuse, en poussatil les malades à des pri*
valions par esprit de mortilication, les font arriver progressivement a une anorexie com-
plète. Ces observations, rares peut-être aujourd'hui, ont été plus communes dans le*
périodes de grande ferveur religieuse, pendant lesquelles on a pu observer de véritables
épidémies de jeûne.
Enfin certains hystériques, par simple désir de se rendre intéressants, d'attirer sur
eux rallenlion de leur entourage, n'hésitent pas parfois à refuseï" de se nourrir. Bien
plus, les scdlicitations, les prières de la famille accroissent au contraire leur résistance,,
et, selon toute probabilité, l'anorexie qui reconnaît cette cause est assuréuïenl la plus
fréquente.
C*est celle que Laséglie a si bien décrite : c'est é;j;aJement celle dont nous citerons
quelques eiemples. On pourrait à la rigueur objecter que celle anorexie est ta même
que celle que Ton observe dans Taliénalion mentale. Il n'est pas rare, en effet, que des
aliénés refusent pendant très longtemps toute nourriture. Assurément, ces cas sont très
voisins les uns des autres; mai> chez les hystériques cette perturbation mentale n*est
que la cause de la névrose elle-même.
tiref, sous Linlluence des di\ erses causes qy! nous venons d'éuumérer» les hystériques
réduisent peu à peu leur nourriture au point de no plus ingérer qu'une ration alimentaire
totalement insuffisante pour réparer les forces de leur organisme. Néanmoins, ces ali-
ments, qui consistent parfois en quelques pâtisseries, quelques cuillerées de potage,
quelques tasses de lait, paraissent leur suffire amplement. Leurs diffestiLins sous ce
régime deviennent plus faciles, et bientôt ces malades prétendent alors avoir trouvé le
moyeu de ne plus souffrir, C*est à ce moment que toute exhortation à manger devient
complètement inutile : on se heurte à un refus absolu.
Celte période est susceptible de durer très longtemps, des mois ou des années, sut-
vaut le temps employé à diminuer Jusqu'au strict minimum la ration alimentaire. C*esl
alors que leur force de résistance commence à faiblir singulièrement; les malades ne
36 FAIM,
lardent pas à maigrir, el deviennent akillus, laiiguiesanls. La consomption fait des pro*
grès (le plus en plus r/ipides, et loujotirs ils s'obslinent à ne pas vouloir manger. C'est
seulement lorsque leur situation devient très grave qu'ils commencent à s'e/frayer ist
consenlent à reprendre une alimentation suffisante.
Mais, en général, le pronostic n'est pas aussi grave que semble le comporter ce tableau.
Lasègue dit en elTet : << Je n'ai pas encore vu Panorexte se terminer directement par la
mort, quoique, malgré cette assurance expérimentale^ j*aie passé par des perplexités
répétées, 11 arrive probablement que îa sensation pathologique, cause première de Tina-
nition, disparaît du fait de In cacheiie croissante, i»
Ordinairement nue affection se surajoute à Tanorexie el provoque la mort des
malades* C'est ainsi qu'une malade de Lasègue mourut de tuberculose* D'autres fois,
rinaniiion elle-même détermine la mort. Ciiarcot en a cité quatre exemples. EnOn Rosen-
TMALp sur trois observations rapportées^ en sif»nale une dont l'issue a été fatale,
Nous avons tenu k consacrer à Tanorexie hystérique tous ces développements, en
raison de l'intérêt que cette question présent*' au point de vue physiologique.
Il est, en elTet, extrêmement curieux de voir cette catégorie de malades résister ai
longtemps à l'inanition volontaire à laqu*^lle elles se soumettent. Kiles ne présentent
presque aucun des lihénomènes classiques de Tinanition (V, art. înanitiou) ; ni amai-
grissentent progressif* ni cachexie, etc. Leurs fonctions restent normah^^s ou à peu
pr?îs, malfJiré riusufTisance notoire de leur ration alimenlaire. Les éohan^»^s respiratoires,
la chaleur dégagée^ sont certainement un peu plus faibles^ mais pas autant que ne Tîm-
pliq ocraient rinsufflsance de substances insérées,
Entin ramaigrissement est relativement peu considérable, et c'est seulement au bout
de plusieurs mois, de plusieurs années même, que les malades se ressentent de cette
dùllcience alimentaire,
Jusqu'oi^ peut aller, dans l'état nerveux hystérique, la privation d'aliments? Ce. Richkt
répond à cette question en fournissant ïes observations de deux cas qu'il a suivisde près,
et dont le contrôle lui a élé facilité par suite de conditions toul à fait spéciales.
<t L'une de ces femmes, L..,, est âgée de 21* ans; non mariée. Son intelligence est
parfaitement intacte : nolle paralysie, nulle anesthésie. Pas de névral^'ies rebelles. Elle
n'e^t pas «uggestible, ou à peine, l/appétit est nul ; el elle a peur de toute alimentation ;
car, peu de temps après avoir mangue, elle ressent des douleurs stomacales intolérables.
J'ai élé à rnéme de noter exactement son alimentation; car elle demeure chez moi et
prend tous ses repas — ou ce qu'elle appelle ses repas, — à la table de famille. Pour
savoir ce qu'elle mange, j*avais fait apporter une balance, et je pesais moi-niénie ses
aliments. Elle ne sortait jamais seule, il lui était donc impo^isible d'acheter des aliments
au dehors: et, dans la maison, elle ne prenait jamais d'aliments en dehors des repas. Je
m'en suis assuré par une surveillance rigotireuï^e et prolongée.
" Pendant cinquante-huft jours, j*ai procédé h la pesée de son ahmenliition dont suit
le détail,
K Ces aliments représentent :
Miilièrcs grass««. ..,..,.. 4U g^raiiuncs,
— ftïott^es. ........ J 06t —
Hydrates de carbone ..,,.., 2 T22 —
« En adoptant les chiffre» de i**^' ,1 par gramme d'hydrate de carbone, de 4-*^ ,7 pour
Talbumine, et de 9''^,i pour la graisse^ nous trouvons que sa consommation alimen-
taire en calories est :
Hydrates de carlïono. . , . l!Gltt,'2
Azoïes r.notfj
Jf alières crasses . 3 X9^ .B
ce qui représente, en cinquante-huit jours, U4ti«*i,S par jour ou en chiffres rontU
346 calories.
« Dans cette période du i février au 2 avril lfi06, son poids a diminué de 46 kilo-
grammes (avec vêtements) h H ^**,290; soit en chiffres ronds une diminution de 2 kilo-
iîrammes.
FAIM.
^27
a En supposant, ce qui esl certainement exagéi^, que la perte ea graisse soit de
oO p. tOO dans la diminution du poids, elle a lIù consommer de sa propre substance
1000 ^ranimes de finisse, soit 9 400 calories; et ie chiffre total des calories mesurées
par voie indirecte devient 26 i^j'i calûries, soit par jour o08 calories^ et, eu forçant uu peu
les chiffres, 510 calories par jour» c*e5t-à*dire it calories par kilo^'.
« C*est là un chiffre extrêmement faible.
* La deuxi^îme personne observée est une femme de 35 ans environ, que j'appelk*rîu
M... Pierre Janet l'a observée pendant longtemps, et cela depuis plusieurs années:
il regarde comme nertain qu'elle est restée pendant plusieurs mois à se nourrir seule-
ment d*une lasse de lait, environ 200 grammes par jour. Encore en vomissait-elle une
partie.
» Mais Tobservation devait être prise avec plus de soin, le l'ai donc, de concert avec
I P. JA?fET, soumise à une surveillance rigoureuse. Pendant un mois, du 10 avril au 12 mai
I^l8'^:i, «lie a été gardée à vue» et pendant la nuit enfermée,
« Son alimentation durant cette période de vingt-huit jours a été de :
Latt. .
Bouillon .
Bière, . .
♦ t;no crammes.
l 07îi '^^ —
i» En admettant que ces trois liquides aient une valeur thermodynamique égale à celle
du lait, ce qui est exagéré, cela nous [donne un chiffre de S 838 calories. Ajoutons les
30c> grammes de graisse perdue par Tor^anisme, nou^ n'arrivons encore qu'à 8 74K calo*
ries, ce qui nous donne par jour 312 calories, soit, par kilogramme, 8*^*^ ,7, ou, en forçant
eticore, 9 calories par kilogramme et vîngl-quatre heures, i»
.Nous arrêtons là l'étude de Tanorcxie hystérique, nous abstenant des détails relatifs
A la nutrition générale, à l'absorption d'oxygène, au dégagement d'acide carbonique.
Ces effets du jeûne trouveront mieux leur place dans rarticlc Inanition. Nous avons sim-
piemenl voulu montrer ce qu'était l'anorexie hystérique» et jusqu'où peut aller cette
obstiniition à reftiser presque toute nourriture : ce qui ne saurait se comprendre san*
une aliolilîon presque complète du sentiment de la faim.
L'explication de ces phénomènes semble devoir être recherchée dans le ralentisse-
ment des échanges nutritifs des hystériques. On sait en effet que leur ration alimentaire,
comme leurs combustions respiratoires, est bien au-desson;^ de la moyenne. D'ailleurs nous
sommes loin d'être arrivés au terme de nos connaissances sur les phénomènes de nutri-
tion des hystériques, 11 y a certainerni nt à ce tiujet des faits extrêmement curieux dont
U'analyse expérimentale aidera beaucoup à la connaissance des causes ijui déterminent
la disparition du besoin de man^^er.
Illusions de la faim. — Il existe des illusions de la faim, provoquées soit par des
phénomènes d'inhibition, soit par l'action de substances métiicamenteuses ou alimen-
taires. On peut en effet calmer sa faim autrement qu'en manf:eant : on trompe alors sa
sensation.
Ainsi, la constriction de la région épigastrique — de là Texpressiun « se serrer le ven-
tre i», — l'introduction dansTestomac de matières non alibiles peuvent la faire disparaître
momentanément. Voilà pourquoi cerlaioes peuplades mangent de la terre pour apaiser
leur sensation. VoUà pourquoi, dans les temps de disette, tes gens affamés ingèrent
toutes sortes de substances inertes, des bmbes, des pierres, du sable, etc. Leur but est
toujours le même : celui de tromper la faim.
Ces illusions reconnaissent pour cause une substitution de sensation. H se produit un
véritable phénomène d'interférence, ou mieux d'inhibition* Quand on comprime la
région épigastrique pour calmer sa faim, on ulilise simplement la prédominence d'une
sensation périphérique sur une sensation eïc»^nlrique. Le phénomène est absolument
seml>lable à ce qui se passe lorsque l'on calme une névralgie par l'application d'une
douleur extérieure. 1/ingestion de matières non alimentaires a^'it de la même façon.
Mais ici c'est la substitution d'une excitation des nerfs sensibles de la cavité stomacale
A La sensation de faim transmise par les centrer nerveux.
A côté de ces phénomènes inhibitoires» il y a lieu de signaler l'action de certaines
9S
FAIM.
subâtonces médicametiLeuses et alimentaires sur la faim, telles qu<^ la raorphiae, l'alcool,
le tabac, etc., les stimulants, les rondin^eiits et les aliments dits, d'épargne*
« Les stimulants et les condiments, disent Mtnk et Ewald. pris â dûse modérée,
stimuleut la digestion; mai?, à dose forte répétée, ils exercent une action inbibilri'^e sur
cette fonction. La nicotine entraine, h ce point de vue, des con^iqueuces plus fâcheuses
encore; déjà, à dose unique, elle parait déterminer en outre une stimulation générale tla
système nerveux, utie dîminolion de la sensation de faim et de i'appétit. Il n*est pas rare,
en ell'et, de constater que l'usage du tabac, immédiatement avant le rejias, diminue ou
fait disparaitre coioplèlemenl l'appélil. » Ce qui est vrai pour la nicotine, fe^t aussi
pour l'alcool, pour la morphine. Les morphinomanes, les alcooliques mangent très peu»
parce que leur sensation de faim est extrêmement alTaibtio.
En dehors de ces substances toxiques, tout le monde connaît k rhéure actuelle Taction
si curieuse de certains aliments dits d'épargne. Depuis un temps iramemoriaL ces substances
ont été utilisées par certainei^ peuplades oi ientales pour augmenter leur résistance à
l'inanition et aux privations de toute nature qu'ils éprouvaient au cours de leurs expé-
ditions. Nous citerons parmi ce nombre, le café, le thé, la kola, le maté, le guarana, la
coca, le kat, le kawa, Schclt/. en fit une étude en tftHl, et leur donna le premier le nom
d'aliments dVqiargne. Ces principes sont aujourd'hui fréquemment employés et jouissent
de propriétés dynamiques très curieuses. Ils possèilent entre autres le pouvoir de retarder
ou d'espacer momentanément la sensation de faim. Nous n'entrerons pas dans le méca-
nisme de leur aclion. Cependant on ne saurait, pensons-nous, considérer qu'il s'agit en
l'espèce d'une illusion de la faim. En eiret,eii dehors de leur action pharmacodynaniique
sur le système nerveux, les substances de celte nature reletitissent efûeacement sur les
matériaux nutritifs qu'ils exagèrent pend.mL un certain temps. De telle sorte que,
sous cette inlluence, l'homme dépense, dit LrKBic, <- ce qui* dans l'ordie naturel des
choses, ne devait s'employer que demain. C/est coiume une lettre de change tirée sur sa
santé »K
On est donc en droit de dire que* si les aliments d*épargne possèdent cette action
inhibilrice sur !a sensation qui nous occupe, c'est en raison de Tautophagie interne qu'ils
produisent. Ils assurent une rénovation des cellules â leurs dépens; c'est pourquoi sans
doute ris prDvo<|uent une sensation de réconfort, de hien-étre physique, de force muscu-
laire semblable à celle qui aeronqia^^ne un bon repas, et c'est pourquoi aussi ils apaisent
en même temps la faim-
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£. BARBIER.
FARINE. — Voyez Alimenls, «, et Pain.
FATIGUE. -^ Définition et généralités. — La fatigue est la diminution
un lu [iiite de l'irrilabitiLé par Tex* itatiûri, ce qui se traduit parce pli«:'!ionirue «jue Teiïet
d'uno excitation prulongùe devient de (ilus en phis faible, bien que riulctisité de Texci-
liiiit reste constante, Pt»ur oldenir le in/^nie eJTet qu'au ilébut, il faut aufinienter Finten-
aité du sLimuiant. La fatiffue est donc équivalente à une paralysie, tuais c'est une para-
lysie partîCulitTe, <:ar elle est provoquée par un excès d*exuitalion. Ainsi les eicîtanU,
qui, pour une intensité faible ou une courte durée, produisent \me excitation, r*esl-à*ilire
un renforcement de Tînten^ité des phénomt^nes vitaux, peuvent, pour une intensilé plus
grandi' ou une durée plus considérable, faire naître des effets précisément inverses,
e*est-ii-dir«^ des paralysies.
Cette délinitiùn de la fatigue fait déjà prévoir dans une certaine mesure que, seuls,
les eïTets d'un certain groupe d'cxcitiots, et non pas de tous, peuvent être suivis de
FATIGUE.
Mlgot* Tmiie modifieatiûn de» facteum mtéri^m qui açi$$eni $ur un orffanUme peui itrA
conâitlér^e rtmme un ixritmt. Le concept de reicîUni aiofi formule, il devient clair que
lo tiomtrf d'escitanli ^ni inralculalite : \h *>e confondent arec les condtlioos mêmes de
h ¥lt. Malt, êfî Terlo m^me de cette définition, l'efTel d'an excitant n'est pas nécessai*
rffm^'nt nnfî «excitation. Varthn rCun excitant peui comhter en une excUation ou en une
par*iUjnic. (Juand il y a renforcement de» phénomènes vitaux, alors reffel produit par an
excitant «ut dénign»' nom 1« nom é^t'urMaiion ; f^uand il y a aH'aiblissement des phéno*
mène» vitaux» alor?! r*'ff*H prodoil par un excitant est désigné soas le nom de paralysie.
|*Jir riflmplejes excitant» thcrmîqnes peuvent produire, suivant les cas, des phénomènes
d'ci citation ou àt* paralysie. Entre certaines limites l'élévation de la lempérattirc agît
comme excitant »ur tous le» praccs»us vitaux. L'abaissement de la température produit
de» effet» uppowés A rm% de IVîlévation. Sous rinllueuce du froid nous voyons les phé-
urimén©» vitaux dimiimer de plu» en plu» et «mftn cesser d'être perccptiî)les. Les exci-
lani» diimtipKiA fournissent un exemple non moins caractéristique. La plupart exerceut
une ftL:lif»n slimufiinte !iur toute» le» cellules et provoquent un renforcement de ractivité
rollulriire. Main, h côtA [dr* ♦•e» «uhslauces chimique» à Taction stimulante, se placent
corlûiiu'â subntwni'eK <!hîmiqueH qui afî'aiblissenL les phénomènes vitaux ou les paraJy-
nent (^unipl^trmïMil. Oi* HubHhjinccs sont di^signees sous le nom â'anesthésiques et de nar^
**t)liqHc». Klli'M urodnisinit des eiïeU paralysants sur la sensibilité, le mouvement.
riVimngo mali'rii'l et «ur les pliénom^'^nes de changement de forme [croissance et divi*
tiiin L'cllulairrs). VoilA donc deux grandes catégories d'excitants (thermiques et chimt-
quepi} d*tnl VriXri jteut consister en une excitation ou en une paralysie. On peut alors dire
qiU! If» fn44 oL lo» antistht^siques sont des excitants qui ne stimulent pas, mais qui para-
lyscnl.
A loutf*» L'i^s définitions ajoutons CL'lïe do rirrîtabilité : Virritabilifc eut ta faculté que
poasvth* fn mntii'r** viimute de rt^iitjir ^tux modificadom de son mitieit par une modi/lcaiion de
$on HiKilihvv mtUérki **i dijnnmùiueK
Toui» leî^ ivlfnh de» exritants sont accompagnée di* transfonualions de force dans Tin-
timilé dti^la miiliiiro vivante, Lo rapport de rassimilationà la désassimilation dans l'unité
lie lemp^ [. ] peut ôlro désigné sous te nom de biotonus. Ce sont les oscillations dans
la valeur du quotient j^ qui déterminonl les variations dans les pbénom^nes vitaax,
Ntius venons de voir quo raction d*un excitant peut consister en une excitation ou
en une paralysie. Mais IVxi'ilation elle-mt^me s*épuise quand Texcitant agit d'une façon
li^n souliMitnt ou iv^9 inlen^i** t^ctto paralysie de fatigue est totalement dilférente de
celle qui sVHablil d'emblé*» sous Tintluencede certains agents paralysants (par exemple^
le» Hne!«thé!*itjue»\ car elle est dm* i\ uu exoé> d'excitation. L'analogie n'est que 1res
iuperlïciel!*^ enln» uu orgnnisuu' tittigué vi uu ù^/^anisrue anesthésié; dan^ les deux
ca»» il y a paralysie, mais la paralysie do fali^nie est le résultat d'un excès d'activité,
elle ne s'établit qu'au bout d'un certain leuips pondant lequel Torganisme ou le tissu a
déploY(f le nuttimum de Ténergie qui lui est propre, La paralysie auesUiésique est le
ralenliï^.*euîent de» processus vitaux sans dépense préalable d'énergie; elle lient essen-
tiellement À Taction, inconnu^ dans son essence, qu'exercent les anesthésiques sur
toutes los formes du proloplnsuu* on 1»^ rendant inapte à recevoir les effets des excitants.
Il ne peut donc i^li-e quostion danalo^ie : il y a plutôt opposition. El même Taction exci-
tante qtiVxt'i-cenl les anellhésiqucs au début de leur action ne permet guère un rap-
procheutent, car il ©si corlain qut* la fmralysie anestbésique n est pas le résultat de
ivpui^ement par rexcitalion initiale. Celle-ci ne sert nullement à caractériser les ânes-
Uiésiques. file est commune A un nombre très constdérai>le d'agents.
Ivntln par les anestltésiqaes rexcilation u a lieu que si les doses sont faibles et le
Alade d>!ifi talion peut manquer ou être tr^ abrégé si I on s'adresse d'emblée à de
1, t\>wr oviicr i*w contwtwinitt? dn ijunsi^p. u «^ait pféfî8f%ble de réÊÊrwm' les doooauaaboiis
ilVtWiMiitMf Evf«fviif ? #1 d'*«ri«aWW# ^Kfre|rlMU^«tt umqmma^mA a«x cas oà il j a «a nafonse-
m*iM 4h ^kkmmu^wm vtiaïai. #l 4% ûêÊk§pw ptf tniêmimm ^lUimf et itriiÊàih^é .BiÉiiattuiÉ}
tv>«ii^ mttdiMilioih, aisM bten l'«xeil«lioa f«i la para^jskv
FATIGUE.
3t
fartes doses. Or des ^ffcU contraires s'observent avec h^ excitaots proprement dits : un
ejtcilanl fiiible ne produira quW faible renforcement des pliénomènes vitaux, tandis
iia*un excitant puissant exaJtera rexcitabiltté Jusqu a son maximum. Cette exaltaliou se
prolongera en raison de la force de Texcitant, et les elTorts de la fatigue seront retardés
dans la même mesure. On verra tout à Ibeure, en elTet, que Ja fatigue surrient plus vite
pour des excitations sous-maximales que pour des excitations maximales.
Diaprés une dassiO cation ancienne, mais qu'on pourrait reprendre encore aujour-
d'hui avec profit, les excitants ^nt divisés en trois catégories : 1" ks excitants propre-
mettt dits; 2*^ ^e^ altérants; 3*^ tes deifOrganimnts, C'est la classification de Jean Mulliir.
Lllluslre physiologiste combat la théorie de Bkown, qui ne connaissait pas TefTet pro-
duit par \ei^ altérants. RROwrr soutenait que, partout ou une action quelconque amène
la paralysie, il y a eu auparavant surexcitation. Ainâi, certaines subtances, qui, à petites
doses, excitent, produisent un tout autre effet à des doses plus élevéesi et, à des doses
plus considérables encore, déterminent l'épuisement, comme Topium. C'est avec juste
raison que Je^n MCllea critique la théorie des stiniutistes. Ces derniers avaient apenu
il est vrai Terreur de Bnow^r, cependant ils n ont pas reconnu Ceffet altérant d'une foule
de substances médicamenteuses.
On n^t peut comparer l'échange matériel d*un organbme anesthrsiif^ et celui d'un
organisme excité. Dans le premier ^as, c'est rabaissement du taux vital îi la moitié de sa
valeur normale et au-dessous; dans le second cas, c'est un renforcement. Le muscle qui
entie en activité bous rinOuence d'un excitant, t^onsomme plus d'oxygène et produit
plus d'acide carbonique que le muscle au repos; il consomme le glycom^nc qui se
trouve en réserve dans son propre tissu, sa réaction devient acide, il produit du travail
mécanique et de la chaleur. Son biotonus subit une modrlicalion dans le sens d'un ac- '
croissement de l'assimilation et de la désasâimilation. El cVst l'excès de raclivité môme
I qui entraine Textinction des forces coutracliles du muscle, par un processus dont nous
nous occuperons plus loin.
Quant à Taction désorganisante, toute niodification dans les conditions vitales d'un
organisme produit de prime abord un effet excitant, mi*nie si TelTet caractéristique de
l'agent donné doit <}tre la paralysie. Ainsi agissentaussi tous les facteurs désorganisants,
mèma ceux qui amènent la mort. Une foule d'excitants n'agissent comme tels que parleurs
propriétés désorganisftinces, par exemple, les acide» et alcalis à forte doses, les courants
électriques intenses, etc. Ces mêmes agents, à iJo?e plus modérée, agiraient comme exci-
tants. D'autres enfin, sont désorganisants d'emblée. Ils produisent néanmoins des etlets
excitants au début de leur action. Mais Vti'dtation proprernent dite est le renforcement
des phénomènes vitaux^ et cette définition est suffisante pour faire rejeter du cadre des
excitations toutes les intluenccs altérantes ou désorganisalrices, telles par exemple que
les anesthésiqnes, la section du nerf, l'anémie, etc., qui ne présentent qu'un rapport
éloigné avec les excitations proprement dites.
£n traitant des phénomènes de fatigue, nouft n'aurons en vue que les excitations
proprement dites, celles qui reposent *?ur un renforcement des phénomènes vitaux.
Lorsqu'un organisme ou un tissu animal est soumis à des excitations de longue
durée» ou bierîà des excitations de très forte intensité ou fréquemment répétées, il tombe
au bout de quelque temps en état de fatigue.
Kïle se reconnaît à cette circonstance, que l'eflTet de l'excitation devient de plu» en
pluiî faible, bien que rintenailé de l'excitant reste constante. Pour obtenir le mAmr
otTet qu'au début il faut augmenter Tintensilé du stimulant.
D.ins cette conception de la fatigue, seule l'intensité de Texcitation entre en consi-
dération. Or, en ce qui concerne les excitations électriques, nous pouvons encore faire
intervenir un autre facteur. J. Iotetro a montré que la perte 'd'excitabilité névro-
muscotiiire, survenant dans la fatigue, se caractérise encore par la néces&ilé d'employer
lies courants à variation de potentiel plus brusque {dans les limites de l'expérimental ion
avec la ttobine Dtj Boiîî-Reymond, (interruptions avec métronome à mercure). La fatigue
conduit la matière vivante à un état d'inertie qui exige pour être vaincue l'emploi
d'ondes plus brusques et plus inlenses.
Quoique la fatigue paraisse appartenir surtout au règne animal, en faisant fonction*
ner les plantes comme des animaux, on parvient à le» fatiguer. D'autre part, on arrive
^«-Vrf^
3t
FATIGUE,
h faire fonctionner les animaux comme des plantes et à les rendre infnligaliles. Si dajiïi
les eondilions ordinaires on ne peut déceler aucun -^igue de fatigue t.^hez les végétaux,
c'est parce que leurs phénomènes vitaux s'act^omplissent avec une extr^^me lenteur, qui
ne donne pas prise à Tépuisement. Maîs> si nous imprimons aux plantes une activité plas
intense, nous voyons appaniltre les phénomènes de fatigue. La production de mou%e-
menl par turgescence chez la sensitive {Mimoiiapudica) cesse au LouL d'un certain tenraps,
«î on U sovmjet à des excitations mécaniques trop souvent répétées. Il faut un certain
temps de repos pour que la plante récupt^ie de nouveau ses propriétés motrices. Ainsi,
au point d<^ vue de la fatigue, lu différence mire les deux règnes n'est pas essentielle et
tient uniquement A la vitesse dilTérenle des échanf^es.
D'autre part, avons-nous dit, on peut faire fonctionufir les animaux comme des
plantes en les rendant infatigables. En recUerchant les conditions du travail optimum.
Màgiuora a vu qu'en contractant le doigt médius & l'ergographe une fois toutes les dii
secondes on n'arrivait jamais à la fatigue. Dans ces conditions, les contractions des
fléchisseurs atteignent leur maiimum de hauleur, el les muscles peuvent travailler indé-
fininif^nt, mém,e si le poids ix soulever atteint r» kilog-ramraes. iNous voyons donc que Je
repos de dix secondes entre tes contractions successives est suflisanl pour la réparation
intégrale, et confère au muscle la propiicté dVtre inlaligable. •
En s'adresi^unt a d'autres organes on retrouve encore la propriété d'être infatigable.
Mais il serait hasardeux de faire ici un rapprochement avec 1p règne végétal «t d'uttri-
buer i'infûligaliililé à une lenteur dfs échanges. Au conlraire, lorsqu'il s*agit de Tinfa-
tigabîlité du ciLutr, tout porte à croire, ainsi qup Cir, Hicbkt l'avait déjà affirmé en 1879»
qu'un muscle qui s'épuise très vite, el qui se repare lrè!> vite, peut élre assimilé au cœur.
'Les recherches de M AGdtORA, relatives ay rythme optimum d*_'S contraclions des muscles
périphériques, uni jeté une vive clarté sur les phénomènes de rinfalig;ibiltLé du ctBur,
«Le cirur bat suivant un rythme optimum qui est suflisaul pour sa réparation intégrale,
les changements cliimiques survenus au moment de la systole étant eiactement com-
pensés pendant la diastole. Mais le cœur acquiert la propriété d'être fatigable quand il
est soumis à des excilalions trop fortes ou trop souvent répétées (comme dans les cas
|iathologiques}.
L'infatig.ibihté du nrnir (dans tes conditions normati-s de Texistence) est facilement
explicable par sa faculté de se désintégrer et de se réintégrer très rapidement. D'autre
pail^ le!> tioncs nerveux paraissent aussi être infatigables et juéme â un degré bien plus
accentué que le ca-ur, attendu qu'ils se laissent tétaniser pendant des heures sans inter-
ruption et sans déceler le moindre signe dp fatigue. Miis, comme le travail propre du
nerf, qui est la conduction de Tinîîux nerveux,^ ne se laisse guère apprécier, on peut se
demander ^i Tinfati^iabilité du nerf est du domaine de celle t|ui caraciérise les piaules,
^*est-à-dire si elle est le résultat d*uii échani^e matériel irés lent, ou, si, au contraire,
elle peut être assimilée à rinratigabilité du co^ur^ qui se fatigue et se repose avec une
extrême vitesse, de sorte que st«s pertes sont comp+Misées aussiti^t que produites. C'est
vers cette dernière opinion que penche aujourd'hui A, WALLEH^qui pourlant avait admis
pendant longtemps que la conductiun ne s'accompagnait d'aucune transformation
d*6nergie.
La fatigue est un phénomène général dans le règne animal. Toutefois il existe des
degrés innojubrables de faligabililé. Les muscles du squelette se fatiguent avec grande
facilité, (Miez les aniinnux inférieurs, les phénomènes de fatigue apparaissent avec ta
même netteté. Si l'on fait passer un courant ;;ulvanique à travers le corps d*un Actinost*
phfçrium, on observa des contractions énergiques k l'anode an moment de la fermeture.
Le proloplasma des pseudopodes s'écoule en direction centripète, jusqu'au retrait
complet des pseudopodes. En même temps il s'opère une destruction granuleuse du
prutoplasma. Si reipériencc dure un certain temps, la substance vivante de VActinoi-
phacrium se fatigue et perd son irritabilité, de .sorte que l'excitant, qui provoquait au
début des phénomènes violents de destruction» ne produit plus, à la tlu, aucun elTel
(Verwôrn). Peîomi/.va <t' fatigue encore plus vite; une excitation de quelques secondes
sufllt pour la rendre coinpièlement inexcitable pour des courants d'intensité invariables
et il faut alors renforcer l'excitant pour obtenir le même etïet qu'au début (Verworw).
ENGKUtANff a vu qu'au bout d'un certain temps d'excitation des cils vibmtiles au moyen
FATIGUE.
35
de torts eourAiit^ électriques, on voit apparattro (es phénomènes de fatigue; il faut alors
augmenter Tintensit^ï de l'excitant ou bien recourir a un certain temps de repos (k inten-
sité égale de courant) pour obtenir le même effet qu*au début.
J. Mashart a montré que rirritabilité det» Noctituques qut réagissent vis*à-vis des
excitants extérieuri par rémission de ïumiiNre (phosphorescence), disparait rapidement
sous rinfluence de la fatigue. Lc^ individus i^puisé» par ragitation continue recouvrent
leur faculté d'émettre de la lumière par le simple repos.
De même les poissons électriques (gymnotes, torpilles et malaptérures) ne peuvent
pas indéfiniment lancer de:î décharges. D'après Schoenlein la torpille s'épuise après mille
déchargent consécutives, produites pendant quinze à trente minute;*. L'organe électrique»
extrait du corps, s*épuiae beaucoup plus vite. Mahey a pu s'assurer, ç^r\ce k la méthode
graphique, que la fatif^ue de Torgane électrique se traduit par une décroissance de l'am*
plilude des tracés. D*Arï*onval a conclu que l'organe s*épuise vite.
l-es phénomènes de fatigue, qui sont la conséquence iriévilable de lactivité, sont carac-
térisés par la diminution ou la perte totale de Vénerf/ie spéctfifine de chaque organe ou
partie d'organe» Ainsi la Fatigue du muscle sera caractérisée par la diminution ou la
perte de la contntctUité, la fatigue du nerf par la diminution ou la perte de la conduc-
tihilité, la faLijafue de l'orgaoe visuel par la perte de lu. perccptivité de ta lumière, la. fatigue
de l'appareil auditif par la perte de la faculté de percevoir le son, etc. Toutefois la mani-
festation de Ténergie spécifique propre à un organisme ou à un lissu n'est qu'un des
termes des transformations énergétiques dont il est le siège; ternie le plus important
au point de vue de sa destination fonctionnelle, mais qui est précédé, acrompa*ïné et
suivi d'autres manifestations vitales, lesquelles, pour être plus obscures, n'en sont pas
moins dignes de tiier notre attention. Et dès lors il devient compréhensible que le mol
« fatigue >» ne doit plus servir à désigner uniquement la diminution ou la perte de la
forme d'irritabilité qui est spéciale à chaque organisme ou partie d'organisme; il doit
aussi être appliqué à la diminution ou à ta perte des autres manifestations d'énergie»
liées au fonctionnement intime des tissus. Aiasi, pour le muscle, il ne suffit pas de
tenir uniquement compte di* la décroissance des phénomènes mécaniques de l'exci ta-
lion, mais, à c6té de la « fatigue de contraction ?», il faut étudier la « fali^ue de cha-
leur Mf la « fatigue des transformations chimiques n et la « fatigue des phénomènes
électriques ». Toutes ces formes de l'énergie sont de fait dimîtmées» ou même complète^
ment anéanties par la fatigue, et il convient de rechercher les rapports qu^elles affectent
entre elles en s'ant^antissant, ainsi que leur mode et lettf tour de disparition. Ces considé-
rations n'ont guère été émises, sauf pour le nerf, où la persUtanco de la variation néga-
tive a été assimilée à la persistance de ta forme d'énergie qui est caractéristique pour le
nerf, et qui est la conduction. Leur importance n'a cependant pas échappé aux physiolo-
gistes.
D'après la loi de l'énergie spôciBque, les excitants de qualités les plus diverse* pro-
duisent sur le même objet vivant des effets semblables. Il ne faudrait pourtnut pas attri-
buer à celte loi nne valeur absolue. Telle forme de matière vivante peut être plus sen-
sible à une qualité d'excitant qu*à une autre. Sauiï^'F a montré que tes ûlots nerveux
étaient plus sensibles k reicitanl galvanique qu'à l'excitaol mécanique, tandis que la
fibre musculaire (contraction idio-musculaire} est plus sensible à Texcitaot mécanique
qu'à l'excitant galvanique. Catherine Scuipiloff a établi que, sous l'inlluence de la mort
des muscles, rexcitabilité chimique est la première à disparaître, qu'elle est suivie de
la perte de l'excitabilité électrique, et que l'excitant mécanique était Vultimwn movens.
On conçoit ainsi qu'il existe même des formes de substance vivante qui ne sont nullement
influencées par certains excitants; par exemplei d'après Vkrworn, les genres OrbUoiite$
et ÂmfhiH€(iina,%i d'autres Rhizopodes marins, ne sont nullement iniluencés par les
chocs d'induction, quelque intenses qu'ils puissent être. Leur protoplasma exige pour
réagir une durée d'excitation plus longue que celle qui est donnée par le choc d'induc-
tion. Vis-à'VÉS de ces résultats il n'y a rien de surprenant dans ce fait soutenu par Schiff,
à savoir que le tissu musculaire est directement inexcilable par le courant induit et qu'il
Test seulement par te courant galvanique et les excitants chiroiquei^ et mécaniques.
ALuaHALDR dit que le muscle épuisé par le courant faradique réagit toujours à l'action du
courant galvanique. Ce fait s'accorde avec les phénomènes coaatatés précédemment par
DtCT, DS PHYSIOLOOIS. — TOMR T1. 3
u
FATIGUE.
h loTitio, qui a été amené© à admetlre Texislence de deux éléments différemment exet-
tables dans le muscle strié ordinaire.
La matière vivante est donc sensible dans certaines limites à la qualité de roxcitanL
Or, si nous avons aliordé ce sujet» c'est pour foire ressortir tout Tintèrét qui s'attache-
rait À Tétude de la fatigîibilité de divers organismes, tissus et appareils, en fonction de
la qualité de Vexcitani. Il semble, de prime ahord^que, plus un objet vivant est excitable,
et plus il doit fournir de travail. Mais les recherches de Me.noelssohn Tout conduit à de*
conrîusions exactement opposées. En faisant varier l'excitabilité d'un gastrocnémien de
grenouille sous l'inlluence de la température, de Tanéraic, de la fatigue, elc, ce physio-
logîsle a observé que le nombre de cootraclions que peut fournir un muscle, jusqu'à
épuisement complet, est plus petit quand l'excitabilité est augmentée, et que la somme
de travail mécanique est alors moindre. Ce serait là un point à reprendre en faisant
varier l'intensité de Texcitant,
a côté de la qualité de Teicitant se place son intensité. L'inlluence de l'intensité de
l'eicitaot sur les pïu'nomènes de la fatigue a été quelque peu étudiée. On appelle
inaciives les excitfitions tellement faibles quelles ne produisent aucun effet apparent,
c'est-à-dire qu'elles ne donnent pas lieu à la manifeslalion de l'énergie propre à l'ap-
pareil considéré; elles se trouvent au-dessous du seuil de ï'excilation. Les excitations
maximales sont celles qui produisent le maxinmm d'elFet; sou!i-ma,vimal€$ les excita-
tions À intensité moyenne. Enfin, on appelle hyper-maxiwales ou iupra-maxiïnates les
eicitalions plus forte» que les maximales, dont Tinlensité est par conséquent plus
^ande que ne le comporte le maximum d'elle t.j
Les excitations inaclives sont-elles épuisantes? Hebicaxn dans son Handbuch der
Phymlogie H879) considère cette question comme non encore résolue. D'après Kronbc-
lïEtt, les excitations in actives, c'est-à-dire trop faibles pour déterminer une contraction,
ne produisent pas de fatigue des muscles, à moins que ceux-ci ne soient déjà très fati-
gués. FuNKB admet qu'elles ne sont pas suivies de fatigue. En alternant les chocs de
fermeture cL de rupture» il vit que, dès que la clôture disparaissait par effet de la
fatigue, la rupture devenait plus efficace, parce que l'intervalle des excitations actives
avait doublé; il en conclut que les excitations inactives ne sont pas suivies de fatigue.
Rbjdemhal^ et PJGK ont vu que le développement de chaleur dans le tétanos n'était sous
la dépendance de Ijx fréquence des excitations que tant que l'augmenta tion de la fré-
quence produisait une élévation du tétanos. M en résulterait qu'un nombre supplément
taire d'excitations inactives n'est pas en mesure d*augmenter les échanges. Nous croyons
loutelois que la question n*a pas été bien posée par les auteurs. L'elTet des excitations
inaetives peut être totalement différent, suivant qu'elles sont appliquées à un organe
frais ou à un organe fatigué.
Examinons tout irabord Feffet des excitations inactives touchant un organe frais.
Cu. RicHKT a établi qu'il y avait non seulement addition visible des diverses secousses
d'un muscle (escalier), mais qu'il y avait encore une addi/ion latente, une sommation
d'eicttations en apparence inaclives, qui agissent cependant sur le muscle. PplOger,
SrrcaE*NOFF, avaient démontré précédemmeïit que cette addition latente existe pour la
moelle épinière. Cu. ItiCHEia pu généraliser le fait et montrer que celte addition latente
existe pour le système cérébral sensitif et aussi pour le muscle. En graduant Fintensité
des courants électriques de manière que les excitations isolées n'agissent pas du tout
sur le nerf, on pan'ient à provoquer une contraction lorsque tes excitations sont très rap-
prochées. Il en résulte que le muscle de la pince de l'écrevisse, aussi bien que le gas-
trocnémien de la grenouille, deviennent plus excitables quand ils ont été excités pendant
quelque temps au moyen des excitations inefficaces Celles-ci ont donc été suivies
d'effet, bien qu'elles n'aient pas déterminé de contraction. Le mouvement, qui ne se pro-
duit pas tout d'abord sous rinlluence des premières excitations, se produit ensuite,
grâce à l'accroissement d'excitabilité que lui ont donné les premières excitations, res-
tées en apparence impuissantes. On peut même épuiser un muscle par des excitations
inefficaces, rythmées à une par seconde, et assez faibles pour ne pas provoquer de
secousse musculaire apparente. Alors le muscle devient de moins en moins excitable, et
on peut graduellement augmenter Tintensité du courant induit sans provoquer la
secousse musculaire. Ce qui prouve qu'il s'agit bien de fatigue, c'est qu'il suffit d'inter-
FATÏGUE.
35
rompre pendant peu de temps les ciciutions qui n'avaient aucoo e(Tet apparent, pour
que le muscle se répare. Ainsi donc Cb. Ricbkt a établi qu'un muscle peut être épuisé
sans qu'il y ail production de travail extérieur. — Les expériences de Gotscblicu (i894),
faites au moyen d*uoe autre méthode, plaideut dans te même sens. Cet auteur s'adressa
à Tacidité comme mesure de transformations énergétiques dan^ le muscle, il vit que ta
réaction du muscle devenait acide même quand il <^tait soumis à des excitations telle-
ment faibles qu'elles ne déterminaient aucune rontraction. En se basant sur ces résul-
lats, t*autcur admet que le tonm chimique des muâdes est entretenu par une inner-
▼alion sub- minimale, trop faible pour provoquer la contraction. En outre, la tension
continue (sans contraction) produit un effet analogue, c'est à-dire une augmentation
kiensible d*acidité du muscle. La lension seule augmente les échanges. IIeioenhalx avait
déjà montré que l'activité du muscle était sous la dépendance de sa tension, Gotscuucu
démontra le même fait pour le muscle inactif. On peut donc admettre avec cet auteur
qu« les muscles normaux, en raison de la tension qu'ils supportent à leurs insertions,
[se trouvent dans un état de « tonus mécanique » qui vient renforcer le tonus chimique.
En outre Danilewsky a \ii qu*un dégagement de chaleur accompagne les excitations
inactives, dn sorte que nous devrons considérer comme implicitement démontré que
Us excitatiom inacHves produiseni une ti'anaformfiîiûn d'énergie^ autrement dit, gu^elks
exciUnt le mm^le, qui réagit à leur action, non par la contraction, mais par un processus
phystoloKtque interne. Les excitations inactives se comportent à la manière de tous les
autres excitants : leur premier elfet *ist d augmenter l'excitabilité du muscle. Si à ce
moment nous mettons la contraclilité du muscle à Tépreuve, en envoyant à travei-s sa
substance une excitation apte à éveiller la contraction, nous trouvons Texcitabilité
du muscle plus grande qu'auparavant. Mais, à l'instar de toutes les autres excitalions,
les excitations inactives Hnissent par produire des effets de fatigue quand elles agi»senl
trop longtemps.
Si nous avons insisté sur ce phènomt^ne* un des plus importants dans Tétude de
l'excitabilité, c'est qu'il vient confirmer notre assertion, à savoir que, quand il s'agit de
la mesure de la fatigue, il ne suffit pas de prendre en considération la manifestation
de rénergie spécifique de la matière vivante, mais qu'il faut poursuivre toutes les trans-
formations d'énergie dont elle est le siège.
L'efficacité des excitations dites « inactives »> a encore été démontrée dans les expé-
riencRs de j. Iotbyko sur relTet physiol ogique des ondes induites de fermeture et de
rupture dans la fatigue et l'auesthésie des muscles et des nerfs, Nous envoyons des
excitations alternatives de fermeture et de rupture, mais le courant est assez faible, en
sorte que seules les ruptures sont suivies d'une réponse motrice. Les clôtures ne pro-
duisent aucun eïTet apparent ; leur passage ne détermine pas de contraction. Tout à coup,
|aous Tinfluence de l'augmentation d'excitabilité due h raction initiale d'un auestbésique
Jéther ou chloroforme agissant localement), nous voyons apparaître brusquement la
contraction à la clôture et s'égaliser avec la rupture. Qu'a donc produit l'anesthésique?
Il n*a fait qu'exagérer un phénomène en le rendant apparent. La clôture a donc «lé
suivie d'effet dès le début, mais son action était insuffisante pour provoquer la contrac-
tion. Toutefois kî muscle était en <* imminence decontractioU >*, et une augmentation de
son excitabilité a suffi pour déterminer îa réponse motrice.
Cet exemple ne rentre pas dans la catégorie des faits connus sous le nom d'addititm
latente; car, dans le cas de sommation, l'augmentation d'excitabilité, indispensable au
déclenchement de la réponse motrice, est due k l'action de l'excitant même. La répéti-
tion de fexcitation rend le muscle plus excitable. Mais, dans le cas de l'anesthésie,
f augmentation d'excitabitité est due k l'action d*un agent extérieur. Ce fait montre que
raugmenlation d'excitabililé, même indépendamment de la cause qui l'a produite»
permet de mettre en évidence Tefficacité des eicitalions dites inactives.
Dans la phase de rescalier il y a aussi augmentation d'excitabilité. Or il arrive que
la contraction à la clôture, qui était absente au début de la courbe, apparaît de toutes
pièces dans la phase de l'escalier i;J. Ioteïko).
Le problème des excitations inactives est donc définitivement résolu; mais les expé-
riences citées s'adressent au muscle frais, qui présente au plus haut point la propriété
d'excitabilité ou d^explosibilité, et possède, par conséquent, un pouvoir transformateur
36
FATIGUE.
considérable à Têgard des eicilalions* En est-il de même pour le muscle fatigué? Quelles
seront les excitations inactives pour un muscle fatig'ué?Par suite de la diminution d*exci-
tabilité, le seuil de rereitalion a été prorondéinent raodilié dans la fatigue; nous appe-
lons doue « inactives » les excitations linaccoup plas intenses qu'au début.
L*excilation, eflîtrace au début, a produit ki Fatigue en agissant à la longue sur le
muscle, et son application n'est plus suivie d*an elfet moteur. Elle est devenue InactWe
par rapport k ce «qu'elle était auparavant. Cette même excitation se coniporte-t-elle
mainleuiint comme une excitatiou dite inactive agissant sur un orgaue fiais? Donne-
l^elle lieu à un degagemenl latent d'énergie?
LV'tudc de celte importante question reste ouverte; nous ne tenons ici qu'à la signa-
ler, en présentant «juelqucs observations tondant h établir une distinction essenlielle
entre le muscle frais et le muscle fatigué.
On connaît les expériences de Funke qui ronstala que, dès que !a eonlraction à la
clôture disparaissait par la fatigue, la contraction dr rupture subissait un accroissement.
Il faut, dans l'interprétation du pliénomène, écarter toute idée d'addition latente, qui ne
peut certainement pas se produire au moment de la fatiguii. Nous assistons ici à un
phénomène d'ordre inverse, qui est la disparition des effets de Texcitation. L'interpré-
tation^ c'est que. rintervalle des excitations ayant doublé, la fatigue a diminué consécu-
tivement, La disparition de la clôture par fatigue s'est donc comportée exactement
comme si aucune excitation n'était lancée au moment de la fermeture du courant, ce qui
tendrait à prouver que son rôle était devenu nul. Cette expérience est donc exactemeot
analogue à celle où, eu produisant la fatigue par une seule espèce d'ondes, on viendrait,
à un moment donné de Texpérience, doubler rintervalle des excitations; on obtient des
phénomènes de réparation.
J. lûTKYRO a recueilli r|uelques faits dans le même genre. Il est \iai que le phéno-
mène de FuXKK n'a jamais apparu dans ses expériences; il doit être assez rare, et Von
comprend pourquoi. La disparition des effets de la clUure ne se fait pas brusquement;
elle se fait progiessivemenl, et nous devrions nous attendre à voir la différence entre les
deux ondes s'accentuer peu à peu» plutôt que de devenir manifeste à un moment donné.
t>r c'est là précisément un résultat tout à fait constant. J. loTEVào a montré, sur quelques^
centaines de courbes, qa*eii lançant dans un muscle périodiquement des ondes de cld-
ture et de rupture, on obtenait deux courbes de fatigue^ dont la diveryence ne faisait
que ^*accejitiier avec les progrès de h fatifjnc a ti préjudice de ia clôture (Voir plus loin^p. 96).
Il est probable qae e*est à rinefticacité croissante de lacldture qu'il faut attribuer la résis-
tance de la rupture. Dans certains cas les deux courbes sont parallèles; mais alors, la
clôture ayant disparu, la rupture se prolonge plus longtemps que ne Terige le parallé-
lisme* C'est donc presque la môrae observation que celle de Fuxkk.
Citons encore d'autres expériences de J. Ioteyko. Quelquefois, dans ies tracés, la
clôture e*l inefOcace périodiquement vers la ïîu de la courbe. Chaque fois, la rupture se
ressent de cette non-eflîcacilé de la clôture : après chaque lacune, la rupture suivante
est plus baute, et cela se continue jusqu'à l'extrême fatigue. Le même auteur a observé
que le phénomène de la contrat î are était enrayé au moment où, sous riniluence de la
fatigue, la contraction à la 'clôture venait k disparaître. Or, quelle que soit l'opinion
qu'on se forme sur les causes do la contracture, il est certain qu'elle dépend de plusieurs
facteurs, dont la fréquence des excitations. Il faut donc admettre que, dans cette expé-
rience, la clôture a complètement cessé d*agir pour faire disparaître la contracture.
Ces expériences montrent que les excitations, quand elles agissent sur un org^ane
fatigué, ne sont pas suivies d'un effet physiologique. Elles méritent alors réellement la
dénomination de t« iitactives ». Nous n'attribuons certes pas à cette loi une valeur absolue.
Ainsi, dans une expérience, J. Iotkvko a observé la réapparition de la clôture (qui avait
disparu par effet de la fatigue) sous llnlluence des excitants chimiques (sel marin). Ce
fait prouve que l'inefficacité de la clôture n'était pas complète dans la fatigue. Néan-
moins TefTet physiologique des excitations dans la fatigue doit être tellement réduit
qu'il peut être considéré comme nuî. Et ce fait s'accorde d'ailleurs avec toutes les données
de la physiologie musculaire. Nous savons en effet que, dans la fatigue, la disparition
de la chaleur (qui est l'expression du travail chimique) précède la disparition de la
contraction. Cette dernière ayant disparu, il ne reste plus que le phénomène électriqua
FATIGUE.
37
^omma réponse à l^exdtaUoo, el celui-ci doit se prodaire avtvc une dt^pense minime
d*éiiergie. Il s**mblerail que la disparilion des dîlîéreiitespropnéli!'^ du iimscle s'obtient
d*aulanl plus vile qu'elles sont liées À une dépense pîns considér:ible d*énergie,
Eiaminons maintenant les etTels des vjcitations hyper mturimates. Et tout d'abord, un
musde se ratigue-t-il plus vite sous TinHuenee des excitations liypecmaxiniâles qua
sous rinfluence des eiccitalion« maximales? Il n'existe qu'une seule catégorie de preuves :
celles fournies par Kkidclnhain et confirmées ensuite par Gotscbuch, Le muscle, excité
par des excitations électriques hypermaximales, développe une réaclion acide qui est
exactement celle que développe un muscle excité par des stimulant"? juste maximaux.
Crs faits prouvent qu'il existe un maximum de réaction qui ne saurait Aire dépassé.
Quand rintensil^'î de l'excitant dépasse la limite réactionnelle propre à chaque forme de
matière vivante, son application ne détermine aucun elTel supplémentaire, el peut être
assimilée aux efTels d*un eirilant juste maximal. On est tenté de faire ici une compa-
raison avec Tabsorption de l'oxygène, qui, même lorsqu'il se trouve en excès» n*est pas
absorbé en quantité plus considérable que ne le justifie le besoin immédiat.
Il résulte de ces faits que les phénomènes déf^ignés" sous le nom iVhyptrexnUition
sont dus dans un bon noinbre de cas non à rexcitalton, mais bien k Texcilant. Les phé-
nomènes de destruction, de dégénérescence, d'allcration, décrits par un grand nombre
d'auteurs, tiennent à l'action destructrice de l'agent externe. Non pas que notre itilcnlion
soit de nier ta posâibitité de la mort par hypercxcilation dans le sens physiologique,
mais il n'en est pas moins probable que beaucoup d'observations de ce genre se lap-
portent aux effets destrurlîfs de rexcitaol. Les pliénomènes de df^Qénéri'$caice granukuae,
décrits par Verworis, se rapportent dans bien des cas non à un excès d*ex< ilation, mais
à la destruction du protoplasma par des excitants trop forts. « Si nous portons sur
Fclomyxa, écrit VgnwoHX, des excitants chimiques faibles (acides, alcalis, rhtoroforme,
etc.), en quelques minutes il se ramasse en boute, montrant ainsi un haut degré d'excita-
tion. Ce n'est que dans ïe cours d'une excitation prolongée que le corps proloplasmique
commence à présenter une destruction granuleuae h partir de la périphérie. Si, par
contre, nous faisons agir d'eml»l»''e un excitant cliimique de forte intensité sur le corps
dt* l'infusoire en extension, le stade d'excitation n'a plus le temps de se manifester.
L'infusoire commence à présenter la destrucli^ni granuleuse, dans la forme où Ta sur-
pris l'excitant, et sans passer par un stade préalable de contraction. Ici la mort est
donc la conséquence immédiate de l'excitation. »*
Néanmoins, la mort peut être la conséquence d'une lijperexcitation physiologique.
C'est le cas quand le mouvement volontaire est poussé jusqu'à J*extrême. Un exemple
devenu classique est celui du coureur de Marathon qui quitta le champ de bataille pour
^tre le premier à apprendre à ses compatriotes la nouvelle de la victoire. Entré à
Athtnes après une course ininterrompue, c'est à peine s*il eut encore la force de crier :
Victoire! après quoi il tomba mort. Dans ses observations sur les migrations des
•oiseaux, A. Mosso dit avoir vu souvent de nombreuses cailles mortes, gisant dans les
fossés de la campagne de Rome. Ces oiseaux^ dans l'élan qui, de la mer, les enlr&Jne vers
la lerre, n'ont plus la force de modérer ou d*arrèter leur voL et se heurtent aux troncs
d^arhres, aux branches, aux poteaux télégraphiques et aux toits des maisons, avec une
telle impétuosité, qu'ils se tuent, Brehm a décrit l'arrivée des cailles en Afrique : « On
aperçoit une nuée obscure, basse, se mouvant au-dessus des eaux, qui s'approche rapi-
dement et c]ui pendant ce temps va toujours s abaissant pour s'abattre brusquement k
la limite exlrt''me de la mer; c'est la fonle des cailles mortellpment épuisées. Les pauvres
créatures gisent tout d'abord pendant quelques minutes comme étourdies et incapables
de se remuer, mais cet état prend bienttM tin; un mouvement commence à se manifester :
■une des premières arrivées sautille el court rapidement sur le sable en cherchant un
meilleur endroit pour se cacher. Il se passe un temps considérable avant qu'une caille
se dénude à faire fonctionner de nouveau ses musites Ihoraciques épuisés cl se mettre à
voler. I» De FiLrriM a vu des pigeons en pleine mer reposer les ailes ouvertes sur les flots;
c'était là un signe invincible de fatigue.
La fatigue, quand elle est poussée à rextréme, peut produire ta mort. On conçoit
qu'en face du danger réel que peut présenter l'excès d'activité, la nature ait fourni à
l'organiame des moyens de défense, grâce auxquels il peut lutter contre la fatigue. Cette
38
FATIGUE.
lolle s'acGorajilit ^rloè à deux procédés : le premier repote tur te mode de dUtribuiian
de Iti fatigue mémet qui fait que les organes les plus importants (centres nerveux) sont
protë^és grâce à uue rertaine hiérarchie des tissus vis-à-vis de la fatigue» Le second
proi"édé de défetise, c'est l'accoutumance.
Occupons-nous d\ibord du premier procédé de défense.
Tes faits expérimeutauxqui se rattachent à ce sujet, ainsi que les conclusions qui eo
découk^nt» sont dus aux travaux de J. Iotevko. Gomme Ta établi Ch. Richet, il n'existe
fias de moyens de défense qui ne soient en même temps fonctions à*} nutrition» de rela-
tion ou de reproduction, el ils peuvent être étudiés comme des fragments d'une grande
fonction, la résistance au milieu extérieur. Or, en face des excitations innombrables
que fournit la nature, l'intégrité de Torganisrae sérail rapidement atteinte, s'il avait k
subir toutes les provocations extérieures et intérieures. S'il résiste, c'est parce qu'il pos-
sède un puissant mécanisme dVirrét qui intervient au moment nécessaire. Or, pendant la
fatigue, les excitations cessent d'être efficaces; car la faculté de réagir a disparu. Ainsi la
fatigue soustrait l'individu aux conséquences des excitations trop violentes, qui devien*
draient funestes, si elles étaient perçues. Nous avons vu plus haut que dans la fatigue
les excitations ne provoquent pas de dégagement latent d'énergie. Celte inefficacité des
excitations dans la fatigue rentre donc dans les procédés de défense de Torgajjisme.
Les recherches de J. Iotkyro sur la fatigue de la ruotricité fournissent une hase expé-
rimentale à cette appréciation. Cet auteur a établi que le premier de^ré de la fatigue est
périphérique, el qu'il existe une hiérarchie dans les tissus au point de vue de leur rési^
tance à la fatigue. Les centres réflexes de la moelle sont plus résistants à la fatigue que
les centres paycbo-moteurs, el les uns et les autres sont plus résistants que rappareil
périphérique terminal. Celui-ci étant constitué de terminaisons nerveuses et de sub-
stance musculaire, une fattgabilité plus grande doit être attribuée à Télément nerveux
terminal. Nous arrivons ainsi à cette conclusion, que, dans les conditions physiologiques,
h» phénomènes de fatigue motrice sont dus à Varrât des fonctions des tenninaisons nerveuses
intra-muaculaires*
On le voit, tout le mécanisme de la fatigue est constitué de façon à assurer la pro-
tection des centres nerveux vis-à-vis des excitations nocives. Avant que les centres ner-
veux aient en le temps de se fatiguer, l'abolition des fonctions des terminaisons nen^euses
périphériques arrête toute réaction , Nous avons donc alTaire à une défense d'origine péri-
phéiique, qui est réglée par la limite d*eieitabilité propre aux terminaisons nerveuses.
Elle ne suffît pas toujours, attendu quêtes organes périphériques, devenus inexcitables
pour une intensité donnée d'excitant, sont aptes à fonctionner quand cette intensité
(effort) est accrue. C'est alors qu^intervieni le sentiment de la fatigue, mécanisme central
et conscient* qui apparaît tardivement, quand le mécanisme périphérique n'a pas été
sufBsamment écouté. Nous manquons encore de données précises pour décider si la
sensation de fatigue est liée à une fatigue réelle des centres nerveux ; il est probable
que la sensation de fatigue est l'expression d'un état particulier des muscles^ devenu
conscient à un moment donné. L'origine de ta sensation de fatigue pourrait donc être
périphérique, comme l'est celle du sens kijjesthésique.
Il parait certain que la fatigue s'accumule progressivement dans Torganisrae; de
phénomène local, elle devient phénomène général, et ce n'est que quand elle retentit
sur l'ensemble de Tôtre vivant qu'elle arrive à la conscience. — La fatigue rentre ainsi
dans la catégorie deî* défensea actives générales (fonctions de relation) el nous pouvons
y distinguer les trois modalités admises par Cu. BicHEr pour les autres fonctions de
défense. Elle peut tHre une défense immédiate (arrêt des fonctions motrices par suite de
la paralysie des t'irminaisons nerveuses); elle peut être une défense préventive, qui est
la semation de fatigue. De rnêTue que la douleur pour les eicitations sensitives, elle est
une fonction intellectuelle, qui laisse une trace profonde dans la mémoire et empêche
le retour d'une sensation s^'^mblable. Les Grecs assimilaient la fatigue à la douleur.
C'est peut-être pousser un peu ïoin la ^'énéralisation du sentiment de la fatigue; toute-
fois il faut rattacher à la fatigue, à Tépuisement et à rabattement qui en résulte, toutes
les peines qui ont pour origine un etfort, en un mot toutes les peines ù caractère positif.
La fatigue n'est donc pas la ^douleur, mais en revanche] la douleur est une fatigue.
Skrgi a désigné la sensibilité de défense sous le nom d*e6thophf/lacîi(^ue* Nous proposons
FATIGUE,
39
d'appeler kinHùphylaçU<pi€ la fatigue de défense qui est une sauvegarde du mouvemenL
Enfîn, la fatigue peut être une défense con$émtive^ qui est VatrouUimancc, En laisûa
de son importance, nous lui avons réservé une place à part, en l'appelant « le second
procédé de tuite contre ta fatigue ». Comme certains poisons, qui Ouissent par devenir
îuoffensifs, l'accoulumance rend l'organisme plus rt'sislanl aux atteintes de la fatigue.
LW^oulumanee peut être considérée comme \ïi\b adaptation de Torganisrae à l'excitant.
C'est ïà un fait général, qui s'applique à tous les organismes et à tons les appareils.
Engelmann et Verworn sont panenus à tialjiluer divers organismes anicellulaires à des
solutions salines concentrées, qui, au début, provoquaient des phénomènes d'excitation
très marqués. On peut obtenir des adaptations à des sotutions fuilMes de poisons, à de
hautes températures, à une lumière intense, à un excès de travail physique et intellec-
tuel, etc.; mais, pour que Faccoutuniance se produise» il faut procéder à petites doses.
C'est là le secret de rcnlraînement physique et intellectuel. En procédant brusquemenU
on n'ohliendrait aucune adaptation, mais bien des phénomènes d'épuisement. On peut
dire que les effets de toutes les excitations se meuvent entre deux limites extrêmes :
d'une part la fatiyuCt et de Tautre V accoutumance.
Les excitations ne doivent pas dépasser certaines limites; lorsque ces limites sont
franchies, il y a douleur ou fatigue* La douleur et la fatigue sont donc toujours dues a
un excès d'excitation. Les êtres vivants, peuvent rencontrer, dans le milieu où ils
vivent^ des intluences externes, auxquelles ils ne soienl pas adaptés. La sensibilité de
relation avertit de rantagoniame qui existe entre Tétre vivant et les actions extérieures.
Cet avertissement est un état de conscience que nous appelons douicitr quand il s'agit
d'un excès d'irritation des organes de la sensibilité, et fatigue quand il s'aj^it d'un excès
d'irritation des organes de la motilité. Quand, au contraire, il n'existe aucun conilit,
la conscience manifeste sous forme de plaisir radaptation complète au milieu exté-
rieur.
L'accoutumance est donc l'adaptation de l'organisme à l'excitant; or cette adaptation
ne peut se produire sans qu'il j ait conlliU c'est-à-dire sans qu'il y ait fatigue. Il est
donc permis de parler de l'utilité biologique de la fatigue. Quand elle procède à petites
doses^ elle conduit à l'aceoutumance; quand elle est intense, elle avertit du danger
imminent (fonction kinétophylactique).
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M
FATIGUE,
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Lxn, 413; lxV| ^1); Die Bewcguntj der lebendigen Substani; Jcna, 1892; Eiregung und
iAhmung {Vortrag gehalten auf der 68 Veri^ammluny dcutscher Naturforscher und Aerzie in
FvankfuH a/M^ 1806). ~ Weber (Fti,). (in Wagmr's Handuôrterbmh d. Physiologie^ uu
1846].
CIIAPITBE I
La atigue des Nerfs,
La fatigue d'un nerf peut ôlie mesurée par deux procédés: i" par son action électro-
motrice» et 2*" par l'effet des excitations dd nerf sur le muscle (coniraclion). Or le rap-
port entre ces deux acLions resle int-onnu. En outre, Taction électromotrice du nerf, ou
variation négative du potentiel électrique (courant d*artion), considérée encore nagaère
comme îe signe uniiiue de Tactivité propre du nerf, a perdu beaucoup de sa valeur
comme méthode d'exploration de l*activité nen'euse, depuis que la pos^ibiJité de la
variation négative sans activité fonctionnelle a été péremptoirement démontrée.
Quant an second procédé, qui consiste à prendre la contraction musculaire comme
mesure de ractivité nerveuse, il n'est pas non plus très rigoureuï, car aucun phénomène
mécanique n'accompagne le fûnctionoement propre du nerf, et ît est f^rt difficile de faire
la part de ce qui revient à la fatigue du muscle et à la fatigue du nerf. Le problème
devient encore plus délicat quand on songe que toutes les comparaisons entre Taclivité
du nerf et celle du muscle sont compliquées parla présence dans le muscle de terminai-
sons nerveuses, qui ont une physiologie propre. Le curare, qui paraissait pouvoir tran-
cher la question en mettant liors de cause ces terminaisons molriceB, et qui a été em-
ployé communémenl par tous les physiologistes depuis Cl. Iïersard, n'est cerïainemeut
pas un moyen aussi sûr qu*il semblait l'être au début. lî serait donc dangereux de baser la
physiologie des nerfs périphériques sur ce seul procédé. — D'autre part» tous les moyeut
employés pour mettre en activité le nerf sans exciter le muscle sont plus ou moins arti-
ficiels et prêtent le flanc à la critique. L'unique procédé qui semble être à l'abri de tout
reproche consiste à comparer les elîets mécaniques de Texcitation des différents f3omiâ
du nerf fatigué ; s'il existe des différences dans reicitabilité, elles peuvent être mises sans
conteste sur le compte d^uoe fatigue propre du m^rf, l'appareil périphérique présentaul
une eicitabililè ideiitique à eUe-méme pendant cette exploration. Mais, outre que cette
méthode paraît fort difficile — Taccord n^est pas encore survenu sur les différeu ce s d'ex-
citabilité que présente le nerf frais sur les différents points de son parcours — elle ne
pourrait nous renseigner que sur des ditFérences minimes d'excitabilité, sans trancher ta
q^ueslion de la mesure de la fatigahilité propre du nerf. Elle fournirait néanmoins cer-
taines données positives d'un f^rand intérêt. Malheureusement cette étude est à peine
ébauchée.
Si^ malgré toutes ces difficultés expérimentales et toutes ces lacunes, il est permis de
tirer quelques conclusions fermes relatives k la fatigabilité (ou plutôt à rinfattgabilîté)
des nerfs^ ce n'est qu'en comparant entre elles toutes les méthodes mises en œuvre et
les résultats obtenus. Grâce à cette comparaison, la fatigue des nei f:^, qui, dans les ou-
vrages classiques encore assez récents, était traitée en quelques lignes, constitue aujour-
d'hui un chapitre complet de la physioîogie. Nous le subdiviserons en quatre parties :
t* De Tin fatigabilité du nerf; 2** Eipérienees contradictoires; 3* Critique et faits con-
nexes. Conclusions; 4" Phénomènes chimiques de la fatigue des nerfs.
I, De l'infatigabilîté du nerf* ^ I. Métliode de Télectro Ionisation du nerL — Elle
est due à Bernstein (1877J. Cet auteur s'est assuré d'abord que la fatigue du muscle arrive
au bout du même temps, soit qu'on l'excite directement, soit qu*on l'excite par Tinter-
médiaîre du nerf moteur. Donc la résistance du nerf à la fatigue est au moins égale à
celle du mascle. Pour voir si elle est supérieure, il faut exciter le nerf en empêchant
temporairement l'excitation de parvenir jusqu'au muscle, afin que celui-ci puisse être»
au moment voulu, un réactif indicateur de l'activité du troue nerveux. Behnsteinj parvient
en produisant la» section physiologique n du nerf au moyen d'un fort courant continu qui
Abolit Teicitabdité du nerf à Fanode(anélectrotoQUs]* Voici le dispositif général de l'expé-
FATIGUE.
il
rieuce de Bchï^stei:* : Les deux nerfs scialîques N* et N' appartenant à deux patles
galvanoscopiques d*une même grermtijlle sont tiHantsés en même temps avec tes mêmes
électrodes pendant plusieurs minutes, mais le nerf N* est en môme temps éleclrotonisé
à sa partie inféneure non loin du muscle; il ne laissera pas franchir Texcitatiiin t*5tani-
santé au delà du point rendu inconductible par l'anélectrolonus, et son muscle restera
au repos, tandis que le nerf non électrolonisé (N*) Irarisraellra son excitation au muscle,
et celui-ci entrera en télanos. Nous avons donc excité pur le même courant induit les
df'ux nerfs de la même facon^ mais le nerf électiotonisé n'a pas communiqué son exci-
tation au muscle, Uudis que le second nerf a communique son excitation au muscle
et l*a fait entrer en tt'îanos. Mais bientôt le nmscle lélanisé se relâche, et la conlraction
disparait au bout de trois à quatre min nies. Atln d*apprécier si ce relûchement est dû
k la fatigue du muscle ou bien à »a fatigue du nerf, tout en continuant rexritatiou téta-
nisante des deui nerfs, on lève maintenant Tobstacle'qui enrayait la transmission dans
le nerf électrolonisé, cl, au moment de Touverture du courant polarisant, on voit le muscle
correspondant entrer en tétanos. It est donc clair qae te nerf se fatigua moins que le
muscle, et que te relùcliement observé après le tétanos du premier muscle était dû à la
fatii^ue musculaire, laquelle a précédé la fatigue du nerf et a empêché la manifestation
de son activité. I.a preuve en est fournie par le nerf N^ (électrotonisé), qui, excité de
la même façon que te nerf .N% a fourni un tétanos au moment où le premier muscle
était déjà relâché. — Le sens du courant continu est indilTérent : il faut l'éloigner autant
que possible du point dVxcItation, pour que celle-ci se produise en dehors des modifi-
cations électfotoniques de l*excïtabililé. De ses expériences, Bernstein conclut que le
nerf est plus l'ésistant ik la fatigue que te muscle, mais que toutefois sa fatigue se pro-
duit au bout de cinq à quinze minutes de létanisation.
Behnstkin employa encore d'autres excitants que l'électricité; excitants mécaniques
(chocs avec le dos d'un couteau), chimiques (acide lactique à 10 p. 100) et calonriques(ther-
momètre terminé par une fourche où s'engageait le nerf et qu'on chauffait à Taide d'une
spirale en platine reliée à une pile). Les résultats furent moins uels. parce que te nerf se
lèse facilement» mais ils plaident néanmoins en faveur d'une résistance à la fatigue plus
grande du nerf que du muscle* — Pour étudier la restauration du nerf, Iïervstein opère sur
une grenouille vivante el enregistre les contractions musculaires par le myograpbe de
Pfll'ghr. La réparation se fait aussi beaucoup plus lentement dans le nerf que dans la
muscle. Le processus de rétablissement va d*abord très lentement, puis augmente rapi-
dement pendant un temps relativement court, pour progresser de plus en pïus lentement
à mesure que le nerf se rapproche de sou état normal. La courbe de ce rétablissement
est légèrement convexe vers la ligne des abscisses, puis monte ensuite assez rapidement,
puis passe par un point d'inflexion, pour devenir concave en bas, asymptote k un maxi-
mum. 11 ne faut pas perdre de vue que ces résultats ne se rapportent qu'à la partie du
nerf directement irritée. Comme, dans les conditions physiologiques, le nerf ne travaille
qu'excité indirectement, lea recherches sur la fatigue de la conductibilité seraient du
plus haut intérêt. Nous verrons plus bas que quelques expériences de ce genre ont été
teu tées .
L'objection la plus importante qu'on peut faire à la méthode de réleclrolonisalion
est basée sur les modifications que subit Texcitabilité nerveuse après la cessation du
courant polajisant; on saïf* en etlet, qu'après Touverture du courant continu Texcita-
bililé du nerf revient à ce qu'elle était auparavant, mais après avoir passé par une pliase
inverse, augmentation d*excitabilité à l'anode (modification positive de PflCgeb) el dimi-
nution d'excitabilité à la cathode (modilkalion négative), et, comme résultat fmal, la
cessation du courant continu est suivie, selon les c-as, d*iine diminution ou d'une aug-
mentation de conductibilité, La diminution paraît être fréquente après Tutilisation de
courants forts, tels qu'on les emploie habituellement pour obtenir la ligature complète;
en outre, les phénomènes d*éleclrolyse deviennent sensibles en peu de temps, si la dépo*
larisation n'esl pas produite par le renversement dn courant. On est par conséquent en
droit de se demander *ii la limite de quinze minutes, assignée par Bernstëi.n à la durée
de Tactivitê nerveuse mise enjeu par l'excitation tétanisante, n'est pas plutôt la limite de
temps au bout duquel se produit la polarisation amenant une inconduclibilité persistante
du nerf.
42
FATIGUE.
Tello est l'opinion de Wedensky, qui» sept ans après le travail de BenîtsTELv, entreprit
de nouvelles recherches aur la fatigue des nerfs (1884). Parmi les méthodes mises en
œuvre par le physiologîâle russe, celle qui réussit le mieux fut une modification de la
mélhoiie do Behnstkin,
Wkdenî^ky remarqua que, lorsque ranéleclrotonus est complet, on peut maintenir le
nerf dans cet état même en aiTaiblissant beaucoup \p courant ; on n'a plus alors à craindre
h l'ouverturtî cette iticooductibilité persistante qui ne permit pas à Bebnstein de prolonger
les expériences; ou est également à l'abri du tétanos d'ouverture (tétanos de Bittru)» qui
se produit parfois avec des courants galvaniques intenses et qu'on pourrait attribuer à
tort k l'action dti courant excitateur (faradique). Wrdknsry établit ranélectroionus au
mo)Tn de courants forts, puis, pendant rexpérience, il affaiblit graduellement finten-
sité du courant; il luit agir le couraitt continu affaibli alternalivemeiit dans les deux
sens, en changeant la direction à intervalles assez éloignés, l/excitabilité du nerf eât
examinée toutes les quinze ou trente secondes en ouvrant le courant polarisant; il se
produit alors un lélanos qui provient bien de la portion du nerf excitée comme le
prouve sa cessation apn>s la fermeture de la cluf du court circuit dans le courant secon-
daire. Avec ces précautions, Touverture du courant rend presque immédiatement aa
nerf sa conduciibililé^ tandis qu'une uouveHe fermeture la lui enlève aussitôt. Une
piirtioii du nerf ticiatique soigneuse nient préservée contre la dessiccation et éloignée
d*au moins quinze millimétrés du point de polarisation est tétanisée à Taide d'une
excitalïiiû d*inlensité moyenne.
Quelques expériences durèrent six heures sans qu'on pilt déceler aucun signe d'épui-
sement du nerf. N'ayant pas prolongé Texcitation davantage, Wedbnsry n'indique pas
la limite vers laquelle se produirait la fatigue. ïl pense que peut-être le nerf peut
travailler sans fatigue et sans relâche jusqu'à sa mort. C'est à Wkdknsry que nous devons ^
la première notion, devenue désormais clasf-ique» sur rinfatigabilité du nerf.
En 1887, Masiitikk répéta les expériences de VVedensky en employant comme obstacle
au passage de l'excitation un courant continu faible dont on intervertit le sens de
temps à autre. On peut observer la contraction musculaire après douze heures d'exci-
tation,
Il semble donc qu'en effet le succès des expériences de Wkdenskv est dû à un perfec-
tionnement technique de la méthode de Ber.nstkin. LàwiiEfiT rapporte quelques expé-
riences inédiles de Hésé, faites en 188Q à Nancy, dans lesquelles lauteur fut arrêté par
les mêmes obstacles que BicRNsiEhN; Temptoi d'un courant ascendant fort produisit l'élec-
troîyse au bout de quinze minutes.
M. Méthode de la variatioii négative du potentiel électrique. ^ La persistance de la
variation négiitive dans un nerf excité peut être mise en e'vidence par l'emploi du télé-
phone, tlu ^^alvanomélre et de rélectroraètre capillaire.
Du Hois-Heymond (1843) avait trouvé que la variation négative s'affaiblit lors d'une
télanisatiou prolongée du txerf et qu'elle peut même descendre à zéro à la suite d'exci-
tations de longue durée. Ce fait sérail une preuve de la fatigue nerveuse^ qui existerait
indépendamment de la fatigue musculaire, s*il était péremptoirement démontré que la
variation n<**^'aliveest un indice fidèle de raclivitè foactioaueile. D'ailleurs les recherclies
modernes ont iullrmé le résultat de Du Boi^-Revmond.
Eu 1883, Wedknskv eniplova le téléphone pour rendre sensibles à l'oreille les cou-
rants d'action du nerf scia tique de grenouille. Le téléphone de Siemens, relié directe-
ment avec le nerf que Ton tétanise à son extrémité au moyen du chariot de Du Bois-Rrv-
jiONO, fait entendre le son qui correspond au nombre des courants induits excitateurs.
Le son nerveux possède de grandes analogies avec le sou musculaire, mais, tandis
que le muscle excité cesse bieutdt de répondre en raison de sa faligabilité, le nerf con*
liïiue â réânuuer sans interruption peu tant quinze » trente ni in ij tes, parfois même une
heure. WsLJKNsfiY contrôla ses exp^hriencesà l'aide d'excitants chimiques et mécaniques,
ett*quoique les résultats aient été moins nets, ils plaident également en faveur d'une
grande résistance du tronc nerveux à la fatigue ^
K La méthodâ du ték^phoac comme mesure éiectroméiriqae est loin d*êlre admise par ioas 1
physiologistes.
FATIGUE.
4S
Encouragé par'ces resullab, Wbdensky eut recours au gatvanomètre (1884). On létaiii-
sail lé nerf au moyen de coaraots induits. Une portion du nerf situé plus bas pouvait
à volonté être mise en rapport avec un teiéphone ou urne boussole de VVjedeiia.n?<. Les
deux procédés montrèrent la persistance de Ja variation négative pendant un temps
considérable; neuf heures dans quelques ras. Lorsqu'elle s'atTaîNissait» il suffisait défaire
une nouvelle coupe transversale pour lui redonner sa valeur primitive. Presque en m&me
temps (t8S4)» Hriung instituait des expériences galvanomélriques sur les nerfs moteurs
de la grenouille, et constatait la persistance des oscillations pendant une excitation très
prolongée.
Suivant Mascukk (!887), la variation négative persiste deux à quinze heures, si Ton a
soin de préserver le nerf de la dessiccation et de pratiquer de temps en temps une
nouvelle section transversale. Kdks (1892) se sert aussi du courant électrique d'action
pour déceler ractivité du nerf. L'n sciatique de grenouille est disposé sur des électrodes
impolarisable^ dans une chanilirê humide. On excite sa partie nioyepne à l'aide de cou-
rants induits fréquents, et on étudie la contraction musculaire d'une part et d'autre
part la variation négative au bout central au moyen de l'électromètre capillaire.
Alors que le muscle avait cessé de répondre au bout de une a deux heures, la variation
négative persistait encore au buut de cinq heures sans modiOcaltons, et, au bout de qua-
torze heures, elle pouvait encore <^tre décelée; elle atteignait alors le quart de sa valeur
primitive et n'était pas accrue par une nouvelle section transversale, à l'inverse de ce
qui arrivait dans les expériences de Maschëk, et contrairement h Topinion d'E.\0RLHANN,
d'après lequel le courant de repos devrait bientôt disparaître dans l'ancienne coupe
transversale, et avec lui la variation négative-
Wallbh trouve que la variation négative, tout en étant l'indice de changements chi-
miques (probablement delà production de C0-), persiste pendant un temps*pour ainsi dire
illimité dans le nerf excité. Lors de la tétanisation prolongée, nous vojuus tout d'abord
disparaître la contraction musculaire, f-n second lieu la courbe de la variation négative
du muscle, et ce n*est que très tardivement que la courbe de la variation négative du nerf
commence k décroître (galvanomètre de Thomson), Ce fait prouve, selon Wallkr (1885),
que la fatigue survient plus rapidement dans le muscle que dans le nerf.
m. Refroidif sèment d'une portion du norf, — Wedensky essaya le refroidissement
d'une portion limitée du nerf, croyant cunstituer de cette façon une barrière infranclns*
sable à l'influx nerveux. Ces tentatives, faites sur le nerf sciatique de grenouiïlei ne
furent pas suivies de succès, au dire même de l'auteur. Mais elles donnèrent un résultat
pour les nerfs amyéliniques (Brodir et llALLimjHTOPf). L'excitation du nerf splénique
peut être continuée pendant dix heures si le nerf est refroidi.
I?, CuramaUon trau«itoir«, — L'origine de ce procédé remonte aussi à Weobnskv
(1884); dans rempoisonnement par le curare, une excitation prolongée du nerf devait
rester sans etfet aussi longtemps que durerait l'action do curare; mais, quand cette
substance aurait été éliminée, lu contraction du muscle devrait démontrer que le nerf
n'est pas fatigué.
La méthode de la curarisation échoua entre les mains de Wreiensky, probablement
parce que le curare s'élimine mal che? la grenouille. Elle fut reprise avec plus de succès
par RowDiTCH, Les premières expériences furent faites à Boston sur des chats; il les con-
tinua plus tard sur des chiens dans le laboratoire de Luawto à Leipzig- Bowditcm anes-
théâie un chat par l'éther; l'animal recevait une dose de curare (0»f%007 à ÛB',01 centi-
gramme) suffisante pour empêcher les contractions musculaires; la respiration arti-
ficielle était pratiquée. Un sciatique mis à nu est sectionné près du sacrum, le tibiat
antérieur est attaché à un myographe. Au bout d'une heure et demie à deux heures
dVxcitatîon continue, le curare s'éliminait, l'exci talion déterminait des secousses mus-
culaires qui devenaient progressivement plus fréquentes et plus violentes, mais ou
n'observait pas cependant de véritable tétanos. Si l'on redonne une nouvelle dose de
curare quand la première commence à s'éliminer, on peut prolonger IVicitation au
delà de quatre heures sans épuiser le nerf. L'absence de tétanos au début de la décur-
ariaation est due à la façon dont s'élimine le curare et non pas à la fatigue du nerf.
Si, en effet, on excite le nerf d'un animal curarisé à de rares intervalles, on n'ob-
serve pas non plus de tétanos, mais seulement des secousses isolées au moment de la
H
FATIGUE.
ileonm^tiioa* Dint e#9 cooiiîtk»iH, If flt fournil être qae^oo «le laltg ne, et cependaiii
!•§ 0lf«t§ ik r«xcilAliOTi MMii hétn^kfÊm, ^ne te neif aîl ét^ Ukêé fta r^pos on qu'il ail
éié fort#^m«fftt c/limM ^eoàuA lool te Impi 4^ U oifsntaliQo. U cordes nerreos e^
«lone trVrs r^ î.i baigne; Wowwmm ne croît ceptndnni pas q«e eeUe réssUiice soit
illimit^iï* 1. CM e$i êmcore pins JénMMifIrtIifn si mi prôénH In décnnnsatioa
nn nu»yt'n â'nitf 4v%a d»*; p1t}ri<MlignMfie on d*«lroptoe (OcnBic).
f , MélUods éê réihéniSftl#n. — ll%iicsms (f^TT^ sMîl ts eondaetOnlité dn nerf en no
point déUrminé, titné entre Ja partie excitée et iemn^le, en IVthérisaot à cet eudroiL
H emploie un petit tnhe de ^^-rre en forme de T dont U hfnnelie horizontale est percée, nn
niVf>Aa rie §a jonction arec U verticale, de deux petits nrtfiees dîaroètrmlement opposés,
L'one de« e%\rémlié% du tohe horitontaJ ai en relation airecnn Inbe d^amenée de l'éther»
raatre »trt à «a torlie. 1^ point excité, lonf de 1 millimétrés, e^l ëloignë de I ceoti^
métré et demi de la portion Hh^nwée. Si d^n» rps conditions oo cesse rétltécisàlîoii an
hoot do ^itielfjuen beurea, on voit encore les motcles se contiacler* MAScna s'est
assnré f|ae l'nbtence de fatigoe dn nerf n^étalt pai doe à Taction oppoiée des eonrants
dé fermeture et de ropture, rar la fatîgiie ne se prodaîl pas pins rapîdemcnl no en
ployant ontqoement des courants d'ouvertore.
?r ntrfi ieniitifs. — BKa9ijrTai!« ^*tndic la fatigue des nerfs sensitife et leur rêtnNisaa j
ment m iilihaaot I^î* réflexes produits dans une extri^mité postérieure par one exeilttioo I
électni|ue iton^ilatite de la pean. Les faits observés présenteot une grande analogie avec j
ceui qu'on connaît pour le» nf*rfa mol^furs. Ijincexdorfp fait remarquer qne des obser-
trationt jorirn<'tliArei« faites sur Iliomme semblent apporter la preuTC de la grande endn>
rancc des nerfs sensitifs. Quand, par exemple, des dents cariées sont le sîè^e de TÎTes
ilouleur», te mal ne cesse que pendant le repos de la nuit, et reprend le matin, au réTeil»
avec toMl«^ son inU' usité.
?IL flirts d'arrêt, ~ ^zk^À (1891) étudie la résistance des nerfs d*arrét à la fatigue
par un luUiUin analogue h riilnl de Bowditcii pour les nerfs moteurs. On excite un pneu-
moK'i'' trique d'une far ou continue chez un lapin non anesthésié, et ou injecte à rani-
ma] ont* dttne d atropine suflisante pour paralyser les terminaisons du nerf. Lorsque le
poison AÏ^timine^ au bout de cinq à hix heures, il se produit encore un ratentissemenl
du cirur, preuve que le pneumogastrique u a pas été épuisé par une si longue exci-
tation,
VIIL Nerfs lécrétoires^ — La fatigue des nerfs sécrétoires a été Tobjet de rechercties
expéniniuitalt*!» drs Iïl pnri de LAWUgRT (1804). Pour savoir quel org^ane se fatigue plus
rapidement, fe nvvt un la ^l^nde, Lambert a ti^tanisé un nerf sécrétoire en paralysant
momentanéntfnl hi glnndr> a Taide de Tatropioe. Dès que le poison s'éliminera, il se
produira une aécnHiou, m le nerf n*est pas épuisé. Les expériences ont porté sur la
gland*; «fiu* -maxillaire du cliien. Le bidbe était sectionné, et la respiration entretenue
artillciellorrttint. Une ligature étnit fuite sur la carde du tympan, aussi près que passible
du lingual. On sectionnait le nerf au-dessus de la ligature, et on rengageait dans un
excitateur tulnihun^: fin plnç.iiL dan^ le canal de WuAHTnx une canule à laquelle était
adapl6 un priii tulu' de rîiunlehouc. Le chien était alors porté dans une baignoire-étuvc
in«inl«"(iu»' à H8". LV*x« iiiil<?ur élait mh vn communication avec nn tharioL de De Boi«-
lir.viiuMD ou un appareil ;i courants sinusoïdaux. Les gouttes de salive qui s'écoulaient
par II! Inbn d<* f'a<nitcliuuc tornbaienl sur lu palette du levier ifun tambour enregistreur
fit N'iMHcri valent pïir un trait vcrlic;il sur un papier noirci. La salive était recueillie dans
dt!s veirre» gradnf58 qu'on cbangeait toutes les vingt minutes. 1/auteur déterminait le
conrani ininirnuni qui prnduisail un écaub?ment de salive, puis il injectait une dose
(r«lni|iiiin HuITlHante pour le faire cesser. L*appareil à excitations était alors mis en
nmr(!lH% ot il sagissiut de déterminer le temps au bout duquel Técoulenient salivaire
n*])ai.d trait* l'arfoiî* Tel i un nation de l'alropiiie se fait mal, ou ne se fait pas du tout, et
l'animal meurt sans ((ue réconlemeiil ait reparu. Il ne faudrait pourtant pas croire que,
ni la talivaliou ne réapparall pri^, c'est parce que la corde du tympan est fatiguée par
un*' trop touj^ue (etanisation. Ivi effet, lorsqu'on s 3 trouve en présence d'un cas sem*
bliibic, et si Toîi n*excile le nerf que pendant de courts instants, toutes les beares par
oxtunplr!, il ne se produit pa^ non plus d'écoulement salivaire. Dans les cas où Tatropine
sVst éliminée, récontement reparaissait quarante minutes après Tinjeclion d'atropine et
FATIGUE.
45
allait en s*accrlériinl, le nerf n'ayant pas crtssé d'être tétamsé. En injectant une seconde
dose d*atropiïi6 oti ralentissait de nouveau la sécrétion, qui reprenait dès que l'atropine
était éliminée.
Ainsi ta corde du tympan reste capable de transmettre une eicilatioa pendant un
temps fort long* Or, m^mo fans rt3mploi de i'atroprne, récoulement salivaire peut
persister pendant un temps très considérable, si Ton emploie nue excitation très in-
tense (Lambert). Tout d*abord, il y a une «:erlaioe inertie du nerf à vaincre; ainsi, par
Iciemple, dans urie des expériences de L\mbert, l'écoulemeul ne se produisit pas à la
distance des bobines de 15 centimètres; il n*a commeacé qu'à Ja distance de lOv mais,
une fois établi, il a persisté peudanL quelques minutes a un éc^irtement de 15, Avec
Tetuploi de courants induits forts (dislance o ou 0) la sécrétion se rétablit, et on n'ar-
ri%'e pas à la faire cesser. Dans une expérience faite sur un cbien curarisé, la distance
des bobines étant de 3 centimètres, l'excitation détermina la salivation pendant trois
heures (sans atropine); elle ne cessa qu'avec la mort de l'animal. Une autre expé-
rience dura dix heures, et, au bout de ce temps, récoulement de salive était encore
abondant. Il est remarquable que ni les terminaisons nerveuses, ni la glande, ni le
nerf ne s'épuisent complètement par le travail excessif qui leur est imposé. Si l'on
1 Tient à cesser l'excitation pendant quelques instanis, on voit que l'écoulement reprend
[ensuite avec plus d'intensité; il y a donc «juelque paît dans l'appareil névro-glandu-
[laire une fatigue qu'un très court repos suffit à dissiper. Celte f.:itigue ne réside pas
dans le conducteur nerveux, mais dans les lerniinaisons, comme le montre Taclion
de fatropine qui agit sur ces dernières. Si, en effet, on injecte une dose suffisante
pour ralentir la salivation, sans k faire cesser, le repos ne produit plus aucune surac-
tivité.
II. Expériences contradictoires. — A côté de ces expériences qui semblent prou-
ver rinfatigabiJiié du nerf, st* placent d'autres, qui, selon leurs auteurs, démontrent une
fatîgabilité plus grande du tronc nerveux que de ses terminaisons ou du muscle. Ce sont
les expériences de Herzen el de Schikk.
I. Expéiiencei de Eerzen. —D'après IlEflzEN,les nerfs seraient plus faligables que les
muscles et les terminaisonii nerveuses. De tout le chaînon neuro-musculaire, ce serait le
(cordon nerveux qui s'épuiserait le plus rapidement. Pour décider la question de savoir
si les fibres motrices se fatiguent oui ou non par une activité sufTisamment forte ou
suffi'samnient prolongée, il faut éviter Feniploi du curare et surtout de la polarisation
électrique de longue durée, Tun et l'autre introduisant des phénomènes étrangers à la
question et qui la compliquent sin;,'ulièrement. Il faut recourir à un moyen qui produise
rapidement une suractivité violente des nerfs moteurs, sans agir directement sur eux.
Ce moyen, d'après Hf:rze?i, c*est la strychnine^ dont raclion eiccitante sur les centres»
nerveux se manifeste par des accès de tétanos avec des doses plus petites et au bout
d'un temps plus court que son action déprimante sur les troncs nerveux. Sur des ani-
I maux éthérisés (chiens, chats et lapins), Herzen met à nu les deux nerfs sciattques, et
en sectionne un; une incision delà peau au niveau du gastro-cnémien permet d*exciter
le muscle directement avec les électrodes d'un appareil de Du Bois-Heymond et de déter-
miner le minimum do l'irritation nécessaire pour produire de petites secousses dans les
faisceaux irrités; puis il empoisonne ranimai avec de la strychnine, de façon à produire
un tétanos suffisamment violent pour que l'animal succombe dès le premier ou le
deuxième accès. Le nerf coupé ne prend pas part à la violente activité des autres nerfs^
el les muscles de rextrémilé correspondante ne prennent pas part au tétanos. Maintenant
il s*agit de savoir si la suractivité ainsi produite a fatigué le scialique non coupé; on
excite les deux nerfs de la même manière; le nerf coupé réagit immédiatement, le nerf non
coupé ne réagit point ou k peine; quelque chose est fatigué, est-ce le tronc nerveux ou
l'appareil périphérique? On porte les électrodes alternativement sur les deux gastro-
cnêmiens, et on voit quih réagissent tom les deux^ à peu près de la même manière, au
même minimum (ïiîitensité auquel ils réagissaient avant le tétanos. Généralement, tes
secousses du muscle qui a travaillé sont un peu plus tardives, un peu moins rapides, et
un peu plus longues à se relâcher que celles du muscle qui a été maintenu au repos
par la section de son nerf; la dilTérence entre les deux appareils périphériques aug-
mente d'autant plus rapidement que le tétanos a été plus intense et plus prolongé*
4t»
FATIGUE.
el les muscles devieQueot bieûtôl rigides, sauf ceux qui correspond enl au nerf coupé
Ainsi» Tort peu de temps après la mort de ranimai, qui succouibe à l'asphyxie eaa*
par le tétanos, le nerf qui a travaillé est inexcilabie, et rVs( lui qui refu^e^ et noo sou
appareil périphériquef puisque celui*ci répond encore au minimum d'irrilatjoo auquel il
répond itil avant le travail.
Pour la ciitiqne de la méthode de la stn'chnisaiioti, voir plus bas (^t, Con*
clmions).
UzhiLES ne pense pas que dans ces expériences il s'agisse de Taclion chimique dir
de la strychnine sur le nerf non coupé; sans parler du fait que le nerf coupé est erfi
à cette action à peu prés autant qu*^ l'autre, et même probablement davetntagep à canj
de la dilatation vasculaire produite par ta section, on peal varier rexpérîence de deur
manières qui montrent bien que c'est uniquement de VactivUé fournie que dépeud
rinexcitabilité du nerf; en premier liei]« on peut, en passant un fil sous le scîatique,
lier en masse les deux extrémités postérieures et en exclure ainsi la strychnine; en
second lieu» on peut se passer entièrement de celle-ci, et se contenter de tuer Taniroal
par asphyxie ou par section de ta moelle allongée; les quelques mouvements eonvulsifs que
le nerf intact transmet suffisent pour produire la même différence entre les deux nerfs
que dans Texpérience avec le tétanos strychnique; on constate avec la plus grande faci-
lité que la différence en question n'est pas due à l'augmentation d'excitabilité du nerf
coupé, mais à une rapide diminution d'excitabilité du nerf qui a travaillé.
Ainsi, conclut Herzen« le nerf n'est pas un perpetuum mobile physiologique, il ne
constitue pas une inconcevable exception à la lot biologique la plus générale, d'après
laquelle tous les tissus vivants se décumposent d'autant plus qu'ils sont plus actifs : lui
aussi il se fatigue en travaillant et s'épuise par un travail excessif plus vite que son
appareil périphérique. C'est à dessein que Hkrzen emploie Texpression « appareil périphé-
rique " et non « muscle », car les con tractions qu*on obtient dans ce cas par Tirritation
électrique directe sont de vraies contractions névro-iimscutaires, preuve certaine que non
seulement le muscle, mais les éléments terminaux des nerfs moteurs sont encore exci-
tables, et que, par conséquent, seul le tronc nerveux est réellenienl épuisé.
Voici d'autres faits, rapportés par Herzkn, qui montrent que le travail ne laisse pas le
tronc nerveux absolument indemne : lorsque des irritations réitérées du nerf, appliquées
en un point étoifi-né du muscte, cessent de provoquer des contractions, il suffit d'irriter
un point plm rapproché du muscle pour que celui-ci recommence à se contracter; la
plaque motrice et l'organe terminal névro* musculaire étaient donc encore capables
d'ii^ir, et si, néanmoins ils n'agissaient pas, c'est que le tronc nerveux ne leur amenait
pas le stimulus physiologique; k cause de sa fatigue propre,
La marche des phénomènes est semblable à celle qui suceède à la cessation delà cir-
culation, maid plus lente; dans ce cas, comme dans celui de la fatigue, Texcitabilité
disparaît d*abord dans le bout central du nerf, et, pour obtenir des contractions, il
faut transporter Tirri talion à un point plus rapproché du muscle. — Comme on peut
soutenir que rélectrisation appliquée localement peut amener la destruction du trajet
nerveux, Heiize.v prend sur toute l'étendue du nerf trois trajets : A, le trajet le plus
éloigné du muscle el sur lequel porte l'irritalion; C, le trajet le plus rapproché du
muscle; et B, un trajet entre A et G. Lorsque rirritation en A ne produit plus de contrac-
tions, on dit que c'est la plaque motrice qui ne conduit plus. Hiîrzr?^ soutient que non;
car, si Ton irrite en G, la contraction a lieu; alors on dit : c'est que le trajet A est altéré.
HER7-RN répond de nouveau que non; car l'irritation de B donne à présent un effet b«^au-
coup plus faible que celle de C; donc le trajet H est altéré par l'activité qu'il a transmise.
Cela est de toute évidence sur les nerfs des mammifères.
II, EzpérienceB de Schili.— On sait que c'est principalement aux travaux de Schiff que
nous devons la distinction établie entre les deux modes de l'irritabilité nerveuse :
réceptivité el conductibilité. Or, d'après Schïfk, on peut démontrer facilement que le
nerf excité localement cesse de répondre à l'excitation par fatigue de la réceptivité
nerveuse, il non par épuisement de l'appareil périphérique. Un scialique de grenouille
de grandes dimensions est placé avec les muscles de la patte dans une chambre humide,
dans laquelle pénétrent trois paires d'électrodes, La première paire vient au contact
de la partie supérieure du nerf et amène un courant induit relativement fort. La
FATÎCUE.
47
I
I
deiiiièfne paire, éloignée de la première d'au moins 8 millimètres, est reliée à une
forte batterie galvanique avec un rhéostat dons le circuit, La Iroisiènie paire est
appliquée au nerf près du muscle et se trouve reliée à un appareil inducteur qui est
inactif pour le moment. Tout d'abord, on laisse passer le courant induit de la partie
supérieure du nerf, et le violent tétanos ainsi produit est immédiatement suspendu par
la fermeture du courant galvanique. Le courant galvanique doit être strictement adapté
nu courant induit au point de vue de Tinten^ité, et réglé de matiière que le courant
induit puisse être fermé et ouvert sans qu'il se produise la moindre secous^^e
musculaire. Les courants ascendants doivent être préférés aux de«>cendnnts. On laisse
passer le courant galvanique pendant un certain temps; au bout d'une demi-heure if
est possible d'affaiblir le courant, comme Wedkxsky l*a établi, sans produire de con-
tractions. Au bout de ce temps on peut chanf:;er la direction du courant. A cbaquo
ouverture du courant continu, l'eicitation de la partie supérieure du nerf se propa^/e
jusqii*au muscle et provoque un violent tétanos. On renouvelle cet essai toutes les
demi-heures, ensuite toutes les trente minutes, enfin tous les quarts d^heure, jusqu'au
moment 0(1 on n'obtient plus de contractions tétaniques à l'ouverture du courant galva-
nique. C'est alors qu'on lance un courant induit dans la troisième paire d'électrodes (le
courant galvanique étant ouvert); il en résulle un tétanos durable, et non pas seulement
une contraction isolée. Ainsi la partie supérieure du nerf a été épuisée» tandis que la
partie inférieure du nerf a été préservée de répuisemenl par la barrière de l'électrolonus,
tout comme le muscle Ta été dans les expériences de BEBNsTEtN et de Wedbnsry.
n s'agit maintenant de démontrer que le trajet supérieur du nerf a réellement été
épuisé et que le manque de réaction n'est pas diï au dépérissement du nerf. Or il suflit
d'abandonner le nerf à lui-même dans la chambre humide; au boul d'un certain temps,
il montre les signes indéniables de la réparation. Dans les cas oh il ne se répare pas,
les signes de mort ne font que s'accentuer.
Une autre expérience de Schiff plaide dans le môme sens. La partie périphérique du
nerf près du muscle est ryibmiquement soumise h de faibles irritations, provoquant
chacune une contraction ; 00 laisse marcher l'appareil pendant toute la durée de l'expé-
rience. On fait ensuite afçir un appareil inducteur tétanisant, dont les électrodes sont
appliquées à la partie centrale du nerf, la plus éloignée du muscle. Celui-ci donne
d'abord un violent tétanos, puis des secousses désordonnées, et enfm il se reliche. La
plaque motrice est-elle épuisée? Il semble que non; car on n'a qu'à interrompre la téta-
nisalion pour voir les muscles reprendre à l'instant même les contractions rythmiques
provoquées par l'irritation périphérique; dès qu'on recommence â tétaniser le nerf, il y
a un court et faible tétanos, puis relâchement complet; dès qu'on cesse de tétaniser,
les contractions rythmiques recommencent. Si la plaque motrice était épuisée» elle ne
pourrait pas se remettre instantanément.
Certaines expériences de A. W aller peuvent également être citées ici, quoique l'au-
teur soit un partisan convaincu de l'infatigabilité du nert\ Mais le désaccord entre lui et
Herzepi n'est pas si prononcé qu'il paraissait l'être. Wallek admet que la Jlbre nerveuse
est n pratiquement infatigable n, à cause de la persistance de la variation négative dans
un nerf tétanisé, mais il est loin d'admettre, à l'exemple de Wkdosky, que cette inl'ati-
gabilité soil absolue. Quand un nerf est excité, le processus se compose de deux pliases;
dans la première, Texcilant physique se met en relation avec la substance nerveuse et
l'excite (excitabilité proprenipnt dite ou réceptivité); dans la deuxième phase l'excita-
tion se propage de proche en proche i conductibilité). Lequel de ces deux processus est
plus rapidement et plus profondétnenl influencé par la fatigue? Suivant Walleu, l'effet
de Texcitation du point central du nerf diminue plus vite que celui du point inférieur.
Ainsi, par exemple, Waller excite alternativement au moyen de deux paires d'élec-
trodes deux points du sciatique de grenouille, distants de un cenlim^^tre. Chaque série
alternative comprend cinq excitalions. On constate que les secousses dues à l'excitation
du point supérieur diminuent profçressivement et finissent par disparaître bien avant
les secousses dues à l'excitation du point inférieur. A un moment dojiné, le point infé-
rieur est encore directement excitable, alors qu'il a cessé de transmettre Texcitation
venue du point situé plus haut. Celte dilTérence prouve, selon Waller, que, sous Tin-
lluence de la fatigue, la conductibilité est diminuée plus rapidement que la réceptivité*
48
FATIGUE,
III. Critiques et faits connexes. Conclusions* — A cMé de ces expériences» il existe
ua grand uorabre de faits connexes, ronlre ou fiotir rinfatigabilité des nerfs; noiii
devons donc eiaminer les critiques formulées par dilFérents auteurs et les polémiques
auiquelles ils se sont livrés à ce sujet. C'est un des chapitres les plus controversés de
la physiologie moderne.
E.Faiiguo et traumatiBine. — EfEBZEN soiilient que^ torique des irritations réitérées da
nerf appliquées en un point éloigné du muscle cessent de provoquer des contractions, il
suflit d'irriter un point plus rapproché du muscle pour que celui-ci recommence à se
contnicter; Torgane terminal était donc capable d'agir; et» si néanmoins il n'agissait pas,
c'est que le tronc nerveux était fatigué. Wallkh fait observer que Tirrilation réitérée a
produit uue altération, voire une lésion, dans une porlion seulement, et non dans toute
i'életidue du nerf, RoauTTAir partage la manière do voir de Wallsa, en ce sens qu'il n'y
a aucune garantie que l*^a irritations arlificiclïes, appliquées à un point du tronc ntTveujf,
nV portent aucune lésion simulant Tesistence de la fatigue» Loin de là, il e&t prouré
que Tapplication de courants électriques, même faibles et de courte durée, implique sou-
vent une altération locale, mais permanente, due à la <( polarisation cathodique »
(HEaiNG, Hermann, Wriugo, elc/); c'est là une objection, du reste, qti*on devrait faire à
toutes îes recherches jusqu'ici faites sur la fatigue des nerfs, basées sur le *f bloque
ment temporaire •» et instituées au moyen d'irritations électriques (Bernsteln, Wedbn^rt^
SzANA, etc.). BontjTTAU admet donc que, si li^n ne s'oppose h accepter une sorte de
fatigue des nerfs, celle-ci est toujours très restreinte et ne se montre que tardivement^
« ce qu*ont prouvé une fois pour loutes les expériences basées sur le bloquement tem-
poraire »>. L'objection faite à Uerzen tombe ainsi d'elle-même; car, si nous pouvons
admettre que le nerf a été capable de recevoir et de transmettre Teicilation même après
dix heures d'excitation tétanisante, il est impossible de croire que l'altération s'est
produite, dans l'eipérience de IIeuzen, après plusieurs minutes d'exf^itation. Dans la
polémique engagée entre ces trois physiologistes dans V Intermédiaire des Bioio^ste
(1898), Hëhzen' défend son point de vue pour des raisons que nous avons données plujl
haut.
En tout cas, il nous paraît incontestatde que rapplication prolongée de rélectricité
a pour effet d'aimihiler la transmission par lésion et finalement par mort du trajet direc-
tement excité. Mais alors^ comment expliquer que dans les expériences avec « le bloque-
ment temporaire », il a été possible d'obtenir la contraction mÔme après plusieurs
heures d'excitation du nerf (la question de l'infatigabilité du nerf mise à part)? Ces
expériences démontrent d'une fa<;on certaine que la fibre nerveuse est pratiquement
infatigable (thc practkal inexhaustihilittj de Walleu), c'est-à-dire qu elle est plus résis-
tante à !a fatigue que Torgane lermijial. En admettant même que le nerf excité pen-
dant plusieurs heures ait fait office, non plus de conducteur organisé, mais simplement
de conducteur organique, il est certain que, durant les premiers instants de son activité
il a transmis l'excitation nerveuse sans fatigue et dans des conditions physio logiques •
Rappelons, d*autre part, que BEft.xtrTEiN s'est servi en outre d'excitants chimiques, méca-J
niques, calorifiques, et a toujours pu constater une résistance plus grande de la fjbro'
nerveuse que de Torgane terminal, et il a assigné une limite de ir* minutes à l'activité
de la libre nerveuse, activité mise en jeu par les excitations artificielles de toute espèce.
Il est impossible d*accepter cette limite, car les expériences de BERr<sTKm étaient sujettef
à certaines erreurs, dont il a déjà été question, mais en tout cas ces erreurs ont plutôt
restreint que prolongé l'activité du nerf.
IL Transmission et métabolisme. — Nous ne croyons pas que la théorie de Tinfati*
gabilité du nerf constitue une inconcevable exception à la loi biologique la plus gêné*
raie, diaprés laquelle tous tes tissus vivants se décomposent d'autant plus vile qu'ils sont
plus actifs [IlEEZE^i] ; la contradiction serait fiagrante* s'il était démontré que la trans-
mission nerveuse exige pour se produire une grande dépense d'énergie. Or le travail du
nerf est tellement restreint que toutes les recherches chimiques ou eaioritlques faites
pour l'évaluer ont échoué. La conduction nerveuse paraît être un processus physico-
chimique relativement simple, sans échanges nutritifs appréciables et sans perte notable
d'énergie.
Si l'on peut objectera ces expériences que les phénomènes cbîmîques et caloriliques
FATIGUE.
49
liés à t*aclivtté nerveuse n'ont pu éLre mis en évidence à cause du volanie trop reslreinl
des nerfs, celle objection ne peut plus s'appliquer aux expériences de G, Wkiss, qoi s'osl
servi d*uno mélhode différente, indépendante du volume des organes etudi^!^. La durée
de la période latente du mu?cle est liée à la rapidité avec laquelle se passent les actions
chimiques, et elle peut en quelque sorte servir à la mesurer. Or, quand on fait varier la
température d'un organe vivant, ou voit la fonction de cet orji^ane subir de grandes
niodiBcalious, résultat d*un chnii^'ement dans Tactivilé des phénomènes chimiques dont
[il est le siège. En élevant ou en abaissant la lempéralure iV\m muscle, on voit un rac-
courcissement ou un aîlon^emeut de sa période latente, et la langueur de celle-ci peul
nous donner une mesure approximative de la rapidité avec laquelle faction chimique,
tiée à la contraction musculaire, peuL se produire. Si la propagation d'une excitation fc
long du nerf est étroitemeul liée k une action chimique, il faut nous ottendre k voir la
vil«?sse de cette propaKalion subir, lors des variations de température, des changements
.comparables îi ceux de U période latente du muscle. IIklmiioltz avait signalé un ralen-
exnent considérable de Tinflux nerveux avec rabaissement de température: elle
' tomberait au dixième de sa valeur quand le nerf est refroidi. WE»3S,en éliminant diverses
causes d'erreur de cette expérience^ est arrivé à la conclusion que, quand on abaisse la
température du muscle de grenouilb^ de 20* h 0°, on trouve que la période latente
augmente de 300 p, 100. Or la propagation de Tintlux nerveux ne varit* pas; elle es|
indépendante de la température, et, par suite, n*est pas intimement liée à une action
chimiqtn*, comme IVst la contraction musculaire. Ces faits concordent avec riivpotbèse
de Tinfatigabiliié du nerf ( Wnjssj,
m, Êlectrotonut et curare. — IhidZEx critique la méthode d'électioionisatiou de
Wedeksrv el celle de curarisation de FtowoiTcu. Ces expérimentateurs pensent que pen-
dant toute la durée du passage du courant continu ou de Tiidluence du curare, le nerf,
toujours excité» est toujours actif; mais ne se pourrait-il pas, au contraire, que les
courants de pile très forts et Tintoxication curarique, profonde et très prolongée, fussent
un obstacle non seulement h la Iransmitsion de riiclivilé nerveuse, mais à la production
même de celle activité? Il est même trt'S probable que, dans les deuï eipériences eu
question, le nerf, loin d'être actif tout le temps, ne le devient réellement que lorsque le
courant de pile est interrompu ou lorsque le curare est déjà presque enlièremeut éli-
miné; de sorte qu'au fond les deux expériences sont illusoires (IIkrzkn). Cette objection
de FIer^e.v est purement théorique. Il exi-^^te cependant des expériences qui lui échap-
pent; telles sont, par exemple, les expériences de Maschkk faites avec l'éllier, celles de
Lamuërt sur les libres sécrétoires de ta corde du tympan, et celles de Szana sur les nerfs
d'arrêt.
Quant au curare, Hghzcn n^admet pas qu*i1 laisse le tronc nerveux indemne. En etfet,
ia paralysie curanque envahit les dilTirents groupes musculaires successivemenl. et
cela d'autant plus vite qu'ils sont plus éloignés des centres (grenouille); les extiéniités
postérieures sont paralysées longtemps avant les antérieure*; après cetles-ci, le plan-
cher de la boucbe, en dernier lieu Tiris. Ce fait rend suspecte l'hypothèse d'un empoi-
sonnement exclusif de la plaque motrice et semblerait indiquer que la lontjfteur da nerfs
est pour quelque cho^e dans Tordre suivant lequel les centres cessent de pouvoir in-
nerver les différents muscles. Une autre expérience plaide dans le même sens : on met
à nu les sciatiques d'une grenouille au début d'une Ir^-s légère curartsalion; ou saiâil le
moment où l'excitation du nerf dans le bassin cesse de produire des contractions âi\n^ les
muscles; si alors on Texcite plus bas, on obtient encore de bonnes contractions. Or, en
se rapprochant de la périphérie, on n a pas fail autre chose que de diminuer la lon;,;ueur
-du trajet nerveux à parcourir; il s'ensuit qu'au moment où les plaques motrices n'étaieni
pas encore tout à fait paralysées, la transmission le long du nerf était déjà plus ou
moins enrayée. On peut aussi disposer Texpénence de manière à aagfueiiter la longueur
-du trajet nerveux soumis à l'action du curare. On pose une ligalure au-dessous des deux
nerfs, l'une à la racine de la cuisse et Tautre dau> le voisinage du genou; le trajet ner-
veux soumis au sang empoisonné est donc beaucoup plus long iVun coté que de l'autre.
On injecte alors du curare, et, peu de temps après, en examine l'excitabilité des deux
plexus sciatiques. Celui du côté de la ligature haute agit sur les muscles ù peu près
«comme un nerf normal* tandis que Fautre agit beaucoup plus faiblement ou pas du tout
mCT. DK PliVSiaLOllIE. — TOME. VI. 4r
50
FATIGUE.
L^appareîl péiiphériqae étant, des deux côtes, exclu de rempoîsonnement^ on ne peut
mettre cette différence qae sur le compte des nerfs.
Ces expériences démoulrerit indubitablement que le, curare ne laisse pas le tronc
nerveux absolument indemne. Reste à savoir si l'altération du tronc ner?euat ainsi pro-
duite est aBsez prononcée pour abolir toute conductibilité dans le nerf curarisé. Cette
supposition serait eo contradiction n\ec Topiniini classique. Aussi, tout en admettant
l*inîpûrtance des faits cons-tatés par Hehzkn, croyons-nous que de nouvelles recherches
sont nécessaires pour établir jusqu'à quel point les troncs nerveux sont altérés par le
curare. Il est certain que les elTets observés sont une question de dose et une qtiestion
de temps* Or, dans les expériences de BowmTCH, la curarisation avait été prolong-ée pen-
dant des heures; il est possible que, dans ces couditions, le tronc nerveux ait ét<^ plus
ou moins altéré,
Scnirr combat aussi très énergiquemenl les opinions de Weoe^nsry et de Bowoitgb sur
l'tnfatij^abilité du nerf; leur^ expériences ne démontreraient pas que le nerf est infali-
^nble. Les objections de Schiff seront traitées dans le paragraphe sur rinhibitiou.
IV. Fatigue nerveuse et théorie de ramortîiaement de F ébranle ment fonctionnel. —
Hkrzei\ établit un rapprochement entre les faits obsen'és daos la curarisation, la fatigue
et la mort du nerf [anémie) : dans les trois cas, il faut, poui^ obtenir une contraction, ou
bien irriter plus fort.ot» bien irriter plus prés du muscle, Une irritation, frappant un point
éloigné du muscle, n\vst plus transmise jusqu*à cet organe, et n*v produit pas de contrac-
tion, tandis que, appliquée h un point rapproché du muscle, cttte même excitation y pro*
voque encore des contractions. Pour observer ce pbénomt^ne, il faut saisir la phase
voulue; phase passagère, intermédiaire entre Tétat normal du nerf et la disparition
complète de son excitabilité. Au momenf où la partie centrale du nerf a perdu son
influence sur le muscle^ !a partie périphérique a encore une action; ce fait exclut,
dit Heuzex, au moins pour toute la durée de la phase en question, Tépuisemeot ou la
paralysie de la plaque motrice. Mais alors le nerf n*est donc pas absolument infatigable,
ni inaccessible à toute action du curare, Or^ les faits étant essentiellement identiques dans
les trois cas (sauf pour la durée), on les interprète à tort d'une façon dilTérente ; dans
la curarisnfion et la fatigue on admet que c'est la plaque motrice seule qui est altérée
sans parlieipatîon aucune de la fibre neneusc, tandis que, dans la mort par anémie, ne
pouvant plus soutenir que c'est la plaque motrice qui est seule altérée et qui meurt la
première, on dit au contraire que c'est la partie centrale du nerf qui meurt la première
(Hkh/en). — Ajoutons que la contradiction va encore plus luin; car, pour la majorité des
ptiysiologistes, c'ei^l la plaque motrice qui meurt aussi la première dans l'anémie. Rai-
sonner ainsi, ce n'est pas tenir compte de la différence d'excitabilité entre la partie
cenlrale et la partie périphérique du nerf, et cependant cette différence n*a échappé à
personne dans le cas de mort par arrêt de circulation, rar le fait se présente avec trop de
netteté et trop de constance pour passer inaperçu. La partie centrale du nerf a déjà
perdu entièrement son excitabilité, alors que la partie rapprochée du muscle est exci-
table presque comme à l'état normal ; ces faits ne prouvent-ils pas que la partie supé-
rieure du nerf perd son excitabilité avant les plaques motrices?
A coté de ces trois séries de faits cités par Hehzlw, nous pouvons encore placer la marche
des phénomènes dans l'empoisonnemeul par ta neioine et dans î'anesthè&ie des nerf%,
J. loTEYKO a inonti^* que la neurine possède des propriétés fortement curarisantes (voir
CurariBauls), Si l'on découvre les nerfs sciatiques d'une grenouiîle neurinisée au moment
de ï'arréi des jnouvements respiratoires, on saisit une phase interuiédiaire, phase où
Texcitalion des nerfs prés du muscle est encore efficace, tandis que Texcitatiou de ta
partie supérieure du nerf ne produit plus aucun effet ou produit un effet peu sensible. En
peu de temps, la partie intérieure du nerf perd son excitabifité, et Tirritation doit être
reportée sur le muscle pour provoquer des contraction». Ces expériences prouvent que la
neurine non plus ne laisse pas le tronc nerveux absolument indemne. Ce fait se présente
encore avec plus de netteté dans ranesthésie des nerfs, et il a été étudié par J. Iotbyjîo
et M. Stei ANOwsK V. Quand une préparation névro-musculaire est portée sous une cloche
renfermant des vapeurs détbcr ou de cliloro forme, la partie supérieure du nerf cesse de
répondre bien avant la partie la plus rapprochée du muscle. Le fait csL de toule évidence,
même lorsqu'on opère sur des grenouilles entières avec circulation conservée, et dont les
FATIGUE.
5!
ntrb ieialiqnet mis à nu sont soumis h Taclion des vapeurs anestUésianies. Ces expé-
rîenees présentent encore TaTantage de fournir des indications relatives au rétablis-
sement des fonctions. L*action des anesthésiques n'étant que temporaire, on voit neHe-
ment que le retour des foutions suit une marche inverse à leur extinction : la partie
inFérieure du nerf, qui était la dernière à subir l'action des anestbésiques, revient la
première à la vie*
En comparant ces expériences entre elles, on serait tenté d*admettre qu'il existe une
indépendance fonctionnelle entre les différentes parties du même nerf, la partie supérieure
étant la première à subir le contre-coup des perturbations diverses^ la partie inférieure
étant la plus résistante^ C'est ce qui a fait naître Tidée que le nerf moteur ne meurt pas
graduellement dans toute son étendue, mais du centre à la périphérie. C'est là une expli-
cation trop simpliste^ suivant Herzen, et qui ne repose que sur des apparences. Au con-
traire, les faits s'expliquent beaucoup mieni en admettant que l'arrêt de la circulation
ou la désintégration par le travail, ou encore liniluence du curare, de la neunne,et des
aneslbésiques, produisent dan& toute la longueur du nerf une tmgmentdtion de résistanre,
plus ou moins rapide et plus ou moins forte, suivant qu'on laisse le nerf mourir dans
le repos, ou qu'on le force à travailler. Tout se passe comme si le conducteur nerveux
devenait de plus en plus résistant, incapable de transmettre au Inin rébranlement fouc-
tionoet. Celui-ci se produirait encore au point irrité, mais ne se propagerait plus qu*à
une faible distance et n'atleindait plus l'organe terminal, ni même la partie périphé-
rique, encore excitable, du nerf. Cette théorie de Vamoriisiiemfni croûmnf de tébrantement
/'ondlOH«tf^ grâce à une résistance croissante de la part du conducteur nerveux, explique,
suivant Iîebzën, tous les faits «concernant les nerfs fatj|;;«ês et curarisés beaucoup mieux
que la théorie classique, sans créer une contradiction irréductible vis-à-vis de la persistance
de la variation négative en l'absence de contraction,
On le voit, la théorie de Herzen de raniorlissenieiit de Tébranlement fonctionnel dans
les nerfs fatigués ou mourants est Tin verse de la Ihéûrie de l'avalanche de Pfluge»,
d'après laquelle rexcitation, en parcourant le nerf, augmenterait d'intensité en faisant
boule de neige, de telle sorte qu'une eicilalion appliquée loin du ntuscle produirait un
effet plus considérable qu'une excitation semblable appliquée prés du muscle. Lors de la
fatigue, l'inverse serait la règle. Pourtant la théorie de PFLîj<:^Eft a été contestée; et,
quoique l'accord ne soit pas encore complet entre les auteurs, il est actuellement gêné-
ratenient admis que raeilvité nerveuse conserve son intensité initiale d'un bout à
l'autre du nerf. En tout cas ringénieuse théorie de Herzen rend compte d'un tré^ ^rand
nombre de phf'nomènes, inexpliqués jusqu'à présent; mais c'est aux recberches futures
de lui donner l'appui expérimental nécessaire,
Herze,\ admet que, lorsque Texcitation d'un point du trajet du nerf ne provoque plus de
contraction, il suflit d'exciter un point situé plus près du muscle pour voir apparaître la
secousse. C'est la rexpérience principale sur laquelle il se base. Or on peut toujours
objecter à cette expérience que l'application de l'électricité à la partie centrale du nerf
a produit une altération locale, ^'étendant même au delà de la partie électrîsée et simu-
lant la fati^'ue. La même objection pourrait être faite aux expériences, citées plus baut,
de A, W4LLE«. Pour décider d'une question aussi délicate, il ne faudrait pas appliquer
rélectricité comme excitant direct de la flbre nerveuse, mais il faudrait produire la fatigue
de façon h mettre hors de cause l'altê ration du nerf par les courants électriques. L'élec-
tricité ne devrait être employée que comme méthode d'exploration de l'excitabilité d'un
nerf fatigué par d'autres procédés, l>es expériences de ce genre ont été réalisées dans
des travaux encore inédits de JJoTEYiio.Cel auteur a produit la fatigue périphérique, non
pas en excitant le nerf directement, mais en excitant la moelle épinière d'une grenouille
ou le nerf sciatique du côté opposé ou bien en tétanisant l'animal entier. A tons les
degrés de U fatigue, et dans de nonibreuses expériences, rexcitabilité du nerf non
directement excité a été examinée sur les dilTérents points de son parcours, et cette
excitation d'essai, faite soit au moyen de courants tétanisants, soit au moyen d'ondes
uniques de fermeture ou d'ouverture, n'a jamais pu déceler une différence quelconque
dans la hauteur de la contraction musculaire. Donc le nerf excité indirectement perd
son action sur le muscle d'une façon uniforme sur tout son parcours.
C'est l'unique objection qu'on peut faire suivant nous à la théorie de Herzen ; elle
Sf
FATtCUE-
n'iai pas en conlradicUon avec les recherches de A. CHABPiwneB (1894) sur la résisUiioe
•pparnnU> des nerfs, dans lesquelles on ne trouva pas de modiOcalion de résistance par
le Ctiil de ta curarisaliothlll ne s'agissait dans ces expériences que de la réaction éJectro-
niolrire des nerfs, et celle-tji ne doit pas <Hre identifiée avec rébranlemenl foDClionoeL
V. Théorie de ramortissemeiit et variation négative. — Nous avons vuq u'une des preuves
sur i*Hqi»fllçs oD se hase pour admettre rinfaligabilité d*îs nerfs, c'est la persistance aa
lidvanumtHre de la varialiou négative. Or, pour pouvoir Hr^ admbe, cette conrlusîou
devrait reposer sur la preuve que la présence de la variation négative est toujours un
indice certain de la présence de Tactivilé fonctionnelle du nerf* L'objection de Hehzicx
repose sur l'absenco d*une preuve de ce genre : nous savons en toute certitude que
tc»tile activité nerveuse est nécessairement accompagnée de variation négative; mais
nous if;(norons ah&olunient si la réciproque est vraie, c'est-à-dire si toute varialiou
nrgiilive est nécessairement accompagnée d*activité fonclionnelle* Dùjà, en i89S, UEiizgx
iivail signalé [ïntermèdiaire den Biolotjùtes) un certain nombre de faits qui indiquent qu«
lo pbét»om/t(»e l'^leclrique et le pbr^nomène physiologique ne srrnt pas indissolubleroent
lii^*s Vnn k raulr*», et que, dans certaines conditions, le phénomène «électrique peut s<5
produire seul, sans le phénomène physiologique- Ainsi, dans la phase intermédiaire
dont nous avons parlé plus haut^ lorsqu*une irritation de la partie supérieure du nerf ne
provoqm* plus de contractions, elle provoque néanmoins une variation négative dans
louli! la longueur tlu nerf. La plupart des physiologistes négligent cette phase intermé-
diaire; il^ prennent le neif lorsquaucune irritation ue piMDvoque plus de coutraclioiis
musculaires, constatent au galvanomètre la variation négative toutes les fois qu'on irrite
le nerf, et concluent qu'il n'a subi aucune aUéralion du fait de la fatigue ou de la cura-
risation, el qu*)l ronctionne comme auparavant. Or la présence de la variation négativi;
en rabsence de contraclion s'explique très bien si l'on ai!ceple la Ibéorie de ramortisse-
ment croissant de rébraiilement fûuttionnel ; on peut admettre, en effet, qu*il y a un
dugrô d"all«''ralion où le nerf jie peut plus propager convenablement l'activité physiolo-
gique, mais oii il peul encore produire la variation négative. Celle théorie^ qui explique
U's pbénomrnMs par une altération du lionc nerveux^ n'exclut pas d'ailleuri rallératioii
do la [daquo motrice. Le laî^mt* raison nement^peul être appliqué aux phénomènes de la
mort lentf* par anémie. On reconnaît bien que la partie centrale du nerf meurt la pre-
niirre* mats on oublie que les irritations de la partie centrale du nerf» qui ne donnent
plus uurun elTel physiologique, donnent cependant la variiition négative dans toute la
longueur du nerf* Si la variation négative était indissoluLleoicnt liée à l'activité physio-
logique, elle ne devrait pas surgir dans une partie itieiiûtable, « moite v^ du nerf, et elle
devrait, une fois produite, exciter la partie eicitable. Or elle existe quand même, dit
Hkuzkn, et ]iarcourt le Jiert jusqu'au bout, sans provoquer d'activité fonctionnelle. Nous
aviiuif ilone ici la disjunciion de deux phénomènes qui, dans les conditions normales, se
prt''senterit simultanémenli à savoir le pbénomène électrique sans le phénomène physio-
logique, La variation négative sans activité physiologique montre qu'il existe réellement
un dt'gré d'aliération du nerf suflisant pour le rendie inapte à entrer en activité, mais
irisufllsant pour le priver de la proiinéti: de dunner la variation aégativt\ qui, elle, ne
ce*be dcî se prorluire que plus tard, lorsque raltêralion du nerF est devenue plus profonde.
U'auti^s recberclies ont confirmé ces données. En premier lieu, les travaux de
C llAo/jkowsKi oui montré que là variation négative peut se produire dans ud nerf
artilicirl, ainsi i|ue dans un 'nerf mori; Tanteur en conclut que le pbétiomène de la
variatton négative, coiiïiidéré ju>qu'ici comme indissolublement lié à la vie des nerfs»
n'est autre chose qu*uii pbéiiùméne d'ordre physico-chimique, caractérisant à la fois
tes conducleurs nerveux et les conducteurs inertes construite sur le schéma des nerfs
arlilb-fels. D'autre part, Herzen est également pmvK'uu à établir que la variation néga-
tive est un phénomène accessoire de l'artivile fonctionnelle* On connaît des substances
qui, aiqdiquées directement à un trajet du nerf, le privent de son excitabilité locale, sans
lo^ilcfois le priver de la propiiété de conduire raclivilê fonctionnelle; celle-ci n'est
atteinte que beaucoup plus t^rd (acide borique, cucaîne, chloral). IIekzkn eut recours au
ohloralose. Sous rinlluence de cette substance appliquée localement, le trajet corres-
pondant du nerf devient complètement iaexcitable au bout de quarante-cinq minutes à
une heure. I*es irritai ions portées sur le plexus sciatiquc ont leur plein efTel. Le musr.le
FATrCUE,
5S
esl alors remplacé par un galvanomètre, et ou consUle que Tirritation du point devenu
irtôxcitable par le fait du cbloralose produit ta variation négative en amont et en
aval du point irrité; celle-ci ne semblant se distinguer en rien de la variation négative
qu'on obtient en irritant un point eicitaUle quelconque du même nerf. Or la variiilion
n^^galive qui provient du point chloralosé n'est accompagnée d*aucune activité fonction-
nelle; nous avons donc ici la production de la variation négative dans un nerf normal»
fplië à nn appareil périphérique normal, sans que ce nerf devienne actif,
D*>s lors» il eat impossible de baser au*:une conclusion relative A la résistance deii
nerfs i\ la fatigue on à la ctirarisation sur la présence de la variation négative; on ^iM'ait
même tenté d'aller plus loin, dit Herzen, et d'admettre que l'activité physiologique est
quelque chose de plus que le phénomène électrique qui raccompagne* puisque ce
dernier peut exisler seul après la suppression de l'activité. Mais il est plus probable que,
dans la fatigue ou Ta mort commençante, nous avons affaire h une variation négaiive modi-
lb*e, moin<$ brusque dans son apparition» plus lenti? dans son écoulement, el, quoique ces
dilTe'rences ne puissent être révélées an galvanomètre, la variation négative modiliée
serait incapable d*exciler le nerf. C*e?tl là l'hypothèse de Boruttau à laquelle se rallie
Ika/EN. « Ce qui pourrait être modillé par les excitations électriques réitérées, la mort
commençante ou autres inlluences altérant la constitution ehiinique des nerfs» dit Bûr»jt-
TAi:, ce «erait (n longueur de fonde iiéifative. Or ce;* l'ouranls d'action allongés par la
fatigue (sur le muscle V* Khirs les a démontrés au moyen de réleclromètre capillaire)
pourraient bien agir sur le galvanomètre en formant la variation négative du courant
de démarcation, san«i plus pouvoir a<^ir sur les organes terminaux à cause de leur forme
trop apfalie; c'est re que j'ai démontré (*i. ;/, P., lxv, 1-23) pour Taclion du froid par ta
méthode rbéotomique, après avoir constaté que la variation négative persistait après
la suppression des elîets physiologiques des ejt ci talion?. «»
Hrrzcn et BoHDTTAU sont donc d*accord pour soutenir que, si, dans le» nerfs fatigués
(et c'est là le point sur lequel nous insistonî»), la variation né^»ative per>îiste pendant un
temps considérable, elle est profondément altérée dans sa forme, bien qu'elle représente
un changement de potentiel quantitativen^ent équivalent, ta fatigue ne laisserait donc
pas indemne le pouvoir électro- moteur du nerf; la longueur de Tonde négative serait
aplatie, étirée, et elle ne pourrait plus a^ir sur l'organe terminal. Le galvanomètre ou
Téleclromelre seraient impuissanlis à révéler cette différence» et rela expliquerait pourquoi
ta variation négative ainsi modifiée aurait été pendant si longtemps non différenciée
d'une variation négative normale. N'oublions pas toutefois qu'il s'agit là d'une hypothèse.
VI. Fatiguo et ^oMbitîon. — I^es phénomènes d'arrêt qui succèdent à une activité
longtemps soutenue ou très intenset sont-ils dus à un pliénoméne de fatigue ou bien à
un phénomène inhibitoire? Faisons d'abord remarquer que Tarrèt intiibitoire implique
quelque rhose d'actif, une résultante entre deux actions contraires qui viennent se contre-
balancer^ et que, si le phénomène moteur cesse de se produire, c'est parce qu'une action
en sens contraire est venue l'en empêcher; cette action contraire venant à disparaître,
le phénomène moteur reprendrait son intensité initiale. La fatigue, au contraire, im-
plique un mécanisme totaleinent différent : le tissu ou Torgane considéré cesserait
d'agir par incapacité fonctionnelle. Ce qui distingue essentiellement t.i fatigue propre-
ment dite de l'inhibition, c*est que, dans la fatigue, il y a impossibilité de continuer la
fonction motrice, môme après la cessation de la cause excitante; un certain temps de
repos devient indispensable pour permettre à l'œuvre de réparation de s'accomplir. Au
contraire, les phénomènes inhibitotres sont instantanés dans leur disparition, dès que
la cause déterminante cesse d'agir, et, si les faits ne se présentent pas avec cette
netteté pour les actes psychiques, c'est parce que les cellules corticales gardent pen-
dant longtemps Limpression reçue, qui persiste, grdce à la mémoire, avec une inten-
sité presque égale à celle du délmt. Un animal frappé de terreur par la vue d'un ennemi
reste pendant longtemps dans Timpossibilité de se monvoir; la sensation de peur persis-
tant bien plus longtemps que l'excitation visuelle. Mais, si nous nous adressons aux
muscles et aux nerfs, nous voyons une distinction bien tranchée entre ces deux ordres de
phénomènes. Le domaine de Tinhibition s'élargissant de plus en plus, il paraît certain
qu no grand nombre de faits, considérés comme appartenant a la fatigue, doivent être
rangés parmi les manifestations inhibitrices.
^
H
FATIGUE.
n y a plus de quarante ans Scbiff montra que, loi^n'un nerf est soumis à deux irri-
tation» sîmullanées, il arrive que ces deux irrilalioiis» au lieu ôe se s'accumuler, s'annulent
réciproquemeiit; celle <|uipeuLaiusi rendre rautieiueflicace est appelée par lui irritation
négative. \^ne longue série de couranls iudnils, lesquels sont ordinairement le pins piiis-
sanL irritant pour le nerf, peuvent constituer une irritation négative supprimant les con-
tractions. On prépare le plexus lombaire* le sciatique et le gaslro-cnémien d*uQe gre*
nouille, et Ton fait passer par le plexus lombaire un conranl induit relativement fort; il
se produit un violent tétanos, qui, peu à peu, devient incomplet et finit par disparaître* La
jambe est alors tlasque et sans mouvement; on peut la plier, l'étendre : il n*y a plus de
trace de contractions. Le nerf longtemps irrité parait avoir perdu toute son action sur le
muscle; est-il complètement épuisé? Non; car, s'il l'étail, il lui faudrait pour se remettre
un temps assez long; or il suffit d'interrompre le courant pendant un sixième et môme
un dixième de seconde^ et de le rétablir, pourvoir une nouvelle secousse tétanique^ mais
une seule secousse, et ensuite la jambe reste de nouveau immobile, taut que le courant
passe uniformément. Mais, tontes les fois qu'on interrompt et rétablit le courant, môme
à des intervalles très rapprochés, on voit apparaître la secousse. Quelle est donc raction
du courant sur le nerf dans les intervalles de secousses? Pour l'expliquer, on fixe au nerf,
à une certaine distance des pôles de la bobine d'induction, et plus péripbériquement, Jes
deux pôles d'une pile très faible, munie d'un interrupteur automatique, produisant une
fermeture momentanée à intervalles réguliers. Lorsqu*on est à la phase indiquée dans
rexpérience précédente, on constate que, toutes les fois que le courant faradique est inter-
rompu, cba<|ue fermeture du courant de pile donne régulièrement une contraction ; mais,
dès que le courant faradique est de nouveau mis en jeu, le courant de pile ne produit plus
aucune contraction. Dans ce cas, c'est donc firritation faradique du plexus lombaire qui
joue le rôle d'irritation négative vis-à-vis de Tirritation galvaniqui^ du tronc sciatique;
celui-ci n'est donc pas inactif pendant la durée de Tirritation létanisante appliquée au
plexus, mais, placé dans ces conditions, il devient un nerf inbibiteun
PflCcer (A. î\, 1850, t'ô) critiqua Tiiderprétation de Schiff, tout en confirmant
ses résultats eipérimenlaui, el il cberclia à démontrer que la disposition donnée
aux appareils pouvait produire des couranls unipolaires dans toute ia longueur
du nerf; selon lui, cette expérience s'explique « très simplement par répuisemenl du
nerf o. Les courants forts d'induction qui parcourent la partie supérieure du nerf
doivent épuiser le nerf et en partie le muscle. — Schiff répondit à ces objections qu'il
ne peut s'agir d'un épuisement par activité du nerf et du muscle, parce que, après une
très longue durée de l'expérience, chaque rétablissement de l'induction n'était suivi que
d'une très faible contraction, qui n'était par exemple que de 1 millimètre pour le muscle
gastro-cnémien; après cette contraction, il y avait repos complet, après lequel le courant
d'induction a produit un plus fort raccourcissement, par exemple de 4 millimètres» et Ta
produit toutes les fois que le courant avait été rétabli. !/activité plus grande de la partie
inférieure du nerf était donc suivie d'un épuisement infiniment moins ^rand. L'entrée
en activité du nerf immédiatement après la cessation du courant mon Ire que le n^rt
qui, sous l'influence de la forte induction, parait inaclil et non excitable, est constam-
ment excité, Constamment actif, mais il Iransmel un changement qui empêche le nerf
d'obéir à une excitation et de produire des mouvements musculaires. Il transmet une
irritation négative. Et, sous ce rapport, le nerf moteur montre dans certaines conditions
un effet analof^me à celui du pneumogastrique sur les mouvements du cœur : rinfluence
inbibitrice du pneumogastrique n'est mise en jeu que par tes irritations relativement
fortes, tandis que les faibles mettent en jeu une inllnence contraire. Le sciatique dans
ces conditions devient un nerf inhibiteur.
Cette ancienne expérience de Schiff n'est pas essentiellement en contradiction avec
les expériences de Webensrv et de Bowditcu sur l'infatigabilité des nerfs. Seule Tinier-
prétation en est toute différente; dans certaines conditions, l'effet musculaire des
irritations prolongées du tronc nerveux peut disparaître pour une cause qui n'est
pas l'épuisement des libres motrices; mais, suivant Schiff, celte cause, c'est l'entrée
en jeu de phénomènes inhibitoires, et non un épuisement de l'appareil terminal,
comme l'admettent Wedk^îsr y et Bowbitch; elles démontrent, dit Scuiff, que la conduc-
tibilité est encore conservée dans un nerf lon^^temp^ excité, ce qui s'accorde avec sa
FATrCUE.
55
Ihéorie de rirritation négatire, qui implique la présence d'un résidu de conduclibiliié,
Herzen, qui se range à l'opinion de Schipf, et qui considère que dans la faradisalion
prolongée du plexus lombaire de grenouille, le télanos cesse, non pas par épuisement des
nerfs moteurs, mais par inhibition, émet une hypothèse qui explique pourquoi chez
le lapin, le chien, le chat^ les nerfs ayant transmis le tétanos strychntque sont épuisés
et non inhibés (voir plus haut). Son hypaUièsc repose sur la di;^liiiclion établie entre
rirritation arlitlcielle et rirritation naturelle des nerfs. Dans rirritation artilicielle élec-
triijuf des troncs nerveux, nous mettons forcément en activité toutes les fibres dont ils
se composent, tandis que rirrilation physiologique, venant des centrer, peut meltre sépa-
rément en activité les différentes espèces de fibres que les troncs contiennent. Dans le
tétanoïH rétlfxe, strychnique, les fibres motrices sont seules actives, et alors elles
s'épuisent; dans le tétanos électrique direct, toutes les libres sont actives, et faction
des iiîhibitrices devient prédominante dès (jue les motrices commencent à se fatiguer et
à faiblir; celles-ci sont alors inhibées avant dV*tre épuisées.
\VKi*EN^itY, qui, par ses nombreux travaux, a contribué à élucider la question,
apporte un p^aiid nombre de prouves de ce genre. Nous allons les exposer brièvement.
On admet généralement que, plus les courants appliqués au nerf sont torts, plus
les coutractrons du muscle sont intenses; on l'admet a fortiori pi.mr la préparalion en état
de fatigue. Or, suivant Wedensky^ c'est d'une rombinaison déterminée de ta fréquence et
de rintensitè des courants irritants que dépend te phénomène moteur ou le piR'noniène
inhibiloire. Vn muscle qui ne se contracte plus sous Finlluence de courants induits
intenses et asseï fréquents appliqués au nerf, recommence à réagir et entre en tétanos
violent, si Ton affaiblif rirritation jusqu'à un i erlain degré très modéré (des observations
analogues avaient déjà été faites par V. Khies). Le même irritant peut pruduire des
etTels excitateurs et înhibitoircs.
1. Le maximum delà conlraclion tétanique ne peut être observé qu'en appliquant au
nerf des courants de fréquence et d'intensité très déterminées. A mesure que rexcitabi-
lité diminue sous rintluence de la fatigue, du froid, etr., ta fréquence ou l'intensité doit
diminuer aussi pour que l'irritation exerce l'action létamsanle la plus énergique sur le
muscle, a) En irritant le muscle par les courants maiima, on constate qu'au début,
pour la préparation fraîche, le maximum du la contraction tétanique correspond h
iCM) irritations par seconde ; à mesure que la tétanisation continue et que le tétanos
accuse une tendance à s*aiïaiblir, on le voit revenir à sa hauteur maximum, en dimi-
nuant de plus en plus la fréquence des courants maxtma (70, 50, 30, 20 et l'I irrit-a-
tions par seconde). — b) La fréquence de l'irritation restant constante, et assez f^'cando
(dfiSO à 120 irrilations par seconde), on peut ronserver la contraction prés de son maxi-
mum, en diminuant progressivement l'iiteusité des courants irritants.
Wkoensky désigne sous le nom d'irrerf/f/on optimum celle qui provoque le tétanos
maximum, et qui, suivant les éUts variables de l'appareil excité, doit elle-même varier
dans sa fréquence et dans son intensité. — Avec toute irritation au-dessous de l'optimum
par son intensité ou par sa fréquence, le muscle ne peut soutenir le maximum de sa
contraction. Cette irrilatron, qui exerce dans le muscle un élatde ritccoutxiHsement infé-
rieur h celui du maximum, est désignée sous le nom â^irritation sub-ùiitimum.
IL II en est de même pour une irritation dont la fréquence ou l'intensité sont au delà
de Toptimum. Celle-ci ne peut provoquer le maximum de contraction, non parce que
Tun des facteurs susdits ou tous les deux sont insuffisants, mais, au contraire, parce
qu'ils sont excessifs. Au début, pour la préparation fraîche, il faut environ 250 irrita-
tions par seconde; mais, à mesure que la tétanisation continue» des courants maxima
de moins en moins fréquents (laO, 120, 00, :îO et 40 irritations par seconde] suffisent
déjà, non seulement pour empêcher le muscle de se contracter fortement, mais aussi
pour produire son relâchement complet. Cette irritation, qui met ainsi lo muscle dans
un état de relâchement qui diffère du repos abi^olu, et qui, si on ratlaiblii, ramènera
des contractions muscutuires,est désif^née par Wedenhky sous le nom dlmUUion pcssi-
mitm. Toute irritation intermédiaire entre Toptimum et le pessimuin, doit être désignée
comme Virritation mb-pesi^imum. Ainsi rirritation sub-pessimuin rapproche ses efTets
de ceux de l'optimum par une diminution de fréquence ou d'intensité; le sub-optimnm
produit les mêmes effets par l'augmentation de fréquence ou d'intensité.
Si
FATIGUE,
ill. Pendant que l'on fait agir sur le nerf llrrilalion pessimum et que le mascle
tombe dans rélal de relâchement, des impulsions intenses et fréquentes, qu'on peut
démoïitier au nioveii du gtilvaiïoraètre ou du téléphone, traversent le nerf dans toute s*
longueur* Si ces impulsions ne provoquent pas la contraction raiisculaire, c'est parc<>
qu^elles oui une intensité trop forte et une fréiiuerice trop grande pour Tappareil lermiiial
dans s^on état actuel. Eu e(Tet, pour produire te tétanos, il faut ou bien modérer lUoten-
site de ces impulsions» ou bien réduire leur fréquence*
IV* Les impulsions qui traversent le nerf peudant rirritation pessimum provoquent
dans le muscle non seulement un état de relâchemciil, mais aussi une dépression d'irri-
tobilité. une action inbibitrice qui peut être démontrée en appliquant, bimultaiiémenl
avec celte irrilation, une irritation optinmm qui agirait directement sur le muscle oti te
nerf dans sa partie inrihïeuie. Pemlant que Tirritulion pessimum agit sur le nerf» les
ellets de rirrilalion optimum sont inhibés.
Ces expériences de Wrkensry montrent que, lorsque dans la létaniaation électrique
le nerf moteur est animé par des impulsions à la fuis fréquenten et fortes^ son muscle,
bientôt, apri^s des contrncEions peu durables, se relAche, et tombe dans un état particulier
qui n est nullement la fatigue; car il sufllt d'affaiblir les impulsions émises par le nerf
pour que les contractions violentes aient lieu de nouveau. Cet état particulier est celui
dlnlnbilion; la preuve en est fournie à l'aide d'une autre irritation létanique, d'intensité
modérée» appliquée au muscle. Une p.Treille iiritalion est inbibée pendant toute la durée
du rebichemenl du nujsfle produit par la stmmlalion du nerf, et provoque des contrac-
lious ausï^itôt que celte sUmulation cesse. — La différence avec le cœur n'est pas essen-
tielle, suivant WEL>Exskv; ce qu*on obtient pour le cœur» appareil assez inerte, avec 18 à 20
irritations par secomle (animaux à sang cliaiid), on ne peut Tobtenir pour le muscle
ordinaire qu'en appliquant quelques centaines d'irrilalions par seconde.
Quant au sirge de plié no mènes inbibitoires. Wk^EiVsky te place dans la plaque mo-
trice, le troue nerveux étant résistant aussi bien à la fatigue qu'à l'inhibition* Les irri-
tations tjés fréquentes et très intenses produiraient par conj^équent des phénomènes
inbibitoires, pouvant simuler la fatigue.
Vu ici encore une expérience (inédite) de J. Ioteyso, qui rentre dans la catégorie des
faits d*inliibition. On excite le nerf sciatique d'une grenouille (circulation conservée) au
moyen de courants tétanisants maxima d'une seconde de durée, et se répétant à quinxe
secondes d'intervalle. On obtient un tracé où les premiers soulèvements sont d'égale
hauteur, puis celle-ci commence à décroître par le fait de la fatigue. Au moment où tes
contractions conimencejil à ffécbir, on abaisse la clef pour produire un fort tétanos.
qui est maintenu Jusqu'au relâchement complet. Quand le musrie est complètement
relttcbé, uji reprend au^situi la télanisation périodique avec le même rythme el la
même intensité qu'au début de rexpérienre. Qu'obtenoiis-nous après cette tétanisatton,
qui avait, semble-l-il, épuisé totalement la préparation? >'ous obtenons encore de petites
contractions, bien visibles sur le cylindre noirci; mais, ce qui paraît surprenant au pre-
mier abord, c'est que la hauteur de ces contractions s*(iccroi{ progressivement à chaque
nouvelle irritation et atteint un certain optimum, après lequel les contractions com-
menceuL à baisser. Si, à ce moment, on tétanise encure le nerf jusqu'à épuisement
complet, et si on reprend les excitations périodiques, on obtient le même pliénornéne
que précédemment : les yiremicres contractions après le tétanos sont à peine percep-
tibles, les suivantes les dépassent sensiblement en hauteur, puis elles tlé^hissenL Ainsi
donc, la même intensilê et le même rythme du courant induil, qui au début de l'expé-
rience étaient susceptibles de produire répuîsement (diminylion de îa hauteur des con-
Iracitons), ont permis après le tétanos un certain degré de réparation augmentation de
hnuleur). Nous devons donc admettre que le relâchement du télanos n'était pas dû à la
fatigue; car celle-ci s'accentue progressivcmerit au travail effectué; la réparation consé-
cutive au tétanos est une preuve que rinhibition avait précédé la fatigue. — Pour la
réussite de Feipérience, te rythme de quinze secondes d'intervalle t-st le plus favorable;
elle réussit encore avec le rythme de dix ou vingt secondes, mais elle échoue avec le
rythme de six secondes.
Les expériences relatées dans ce paragraphe montrent que, dans certains cas, la ces-
sation de ractîvîté d'un nerf moteur peut être due, non pas à la fatigue, mais à l'inhibi-
FATIGUE,
dT
lion, et relle-ci se protlait fréquemmenl avec l'emploi de courants forti. Celle deruière-
condition justîlle toutefois le soupçon que l'altération du tronc nerveux ne serait peut-
Aire pas étran|j;r'ie au phénomène,
Vil, Gonclusioni. — En face de ces divers résultai*, souvent si contradictoires, il est.
permis de se demander quelleâ sont les conclusions générales qu'un peut tirer de
ces recberches sur la fatîjçue des nerfs. La critique des dtirérentes mélliodes ity^nt déjù
i^lë faite, il ne nous reste qu'à comparer les résultats.
Même si les critiques qu'on peut opposera rélectrotonisalion desiicrfset «\ la ciirarisa*
tion étaient jusliliées, il existe des exjWrieiices qui loue écliappenl : ce sont celles où ta
barrière an passage de Tintlux nervpnx a éle constituée par d'autres procédés : par l'étlié-
risation pour les nerfs moteurs (Mascoek), par l'alropini^atioii pour les fibros d*urrêl
(SzAN.\) f»t pour tes libres sécrétoires (L\iiMï^:Rr)* t'es d^rniéros expériences, de mérne <|ue
les preiniéreir, plaident en faveur d'une grande résistance des nerfs à la fatigue. En
i^econd lien, nous avons signalé les dangers qui résultent de rupplication de réleciricité
comme excitant, en raison des pUénomênes de ditrusior». Or il existe des expériences oi>
\in s*esl servi d'excitnnls aulies que l'électricité; ce sont celles de Mernstrln. qui s est
adressé encore aux excitants cliimiques, mécaniques et calorifiques* Les résultats ont
été les mêmes. Au contraire, la strychnîsaiion, qui a donné des résultais contradictoires,
ne pîirait pas être bien choisie pour Tétude de la fatigue périphérique en raison de son
action cura^i^atlte qu'elle exerce a forte dose^ et surtout à cause du fait signalé pur
TiuissoN (B. B , 1858, t2H et Jouni. de Phf/ahi., I8:>9 et tHfiO) et confirmé par Vilcian
{A, de P^fiHlO, HG et Substances lo.j.vgwesiU'î!, que Tactii*» curarisanle (juo produisent
les fortes doses de strychnine sur les terminaisons nerveuses se tnanifeste plus rapide-
ment lorsque le nerf est excité; c*est pour cette raison que le nerf intact, qui a pris part
aux violentes convulsions slrychnique?, ne réagit plus, tandis que le nerf sectionné ira^^it
immédiatenient (expériences de Herzen). Cp manque de réaction dans le nerf iidart
n'est pas dû à la fatigue propre du nerf, mais à l'abolition de son aciion sur le nujscle,
conséculivement ù l'nrtion curan?an!e de la strychnine, plus forte de ce côlé. Et on n'est
I pas surpris de constater que les deux muscles réagissent à peu pré? de la même manière
au même minimum d'intensité auquel ils réagissaient avant le tétanos. Gela constitue
rnéme une preuve certaine que le tétanos slrychnique n'avait produit aucune espèce de
faligue ou que celle-ci, très légère, s*est rapidement dis-sipée.
ftiiEHM a montré que, sous l'inlluence de poisons curarisanl?, la préparalion névro-
, fuusi ulaire présentait une grande fatigabilité, et il a dissocié cet état de faligabilité de
'raction curarisanle proprement dite. La fatigabiliLé exige la conservation de l'action dn
nerf sur le muscle; rexcitalion du nerf est encore eflicace; mais* après deux ou tmis»
qui'lquefois même après une seule contraction» la réaction cesse complètement, ou bien
les contractions descendent à une valeur minime. Si on le laisse reposer pendant quelque
temps, rexcilabilité revient de nouveau, et avec les mêmes caractères queprécédemmeol.
Pour se rendre bien compte de ce phénomène, il est nécessaire de s'adresser à la
méthode graphique. Le tracé (fig. 1) que nous reproduisonstcst dû à J, Iotevho. U a été
pris au moment de la déstrychuisatîon (grenouille vivante verte), pendant lai^uelle, .
comme on le sait, l'action curari*ante tend à diminuer. Ce tracé présente un aspect tout '.
a fait caractéristique. La première contraction (excitalinji du nerf) rsttrés liante, les con-
tractions suivantes ont subi d'emblée unc' dimiuuttou considérable. On prend plusieurs
séries de contraclions avec intervalles de trente secondes de repos, et on constate que :
i" chaque fuis la première contraction est assez haute el les suivantes k peine percep-
tibles, mais que la réparation touche aussi bien les contractions hautes initiales, qup b'S
contractions basses; -I*» A chaque nouv*^île série, la réparation est moindre» Un prend
eusuitt' plusieurs séries de contractions séparées par trois minutes de repos et on voit
que : l*» ce temps est suftlsanl pour la réparation intégrale de la contraction haute, qui-
niéoie a subi un accroissement après le premier repos; 2* ce temps est insuffis^ant potii la
réparation des contractiotis basses; A"" la faligabilité va en augmentant dans chaijuc
nouvelle série.
Ajoutons que Texcitation directe du muscle a donné dans celte expérience uua
courbe de fatigue normale. Le phénomène de fatigabilité permet doue de rejeter complè-
te ment la strychnine comme procédé expérimental dans la mesure de la fatigue du nerf..
58
FATIGUE.
Le nerf non coupé (expériences de Herzen), qui a pris part aux violentes convulsions
strjchniques, ne répond plus à l'excitation, non par fatigue de ses fibres, mais en raison
de sa grande fatigabilité [d'origine toxique; le nerf non coupé est fatigable au même
titre, ayant subi la même intoxication ; mais, comme il n'a pas été excité, il peut fournir
FiG. 1. -^ (D'après J. Iotbyko) Influence de fa strychnine sur la latigabilité du nerf.
une réponse chaque fois qu'on l'excite, et une réponse qui pour les premières contrac-
tions (liliï're peu de la normale.
Heste le phénomène de la variation négative. C'est le grand mérite de Her/en
d'avoir appelé l'attention sur la disjonction possible du phénomène électrique qui accom
pagne l'activité physiologique d'avec cette activité. En admettant même le bien fondé
des critiques de N. Cybulski et J. Sosnowski, qui trouvent que, dans ses expériences avec
le chloralose, Herzen avait pris pour une variation négative la phase katélectrotonique
qui s'est développée après l'excitation par un courant d'induction, il n'en reste pas
FATIGUE,
5t*
moins vrai qne^ dans un grand itombre de circonstances, il a été po&siLle de constater la
présence de la variation iR'gali?e après que toute action du nerf sur le nmscte avait dis-
paru (BoRUTTAU, WAtLBR» FIerzen}. Enfin les eipi5riences de Radzikowski montient
clairement qu'il existe des courants d'aclîoii sans activité Tonctionnelle. l>ne brandie du
sciaUqne est coupée près du |[;aslrocnémieti et reliée à an galvanomètre; l'autre branche
est laissée intacte. De cette fa<;4JD« à chaque excitation du tronc nerveux, il est possible
d'observer en mÀme temps la contraction musculaire et la variation négative. Si Ton
introduit dans la cbambre humide un peu d'éther, on voit la contraction disparaître
malgré l'emploi de courants forts; malgré cela on voit persister l.i variation négative.
Pour éliminer la supposition, que Fabsence de contraction est due a rinexcitabitité des
plaques motrices, Tauteur examine maintenant Texcitabilité d'un point du nerf pins
rapproché du muscle, et il parvient h obtenir des contracLions.Jïonc i*absence de réponse
de 1^ partie supérieure du nerf était bien due à rinexcitabitité de la partie excitée, qui
pourtant donnait la variation négative. En réalité, Waller, en montrant que la variation
négative est le dernier signe de vie qui persiste encore après la cessation de toute
ûulrti manifestation vitale; BoRcrTAD, en montrant que sou.h Tiniluence du froid la
varirttiiin négative persiste après ta suppression de la contraction, admettent aussi la
disjonction de ces deux phénomènes. L'accord est donc complet êitr ie fait. Tontes
ces eipériences prouvent que ta variation négative est extrêmement résistante à toutes
les causes d'attéralion; si nous la voyons apparaître dans un système dont la vie se
manifeste encore par d'autres pbe'nomttnes, il est certain qu'elle peut servir de mesure
à l'intensité même de ractivité fonctionnelle (comme par exemple dans les belles
expéiiences de Becr et Cvullski sur les phénonirnes électrique? de Fécorce cérébrale
des chiens et des singes), mais il est impossible de baser des conclusions concernant
la résistance des nerfs à la fatigue et à la curarisation sur la présence de la variation
négative. Pourtant la présence de la variation négative en l'absence même Je tout autre
phénomène vital avait été considérée par certains physiologistes comme une preuve
indéniable d'activité. Ainsi, Wedensky a rapporté au Congrès de Physiologie de Liège
(1S02| tes résultats des expériences comparatives que Tolr avait instituées dans son
laboratoire sur la survie d'un nerf irrité et d'un nerf resté au repos (animaux à sang
chaud). Le téléphone et le galvanomètr»^ ont été employés comme indicateurs de leur
vitalité. Or les nerfs ont présenté la même survie et moururent parallèlement, Wkdkwsïy
en conclut que ractivité du nerf n'est accompagnée d'aucun «'puisement et que Tinfatiga-
bililé du nerf est absolue. Xous croyons qu'un résultat pareil pourrait, au contraire,
éveiller les plus graves soupçons relativement à la méthode qui a servi d'indicateur de
la survie. Si peu intenses que soient probablement les phénomènes chimiques qui accom-
pagnent le fonctionnement des nerfs, ils ne sont pas nuls : autrement le nerf serait plus
résistant à la fatigue que les conducteurs métalliques î On sait qu'il y a trente ans sir
WiLUAM TuoMso?tr avait constaté que les hh métalliques, soumia à l'action d'ébranlements
répétés, accusent au bout d'un certain temps des propriétés différentes de celles qu'ils
possèdent à l'état de repas» Ce phénomène e^^t notamment fréquent pour les fils télé-
graphique», qui conduisent mieux rëlectricité le lundi, après Je repos dominical
(Angleterre), que les autrev jours de la semaine. Si le fil est laissé au repos pen-
dant trois semaines, alors sa conductibilité s'accroît de 10 p. fOO, Ces résultats
viennent d'être conlirmés à l'Institut Franklin (Amérique). H est donc permis de par-
ler de ta *i fatigue des métaux » et de la nécessité .de leur accorder un certain repos.
Si la variation négative ne peut être considérée comme un signe infaillible de Tac-
tivité fonctionnelle, il n'en reste pas moins vrai que, toutes conditions égales, elle
persiste bien plus longtemps dans le nerf excité que dans le muscle, et, de ce fait, elle
peut être placée à côté des méthodes d'investigation, dont les résultats plaident en faveur
de ta résistance plus grande du nerf.
En résumé, nous écartons l'infatigabilité absolue des nerfs comme étant incompatible
avec les lois biologiques, mais nous admettons que leur résistance à la fatigue est in-
comparablement plus grande que celle du musi-ïe. Nous avons exposé plus haut les
raisons qu'on peut invoquer pour admettre que te tronc nerveux n'est pas exempt de
toute fatigue, A côté de ces expériences, on peut placer celle de Carvallo (19(K)), qui a
étudié l'inlluence de la température sur la fatigue des nerfs moteurs de la grenouille* Il a
M
M
FATTCUE.
reconnu que la tempéralure a une action considérable sur l'activité des nerfs mo leurs.
Avec raugmenlaiion de !a température du nerf, la somme de travjiil mécanique que
fournit le muscle devient plus gmndt*. Le oorf scialicjue, transporté» aprrs fatigue, de 0*-
à 5*», K»*", 20". 25», 30'', le muscle restant toujours dans la glace, présente des accrois-
sement successifs d'excitabilité jusqu'à. 20". et qui cessent audelu de cette limite, opti-
mum de l'activité thermique. Endn^ phénomène qui prouve que non seulement les nerfs-
se fatiguent aux basses températures, mais qu^ils peuvent se réparer par suite dp
l^échauffcment. c'est que le nerf fatigué à 0", chauffé à 20^, puis refroidi de nouveau k
0^, donne k celte température une nouvelle courbe de fatigue. Ainsi donc, la température
exerce une iuiluence très accentuée sur l'activité des nerfs au point de vue de leurs effels-
mécaniques sur le muscle, preuve que l'activité nerveuse est accompagnée de plu^nomenes^
cbimiques (Garvallo). Cependant, nous avons vu que la température reste sans efTet sur
la vitesse de la propag^ation de l'inûux nnrveujt (Weiss)*
La question paraît s'être éclaircie, et Taccord est survenu entre les physiologistes.
Dans [Intermédiaire d^s BioloQiiite^ (181*8), Hkrzen écrit ; « Les faits me semblent prouver
suffisamment que te tronc nerveux n'est pas absolument exempt de toute ^Itération due
à son fonctionnement, en un mot de toute fatigue. " Cest bien aussi Topiiiion de Walle^
et de BoauTTvu (môme recueil)* *< Si rien ne s*oppose à accepter une espèce de fatigue
des nerfs, dit BoftciTAir, en tout cas, elle reste très restreiuleet ne se manifeste que tar-
divement. 1» Quant i Wallkh» rinfatigabilité du nerf serait due plutôt à une réintégration»
1res rapide qu'à une désintégration très lente.
On conçoit que la question ainsi posée demande une nouvelle solution. Quoi qu'il en*
soil, le fait de la grande endurance des nerft* à ta fatigue reste acquis.
IV. Phénomènes chimiques de la fatig^ue des nerfs. - - Nos connaissances rela^
tives aux phénomènes cbimiques de la falij^'ue des nerfs sont presque nulles au point de
vue physiologique. 11 est probable que les procédés d'analyse chimique mis en œuvre
sont trop grossiers pour déceler une réaction, qui, tout en étant très restreinte au point
de vue absolu, est pt!ut-êtie très important*' au point de vue relatif.
Immédiatement après que Du Bois-Reymonu efit découvert les modifications fonc-
tionnelles de la réaction du muscle, FuNiiE (1850) arriva à des résultats exactement
semblables pour les nerfs. Il trouva que les coupes transversales des troncs nerveux^
aussi bien que de la moelle épinière, des grenouilles et des lapins curarisés, étaient
neutres ou très faiblement alcalines pendant la vie et à l'état de repos, tandis qu'elles-
devenaient acides après la mort ou sous rintlnence de la fatigue (tétanisatîon générale^
par la strychnine ou Télectricité). Au moment de la putréfaction, la réaction redevient
■ le nouveau alcaline. Ranke (1868) confirma les résultats de Fon&k; l'exposé de ses expé-
riences sera donné plus bas. De même Heynsius arriva à des résultats semblables (I85i*}.
Mais KûHXE, Du Bûis-nKYao,N[>, LiEHiiEica (1867) et Hkidenh.\iî* (1868) ne Iroovérent pas-
la moitidre réaction acide dans les nerfs tétanisé.?. D'après Du Bois-Reymond, la réactio»
acide n'apparaît qu'après la rnort> Lieheieich employa, au lieu du papier de tournesol, des-
lames de gypse, colorées par la teinture de tournesol; Huidknuain écrasa les nerfs dans
la teinture ou bien employa leur extrait aqueux. Funke maintint ses assertions qu'il vérilia
dans de nouvelles expériences et par d'autres procédés (1869). D'après Gscheidlen (1874),.
il faut établir une distinction rigoureuse entre les nerfs et la substance cérébrale, car
la substance blanche est normalement neutre, tandis que la substance grise est acide.
D'après lui, la substance blanche ne devient jamais acide spontanément.
Les expériences de Flnk« et de Hanke paraissent concluantes; celles de KsiDRrïHAiN
démontrent seulement que Tacidité du nerf est incomparablement plus faible que celle-
du muscle; d'ailleurs, il trouve lui-même que le papier de tournesol est un réactif biea
plus sensible aux moindres traces d'acide que la teinture. On peut donc admettre que-
les nerfs mourants, de mÔme que les nerfs fortement tétanisés, deviennent acides, mais*
cette réaction est tellement faible, qu'il faut des moyens extrêmement délicats pour la
déceler, et dans tous les cas elle ne peut servir de mesure à l'activité propre du nerf.
Revenons aux expériences de Ranre, qui a confirmé les résultats de Fdnxr. La réac-
tion acide est la plus forte quand les grenouilles meurent dans de violentes convulsions •,.
racidité des nerfs et du cerveau devient alors égale à celle des muscles.
Grenouilles. — Tétanos strychnique général. Le sang présente une réaction faiblement
n
4
I
FATIGUE. 61
acide; les muscles sont fraiichcmenl acides. Le cenrean, la moelle et le nerf scialiqa<»,
lavéf à Teau disttlk^e, séchés el écrasés stjr du papier à rtfaciif, ont une réaciton acide.
Les nerfs ainsi traités étaient encore vivants, ïeur excitabilité n'était pas coraplèti>nient
abolie. Les grenouilles qui ont servi de contrôle furent tuées sans lélanos; leur sang et
leur lymphe étaient fortement alcalins, leurs muscles et leurs nerfs faiblement alcalins.
Mêmes résultats avec le tétanos général électrique et avec le tétanos électrique du nerf
scialique isolé* Dans ce dernier ras toutefois^ la réaction acide ne s'est produite qu*aux
points de contact des électrodes métalliques ; elle est due à Télectrolyse; car elle ne
s*est produite ni avec les électrodes impolarisables de Du Bois-Rkymond ni avec les exci-
tations mécaj niques.
Animauj!â sang cA^iwff. — Chez un lapin strychnisé, les muscles encore vivants pré-
sentent une réaction acide, les nerfs sont alcalins; la moelle et le cerveau sont légt*-
rement acides. L.a substance grise e^t b^jç<éreinent alcaline. Ce n'est que quand les
muscles deviennent acides qn'on trouvera la même réaction dans le nerf. Seuls l^s in-
dividus faibles, qui donnent des convulsions faibles et sVpuisent facilementt gardent la
réaction alcaline. Il en est de même si rempoisonneinent strychnique est léger, La réac-
tion est plus fiiibte dtjnsle sciât iq ne qite dam les centras nerveux. Ainsi il résulte des expé-
riences de Ramcc sur la réaction d^s nerfs, que : I) La réaction chimique du système
nerveux normal est légèrement alcaline à tendance neutre. Elle est la même que pour
les muscles el les i^laudes, tandis que la réaction du sang et de la lymphe est fortement
alcaline; 2) Après la mort du nerf, sa réaction devient lépiTement acide; elle est plus
accentuée dans la mort par de fortes convulsions, mais elle existe aussi dans la mort
par le curare. L'acidité se produit aussi quand on échauiïe le nerf à 45-55". Mais, quand
J'échûuffement atteint 100« (cerveau de pigeon), alors la réaction reste alcaline* Mêmes
phénomènes que pour le nuiscle; 3) Pendant le tétanos général, strychnique ou élec-
trique, la réaction du système nerveux vivant devient faiblenïent acide. L'acidité est en
rapport direct avec l'intensité du tétanos; 4) Le nerf isolé et excité par les courants d*in-
duction ne devient acide qu'aux points de contact des t'^cctrodes. Le nerf excité méca-
niquement ne présente pas de réaction a^ide.
Les expériences de Ha.nke montrent que Tacidité du système nerveux dans la tétanî-
sation ne s*est pas produite in $itu, mais que ce sont les muscles qui ont déversé dans h*
sang un acide, qui est venu se Hxer dans le tissu nerveux. C'est seulement quand tes
muscles deviennent acides qu*on peut trouver la même réaction dans te nerf, tandis que
Je ncif iîio/i^ et excité ne devient acide qu'aux points de contact des électrodes métal-
liques ordinaires, sans le devenir avec l*empIoi des électrodes impolarisables de Du Bois-
Hkvmovb ni avec les excitations mécaniques,
flAMtiE a appliqué aux nerfs sa théorie de la fatigue muî<culaire* La concentration du
sang augniente pendant la tétanisatiou, et ce phénomène devient le point de départ
d'un processus de diilusion etilre le sang et la substance nerveuse. Des que U concentra-
tion du sang sera augmentée, il se produira un courant de diffusion dirigé vers le tissu
contenant le plus d'eau; or, normalement, la substance cérébrale contient plus d'eau
-que le sang. Tous les poisons, nés soit dans le tissu musculaire, soit dans le saug. seront
donc transportés vers les centres nerveux; cela explique la grande sensibilité de ces
derniers aux intoxications. Le même fait se produit pendant la létanisation du muscle.
Une partie des substances qu'on trouve dans le système nerveux pendant la tétanisatiou
du muscle n'est donc pas née sur place; mais a été transportée vers les centres par
un phénomène de dilFusion. Ainsi donc, pendant la létanisation, le si/sième nerveux
central devient plus riche en substances sotidei^, substances qui lui viennent du sang grâce
à un pliénoméne de dî Ou s ion, et il a* appauvrit en sub^lance^ tiquêdes qu'il cède au sang.
l. Grenoititleê ref>ot'e$.
Teneur en eau du tang^ 88,3 p. tÛÛ
— — de U moelle 89,1» —
Il . Grenouiiht tetani^èes.
Teneur en enu du <^&ng 87 p. 100
— -^ de la moelle 81,8 —
n
FATIGUE-
Ladiminulion d'exeilabilil^ du système nerveux peut donc être mise aussi bien sar le
compte de la pénétration des substances toxiques que sur le compte des changemeati
survenus dans sa teneur en eau* Comme la substance grise chez rbomme et les mammi-
fères est aussi plus riche en eau que le sang, on peut admettre que les mêmes phénoinèoef
doivent s'y passer. 11 a élu impossible à Bamcic de démontrer un rapport semblable pCMir
les nerfs périphériques et la substance blanche. 11 considère que par le lavage il es
possible d'obtenir la réparation du nerf fatigué; mais les preuves font complètement
défaut pour affirmer que la fatigue et la réparation touchent Je nerf et non le muscle.
RâNKE considère les aeides comme des substances fatigantes pour le nerf, et, d'une
façon générale, range dans cette catégorie toutes les substances qui diminuent Tirrita-
hïlilé des nerfs, et qui provienuenl de leur désassimilation (acide lactique, sels de
potasse, sels acides de phosphore, atihydride carbonique). Pendant le repos, la circulation
entraîne les acides ou les neutralise par Talcalinité du sang. A vrai dire, rien ne vient
démontrer la part que prennent les nerfs dans les phénomènes de fatiffue décrits par
Ranre, et cette partie de ses recherches ne possède qu'un intérêt historique, Bocci trouva
que les uerfs au repos avaient une réaction acide ; mais que celle-ci n'augmentait pas par le
tétanos strychnique, D'aprt-s Môlesceott et Battistii^i, Teicitation accroît racidité dans les
centres nerveux, et au contraire^ elle la diminue dans les nerfs périphériques. Dans le
tétanos strychnique du lapin, îa plus grande acidité se trouve dans la moelle épioière.
Nous ne possédons que quelques données très imparfaites sur la respiration des nerfs
à rélat de repos et à l'étal de fatigue. D'après ÏI.vnkk, le cerveau de pigeon, extrait du
corps, dégage de Tanhydride carbonique et emprunte de l'oxygène à l'atmosphère
ambiante. Ce processus f*st activé par Télévation de température. On a objecté à RA?tRK
que les échanges gazoux décrits par lui n'étaient pas d'ordre physiologique.
La question de la respiration des nerfs est revenue à l'ordre du jour depuis les expé-
riences de VValler. D'après lui Texcilation du nerf se traduit au galvanomètre par une
réponse électrique compos('*e de :i phases;
L Phase (uerf frai.^} oii prédomine la variation négative S.
IL Phase i intermédiaire) oii prédomine la variation subséquente positive N.
ML Phase [nerf usé) où prédomine la-vanation positive N.
Or, en étudiant Taction de Tauliydride carbooique sur le nerf isolé dans ces trois
phases et I action de la tétanisation prolongée du nerf dans les mêmes phases, on voit
que les effets sont identiques, d*oQ on peut conclure à une production d'anhydride carbo-
nique pendant la tétanisation du nerf. Lii variation négative serait entretenue par la
production de C0-.
Dans les trois phases il y a diminution de N pendant la tétanisation et pendant
l'action de CO- eu petite quantité. La tétanisation prolongée 5 minuies produit une aug^
mentation de ia variation négative, soit un effet semblable à altti de CO- en petite quantité*
L'oxygène, J'aïiôle, rhydrogène, l'oxyde de carbone cl Toxyde nitreux n*ont point d'in-
fluence appréciable sur le courant d'action.
Ces faits semblent prouver que : I) la tétanisation du nerf est accompagnée de pro-
duction d'anhydride carbonique; 2) que l'inépuisabilité du nerf est duc ptutôt à une
réintégration In'^s rapide qu'à une désintégration très lente.
Mais ces résultats si intéressants sont inlirmés par île nouvelles expériences de
Walleb lui*môine. Le pliysiologiste auÉrlaîs a montré rexistence du courant d'action
dans les feuilles exposées à la lumière. Ce courant peut servir de mesure à raclivilé
synthétique du protoplasma. Il est -Jonc impossitîle traffirmer que la variation négative
est due h la production d'acidB carbonique, et du même coup l' hypothèse de rïn»-*puisa-
bilité du nerf basée sur sa réintégration très rapide perd tout appui expérimental (A-
Walleh, B. fî., 1900, 3t2 et 1093). Mais eu revanche on acquiert la certitude presque
complète que le phénomène élei' trique est réellement lié à la vie des tissus.
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FATIGUE.
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nerf et de la moelk (B, Jî,, 1900, 51).
f.4
FATrCUE-
CIIAtMTHE II
La Fatigrue des terminaisons nerveuses
întra-nnusculaires
Comment comparer la faligaVntité du muscle avec celle des lerminaisons nerveuses?
'Si nous admettons qae les excitations l'^piHées da tronc nerveux ne raltèrent pa*, et
que ïa substance musculaire est directement excitable par le courant électrique induit,
nous pouvons disposer Teipérience de manière à produire la fatigue de la préparation
névro-musculaire en excitant le nerf; et, quand le muscle aura cessé de réagir à rexci-
talion indirecte, preuve de la paralysie desf éléments nerveux qu*il contient, nous n'au-
rons qu'à appliquer directement les électrodes à la surface du muscle lui-même, aOn de
mesurer son excitabilité propre. Si à ce moment le muscle est encore en étal de réagir
aux excitations locales^ c'est qu'il n'est pas épuisé, et sa résistance à la fatigue est plus
grande que celle des terminaisons nerveuses motrices dont il est le récejitacle. C'est, en
clfel. rexpérience et le raisonnement auxquels ont recouru presque tous les phyaioïo-
gisleîî nui ont étudié la question. Mais cette iulerjuétulion, pour être exacte, suppose
que : 1 " les coûtants énergiques appliqués sur le tronc nerveux fatiguent les terminai-
naisons nerveuses sans altérer, voire sans léser le nerf même; t° que la substance mus-
culaire est directement excitable par le courant électrique induit.
Apr(^8 ces critiques préliminaires, passons à l'exposé des expériences.
Bernstein (1877) a mesuré Texcitabilité directe et indirecte dans la fatigue (gre-
nouilles); il a trouvé que la fatigue du muscle arrive au bout du même temps lors-
qu*on Texcite diieclemenl ou lorsqu'un Texcile par fintermédiaire du nerf moteur
Les expériences de TrurniEw (cité par WyxERj montrent aussi que le muscle cesse d
répondre au même moment, qu'il soit excité directement ou indirectement.
Des résultats opposés ont pourtant été si^^fiialés par d^autres physiologistes. Dans
la même année que le travail dt^ Bkr.nstein, paraissait le mémoire de Hossbach etHAarc-
.\ECK sur la fatigue des muscles des animaux à sang cliaud et à circulation aixétée
(ligature de l'aorte). Quand, après 30, 50 contractions directes [secousses maximales,
fréquence d'une seconde), on excite le nerf avec le même courant, on constate que les
secousses indirectes sont beaucoup moins élevées que les directes.
D'après A* Waller (t88:i et iH^\)t si Ton applique directement les électrodes sur ^
nmsrle qui a cessé do répondre h Texcitalion du nerf, il eiitre en tétanos. Ainsi, lors de
■la fali^»^, le nerf perd rapidement son action sur le muscle, et les phénomènes observés
possèdent de grandes analogies avec Tintoxication curarique. Quand on tétanise simul-
tanément deux préparations névro-musculaires; l'une par Tinte rmédi aire du nerf, et
Tautre par le muscle, le tétanos prend On bien plus rapidement dans le premier cas. 0e
môme, en excitant alternativement le nerf et le muscle de la même préparation, l'effet
des exciUitions uerveu'^es disparaît plus rapidement que celui des excitations muscu-
laires, i^'interpretaliùn de ces résultats expérimentaux est la même que pour ia cura-
mation (Walleb), Ni le nerf, ni le muscle ne se fatiguent, mais c'est Torgane inter-
médiaire entre le nerf et le musde qui est éminemment fatigable. La fatigue débute
par his plaques motrices des nerfs; il se produit une inlejTuplion physiolo^'tque de
l'inllux nerveux au niveau de la jonction du nerf et du muscle. Cq phénomène joue le
rôle d*une protection des muscles à l'égard des excitations trop fortes venues par l inter-
médiaire du nerf, Li plaque motrice se répare aussi plus rapidement que le muscle : la
-réparation est plus prompte et plus accentuée dans la JVtligue indirecte que dans la
fatigue directe. Mais la slimuEation électrique appliquée sur le muscle a^'it en même
temps sur la substance musculaire et sur les terminaisons nerveuses. Pour dégager la
part du muscle dans les phénomènes de fatigue, Walleh lit des expériences sur des
■muscles curarisés. Le muscle non curarisé se fatigue plus rapidement par excitation
directe que le muscle curarisé, ce qui prouverait que l'action de la fatigue névro-
musculaire est plus prompte à se développer f^ue l'action de la fatigue purement mus-
oculaire.
Les expériences de A. Waller furent reprises en 1893 par J,-C. Auelous; mais, au
FATIGUE,
65
lieu de tétaniser le nerf direclement, Tailleur produisait la fatigue par télaiiisalion géaé-
nile de la grenouille. Or, il un monienl di>r»ni^, les exci talions du scialjqup ne provoquent
plus de contractions, tandis qu'en excitant le niusolc directement on obtient des réar-
Uons motrices très nettes. A cette phase de la fatigue, ranimai est comme curarisé; à
une période plus avancée de rexpf^nence, le muscle lui-même est frappé. Abelous lit
uuo série double d'expériences : 1** Effets de la hliinkation après anémie d^un membre, La
liçalure du membre ;itauclie au-dessous du nerf aciatique rtail pratiquée; après une
létanisation générale et prolongée, on trouva l'excitabilité du scîalique jDfauche [dus
grande que celle du sciatique droit. Après repos, rexcitabilité du sciatique droit avait
reparu. 2" Eff'ets de ta Utanisalion apn's ctten^ation d'un membre. On sectionne dans Tab-
dumen tes filets lombaireâ gauches; la paralysie du membre f'sl complôie. On tétanise
localement le membre droit; on examine ensuite rexcitabilité des deux nerfs scia*
tiques; le 5ciatit|ac droit donne de faibles contractions, le sciatique ^^auche entre en
tétanos pour le même courant. En répétant la tétanisation à plusieurs reprises, nu
arrive au bout de r/rw-r heures à une pliase où le nerf non excité directement (membre
paralysé) cesse de répondre, alors que son muscle est encore très excitable. Celle para-
lysie* atteignant les terminaisons nerveuses d\»n membre qui est resté tout le lem|is
immobile, conclut Ahelous, ne peut s*expliquer que par le transport par voie sanguine
df substances toxiques de nature curarisanle. U^^int à rimmunité relative du membre
lié vis-à-vis de la paralysie qui frappe tout le corps, Tauteur l'explique de la façon sui-
vante : dans le membre intact» il y a inloxicatii>n par les substances de tout le corps;
dans le membre anémié, ce sont seulement les substances nées sur place qui pro-
duisent l'intoxication.
Dans d autres travaux, Abelous chercha à étudier de plus près ces substances curari-
santes élaborées au cours du travail musculaire. Les mêmes pliénoménes d'inloxication
curarique peuvent être produits par l'injecliou à des anienaux sains du sérum, <b*
Texlrail alcoolique du san^» qi des muscles des animaux fatigués, abolition de rexcitabi-
lité nerveuse avec conservation de rexcitabilité directe des muscles.
En 1895, C. G. Santessox contlrma en partie les résultats de Wallir et d'AaELot -i;
mais, d'après cet auteur, ce n'est que lors de la fatigue produite par les courants télani-
*ants appliqués sur le nerf que l'excilabiblé indirecte se perd avant rexcitabililé direcle;
dans ces conditions (courants télantsanls] les terminaisons nerveuses se fatiguent plus
rapidement que te muscle. Mais, quand le nerf est excité par des chocs d'induction
isolés, espacés et maximaux, c'est Finverac qu'on observe, et on arrive à une phase de
la faligue où les exci talions lancées par l'intermédiaire du nerf sont encore efficaces
tandis qu'elles restent sans elTet sur le musi-le. Lors des excitations par les ondes uniques,
conclut SjLMEssoN, c*est donc le muscle qui se fatigue le premier.
En J896, G. Wulff (cité par Schenck/ montra que, même pour les chocs isolés, la
faligabilïté des terminaisons nerveuses paraît plus grande que celle du muscle» Quand la
fatigue est très avancée (courants maximaux d'ouverlure, se suivatit à une seconde
d'intervalle et lancés dans le nerf sciât iquej, Wuli f rapproche les bobines pour avoir
un courant plus fort, et mesure rexcitabilité directe et indirecte. II irouve que rexcita-
bilité directe est plus grande. Le môme phénomène a été constaté pour la fatigue iso*
métrique de la préparation. Toutefois la décroissance plas rapide de rexcilabilité indi-
recte ne se produit que dans le cas où la fatigue est produite par des excitations qui
sont maximales pour la nerf sans Tétre pour le muscle, el où I examen de rexcitabilité
dirai'te et indirocle après la falié'ue est fait au moyen de courants plus que inaximanx
pour le muscle. Mais, si cet examen de l'excitabilité est fait au moyen de courants juste
maximaux pour le muscle à relut frait^, alors on constate qu'il y a égalité entre let*
deux modes de contraction (après fatigue) avec tendance à la prédominance de ia cun-
traction indiiecïe. Cette dilférence dans les résultats s'explique, d'après l'auteur, par ce
fait qnç U's courants faibles n'agissent pas sur le muscle; pour mettre réellement Texci,
tabilité du muscle à Tépreuve, il faut des courants très énergiques.
Avant d'aller plus loin, nous devons opposer quelques critiques à certaines de ces
expériences pour ne plus avoir k y revenir.
HossBACH et Uaïitkneck ont observé que la faligue produisait rabolilion do l'excitabilité
indirecte avec conservation de l'excitabilité musculaire chez les animaux à sang chaud,
DtCT. i>E E^UVSlOtOOlP:. — TOMe vt. î»
66
FATÏCUE-
et uniquement lors de rarrél de U circulation (Ugature de l'aorte). Or ces deux condj-
lions réunies 8iiffî»eRt amplement pour faire admettre que le résuJtalobienQ n'était |Mf
reflet de la fatigue, mais de ranémie, qui abolit rapidement chez les homéoihemMt
Taction du nerf sur le moscle.
Quant aujc expérieoees d*ABELous, qui présentent cet avantage sur celles de Walui
queTnuteur français n'a pas élerlriséle nerf direetemenl» mais qu'il a produit la téiauiiss-
tion générale de l'animal, on peut objecter que : P Taction curarisaote s'est génén-
lement manifestée au bout d*un temps trop long pour qu'on soit en droit de l'altrCbiier
k 1 action propre de la fatigue; pour Tobtenir, il fallait tétaniser ranimai peodaol deiti
heures, et les nerfs étaient dénudés pendant tout ce temps; 2** IHmmunité relatire du
membre lié vis-à-vis de la fatigue qui frappait tout le corps ne peut guère s'eipliquer
par U supposition que les produits toxiques nés m siiu et retenus dans le membre lié
étaient moins abondants que ceux qui étaient contenas dans Tautre patte; bleu an con-
traire, si des substances curarisantes s^étaient produites dans la fatigue, elles auraient
certainement intoxiqué le membre lié à un degré bien plus prononcé que le membre
non Hé, celui-ci étant constamment soumis au lavage naturel par le saog veineux et à
Ja neulrali&ation des produits toxiques par roxjrgène du sang artériel; ^^ raction cura-
risante du sérum, du sang et de Textrait musculaire des animaux tétanisés ne parait
pas nette. L^auteur dit que « Tinjection de l'extrait alcoolique des muscles d'une gre-
nouille tétanisée à une grenouille normale e^l presque inoCfensive ». An contraire^ l'in^
jection ù une' grenouille normale de rextrail musculaire correspondant à lOO grammes
de muscles de rhien t^*tanrsé a prodnit la mort. Mais Finjection de Textrait du muscle
normal, nii^nte k une dose beaucoup plus faible, aurait sufll à produire la mort, si nous
nous en rapportons aux expériences de Roger'* Quant à racUon curarlsante du sérum,
après injection de ti ce. provenant d'animaux tétanisés J'auteur trouva le lendemain de
l'expérience sa grenouille morte: les nerfs sciatiques étant inexcitables, les muscles
Tétant directement. 11 est certain que tous les genres de mort auraient produit le même
effet.
il ne reste donc qu'à tenir compte des expériences où la fatigue avait été produite
par application directe des électrodes sur le nerf. Mais immédialement sargit l'idée que
la soi-disant fatigue indirecte est peul-iHre l'effet de rallération du nerf par l'aclion
locale des courants élec-lriques.
C'est précisément, l'idée qui a guidé J. lOTEfKO dans ses recbercbes récentes sur la
fatigabiUté comparée du mus<le et du nerf.
Pour arriver à des résultats positifs, cet expérimentateur a dû réviser un grand
nombre de faits qui paraissaient bien établis.
On sait depuis les travaux de REUAt iUeher methodische Elektrmrung geltihmier
Mushein^^ Berlin, 1850}, que le même courant induit est plus efficace quand il agit sur le
nerf que quand il agit sur le muscle. L'excitabilité indirecte de fa préparation fraîche est
donc plus grande que son excitabilité directe. Le phénomène s'observe avec la plus
grande facilité, ausii^i bien avec les courants ttHanisants qu'avec les ondes uniques;
mais, pour l'obtenir, il ne faut pas user d'excitants pnr trop énergiques, car alors les
deux secousses (directe etindir^rte) «seront forcement maximales. La contraction obtenue
par Texcilation du nerf eî^i donc toujours plus intense que la contraction obtenue par
l'excitation du muscle* On explique celte dilTérence en disant que les excitations du
nerf portent en même temps sur toutes les libres nerveuses, et, par suite, sur toutes les
libres musculaires. (Juand, au contraire, Texcitation porte directement sur le muscle,
ellfi n'atteint qu'un nombre limité de libres nerveuses et musculaires.
Coite explication asi insulTisante; s'il est exact que Texcilant porté directement sur le
uni scie irrite eji mônje temps les l-^rminaisons nerveuses iiitra-niusculaires et la sub-
stance musculaire, la contraction coiisecotive à l'irritation de ces deux éléments devrait
tHre plus intense que la conlraction consécutive à Tirritation du tronc nerveux.
1. Lu toxicité d« Textrait des muscles est bien muins grande que celte du foîe et du rein;
H cependant» suivani RooBft, 90 grammes de muscles par kiL dVnimiil produiscol la morl(TaxicUé
des fj-tiùits des tisuis tionnauj:, Lî. iî,, 1891, p. 727). <'h. Richbt a irouvé qu<2 le sérum mu&cu-
l.'iîre «ïtait asse/, loxique {20 gr. environ de muscles par kil. d'animal. C. fl., 11^01, cxxxn;.
FATIGUE.
«7
I
Dans le premier cas la contraction est ta résultante de ces deux excitations qui s'ajouteoU
En second lieu, le m«5me courant appliqué directement au muscle possède unfi inlensilé
plus grande que quand il est appliqué au nerf (la substance musculaire étant meilleure
conductrice de réleclricité que la subslance nerveuse); la contraction directe devrait
donc être plus énergique que la contraction indirecte.
Ce raisonnement alTaiblit donc beaucoup la portée de i*eiplicalion généralement
admise, d*aprés laquelle refficacité plus friande de Texcitalion indirecte repose sur la
mise en activité de toutes les Obres nerveuses. Cependant, quand H s'agit de Taffai-
blîssement de la contraction musculaire, constatée dans la curarisation et dans Tanélec-
trotouisalioUf ou l'explique par la suppression de Teicitation des terminaisons ner-
veuseSt laquelle s'ajoute dans le muscle normal ù celle de la substance musculaire* On
ullribue donc une importance assez grande à la résultante de ces deux excitations. S'il
en était ainsi, Texcilation du muscle devrait être plus efficace que Texcitation du nerf.
Une autre explication [laquelle d'ailleurs ne tranche pas la question, qui mnie ou*
verte) peut être adoptée. En comparant la sensibilité si exlraordinaiie du nerf au cou-
rant électrique avec la sensibilité si obtuse du muscle quand les électrodes sont directe-
ment appliquées à sa surface, on a l'impression que seui lèh'ment nerreiLi; csf intïm-neé
par le courant Hectriquû induit, et que, si le muscle directement ext!ilé répond avec
moins d'énergie, c'est parce que les terminaisons nerveuses incluses dans le muscle sont
plus difficilement atteintes par le courant électrique, à cause de l'interposition de la
subslance musculaire, qui, elle, ne sérail pas directement excitée par le courant élec-
trique induit» Cette supposition a d'autant plus sa raison d'être que C, Radzikowki (Ac/ion
du champ de force sur les nerf^ isoics de la 'irenomUc et Immunité elccfrique des nerfs, Tra-
vaiui de llnitUut Solvat/, m, 1890) a montré que le nerf, étant parmi tous les tissus celui
qui olîre la plus grande résistance au passage du courant électrique, est immunisé
contre l'action des courants électriques qui prennent naissance dans le corps de Tanimal
ou contre les courants électriques venant de Texténeur, par les tissus environnants
solides ou liquides. Ces tissus, étant meilleurs conducteurs d'électricité que le nerf
lui-m^me, offrent au passage du courant électrique moins de résistance et en acca-
parent une grande partie. Or il faut admettre comme coroîlaire de cette explication que
le tissu musculaire qui a immunisé ie nerf contre l'action du courant d'induction,
n'était pas lui-mt^me sensible à l'action de ce courant, qu'il a joué simplement le rôle
d'un eonducteur pbysiqne, tel, par exemple, qu'une bandelette de métal *>u de papier
buvard, ou tout autre corps meilleur conducteur d'^flectricité que le nerf.
A ces faits viennent s'ajouter d'autres qui plaident dans le même sens. Exisle-t-il un
rapport entre la réponse directe et indirecte à des stimulations d'intensité variable'?
J» loTEYio s'est assurée qu'en diminuant graduellement Tintensité de Fexcitant induit,
on obtient des modifications brusques dans la décroissance des contractions directes»
Or la décroissance est assez régulière pour les contractions indirectes. Le champ des
excitations sous-maximales est donc beaucoup plus étendu pour les secousses indirectes
que pour les secousses directes. A quoi faut-il attribuer ce manque de rapport entre les
variations de l'exciLabilité directe et indirecte en foiRtion de rititensité du conrant
induit? C'est encore à Timmunité du nerf qu'il nous faut recourir. Si l'on admet que le
muscle n'est pas directement excitable par le courant induit, il devient comprébcnsible
que les terminaisons neneuses.éparses dans le muscle, ne deviennent accessibles a l'ac-
tion du courant que quand celui-ci a acquis une certaine intensité; un courant faible
est totalement accaparé par les muscles, et rien ne pénétre jusqu'aux terminaisons
nerveuses; un courant fort est accaparé en partie, et une partie pénètre jusqu'aux élé-
ments nerveux» mais l'excitation des terminaisons neiveuses ne peut se faire aussi
ré;:uliérement que l'excitation du nerf mis à nu, et on s'explique les irrégularités dans
sa distribution.
On peut enfin comparer l'excitabilité directe et indirecte en examinant le senil de
Texcitabililé du nerf et du muscle. Or on est arrêté ici par une difficulté expérimentale,
car le muscle ne possède pas en tous ses points la môme excitabilité. Kî une (.1. P.,
1860, i77) avait vu que le muscle couturier de la grenouille, excité en différents points
par des secousses induites égales, ne donne pas des contractions égales; elles sont
d'autant plus faibles que le point excité est plus éloigné du hile par lequel arrive à ce
68
FATIGUE,
muscle son nerf rrioteur. Or, suivant la juste remarque de (Icr/en (Note stir rempohon-
uemeni par le cumic. Mennrdinire de^ Biolo<jbt€Sf juin 18D8), on ne peut attribuer cetli»
ilifîérence qu'au pïus ou moins grand nombre d'éléments non'eux que frappt^nt les
ï^êtooftses induites; celle propojlîoTmaliN^ entre le nombre de lUameuts exrités et
IVtiergie de la contraction montre nettement que les secousses induites n*agissent sur
la snbslance niusrulaire que par rinlermédinire des éléineuts neneux qu'elles excitent.
Ce s f ai Is on t «'' ( é c o n Ù rm es { i lus t a i d par Pou rz ek ,
J, ïoTc\ko a vu que le seuil de IVxcjlabililé du go si rocnémien présente aussi desdiffé*
renées notables en rapport aver le point exploré. Le nerf est^ dans tous les cas, beaucoup
plus excitable que h^ musrïc. Quant au muscle^ le point le plus rapproché du hile, celui
par lequel pendre îe nerf moteur, est le point le pîus excitable : de là rexcitabilité va
en diminuant à mesure qu'on se rapproche de la partie inférieure du muscle a^oisînaril
le tendon* Toutefois cette ilecroissance ne se fait pas d'une façon progressive : à partir
de hi portion moyenne du Tnuscle, rexcilabilité diminue brusquement. Ainsi, pour le
muscle ^asliocmîmien, comme pour te couturier, le seuil de l'excitaïiilité musculaire
locale s'élève avec le nombre de lilaments nerveux excités*
Donc à Tétat frais la contraction indirecte (excitation du neif) est toujours plus
intense que la contraction directe (excitation du muscle). Gril est reconnu que. tlaos U
mort (>ar anémie et dans des int^sicalions diverses^ l'excitabilité indirecte se perd tou-
jours avant Texcitabilité directe. Il est donc permis de parler de raclioii curari-
sante de l'anémie. Ce renversement des réactions lors de l'anémie a été probablement
le point de départ théorique de l'opinion qu'un phénomène semblable doit se pas«cr
dans la fati|ïue,
J, loTËYKO s'est assurée, en elTet^qufs dans la trè» grande majorité des cas, tant ponr
les ondes uniques que pour le courant tétanisanl, ht fatigue obfemte en excitant te nerf
a pour effet d\tbnfir Vexcitabilitè indirecte bien avant rercîtabilite directe. En régule géné-
rale, l'auteur n employé la méUuide suivante : rexarnen de l'excitabilité directe et
indirecte a été fait avant et après la fatigue au moyen de la même excitation d'essai.
La fatigue intercalée entre les deux excitations d'essai était déterminée avec des cou-
rants plus forts. — Mais il y a plus. Dans certaines expériences il a été possible de con-
stater que le nerf cesse de lépondre même avant tout début de fatigue directe; il arrive
même que le muscle excité directement, donne maintenant des contractions un pei
plus fortes qu'au début. D^ailleurs il s'en faut de beaucoup que ce résultat soit la règl^
dans tous les cas. Dans un grand nombre d'expériences, le renversement du rapport de
l'excitabilité directe et ïjidirecte ne s'est nullement produit. Ainsi la fatig-ue obtenue
par excitation directe du nerf peut donner lieu à trois catégories de résultats diffé*
rents : 1** dans la majorité des cas, la secousse indirecte disparaît avant la secousse
directe; 2*» dans certains cas, la secousse indirecte disparaît môme avant tout débat
de fatigue directe; 3** enfin, il arrive que le muscle a déjà cessé de répondre k Texci-
laliou directe, alors qu'il entre en contraction par excitation du nerf, ou bien, l'excita-
bilité directe disparaît en même temps que l'excitabilité indirecte.
Comment interpréter ces résultats, qui semblent donner raison à tous Les auteurs?
C'est que le procédé expérimental pèctie par sa base. Heîiïivg, 11eb¥a;<n, WEatco n'ont-ils-
pas montré que Tapplication de courants électriques, même faibles et de courte durée,
produisait souvent une altération locale du nerf, simulant l'eiistence de lu fatigue?
Dés lors, il devient impossible de comparer les effets de ranémie à ceux de la fatigue;
dans le premier cas, le courant électrique ne sert qu'à explorer J'élat physio^pathoto*
j^'ique du nerf» tandis que, dans le second cas, il sert à le produire. H a été cependant
impossible à J. Ioteïxo de localiser exactement Tal té ration du nerf; elle parait être
diffuse, probablement à cause de la longueur restreinte du nerf de grenouille.
A Tappui de cette interprétation, Tauteur cite les faits suivants (toutes réserves
laites sur la possibilité d'un certain degré de fatigue de la réceptivité du nerf, que nos
moyens techniques ne permettent souvent pas de dissocier de la conductibilité). Dans
certaines expériences, la contraction directe du muscle avait persisté dans toute son
intégrité après cessation complète du mouvement par excitation du nerf, et même on a
pu y observer un certain degré d'addition latente. t> qu'on appelle fatigue indirecte
n*c5t donc parfois accompagné d'aucune fatigue directe du muscle. En outre, le
FATIGUE.
fis*
mode de réparation va nous fournir un moyen de nous assurer si le nerf a ét«'
fatigué ou lésé* Dans les cas ci-dessus, où la coDlracLilité indirecte avait si brusf|uement
disparu sans entraîner aucuue modification dans rexcitabilité directe du muscle, la
réparation du nerf altéré (et non faligui^i a été ln>s lenlc à obtenir» et mémo elle a
fait quelquefois défaut Mais, dans les eipériences od la diminution d%3xcilabililé a été
la même pour le nerf que pour le muscle, la réparation a suivi un ordre inverse : elle a
"été bien plus prompte par excitation indirecte que par excitation directe* Cette répara^
tion plus prompte de ïa fali^ue indireclo que de la fatigue directe concorde avec tous
nos résultats; et on comprend qu*un léger retour de l'eicitabilité nerveuse devient
apparent quand nous excilot»s le nerf dénudé, et ne se n^anifesle pas encore quand nouï^
excitons ses termin*aisons à travers la substance musculaire* D'ailleurs Santes^sON avaii
trouvé que rexcilabilité indjrecte se perd avant TexcitabUité directe, uniquement dans !<'
cas de tétanisation du nerf, tandis que, lors des excitations par des ondes isolées, c'est
Pinverse qai se produit. Ce fait s'explique facilement par Tattération plus grande portée
au nerf par les courants tétanisants, sans qu*il soil nécessaire d'admettre, avec cet aiileur,
«[o'il existe pour les courants tétanisants une fati^abilité des terminaisons nerveuses
ntotrices différente de ce qu'elle est pour les ondes uniques.
Pour savoir si les courants appliquéi directement au nerf lèsent le tronc nerveux ou
fatigueiïlies terminaisons nerveuses, on peut disposer IVxpérience de manière à fatiguer
lu préparation sans que les électrodes touchent le nerf, et produire la fatigue de la pré-
paration en envoyant des excitations par la moelle épinîère ou par le nerf scialique du
•cMé opposé. Dans celte série d'expériences de J. Îoteyko, les résultats out toujours été
les mêmes. Ainsi, par exemple, dans la tl|?urc 2,lafatij?ue a été produite par la télanisaliou
del^ moelle, lirenouille 1res excitable, poids tenseur de 20 grammes, chronograplre mar-
|uantune vibration toutes les8 secondes. On lit de gauche à droite de la ligure : Ijexatnen
Je re.vcitabililé du muscle et do nerf {bobine 8, courant à peine perceplihie) ; le nerf est
excité à sa partie supérieure <n^), moyenne (n'^j et inférieure (n')* L'excitabilité inditecle
^nerfi est environ deux fois plus grande que l'excitabililé directe du mtiscle; 2) ou
télaniso la moelle douze fois avec le même courant, en introduisant les électrodes dans
le canal vertébral; 3) après 'relâchement complet, on explore de nouveau Texcitabililé
du'ecte et indirecte. Les deux modes d'excitabilité ont diminué par suite de la fati^'ue.
mais nous voyons de la façon la plus nette que non seulement U nij a rien qui rappelle M
çurarisiition, mais que, après fatigue, fL'Xcitabilité indirecte est ujainteuant trùm fois plus
grande que l'excitabililé directe du muscle. Le rapport aormal n'a donc été que renforcé.
Cette méthode a invariablement donné le même résulLut a toutes le^ phases ile la
fatigue. Lorsque h ftHigue a été obtenue par excitation <i<f ta moetk ou par exciiation du
nerf $ciatiquedu côté fjpposé {cest^à-dire san$ que tes électrodes touchent le nerfej-ptoré), te
rapport qui ejpiXaif antérieurement entre Vesccitabititè directe et l'excitabitiié indirecte se
mnindent et se renforce même. C'est Tinverse de l'nction curarisante* Connue, en réalité,
Jes excitations du muscle par le courant induit sont toujours indirectes |la substance
musculaire n'étant pas directement excitable par le courant induitj, même lorsque les
électrodes louchent le muscle, on comprend facilement pourquoi le rapport qui existait
primitivement entre roxcrtabilité directe et indirecte se maintient après la fatigue.
C'est que, dans Tun et l'autre cas (excitation du nerf ou excitation du muscle), nous
ti'avons excité directement que les éléments nerveux. — Quant au renforcement de ce
rapport comme elfet de la fatigue, nous le laisserons inexpliqué; mais il ne serait pas
impossible que le muscle qui a fourni un certain nombre de contractions ait perdu une
partie de ses propriétés conductrices pour rélectricité.
L'auteur a recouru, en ouire, à la tétanisation directe du muscles pour produire la
fatigue des terminaisons nerveuses san> p^^rter atteinte à Tintégrité du tjonc nerveux.
Ici non plus on n'observe jainais aucun i action curarisante. La frarure II est très
démonstrative à cet égard. Elle est composée de deux tracés; le Iracé supérieur se rap*
porte à la patte droite, et, quand l'expérience eut pris lin, l'excitation de la patte gauche
a fourni le tracé inférieur.
Nous croyons que ces faits sont sufOsammeot démonstratifs pour admettre que la
fatigue (et non l'altératiou du nerf) n'exerce pas d'action curarisante. Il est intéressant
ûe constater que les rapports ne sont même pas changés par l'anéniie. Ajoutons que
70
FATIGUE.
l'auteur a obtenu les mêmes résultats en fatiguant le nerf dénudé par l'action da champ
de force électrique d'une bobine, procédé qui était aussi destiné à fatiguer la préparation
névro-musculaire sans produire le contact des électrodes avec le tronc nerveux. Nous
sommes donc autorisés à formuler les deux conclusions suivantes : {•) Après la fatigue
produite par l'application directe des électrodes sur le tronc nerveux, ou peut observer
des effets assez différents dans ta diminution d'excitabilité; tantôt l'excitabilité indirecte
est égale à l'excitabilité directe (N = M), tantôt elle lui est supérieure (N > M). Mais il
est impossible de statuer sur les résultais de cette méthode; l'application directe des
électrodes sur le nerf entraîne son altération dans un grand nombre de cas; 2^) Lorsque
la fatigue a été produite sans que les électrodes toucheut le nerf, c'est-à-dire soit en
excitant le nerf par l'intermédiaire de la moelle ou du nerf sciatique du côté opposé.
Fio. 2. — (D'après J. Iotbyko) Fatigue produite par tétanisa tion directe de la moelle.
soit en excitant les terminaisons nerveuses à travers la substance musculaire, soit enfin
en produisant la fatigue par l'action du champ de force électrique, le résultat est inva-
riablement le même : le rapport primitif (qui existe à l'état frais) entre l'excitabilité
indirecte et directe, non seulement n'est pas renversé, mais il est même renforcé après la
fatigue. Si, par exemple, avant l'expérience, N = 2 M, après l'expérience nous aurons
M
N = 3 M, etc. Autrement dit, le quotient |^ étant égal à i/2 avant ta fatigue, deviendra
égal à i/3 après la fatigue. La fatigue a donc pour effet d'abaisser la valeur de ce
quotient. C'est tout le contraire de l'action curarisante.
Santesso.n (IS(01) est encore revenu sur ces questions sans connaître les travaux de
J. loTEYKO. Nous venons de voir que la variabilité des résultats (Sghenck) devait être
attribuée à la défectuosité de la méthode. La même objection peut être faite aux expé-
riences de Cusui.NG, qui observa qu'après une longue série d'excitations du nerf sciatique,
Tirritation du muscle pouvait encore provoquer des contractions.
Ces recherches de'J. Ioteyko montrent que les phénomènes de fatigue névro-muscu-
laire arrivent au bout du même temps soit qu'on excite le nerf ou soit qu'on excite
le muscle. Devons-nous en inférer que la substance musculaire est fatigable au même
titre (fue les terminaisons nerveuses motrices?
FATIGUE.
71
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FATIGUE.
Pour cela il nous faut trouver un mojeo absoliuneol »ûr rie melLn* directemetil
rexcilabttitè propre du muscle à l'épreuve. Or ]e muscle possc'de une irritiibiNl«& propre,
iodépeiKlaote des nerfâ qui s'y reodeoU Cependanl* aujourd'hui, f:omine aa iem|>* de
Halleu, on peut toujours objecter que tontes les i^ipéricoces portent sur des muscle*
qui renferment des racnificatioiis nerveuses u leur intérieur, et que ce sont elles qui sont
excitées par le stimulus; rirritalton ne parviendiuit donc ou muscle qnc par riut^rnic-
diiiiie du nerf, ainsi que cela se pajse dans le njouvfrmenl volontain'. En notre on peut
encore se demander si le tissu musculaire, dans le cas oi'i il serait directefnent exciLatle,
le serait pour tous les excitants. Considérons brièvement les procédés d'étiei^alicn
du muscle généralement employ<:»s, et cet examen permettra de reconnaître s'ils prêsenlenl
un degré suffisant de certitude : l*^l>i cumvisation^ À laquelle on a presque exclasivemeot
recours pour êncner un muscle, est loin d'étri' une métliode suflisante. Lf s physiolwgisle*
modernes oublient trop souvent que Taction du curare est o d*abolir Taction du nerf sur
le muscle »% suivant rexpression de Vitlpja^î, sans qu'on puisse rren préjug:f*r sur la loc«*
lîsatton de cette action. La paralysie exclusive des plaques motrices n'est qn'iioe interpré-
tation, qui, d'ailleurs, a vie fortement ébranlée par les travaux de ScMirr. Kûhne, Hi>ut-
iek; 2<* La même incertitude règne quant aux résultat* de la stttion et dègênért%cence
de» nerfs (Longet); on peut toujours objecter que des ramifications nerveuses ont pu
être préservées de la dégénérescence ; 3** U ij*y a qu'un seul fait qui prouve d'une façon
irréfutable l'irritabilité directe du muscle, dirons-nous avec les aut'^ni's rlasMiques
(HkhîiIa^n, II, 8;j et Physiofogie de Wr^uT. 374); c'est la pré*»ence de la cottiraction idio*
musculaire à la suite d'une excitation directe pnr un couraut continu, par tesactions^
chimiques ou mécaniques, et rauymentalion relative que subit cette cuiilracfîoii à la
suite de tous les agents qui diminuent ou annihilent l'excitabilité du nerf. Scuirr* qui
Viï découverte, lui adonné le nom de contraction viio-muscutaire, par opposil»*'-' -» !♦
contraction névro-muSTuiaire, qui, elle, est produite par l'inlermédiairedu nerf.
Pour énerver complètement un muscle, il faut recourir k ranélectrotoiii.-atiou.
EcRHARi» a montré qu'un courant de pile ascendant, suffiï^aminent fort, rend absolument
inexcitable toute la périphérie du nerf, y compris les dernières ramilicalions dans le
muscle. Or le muscle ainsi énervé par rinexcilabililé du nerf u*a pas perdu son excitabi*
lité. Mais, cbose remarquable, U muscle i^nervi^ ne réutjH pas au courant éiorinqnc induit,
It nr véagit qu'a tejtcitant galvanique^ mt^canique oucfumique, et uniquemcHt en donnant (a
eùntraction idio-muscutaire. Ces faits nous autorisent à conclure que, toutes les fois qoe
le courant faradique appliqué directement A la surface niuscutdire produira une contrac-
ture, cela voudra dire que les terminaisons nerveuses snnt encore excitables; on aura
alors la contraction névro-musculaire, tandis que, si les nerfs sont réellemeut inactiffr»
on aura la contraction idio-miisculâire. Découverte il y a plus de quarante ans par Scuiry,
elle n'est pas encore connue dp tous les physiologistes [Lehrtuch der Muskcl ttnd .»r»e-
pht/sioiogie, 1858, et Mémoire^ phtfsiototjiques, II, 1894). Klle se distingue de la contraction
ordinaire par sa durée beaucoup plus longue (rappelant les mouvements péristallîquifs).
Elle augmente d'intensité pendant te passage du courant continu. ¥Me apparaît pour tous
les excitants mécaniques, chiiriii]ues et galvaniques. Le courant induit ne la provoque
jamais. H existe aussi des coutiaction!> intenfièdiaîreu^ qui sont formées en partie de la
secousse névro-musculaiie et en partie de la secousse idio*musculaire. En excitant le
muscle avec le courant galvanique (qui agit sur réiémeiit nerveux aussi bien que sur
l*élêment musculairei, on observe tout d*abord une secousse brève, qui est la contrac-
tion névro -musculaire ; mais la branche doscendanle de la courbe n'afteîut pas la ligne
des abscisses, et elle est arrêtée dans sa descente par une seconde contraction beaucoup
plus Lente. C'est la contraction idio-musculaire, La contraction tonique de Wundt, le
raccourcissement i^NiIvanoLonique, ne sont autres que la contraction idio-musculaire.
SciiiFF a montré que toutes les influences qui alTaiblissent les nerfs favorisent Tappa-
ritioii de la contraction idio-musculaire. Ainsi se comportent les poi^ons, Pané mie el
l'épuiseuîenl. L'action paralysante de la fatij^ue sur te* nerfs moteurs n'avait donc pas
échappé cl l'observation de Schikp : toutefois il ne fait que la mentionner.
U faut di*îttnguer [»our le muscle trois pouvoirs fonctionnels : l'excitabilité, la con-
ductibilité et la contractilité. t^NCELMANN a donné le nom de tnthmotropei (seuil) aa&
influences modifiant rexcitabililé; Je nom de dromotropes à celles qui moilillant la cou-
.^^^m
FATIGUE.
73
duclibilllé, et celui de tnotropea à cellei» qui modiûent la conlracUllU'^ Or rîndépeinlatice
relaiivc du pouvoir conducteur a été le mieux t^udiée, et IVxislence de la conlraclion
idiomuseulaiie en est le meilleur exemple. Ainsi, par 5uile de l'arrêt de la circulation,
la coiidu' libîlité peut dci^cendre à téro dans les fibres musculaires, alors que raction
directe d'un excitant éveille encore des coiitraclions idio-mosculoireï* énergiques, qui
apparaissent comme une saillie au point excité, et n'ont aucune tendance à la propa-
gation. On peut donc dire que Tanemie exerce surtout une action dromotrope» et t|ue
les au l[T s pou voirai sont plus rt'sistantâ. Mais la contraction idiu-musculaire ne s'établit
pasd'emblèc; Tabseoce de propagation est précédée dans l'ani-mie par un ralentissement
croissant de Tonde musculaire. La contraction idio-musculaire typique n'apparaît qui*
progressivenienl. La contraction tonique constitue un état inlermùdiaire, ou déjà la
vitesse de Tonde fîst fortement ralentie, mais non encore complètement arrêtée. Et
il est bien Traiiemblable que le ralentissement croissant *U^ Tonde murculaire est en
relation avec la paralysie croissanle de Télémeol nerveux inlra-mu?culaire. Tout ce
raisonnement est basé sur des fails,etpeut être appliqué à la fatiyue, où nous retrouvons
les mAmes rapports.
C'est auï recher^tiei de J. Îoteyko que nous devons les faits relatifs à rénervation
du ittusck' pur ia fnt'miie. De ni^me qu'on a pu dissocier les propriétés physiologiques des
libres musculaires pâles d*avec celtes des fibres muges, en s'appuyanl sur leur iné^'ale
résistance à la fatigue et sur la forme de la contraiHion musculaire qui leur est propre,
ri a été possible à cet auteur de taire une disliitclion de m^nie ordre entre l'élément
nerveux inlra-musculaire et la libre striée. Fali^'Uun* une patte de grenouille jusqu'à
extinction complète de Texcitahilité mii*^culuire et nerveuse; nous n'obtenons ptus aucune
réponse à Texcitant faiadiqui% si nous l'appliquons au muscle ou si nous rappliquons au
nerf. Iteinplat ons à ce moment le courant induit par le courant continu, et appliquons
Je» électrodes directement h la sur Tact; du nnjscle. Si le courant galvanique est très fort
et la grenouille assez vigoureuse pour que Tépuisemenl ne soit pas pour elle le signal de
Ja morlt alors nous verrons apparaître des contractions idio-muscnluires en réponse h
Texcitalion galvanique. Elles auront tous les caractères que leur a assignés ScHirr, Les
contractions idio-musculaires peuvent donc être mi*ïes en évidence au moment on te^
Jcitnttuiison& nenemcs deviennent totalement inc.vcUfible$ par h fait de fa fatigue. C'est
à ce moment seulement que le muscle donne la conlraclion qui lui est propre quand
il, est directement excité, ce qui prouve que les contractions précédentes, oMennes par
l'action du courant faradique, étaient toutes névro-musculaires. Autrement dit» con-
Irairenient à Topinion de Cl. liBRNARt», le courant induit n*agit pas directement sur la
libre musculaire; mais, comme Taftirme Scuut, il n'agit fjue sur les nerfs, et, par leur
intermédiaire* sur te muscle, La preuve en est fournie par ces recherches ; un excitant
iippiopné peut mettre en évidence l'irritabilité propre de la fibre muscolaire» qui répond
encore par des contraction» idio-musculaires après que toute trace d'excitabilité ner-
veuse a disparu.
Ainsi donr nous pouvons conclure à une résistance plus grande à la fatigu*» de la
libre musculaire que des terminaisons nerveuses» mais en nous basant sur in pfr:iistanci:
de la cùfitractim idio-mmcatnirt\ alors que le muscle était devenu complètement énervé
par la lu ligue de rélément nerveux»
La fatigue obtenue par les excitations qui viennent par l'intermédiaire du nerf est
donc toujours d*originc nerveuse, parce que Taction cesse par suite de la paralysie des
^^lémenls nerveux intra-musculaires avant que la fibre musculaire soit épuisée. Il en est
de ïiiéme de Texcitant nalureli physiologique» qui, lui aussi, pénètre dans l'intimité du
muscle par l'inlermétliaire du nerf et éveille la contraction névro-musculaire,
La figure 4 montre la persistance de la contraction idio-rnusculaire après la fatigue
névro-musculaire (J, Ioteyko] . Grenouille très excitable, anémie totale (ca»ur enlevé)
depuis trois heures. Le nerf est très excitable sur tout son parcours. Pour montrer le
jaccourcissement gaïvanotonîque et sa transformation en contraction idio-musculaïre,
Teicitation de fatigue est produite dans cette expérience non par le courant induit,
mais par le courant galvanique. Les électrodes impolari^abtes de ii'Arsonval sont directe -
ment appliquées à la surface duf^astrocnémien,et amènent un courant de 2 miîliampères.
Le tracé est composé de deux parties (de f;aurhe h droite et de haut en bas) : ta première
FATIGUE,
3 £
m e,
^ a
partie représente 1* fa-
tigue uévro-inusculaire;
la seconde représeDte
les contracUoDS et U Ca
li>ue idio-muscolairc.
Dans la première partie
du tracé, nous voyotis
une série tle cou trac-
tions, la fermeture et
la rupture, se suivant
iï deux secondes d'in-
tervalle (couraot a.scen-
dajït). Mais le muscle
ne reste pas rt*IAché
daus les lotervaiïes des
excitations. Dès la pre-
ïuit^re contraction, le
nmsele accuse un cer-
laio degré de raccour-
cissement qa*ii conser-
vera ju^qu*à la On : c'est
le raccourciitsement gai-
vanotoniqiœ* Ainsi i'ap*
jilication du courant
gzdvaDÎque interrompu
(fermeture et ouverture)
a produit deux ordres
de phénomènes : !♦ une
série de contractions
brèves, qui apparaissait
à chaque feimeture et
ouverture et qui soat
lea couLractîons névro-
muncutaiveSt dues à Tei-
cilatioii du nerf par Je
courant galvanique; et
2* une contraction per-
manente, un certain
déféré de raccourcisse-
ment, qui dure saus
modillcations tant que
passe le courant, et qui
eal la contraclion idic*
mmcutaire,due àlexci-
tation directe de la fihre
muscultiire par le cou-
rant galvanique. Peu à
peu la fatigue fait son
œuvre [ii y a aussi un
certain degré de pola-
risation)* Remarquons
toutefois que la fatigue
n*a Irait qu'aux c on trac-
LioQs brèves ; elles des-
cendent à zéro ; mais la
fatigue n'afrecle nulle-
ment !e raccourcisse-
I
FATtCUE,
75
meut galvanotonique, qiii,auconlraire, augmente légèrement d'intensité avec les progrès
de la fatigue. Dans la deuxième partie du tracé, nous voyons la série des contraction»
idio-musculaires obtenues après la fatif;ue névro-musculaire. Dès que les contraction*
névro-miisculaircs de la première partie du tracé sont descenducî* à zéro, on ouvre le
courant,i:alvaniqiie pour une dizaine de secondes, et on voit le relacbefnent se faire peu à
peu. Pour avoir maintenant un tracé convenable de la forme de la contraction idio-niuscu-
laire, on augmente notablement la vitesse de la surface réceptrice; le cbronograptie
marque la seconde. On exrite le muscle par les courants ascendants et descendants;
rexcitalion est maintenue pendant tout le temps que dure la contraction. Nous obtenons
alors toute une série de contractions intermédiaireit, c'est-à-dire composées de lacontracLiou
névro-musculaire et de la contraction idio-rauscolaire. En effet Ja fatigue obtenue dans
la première partie du tracé n'était pas complète, le courant ascendant ayant produit
un certam degré de polarisalion. Maintenant nous utilisons le courant ascendant et des-
cendant (fermeture et ouverture], et la dépolarisation se fait en partie. Les contractions
les plus bautes sont duei? au courant descendant. On voit nettement que la contraction
idio-musculaire qu'on obtient maintenant (c'est-à-dire avec une vitesse plus grande du
cylindre K avec un déféré avancé de fatigue des terminaisons nerveuses) s'est faite aui
dépens du raccourcissement galvanotonique de fa première partie du Iracé. Chaque
contraction dure un temps très Inu;: (Jusqu'à seize secondes) et présente un plateau
caractéristique* La ligne d'ascension est composée de trois parties : [^ ascension brusque,
correspondant à la rupture ou à la clôture du courant continu^ vestige de la contraction
névro- musculaire (les dix secondes de retâchemenl ont amené une légère restauration
des terminaisons nerveuses); 2^ un arrêt» représenté sur la figure par un croche! (le
cylindre enregistreur continuant à marcher); cet arrêt dénote la fin du raccourcissement
névro -m usent aire et sa tendance k entrer dans la phase do relâchement; 3*> la phase
de relâchement est empéctiée par ta production de la contraction idio-muscuiairc; une
seconde ascension apparaît, beaucoup plus lente que la première; on voit bien qu'elle
augmente d'intensité pendant le passage du courant continu; au bout de trois à quatre
secondes, elle atteint sa hauteur maximale. A la phase d'ascension, composée de trois
parties, succède un petit piaieau, qui est le régime permanent de la contraction idio-
muscnlaire, et enfin non^ voyons la descente e.\trémenient longue de la contraction idîo-
musculaîre, descente qui dure six à sept secondes. Tels sont les caractères des
premières contractions intermédiaires. Mais peu à peu la fatigue des terminaisons
nerveuses devient de plus eu plus complète; Tascensiou brusque, qui correspondait à la
contraction névro-musculaire diminue de hauteur et même disparaît pour certaines con-
tractions. Il ne reste [troisième ligne de tracé) que la contraction idio-niusculaire pure,
qui est un soulèvement lent à chaque excitation. Mais elle aussi commence à décroître
et à s'anéantir, A la fatigue névro-musculaire succède donc la fatigue idio-musculaire;
à la perte d'excitabilité de rélément nerveux succède la perle d'excitabilité de la fibre
musculaire en tant qu élément aoatomique. Le muscle, c'est-à-dire l'organe composé
de terminaisons nerveuses et de libres musculaires^ est alors totalement épuisé. Épuisé,
mais pas mort» car^ déjà après plusieurs minutes de repos, nous assistons au retour de
rexcitabiliLé.
La résistance à la fatigue du tissu musculaire est donc surabondamment prouvée;
pour Taffirmer, nous nous basons sur deux faits expérimentaux :
1*" A un degré intermédiaire de la fatigue, la contraction idio-musculaire est plus
énergique (possède une amplitude plus grande) que la contraction nêvro-musculaire, ce
qui prouve que la perle d'excitabilité est plus accusée pour les lerniinaisons nerveuses que
pour le muscle; 2^} Un degré de fatigue extrême pour les terminaisons nerveuses n'est
qu'un degré moyen de fatigue pour la libre musculaire; après cessation complète de&
contractions névro*musculairès> nous obtenons encore une belle série de contractions
idio-musculdires. Ce n*est qu'après la disparition complète des contractions idio-muscu-
laires, que le muscïe en tant qu'organe est complètement épuisé. Le s^iége de la fatigue
périphérique est situé daftë les tcnninaisons nenfeuse^ intra-museulaires.
Il est intéressant de constater que la fatigue, qui n'exerce aucune espèce d'action
curarisante, exerce précisément l'action qu'on altribuait au curare : elle paralyse les
éléments nerveux â Tinté rieur du muscle. Ajoutons que, dans des expériences encore
n
FATIGUE.
inédite!*» J, Ioteyko put obtenir la conlraclion idio-musculairc sur un muscle fatigué
en employant les irritarUs chimiques (sel marin et acides faibles).
Ainsi donc, la faligue (comme i^anémie) exerce surtout une action dn>moirop< «ur le
muscle. Plus tard apparaît rartioii inotropeet liathmotrope.
Il est diffjrile de savoir si cette paralysie qui atteint l'élément terminal respecte
le tronc nerveux. Les expériences rapportées dans le cbapitre précédent permeltenl
cependant la canclusioii que le tronc nerveux ne participe pas à la fatigue périphérique*
En tout cas Tétude de la latifiue defs terminaisons nerveuses nousdêvoilo quelques faits
d'tHie physiologie du muscle toute nouvelle. Nous croyons, en effet, avec Herze?«, que U
physiologie du muscle basée sur la curarisation n'était que la physiologie des lermi*
naisoris uerveuses motrice!?. Celle du muscle est toute à faire.
Ce serait sortir du cadre de notre sujet que de chercher des preuves de l'inexcitâ-
bilité farad ique de l'élément musculaire dans les pbénomènes qui caractérisent la
rftactioû de dégénérescence d*Eaiï (DR). Nous nous contenterons de la signaler. U con-
vient aussi de mentionner que la présence de la contraction idio-musculaire a été con-
statée chez des personnes alTaiblies par une longue course, et, en général, après de grandes
fatigues physiques, par conséquent, quand les terminaisons nerveuses intra-muscolaires
étaient en partie paralysées. Ainsi Philippe Tissiè a pu provoquer par un choc léger ^
une saillie idio-musculaire très prononcée aux cuisses chez des coureurs professionoels
au moment où ils revenaient de la pisle» En pathologie, on l'observe dans tous les élnU
de dépression, et notamment chez les épiïeptiques h la suite des crises, dans la par**
lysie générale, d'alrophies musculaires. Elle est considérée comme une réaction de
débilité.
A la lumière des travaux de Schtfk; beaucoup de faits inexpliqués jusqu'à présent
deviennent intelligibles. Ainsi, tous les phénomènes qui canicléri*<ent la conirciction
ionique de Wcndt [Dauercontractionjs^&ppliqueni bien à la contraction idio-musculaire;
mais les auteurs n'avaient pas indiqué cetle analogie.
Ainsi BiEDKRMANN' montre dans son Éicctro-phtjsioh{/ic que Teffet de la fatigue est
d'anéantir tout d'abord la secouas*; de clôture du courant continu, et que la contraction
Ionique qui suit la cl<ature ne disparaît que pîus tard. L'accord qui existe entre les
observations de Bikciehmann et celles de J. Ioteyilo est donc complet, et il ii*y a qu'à
remplacer le nom de <f contraction tonique »> par celui de « contraction idio-musco-
laire n, Schence {Undrsuchunffen ûber die yaliir einiger Bauerconiractionen tien Mu^keh
A. g. P., 1895, Lxi» 498-535) ne partage pas tout à fait l'opinion de Biedehuanî* ; mais, eu
revanche, il reconnaît h la contraction Ionique d*aulres propriétés^ et ce sont précisément
celles qui caractérisent la contraction idio-musculaire (quoique ce nom naît pas été
prononcé par Scur.NCK). Eu premier lieu, cet auteur a confirmé les résultats de Kt:aNK el
de BERNi^TKiN, qui avaient vu la contraction tonique de NVunut se produire sous rinfluencc
des vapeurs d'ammoniaque sur un muscle fatigué (excitation chimique). En second lieu,
il a montré que la curarisation ne change rien aux phénomènes: la contraction tonique
apparaît dans un muscle curarisé, tout aussi bien que dans uu muscle non curarisé.
Troisièmement, elle ne possède aucun caractère tétanique. La force de raccourcisse-
ment développée dans la contraction tonique est bien inférieure à celle qui est mise eo
jeu dans le tétanos; ce qui signifie que, à des temps égaux, la première de ces contrac-
tions s'accompagne de transformations énergétiques moins considérables que la seconde.
La contraction tonique se distingue, en outre, par Tabseiice d'onde musculaire, ou
plutôt par Tabsencc de sa propagation. Pour qu'un notable raccourcissement se produise,
fait justement remarquer S<:iîENcii, il faut qu'un grand nombre d'éléments contractiles
entrent en mouvement simultanémenL Ainsi la force restreinte de raccourcissement de
la contraction tonique s'explique par l'absence de la propagation de Tonde musculaire-
t>ïi fîiits confirment en tous points les résultats précédemment acquis par Schiff rela-
rivement à la contraction idio-musculaire. Bien plus, Scbknck est tellement frappé par
la difl'érence qui existe entre la force de la contraction tétanique et la force de la con-
traetion Ionique, qu*il n'est pas éloigné d'admettre dans le muscle Teiistence de deux
espèces dt^léments contractiles. 11 écarte l'hypothèse de la présence dans la muscle
strié ordinaire de libres rouges et de fibres pâles; car il serait difficile d'expliquer
pourquoi l'ammoniaque, la vératiine^ te courant continu agiraient toujours sur l'un de
FATIGUE.
77
ves ^'lémenUp à Texclusion de i^aatr^^. Il serait plus simple d'admettre que les deux
esp*^ces d'él^Lirnenta couiracliles 5)? Iroiivenl dans le sarcoplasma, d*niie part, el dans los
tihrilles, de Tautre. Mais ici enrot^, les difficultés é'nua expltcaliou sattâfaiâaute parais-
sent trop norubreuses. Aussi Scuenck abaiidunue-t-il cette hypollièse, et propose-t-il
uiif explication basée sui' Inaction curari santé de la fatigue.
\h les physiolopîistes qui atlmetlejit que la fatigue exerce une action curarisarUe.
doivent préciser ce terme. Dans le langa;?e physiologique courant, la dénominatiiin
d'action curarisaiite s'applique à deux choses, dont l'une est un l'ail el la seconde une
interprètalioiu Le fait, c'est que» sous l*inlluenre du curare, les excitai ions du troue
nerveux ne sont plus aptes k éveiller la c tntraction musculaire, tandis que rexcitatioii
portée directement sur le muscle pjosoque une contraction musculaire, ifiii est la
conlracliou normale.
Llntcrprétation, c'est que le curare paralyse les plaques motrices (ou, d'une manière
plus générale, les dernières ramifications nerveusesi des nerfs. Or, sans entrer ici datii
l'analyse de toute» les ohjeclions qu'on a faites avec juste raison à cette interprétation,
nous ferons remarquer simplement que souvent il y a contradiction formelle entre le
fait et rinlerprélation. Sciienck est en opposition avec lui-même quand il soutient que
la fatigue exerce une action curarisante; que la diiférence de force entre la eonttaclion
tétanique et la contraction tonique peut tenir â une faligabiltté dilTérente du muscle
et du nerf; que la contraction tonique se produit tout aussi bien dans un muscle ciira-
lisé que dans un muscle normal; et qu'enfm (contrairement aux observations de Big-
DEBMANN), cô n'est pas toujours la contraction de clôture (contraction initiale) qui dispa-
rait avant la contraction tonique comme elîet de la fatigue.
Or voici l'eiplication qui» selon J, Ioteyko^ est la plus conforme aux faits : la fatigue
abolit, en premier lieu, t'excilabilité (y compris la conductibililé) de Félément nerveui
contenu dans le muscle. Le muscle fatigué est donc un muscle énervé. Mais la substance mus-
culaire est loin d'être épuisée après la cessation complète de l'action nerveuse. Elle a
conservé encore son excitabilité, seule sa conductibilité est perdue (action dromotrope
de la fatigue). Cest pourquoi par un excitant approprié ijui agit directement sur !a sub-
stance musculaire (courants galvaniques» excitants chimiques et méi*aniques), on peut
éveiller la contraclilité qui est propre au tissu musculaire quand il est directement
excité. C'est alors qu'apparaît dans toute sa netteté la contraction îdio-muscuiaire, dont
un des caraclcren est d'être localisée au point directement excité. Cela se comprend
aisément, attendu que l'élément nerveux intra-musculaire a perdu sa conductibilité par
fatigue.
De tout le chaînon moteur, le plus faligable est rélément terminal. Or la terminaison
motrice ne sert pas uniquement à provoquer la contraction en communiquant au muscle
son impulsion, niais elle subit le contre-coup immédiat de la contraction, U est bors de
doute que dans la fatigue l'élément nerveux sensitif el l'élément moteur infra-muscu-
laires sont tous les deux altérés par les décbets de la contraction musculaire. Il en
résulte de la douleur el de la paralysie motrice. Celte théorie repose sur un fait indis-
cutable, c'est la présence dans le muscle strié de deux éléments différemment fijlif^ables.
De nombreux faits permettent de supposer que la dilTérence physiologique a pour sub-
stratum anatomique la terminaisijn nerveuse el la fibre musculaire. Mais presque tous
les faits s*accorderaient lout aussi bien en attribuant une eicitahîlilé dilférente aux
fibrilles musculaires et au sarcoplasme. La contraclion névro-rausculaiie serait la
contraction des fibrilles, la contraction idio-musculaire serait l'équivalent de la con-
traction sarcoplasmaliquc. La question est à Tordre du jour depuis les recherches de
Botta zzr.
Quant au ùége des phénomènes inhtbitoires, Wëdensky le place dans la plaque,
motrice, le tronc nerveux étant résistant ausai bien à la fatigue qu'à Tinhibilion.
Sur un muscle curarisé, Wkdknskv n'a jamais observé des phénomènes d'arrôt en appli-
quant deux excitations simultanées au muscle. Kn expérimentant sur le muscle non
curarisé, il a constamment obtenu des phénomènes d'arrêt, comme il l'avait déjà con-
staté antérieurement sur le muscle pris avec son nerf. Ce sont les terminaisons nerveuses,
el non pas les libres musculaires, qui produisent de Tinhibition, quand des excitations
fréquentes et fortes sont portées sur l'appareil neuro-musculaire, conclut Wedenshv
78
FATIGUE,
L'aclton inhibitrice du nerf serait donc un vrai équivalent physiologique de l'empoiÂOU-
nement par le curare. L*autear base ses résultats sur la curarisaiioa ; or nous arons
développé plus haut les motifâ qui nous empêchent de considérer le mus'^le curaris*^'
comme élant mi muscle énervé^ et ïa persistance de la contraction iiévro-nTusculairc
nous est un indice de Tintégrité fonctionnelle des terminaisons nerveuses. Il serait inlé-
ressanl de 5*assiirer, par la méthode à laquelle nous areardons la préférence, si» A un
moment donné de rinhihitîon, le muscle ne perd pas la propriété de faurnir des coo-
tractionn névro-musculaires (courant galvanique) tout en conservant celle de donner
des contractions idio*muî*culaires. C'est alors seulement qu'on serait en droit d'affirmer
que les pliènomène'» inhihiloires ont leur siège dans rélf/rneul nerveux iiitra*n]usriilaire«
et non dans la fibre elle-même, comme cela se passe pour les phéou mènes de
fatigue.
BlbUoiTi^aphie, — AuELots. De$ rapports de la fatigue ave^ Uii fond ions des capMdet
$urrénal€s {A* de P., 1893, 720); Tvxicité du sang et des muschfi de$ tmimaux fatùjuéf^
(Ibid., 1894, 433); Contribution à Cétude de la fatigue [Ibid., 1893. 437). — Beilvstki.x.
IJeher die Brmûdung und Erholung der Nerten {A. g. P., x\, 1877, 28ft), — CusHiNO (H.)t
Diffe^renzê dcll irrifabilita dei neiri c dei mttseoH {Accad, di Lincei, x, i<M)l). — FÉaé (Ca.)
et PAPIN* iVo^e nur la contracHon idio-musculaire (J. A, P., IUOI). — Engblmann (Tu. W*)*
Helution entre Vejcâtabdité, la vonductibititt* et la contractUiie dca muaclcf {Arch, néerL deê
Sciences^ Extr.. 1901). — Iotkyko (J.). iïccA. pjik sur la fatigue Je$ organes ierrninntix
(iJ* B., 1899, 386); Htchtrcheit $ur la fatigue névro-muscutairc et sur V exci i ah ili té électrique
des muscUs et des nerfs [Annales de la Soc. Hoy, des aciencea médicales et uaturellei de
BruJ'rllesif 1000» et Travaux de V Institut Solvay, v); De la réaction motrice différentielle
d^^m^*cte$ et de» nerfi {Congrès d-e Phfi^iolotjie, Turin, f 001). — Roi^sbagu et Hartbncci,
Mmkelrermche an Warmblûtcr, Ermùdung und Erhohing des hbenden WarniblHtermuskels
\A. g. P.j 1877, xv). — Santrsson (C. G.I. Einige Benbachlungen iiber die Ermûdbarkcit
der motoriêcben Servcnendigungen und der Mus^kelsub^^tanz {Skand, Arch. f. Phj/a. v, IH93,
394-41)6); Nochmals itber die Ermùffbarkcii des Muêkeh und neiner motori^ehen Nervenendi-
jungen (Skand. Arch. f. Phys., xi, 333 et C, P., x\\ lOiM, n" 7). — Scriincic (F.). Kleinere
Notizcn lur nllgemeincn Mmhelphgsiohgie. Veher die Erttmdbarkeit des Muskels und veiner
Neneueîidurfjane, nach Versttchen doi D'G. Wuiff {A, g, P.. (900, lxxix, 333). — Sghiff (U,)
{Lehrbuch der Physiologie des Mtakel und Nerrensysitem, 18d8-1859) ; Mémoires^ 1891,
n, — TissiÉ (Ph.). L<i /"^ili^^ue et t'cntrainemcnt ;i%s»:(/«i?, Aloan, 1897. — Wallkr (à.).
Uepori on expérimenta and observations relating îo the process of fatigue and Recovery
(The British mcd. Journal, lH8a, (2, 135-118; et 1886, (2). 101-103); The sensé of
Effort : an objective $tudy (Brnin, 1891, xiv, 179-2V9 et 433-436). — Wede.nsky (S,].
Dan» qœlle partie de t appareil neuro-mu^scu la ire se produit rinhibition? iC, fh, (801.
113,805.)
I
CHAPITRE ni
La Fatigue musculaire
Ainsi la fibre musculaire est en quelque sorte réfraclaire à Taclion de la fatigue:
car le mouvement cosse bien avant c|ue la paralysie de la substcince musculaire soit com-
pltHe, et la fatigue musculaire est U fatigue de l'élément nerveux terminal. Le litre df
f*«ligU4^ musculaire n'est Jonc pas tout à fait exact, mais» l'accord une fois établi sur la
signitication île ce tei m^*» nous |)Duvons faccepter sans nous exposer à des maleut<.MJ(lus.
En effet» mnis pouvons étudier la fatigue du muscle en tant qu'organe sans nous préoc-
cuper de son innervcilion. Le muscle étant Torgane du mouvement, son incapacité fonc-
tionnelle peut à juste titre conserver le nom de fatigue musculaire.
Nous ne nous occufterons pas non plus dans ce cha[»itre de finnervalion centrale du
muscle; la fatigue dii muscle sera traitée sans tenir compte de laction des centres
jj«M'veu\.
FATIGUE.
T9
r. PHYSIOLOGIE ET PHYSIQUE ÛÉNÉBÀLES DU MUSCLE FATIGUÉ
§1. L«i offati de U fatigue sur la consittance, la cohéaion et la loDicité musculaire. —
pour étudier les phénomènes de la fatigue musculaire, il importe de conrialtre quelles
modillcaliorxs elle apporte aux propriétés du fissu musculaire, eu un mol. ce qui diffé-
rencie un muscle normal d'un muscle fatigué. Nous ne maintiendrons pas ta division
classique des propriétés du muscle en physique» et physiologiques, car telle propriété,
considérée naguère comme physique, rentre aujourd'hui dans le cadre des propriélés
physiologiques.
t. Comiitance, — La consistance du muscle varie suivant son état de repos ou d*acti-
rite. Le muscle fatigué est relAché. En outre, J. loTKVxoa observé (eipériences inédites)
que le muscle tétanisé (cliien) était doué d'une grande fri4ibilité: ainsi la résistance à
vaincre pour hacher le même poids de musote normal est phïs grande que celle qull
faut déployer pour hacher un muscle télanis<>. toutes autres conditions étant égales,
2, Cohésion* — La cohésion du lissu musrulaire est assez faible; la libre musculaire
se laisse rompre assez facile ment. La cohésion du tissu musculaire est mise en jeu
physiologiquement de deux façons^ par la traction et par la pression* D*aprés Weber,
1 centimètre carré de muscle peu! supporter en poids de i kilogramme sans se rompre.
Or la perte de rirritahilité musculaire s'accompagne d*une diminution de cohésion. La
fatigue dîmîutie la cohésion du tissu musculaire. On excite l'une des deux cuisses d'une
grenouille jusqu'à la fatigue, puis on attache aux deux pattes des poids jusqu'à la rup-
ture des muscles de la cuisse; la rupture arrive plus vite pour la cuisse fatiguée que pour
l'autre (Liégeois).
3. Tonicité* — On admet généralement que la tonicité musculaire (tonus musculaire)
n'est qu'une forme spéciale de Télasticilé musculaire. Sur le vivant, les muscles sont
tendus, c'est-à-dire tirés à leurs deux extrémités. Les n^/texes tendineux exigent pour se
produire un certain degré de lensïon musculaire. C'est à ce litre que nous nous en occu-
pons dans ce chapitre, sans rien préjuger de leur origine centrale. Sterxberg avait
déjà remarqué en 1885 qu'après une marche faliganlc les réîlexes patellaires étaient
sensiblement exagérés. Ce phénomène n'avait pas encore été signalé, sauf par Westph.vl
{Arch.'f, Psych. und N^rvetthrank,^ v), qui rapporte une observation assez analogue. Pour
élucider si raugmentation des réflexes était due à la fatigue du quadriceps ou à ta
fatigue générale, Stewnderg institua de nombreuses expériences, Lorsqu*on fatigue Tarti-
cuîation du genou en se tenant sur un pied et en fléchissant autant que possibli^ le
genou correspondant, on n'observe pas d'exagération des réllèxes. Pour v*'ritier l'autre
hypothèse, il fallait fatiguer tout un groupe musculaire. On s'aperçoit alors que
le réflexe patellaire s*eiagère. L*auleur arrive à celte condusîon que rexagératiôn des
réflexes est sows la dépendance de hi futitjue générale. Cela concorde avec la remarque de
StbCmpell, que, dans certaines maladies, comme la phtisie et la flèvre typhoïde, les
réflexes sont augmentés. L*augmentation s'observe également dans la neurasthénie.
Steilnberg fa constaté au début de lièvres graves, lorsque les malades ne se plaignaient
que d'un profond abattement.
Il semble donc acquis que la fatigue générale exagère les réflexes tendineux. D'après
Steilsiïrrg, ce phénomène pourrait être expliqué par la diminution ou la disparition de
l'inhibition cérébrale, disparition consécutive à ta faligue. En faveur de cette opinion,
SîtJïNeKRG Cite Tobservalion de JE>oHASsiK,que l'inatteuliou exagère le réflexe patellaireK
§ 2. Les effets de la fatigue sur Félasticité musculaire. — Les premières recherches
faites dans cette direction sont dues à Ed. Woeb (IHitiJ, qui a ouvert une voie d^invesli-
gations nouvelles* Les observations de WiiHER sont encore exactes auJourd*bui. Seule-
ment on admet que tout ce que Weueb a vu se rapporte au muscle fatigué et non au
muscle en activité. D'ailleurs Wêueb lui-même a reconnu que tous les phénomèues
décrits par lui se présentaient avec plus de netteté dan> un muscle fatigué; il n*a pas
toutefois tenu assez compte de la fatigue. Or, comme les phénomènes de fiitigue
sont rinverse de ceux qui se produisent à Tétat d'activité, il en résulte que les conclu-
sions de Wkber sont souvent fausses, quoique ses observations soient justes. Les raodî-
m
FATIGUE.
(icalions dVlastlcité ddm un muscle en état de coîitraction sont exactemeot opposées
à celles que Wkuer avait constalées; car ses observations ne sont applicables qu'au
masrle fatigué,
Ei>. Wehka a constaté i\ak Télat d*activité ou de contracUon le roefricient d'étaslidt4
du muscle diminue, c'est*î\-dire que le mnsde est moins élastique, plus extansiblt*. lu
muscla moins élastique, plus extensible, s>? laisse distendre par un poids relativemeni
faible. C'est ce que Wcbeh a vu en tétanisant le muscle hyoglosse de grenouille charj^ii
de différents poids, et en comparant le degré de raccourcissement avec les allongements
déterminés par les mômes poids sur ces mômes muscles aui repos. H a observé que te
musde en activité était plus fortement allongé par le môme poids que le muscle inactif.
Le fait est d*aut4int plus surprenant que le muscle devient plus court et plus épais p<îo-
dant la contraction^ et que par conséquent il devrait Ôlrc moins long. Celte augnnenia-
lion d*exlen9ibilité du muscle est telle quVm muscle el^ai^»' d'un poids considérable peut
môme s'allonger au lieu de se raccourcir au moment de l'excitation; ce qui tient h ce que
le raccourcissemtvnl dû à la contraction n*a pas été suffisant pour compenser rallooge-
ment dû à ta diminution d'élasticité. Webkw envisagea ces modilications de IV-lasticilé
comme des phénomènes dépendant de l'étal d'activité musculaire, et identifia la force
élastique avec la force de la contraction.
Ces observations de WEUEft sont atisolument exactes; mais pour que les expériences
réussissent, il faut que le muscle soit déjà falipié. On sait aujourd'hui d'une façon très J
précise que la fatij^ue rendis muscle plus extensible; la mcme charge, qui l'allongeail'
faiblement au début d'une expérience, l'allonge beaucoup plus vers la fm. D'après Wede»
d'ailleurs, la diminution de l'élasticité ne fait que s*acc6ntuer avec les progrès de la
fatigue. L* activité musculaire, dit Webeh, n'est pas une manifestation, mais une causer
dont la manifestation extérieure est te raccourcissement musculaire. Quand la contrac-
tion est empêcîiée. c'est qu'il y a tension. Le raccourcissement et la tension sont des
manifestations de l'activité musculaire. La diminution de force qu'on observe pendant
la fatigue dépend non seulement de la dinjinutîon de la hauteur de la contraction, maif J
aussi, et surtout, de la diminution d'élasticité du muscle fatigué. L'activité du muscle ne
repnse pas uniquemenl sur une modification de sa forme, mais aussi sur une modili-
cation de son élasticité qui subit une diminution. La diminution de rélaslicité muscu-
laire, consécutive à son activité, a pour etfet de diminuer notablement la puissance
musculaire. L'élasticité du muscle actif est très variable; elle subit une diminution
constante avec les progrès de la fatigue, et ctte est ta caui>c di\i phénomènes de fatigue fnws-
ctthnre cl de la diminution de force qui accompagne la fatigue* L'élasticité du muscle
mort est moins parfmle que celle du muscle vivant, c'est-A-dire que le mosele mort,
quand il est étiré, ne revient plus à sa longueur primitive, et se déchire plus facile-
ment. L'éla>îtcité du muscle mort est aussi pias farte que celle du muscle vivant; car il
faut une charjL;'^ plus forte pour l'allonger. Les phénomènes de fatigue du muscle sont
donc tout à fait différents des phénomènes de la mort du muscle. Sous l'inlluence de la
fatigue il y a allongement de ta secousse du muscle à la période de relâchement : c'est
un des caractères fes plus constants du muscle fatigué. Or le relicheraent du muscle
est déterminé par la force élastique qui permet au muscle de revenir à sa longueur pri-
mitive* l*ar conséquent, dans le muscle fatigué, qui se contracte plus faiblement, f élas-
ticité de retour est plus faible et plus imparfaite. De même, dans le tétanos, dès que la
fatigue îipparaît, la courbe du tétanos est descendante, parce que le muscle est devenu
plus faiblement élastique, M.\rey a démontré que Teffet de rélaslicité musculaire est de
diminuer la brusquerie du mouvement, ainsi que d'en prolonger la durée» même après
la disparition de l'onde qui Ta produil.
Les travaux de Weber sur l'élasticité musculaire ont donné lieu à de nombreuses
controverses* Il ne nous appartient pas de les exposer ici en détail, iMais la question paraît
être aujourd'hui éciaircie : tous les résultats acquis par Weber doivent être rapportés au
muscle fatigué. U y a un paratlélisme complet entre les forces contractiles et les forces
élastiques du mu scie. Quand l'activité est complète, il y a un renfojcemcnt de la con-
IracUlité, aussi bien que de Télasticité, et quand, pour une raison quelconque (fatigue,
froid, etc.), la puissance musculaire est a(Taiblie, il y a diminution adéquate des forces
contractiles et dns forces élastiqu^^s. — En réalité, quoique WEBKn ait soutenu que l'élas-
FATIGUE.
81
Ucité dtmiDtie pendant Taclmlép it n'en a pas moins proclamé l'identité des forces de
conlraclion et d'élasticité. Depuis ses travaux et ceux de Si:HWAN\' (qui le premier for-
niula Topinion que la contraction ilumoscle n'a d'autre elTet que de donner à cet organe
ane élasticité nouvelle en vertu de laquelle te mouvement est imprimé aux leviers
osseux)» Tèla.'^iicité musculaire a pris plaee h cdté de la contractilité comme étant une
des fond a mentales proprîélés du muscle, et on voit se destiner nettement la tendance
des physiologistes modernes à admettre, avec CHACVEAU^que le muscle qui se contracte ne
fait que prendre une force élastique nouvelle.
Les conclusions de Weber furent d'abord combattues par Volkmann, qui, au lieu de
faire porter au muscle un certain poids peitdanl toute la durée de la contraction, ne le
lui appliqua que pendant son dernier stade; le raccourrissement était alors bien plus
grand, parre que la fatigue était moindre. Toutefois tes résultats de Volkuann ne sont
pas enliéremenl comparables à ceux de VYeber» car il ne s*est pas servi de courants
tétanisants, mais d'excitations isolées. Volema^în croyait aroir complètement éliminé
I action de la fatigue dans ses expériences.
WpNOT est arrivé aussi à des résultats contraires à ceux de Webeb. D'après lui» la
diminution de rêlaslicité pendant la contraction est due non à ractivité musculaire^ mais
au racourcissement, Si, en effet, on empêche le muscle de se raccourcir en le sur-
chargeant, le muscle ne s'allonge pais au moment où on l'excite, ce qui devrait arriver
si c'était la contraclionratime qui était la eause de la diminution de rélaslicittV. DoNaERsel
Ma^tsvelt, dans leurs expériences sur le biceps et le brachial antérieur de l'homme sont
aussi en opposition avec la théorie de Wkbeh. Ils sont arrivés aux conclusions suivantes :
1** L'allongement du muscle est ilans certaines limites proportionnel aux poids -/l" Le coef-
Ticient d'élasticité est à peu prés le même aux dîlTérents degrés de la conlraclion; 2° La
fatigue du muscle diminue le coefficient de son élasticité (c'est-à-dire augmente son
extensibilité). L'augmentation d'extensibilité du muscle fatigué est prouvée par l'eipè'
rieuce suivante : Lorsqu'un poids est tenu par le bras à une certaine hauteur,
alors, au moment de l'allégement brusque, le bras se détend en sens opposé, et avec
une rapidité d'autant plus grande que le tétanos a duré plus longtemps. Les auteurs eo
conclurent que le de^ré de la contraction nécessaire pour soutenir la charge constante
a dit augmenter, ou, ce qui revient au même, que la fatigue a rendu le muscle plus
extensible.
D'après KaoEfECKERfl' élasticité du muscle fatigué serait la même que celte du muficle
en activité. En excitant le muscle à des intervalles égaux (2-12 secondes) au moyen
d'un appareil automatique, on obtient une série de lignes verticales dont la hauteur
mesure rexcitabilité du muscle à chaque instant de l'expérience. Sous l'inlluence de la
fatigue, les lignes verticales décroissent progressivement et descendent à zéro. En joi-
gnant par une ligne les extrémités supérieures des lignes vertictiles équidistantes, on
obtient Oi courtte de ta fatigue du muscle. Cette cuurbe, d'après Kbonecker, est une ligne
droite. La ligne droite ne s'obtient que dans certaines conditions : il ne faut pas que le
poids soit très lourd (le triceps fémoral de la grenouille ne doit pas travailler avec une
charge qui dépasse le poids total de l'animal).
Si, au lieu de ne faire soulever le poids parle muscle qu'au moment de sa contraction
(travail en surcharge), on charge le muscle d*un poids avant sa contraction, de façon
qu'il subisse uu allongement avant la contraction (Iravail eu charge), la courbe de fatigue
est toujours une ligne droite» mais seulement jusqu'au point ou elle coupe la ligne des
abscisses tracée par le muscle inactif uon chargé de poids, et, à partir de ce point, la
courbe de la fatigue se rapproche d'une hyperbole, dotit une asymptote est l'abscisse du
muscle inactif el chargé. L'hype rtiole sVxplique facilement si Ton admet que l'élasticité
du muscle ne subit aucune modification sous rinlluence de la fatigue. Celte partie des
conclusions de Kro.necxer a été fortement combattue par Heruann. Diaprés lui, le muscle
surchargé ne décrit que la partie supérieure du soulèvement que décrirait le muscle s'il
Iravaillail en charge; la partie du soulèvement située au-dessous de l'atiscisse naturelle
manque; si l'on prend en considération ces différences, alors on voit que la courbe de la
fatigue du muscle travaillant en surcharge est identique à celle que décrit le muscle tra-
vaillant en charge jusqu'à l'abscisse naturelle. Dans les expériences où le muscle travaille
en charge, on poursuit la courbe de la fatigue encore plus loiu^ et elle descend au-des *
©ICT. DE PUYSIOI.OOIE. — TOMK VI.
■ il. w mmm
^2
FATtGUE-
ous de cette abscisse jusqu'à épuiseraenl complet du muscle, La fin de la eourbe de U
fatigue en surcharge ne se confond nullement avec l'épuisement complet du inascle; le
mascle est enc4}re en état de développer des forces contractiles, mais elles sonl plus
petiles que la surchar/çe. La Un de la courbe de la fatigue eu charge est par contre iden-
tiijue à repui-sement complet (Mermann). Eu(in, Hkiisia^n trouve que la décroissance 4e
la courbe de la fatigue est sous la dépendance de facteurs trop nombreux pour qu^on
puisse admettre qu*ils ont tous une décroissance recliligne*
Actuellement, presque tous les physiologistes reconnaissent que le fnuêcle fatigut
devient pins fmblemcnt et moins parfaitement ^Imtique. Parmi les expérimentateur!
modernes^ mentionnons Bouhet (iSSO), qui, eu un beau travail accompli dans l<
laboratoire de Marey, a beaucoup contribué à élucider définitivement cette question
si conlroversée. La conclusion g-énérale est quun muscle qui vient d'être exciU
prend une force élastique nouvelle, plus grande que celle qu'il avait avant rexcitition.
La fatigue exerce des elTets exactement opposés. Voici l'énoncé de ses conclusions :
l" L'elTet de plusieurs excitations se sucrédanl k intervalles d'une seconde est «a acoTois-
sement de la force élastique du muscle, et la limite de cet accrois^sement correspond
au maximum de raccourcissement du muscle; le même accroissement se constate
pour une excitation unique; 2'^ Le tétanos communique an mu^^cle une force élastique
nouvelle, plus grande que celle qu^il avait au repos, et cetîe augmentation d*èla^ticiîé
est en raison directe de Tintensité du courant tétanisant; 3^* Le muscle fatigué devient
plus faiblemeni et moins parfaitement élastique (la fatigue rend le niuscle plus exten-
sible).
BouDET a recherché, en outre, le moment exact auquel la fatigue commence k montrer
^es elfets sur rélasticité musculaire. Ce moment varie évidemment avec le nombre el
rintensité des excitations que Ton fait subir au muscle. Mais, pour un cas donné, il
est facile de préciser le nombre des excitations nécessaires pour modifier l'élasticité ûu
muscle. Lue série d'excitalions produit sur un nuiscle faiblement ou nullement char|è
des raccourcissements toujours croissants, jusqu'au moment où le maximum d'élai-
ticité est atteint. Si Ton continue Texcitationje raccourcissement se uiaintient au même
degré pendant un certain temps, jïuis il diminue peu à peu à mesure que la fatigua
augmente. Or ralTaiblissement de Télasticité commence précisément à se montrer au
moment même où le raccourcissement éprouve sa première diminution. LTne charge
appliquée au muscle à ce moment produit un allongement un peu plus jE^rand que ral-
longement provoqué par la même charge avant l'ex^ilalion. A mesure que le raccoor-
cissemenl va en diminuant, on trouve unt; aui^ni enta lion correspondante de Textensibi*
Ijté qui traduit ainsi les effets proju'ressifâ de la fatigue.
Ces phénomènes ne sont bien marqués que si l'on emploie des charges un peu fortes
(20 et 30 gr.), car les 10 ou V2 premiers grammes sont surtout utilisés pour faire dispa-
raître le raccourcissement. Mais, dés la seconde charge de 10 grammes, les allongements
partiels deviennent plus considérables qu<* ceux du muscle au repos, et rallongement
total est lui-m^me un peu plus grand. Par conséquent, fa fatigue diminue la force clai-
tique du mmctt\ et îe début de cette tlhnîmition eut indiqué prir la diminution du raccour^
cissemenl quarfiit provoqw^ l'excUation êieelrique.
En comparant les raodincations de la contracUlité musculaire sous Finfluence de
certains agents avec les modifications de Télasticité, produite par ces mêmes agents,
ïloraKT a vu qu'il existe entre elles un rapport constant. Toute cause qui augmente la
contractilité rend le muscle plus fortement élastique, ou bien, toutes les fois que \%\
muscle devient plus fortement et plus parfaitement élastique, la contractilité est aug-
mentée.
Voir fe tableau, p. 8:^, où sonl comparées les modifications de rélasticité, de la con-
tractilité et de hi période latente (d'après Bocobt).
Dans deux cas seulemcnl, lors du dessèchement et de Tanémie produite par la liga-
ture des vaisseaux, ce rapport paraît renversé» mais Boddet invoque dans ces deux cir-
constances Tinterférence d'autres agents modificateurs.
L'inspection de ce tableau vient donner une nouvelle preuve de Tidentité des forces
de contraction et dïdaslicité. Les varialtons de Télasticilé et de la coulractilité sont tou-
jours de même sens.
FATIGUE.
83
I
I
\oKsrs MuruPieA'nviui.
ÉLASTTcrrft.
rOÎTÏTlACTlLlTKr
TEMPS inOIDIf.
T.n,p.r.,urc. | «^l;,^'- ; ; ;
Dessèchement. . .
Circulation (anémie)
Excitation électrique.
Section ancienne du nerf, ....
Section récente du oerf
Fatigue.
Plus 1 .
Plus J
Plus iDiMe, 3ii.iin'^ |i-"irLiUi'.
Plus forte? Moins parfaite.
Plus forte. Plu5 parfaite.
Plus faible. Moin» parfaite.
Plus forte. Plus parfaite.
Plus faible. Moin* parfaite.
Plus forte. Plus parfaite.
Pluâ faible. Moins parfaite.
\ ugmentee.
. Mininuée.
Diminuée.
Diminuée ?
Aupmcntée.
Di mi nuée.
Augmentée.
Diminuée.
Augmcnléc*
Diminuée.
Diminué.
Diminué.
Augmenté.
Diminué.
Augmente.
„ - Vtrattiue
P"»""'- Carar.
.Vous voyons ainsi rétasticité acquérir une importance grandissante dans la fonction
du <nu5ck. Anjourdliui elle est consid<5rée comme étant Tei^seiice même de r(*i:tîvité
muîiculaire. D*après la théorie de CeAUVE.4u, le travail intérieur du muscle (travail phy-
siolof^ique)* c'est la création de rélasticité parfaite et forte que i*organe acquiert tout à
coup quand il se met en élat d*activité fonctionnelle. Cette éïaslieiti' est mesurable en
kilogrammes comme force, tandis que les travaux intérieurs et extérieurs qui en sont
rorigine et la fin se mesurent en calories (dégagement de chaleur) et eu kilo^'ram-
mètres (travail mécanique). Dans le cycle des transformations énergétiques du muscle,
la chaleur dégagée et le travail utile ne sont que les termes ultimes de la transformation
de réner^ie alimentaire ou polentietle; le terme intermédiaire est constitué par le
travail physiologique. La théorie de Ciiauve.\l:, c'est que» dans la création de force
tngendrée par la contraction, le travail physiologique des muscles consomme d'emblée
toute rénergie chimique dépensée dans la conlractiou, L*équalion est :
Énergie = Travail physiologique + Chaleur.
Le travail physiologique, c'est le travail intérieur envisagé en dehors de ses manifes-
tations sensibles et utiles. C*est le travail intérieur du muscle qui se contracte» c'est
Fétat d*un nerf qui transmet une exdtatiou, c'est TelTort silencieu.\ de répithélium qui
sécrète (Chaive.\li), Les trois termes de Ténergétique musculaire obéissent aux mêmes
lois. La dépense chimique, le travail physiologique et la production de chaleur varient
proportionnellement k la charrie soutenue par les muscles et au raccourcissement subi
par ces organes. Us sont donc proportionnels à rélasticité de contraction, Toule
l'énergie potentielle se convertit en travail physiologique avant d'être rejetée à l'exté-
rieur à l'état de chaleur. Il eu résulte que te travail physiolo^iique des muscles trouve
son équivalence dans la chaleur qui termine le cycle. ISous étudierons plus loin les rap-
ports entre la fatigue, l'élaslicité et la production de chaleur, en nous basant sur les
expériences de CnAt:vK.\Ej,
Mos.so a utilisé Tergographe pour étudier les changements d'élasticité du muscle par
effet de la fatigue. Il a trouvé tantôt une augmentation,' tantôt une diminution.
Bibliographie. — Boudkt de Paris, lie Velasticite muMutaire, Paris, 1880. E/fets du
curare^ de Itt chaleur et de la section des nerfit moteurs sw VexcUabilUe et l' élasticité mmcu*
laire {Trav. dutab. de Markv, 1878, iv, 1^4). — Chauveau (.4.). Les lois de l'éctuiuffement
produit par la contruction musculaire^ d*aprè& les expériences sur les muscles isolés {A* de P.,
1891, 20-40). — Emo (P.). Beitrag zur Lehre von der Muskctcontraction [A. P., i880, m-
ill). — Ficit. Beitrâge zur va*gleichenden Physiologie der irritabten Substnnzen, Brauns-
chweig, 1863, î*3. — Hërmann [H. iL, 1871», i, i, 118). — Jendhassik \beutsch. Arch. f.
klm* ifed., xxiin» i7), — Kronecker (U.). Ueber die Ermûdunif und Erhohmg der t^uer-
gcstreiften MuskelnfArbeitm aus der phf^sioL Anstalt tu Leipzig, 1871, vi, 177); {Monalsbcr.
d. Berliner AauL, 1870, 629); (Ber. d. sàchs. Acad,, 1871, OUO). — Makev. Du mouvcmeni
dam les fonctions de la rie, Paris, 1868. — Van Mansvelf Hier de etasticiUit der Spiren
{bissert., Clrechl, 1863). — Mo^^so (A.). Les lois de la fatitjue étudiéeg dans tes mmcles de
l'homfne (A. i, B., 1800» xni, 125),-- Sternuerg, Sehnenreflexe bei Ermûdung (C. P., 1887*
M
FATIGUE,
1888, i). — Strïmpell {DeuL ArcL f. kiîn. Mcd„ xiiv, i88). — Weobnsky* VélasticiU4u
nutscledimînue-t'el le pendant ta contraciiûn? (C. n,,cx\n, 1893, 181,) — Webem (ED.)-^'«»cir
Musketbcweffung {Wagner's Handwôrterhueh der Phtpiologie, Braunschwei«, 1846, ui, ul
La bibriO'jrnphie de la discussion entre Webeh et VoLimANN au sujet de l'élasticité mm-
cuiairc se trouve dans MEriMANX (//. //., i, K* partie, 72).
ii 3. Modification» des caractères de la contraction sous Tinfluence do la fatigue lEtndt
graphique de îa fatigue muaculaire). — Secousse isolée. — L'allongement de la secoutîe
jausculûire sous l'intluence de la fatigue a été observé pour la première fois par HiU'
HOLTZ (1830)» peu de temps après la construction du myograplie. Pendant les prenaièrti
contractions obtenue** par l'excitant galvanique, la durée de la secousse subît même une
diminulioQ» diaprés HKLiiooLTZ, et ce n'est que pUis tard qu'on observe rallongement de
la secousse en nn^me temps «|u'utie diminution de hauteur. Ces deux modifications, altn-
buables à la fatigue, dt'butcraieut donc àimultanénieul. Le fait essentiel^ c'est-à-dire
ratig-menlation de duj ée de la secousse comme effet de la fatigue^ a été vérifié et confirme
depuis par urj grand iiorubre d'auteurs.
On admet que la fatigue se comporte comme le froid el comme certaines intoxica-
tions; son effet est d'allonger îa secousse en une contraction durable^ qui possède de
nombreux points de ressemblance avec la contractiou idio-musrulaire et dont la cau«c,
ainsi que Fick et Ri>Hn l'ont montri', siège dans le muscle même et non dans Je nerf
(HEiiîïANN, Lt^hfbuch, d. exper, Toxicotogif, 346, 351, 360, Berlin, 1874). Par un dispositif
spécial, WuNDT (1858) laissa les fermetures du courant se faire d'une façon aulonialique
aussi souvent que le muscle était revenu à sa longueur primitive; il put s'assurer que
les contractions devenaient de plus en plus rares sous riniluence de la fatigue. Marei
(i866) reconnut que, sous l'influence de la fatigue : i" la dtirt^e de la secousse s'accroît;
2" son amplitude diminue. Les graphiques obtenus soiit les mômes, quand on excite sottie
muscle, soit le neiL Les mêmes faits ont été observés par Harless (1861), Funre (1874),
VOLKJIANN (1870).
VoLKMA>N (1870), â qui on doit une élude approfondie de la question, a trouvé que !t
diminution d^irritabilité musculaire conséi-ulive à la fatigue se traduit par une awffnwn-
ttttion de la durée de toutes les pbases de la secousse et par une diminution d'amplitude.
La période d'excitation latente i temps perdu) peut doubler el même tripler dans certains
cas. L'augmenlation de durée est surtout manifeste pour la ligne de descente, qui devient
démesurément longue sur le myogramme. Toutefois, pendant l'eitrème fatigue, quand
le muscle est presque épuisé, à une diminution d'amplitude correspond une dimînixtioD
de durée. Suivant Volmmann, rinspection de la courbe suffit pour se rendre tmmédiale*
ment compte du degré de fatigue auquel est parvenu le muscle. Dans son schéma se
trouvent retracés les cinq principaux degrés de fatigue observés: on y voit nettement
que rampttlude décroîl avec la fatigue; la durée croît jusqu'à une certaine limite pour
diminuer graduel fement. •
Ij est à remarquer que dans les phases intermédiaires de la fatigue on obsenre qael-
quefois.dans la partie descendante du tracé, une élévation secondaire décrite par Fvntt
(•< nez u;. De jnérae Qn. Kichet a vu sur les muscles de l'écrevisse une detixième contrée*
lion passagère se montrer, sans nulle excitation, après le relâchement du muscle. C'eit
ce qu'il appelle onde .secondaire. Celte onde secondaire se présentait sur les muscles
faiblement chargés et soumis antérieurement â une forte extilation. Nous croyons que le
« nez t>,de même que Tonde secondaire, sont une forme de la contracture et présentent
un cm spécial de la contraction idio-musculaire.
Quand le muscle se fatigue ou se refroidil, la secousse de clôture, qui est toujours
plus faible qae la secousse de rupture (courants faradiquesj, diminue d*amplitude et
augmente de durée, puis disparaît tout à fait; la secousse de rupture persiste plus long-
temps. D'après Waller, l'elTet diminue plus rapidement pour les courants ascendanb
que pour les descendants. La clôture disparaît quelquefois, pour une cause qui n'est pas
la perte de la force de la contraction. Mais, par suite du ralenlissement énorme de la
contraction dans la fatigue, il y a fusion des deux secousses, et la clôture est englobée
par ta rupture. On le voit très bien sur les tracés : il n'y a pas alors de vide correspondant
à la clôture, mais une seule contraction arrondie [J. Iotevro).
Le premier effet de la fatigue est-Il de diminuer la hauteur ou d'augmenter la durée
I
fatïcue;
su
ûe la contraction? Pour Ueluholti ces deux modifications de la forme Je la secousse
apparaissaient simultanément, mais les recherches modernes ont conduit k des résutlats
diffi'^rents. r>ans ses études sur les muscles de Thydrophile <i887) et sur les muscles
rouges du lapin (i892)» A, Rollett avait remarqué que, dans une série de secousses d'in-
duclion (ouverture), la hauteur ans contractions n*avait que très légèrement fléchi, alors
que leur durée avait déjà du^^menlé très sensiblement. La diminution de hauteur n*est
encore qu*insigni liante quand déjà rallorii^nment de la secousse est devenu considé-
rable. Ajusî, l'allongement de la secousse p/v'ctvie la diminntinn de hauteur et se montre
dans les trois parties du myo^^ramme. L'accroissement du temps perdu modifie sensible-
ment la forme de la contraction. Ainsi, si Ton établit les courarils de clôtura et de
rupture à des intervalles égaux, tes secousses C, fi, Q\ H\ etc.^ au lieu de s'inscrire À
des dbtances égales, s'éloignent peu à peu, parce que, la ^ati^a^; survenant, le temps
perdu augmente. Mais on peut compenser la fatigue en au:;mentant l'intensité du cou-
rant et réduire sur un muscle fatigué te temps perdu à n'être pas plus R^rand que sur
le muscle frais (avant que l'épuisemcnL complet ne soit survenu),
A t-e phénomène est liée la diminution de vitesse de l'onde musadaire (Hollett), fait
mis en évidence déjà par Heriiann (1878), qui trouva notamment que Tonde musculaire
possède chez Thomme une vitesse bien plus grande (tQ à 13 mètres à la seconde! que
dans les muscles du lapin séparés du corps (2-5 mètres d'après B£RN!4TeiN et SteinerJ.
Or il est fort probable que la dilTérence de vitesse doit être attribuée à la fatigue des
muscles ex traits du covp^ autant qu'à leur dépérissement. On sait d'ailleurs que la vitesse
de propagation de Tonde musculaire diminue très rapidement après la mort générale
{Akby}. Le processus est intlueucé dans le niAme sens pai* le froid et les intoxications.
D'après Hollktt, la vitesse de Tonde musculaire, qui est de 3 400 millimètres à la
seconde dans un muscle rouge de lapin non faligué, ifest que de 1500 millimètres dans
le muscle fatigué.
Le ralf?ntissement de la secousse sous TinLluence de ta fatigue montre que la dêÛni-
lion généralement adoptée de la fatigue n*est pas suffisante (Rollett); on dit que, sous
Tinfluence de la fatigue, Texcitabililé décroît si Tintensité de Texcitant reste la même;
pour produire le même effet que lors des premières contractions, il faut user d'une inten-
sité d'eïcitation bien plus grande. Or d'autres facteurs sont encore inlluencét par la
fatigue, et notamment la durée de la secousse.
Voici les résultats de Tanalyse d'une série de secousses suivant Rollett (180C) : soit
A la première secousse, U une î^ecousse plus avancée dans la série, G et D des secousses
encore plus avancées, nous voyons que la bauteur de A possède une certaine valeur, la
valeur de B est plus grande (escalier), celle de C est égale à A, et celle de D est uïoindre
que A. Or la durée de la secousse a progressivement augmenté depuis A jusqu'à U, et,
si C =r A comme hauteur, elle est incomparable ment plus lon^'ue. Aiiïsi, en prenant en
considération le travail mécanique, nous voyons que le travail mécanique a d'abord aug-
menté (escalier), puis qu'il a djiiiiiiué (fatigue), A ce point de vue, il est permis d*affirmer
que Texcitabilité a d'abord augmenté pour diminuer ensuite. Mais nous avons vu qu'à
côté des modifications de hauteur se produisent encore des modilicalions de durée, et que
le raccourcissement d'une secousse isolée ne s*opére pas avec une vitesse uniforme;
au début, le raccourcissement est plus rapide^ il devient ensuite plus lent. Il est possible
de calculer une vitesse moyenne, avec laquelle le poids serait soulevé à la même hauteur
et avec la même vitesse; le produit de la hauteur (/n par le poids soulevé (mg), divisé par
le temps, nous donnera Tév&luatîondu travail accompli par le soulèvement du poids pen-
dant t/JOO de seconde. Or ce travail mécanique
mt/h
en fonction du temps décroîtra
progressivemant depuis la première jusqu'à la dernière secousse. L'allongement de la
phase d'ascension (phase de contraction) est un mécanisme facilitant Téconouiie du tra-
vail; le muscle exécute, il est vrai, un travail bït!n moindre pendant Tunité de temps,
mais, comnie la durée de la contraction est considérablement augmentée, il n'en résulte
aucune perte au point de vue du travail mécanique (la hauteur restant la même], et
même il peuty avoir gain de travail (escalier). Mais, après un certain nombre de secousses,
le travail exécuté dans l'unité de temps s'amoindrit tellement que la hauteur (travail
mécanique) diminue sous Tinfluence de la fatigue. Nous devons par conséquent dîslin-
86
FATIGUE,
f»uer dans le muscle une dtmimition double d'excitaMIÎté. En premier lien, la diminoLiou
d'excitabilité dans l'unité de temps, et qui se mauifeste progressivement depuis la pre*
miere sei ousse jusqu'à la dernière. En second lieu» la diminution d'excitabilité pendant
une secousse entière; celle-ci apparaît quand rallongement de la phase de raccourcis-
sement musculaire ne peut plus compenser la perte du travail dans Funité de temps.
Le processus de la fatigue se divise donc eu deux phases : 1'^ phase préliminaire, pen-
dfint laquelle les contractions augmentent en étendue (escalier) et en durée; 2° phase
plus longue, pendant laquelle elles continueot à augmenter en durée* mais diminuent
progressivement en étendue, La Vig. li, empruntée à A, Walleb» indique ces deux phases.
Le même auteur a étudié Tinlluence de la fatigue sur le muscle vératrinisé. Il a vu
reflet caractéristique de la vératrinisation (allonj^ement de la contraction) disparaître
par la répétition du mouvement (fatigue) et réapparaître pendant la réparation.
Le pliénometie th re.^cniier a été observé par un ^rand nombre d'auteurs, aussi bien sur
les muscles des animaux à san^i chaud que sur ceux des anim^iux à sang froid, avec ou
sans circulation, pour les excitations directes et indirectes, pour le muscle travaillant eu
charge ou en suri:'harge. Le phénomène de rcscalier Iconstaté pour la première fois par
FiG. 5. — (Diaprés Waller) Ëlfets de la fatig^ue dans uq {Tâ^tcocnémiL^a de g^renouille.
Au d^but, 1(^8 coatracUons deviennent plus hantes et plu» longes, pliii» tard elïea dirai ouent de hauteur.
imbriquécii verlioalemi^at.
BowitiTcij en 1871 sur le muscle cardiaque) parait paradoxal; car Texcitation maximale
ne produit pas le maximum d'elTet quand elle agit pour la première fois, mais seule-
ment quand elle se suit a intervalles réguliers. La cause de Tescalier n*est pas encore
bien éluddée. Bowiinca suppose que la résistance que les routrac lions doivent sur-
monter va en diminuant progressivement, (au BicaeT partage la même opinion, en
expliquant l'escalier par un phénomJ^ne d'addition latente. Tiegel admet que l'escalier ]
des muscles curarisés est dû a Taecélération de l'afllux sanguin par suite de rexcitatïou
des vaso-dilatateurs. (Le curare produit une hyperémie manifeste.) D'après Khonecker,
ce piiénomène est dû a une augmentation d'excitabilité du muscle, par suite de son
échauiïement. Bielieumann* admet que Texcitabilité du muscle augmente au début, grâce
il raccroissement graduel du processus d'assimilation. Trêves partage la juéme manière
de voir. A. Mosso, qui obtint aussi l'escaHer dans les espériences crgographiques sur
les muscles de rhomme» considère ce phénomène comme étant lié à un léger degré de
fatigue du muscle et explique l'augmentation d^excitabililé par une espèce de massage
que le muscle en se contractant exerce sur lui-même. A. Broca et Cu. Richbt interprètent
l'escalier de la courbe ergographii(ue de l'homme comme un phénomène d'excitabilité
graduellement croissante, dû à la vaso-dilatation du musrle, d'où résulte une restaura-
tion de plus en plus parfaite. « C'est un phénomène d'entraînement, disent-ils, mais i
non d'entraînement k longue échéance, tel qu*on Tobserve dans les exercices du corps
diez les athlètes, les gymnastes, les coureurs; c'est un entraînement immédiat, et qui ae
fai t pe nd a n 1 1 e t ra va i ï même. >»
D'après Kohnstamm, le phénomène de Fescalierest dû à la diminuiion de rinterférence
du processus de raccourcissement et du processus de relâchement, grâce au ralentisse-
ment de ce dernier (théorie de FickI Schexcr exprime une opinion analogue. L^escalier
est beaucoup plus accentué quand la circulation n'est pas arrêtée; il apparaît pourtant
aussi dans un muscle exsangue.
Ainsi presque tous les auteurs considèrent le phénomène de Tescalier comme dû à
une augmentation d'excitabilité; mais l'excitabiUlé ne peut se mesurer uniquement par
FATIGUE,
8T
ramptitiide de la secousse : il tant tenir compte de la durée de la contraction musea-
laire* Les recherches de Rollett (1896) ont raonlr^ que Taugnientation d'amplitude
observée pendant Tescalier est toujours accoitipaf'née d*une aufi^meotatioii croissaiiLe de
la durée de la contraction, Lahousse (La Came tU CEi^calier cUs mu,ides striés. — Annaie$
de l4i Société de mcdecine de Gand^ 1900), qui a etwJié aussi la forme de la contraction
musculaire pendant Tescalier sans connaîtnî les travaux de Rollett, trouve que l'ac-
croissement d^amplîtude des secousses ne relève pas de la m(?nie rause dans toute
lY'tendue de l'escalier; dans la première moitié, elle est due à une augmentation d'exci-
tabilité, et, dans la seconde moitié, au contraire, au retard prog"ressivement croissant
du processus de relâchera en t.
Quand la série des contractions pendant l'escalier est interrompue par un arri^t
d*asses longue durée, alors la première contraction après Tarr^t est plus basse que la
dernière contraction avant rarrt^t. Ainsi la réparation a pour elîet de produire un abais-
setnenl des contractions. Or, suivant Bdllett, ce paradoxe cesse d'exister; car la répara-
tion, qui avait eu pour effet de diminuer la hauteur de la contraction, iiugmente l'exci-
labilité dans runité de temps : la durée du raccotircissement devient plus courte.
Jbnsbn d'une part et Robert Mûller de Tautre ont fait des expériences sur le gastro-
cn^mien de grenouille en introduisant des pauses de repos dans la courbe de la fatigue,
Apn*s chaque arn't on obtient le renouvellement de le^calier, sauf à un stade très
avanc*' de la fatigue. C'est en se basant sur la rapidité de l'apparition de l'escalier quf
R. MrLLF.R divise la courbe en quatre phases suivant le degré de fatigue*
La ffttifçue exerce son action paralysante d'une façon bien plus marquée sur la phase
de reliichement que sixv celle de raccourcissement. Tandis que la phase d»^ raccourcis-
sement devient deux à trois fois plus longue que normalement, la phase de relâchement
devient douze fois plus longue. Déjà la période de relâchement d'un muscle frais n'est
pas une li^ne de descente simph?; s*il en était ainsi, la vitesse de cette période serait
beaucoup plus grande; car la charge qui agit sur le muscle ne relombe pas avec l'accé-
lération que nécessite la loi de la pesanteur; et le muscle se détend plus vite au début
que ver?» la (in. Cette force de résistance à la pesanteur représente un travail qui sera
d'autant plus grand que la ligue de descente sera plus longue; mais la part de ce travail
dans l'imité de temps sera d'autant moindre que la durée de la descente est plus^
grande.
Les expériences de Rollett ont été faites sur la Rana esculenta^ et sur le Biifo cinerem.
L'excitation du muscle a donné exactement les mêmes résultats que celle du nerf. Chaque
expérience «!ûmprenail êOO contractions, mais seulement la première dizaine de chaque
série de 50 contractions était enregistrée.
• Tableau de Uoturrr (escalier i
NUMKRo
HAUTELIK
D8 LA HBCOCSSK
«<n millimôtreii.
DURÉK
DX LA f|BCOUSfl£
D i; K K K ,
Eî» MULTIPLKn
de U 1" coûtraciioa.
i
IQO
:ioo
3,41
4,81
4,43
4,45
0J!5
0,131
U.3Ûi
0,560
1
i.l6
2.62
Ce tableau montre nettement que raugmentatioii d*araplitude observée pendant
resealier est accompagnée d'une augmentation croissante de durée.
Dans la première secousse, la ligne de descente possède une durée plus longue que
la ligne d'ascension; mais ce rapport est bientôt modifié; car, déjà vers la ir>0*^ contrac-
, lion, la durée de Tascension croit plus vile que la dun^e de la descente [Hollkttj.
Ce n'est qu'à partir de la 150* contraction que la ligne de descente commence à s'al-
DUger plus que la li;^UH d'ascension: mais, après la VDU*» contraction, rallongement de
88
FATIGUE.
la ligne de descetUe commence à diminuer légèrement. Cependant, même à ce niomeot,
sa durée dépasse de beaucoup celle de lu ïi^ne d'ascension.
NUMÉRO
UB hk COURBE.
OrHftK DE LA LIGNE D'ASCENSION
Et* .MIJLTII'LRS DB LA 1" CaURDK.
DURÉE DE LA LIGNE DE DESCENTE
EN MULTJI'LK« Ofî LA î" rounilR, 1
Grenouille,
Crapaud.
Gpetiôuille.
('rapaud.
1
51
lui
iSl
i
l,4t
un
1,98
1
1,26 1
1,44
l,«l
i
{,16
1,73
t
U.îH
i,m \
Avec des char^'es plus grandes (50 à 200 fïrammes au lieu de 20 grammes, Roixett
a obtenu des résultais presque identiques^ sauf que la fati^'ue est plus précoce-
Dans la fatigue isométrique, on observe des oscillalions de tension, et la fatigue sur-
vient plus vite.
Il est à remarquer que l'allongement de la secousse n'apparaît que dans un stade
très avancé de la fatigue chez les animaux à san^ç chaud, alors que chez les animaux â
sang froid i! s'observe dès le début [lloLLRTT).Su(vant ScHENcfi^celîe diiïérence ne dépend
pas de la qualité du muscle, mais de la dilférence de température,
ScHENCK (1892) a lâclié d'expliquer la caus^ du processuâ de relilcheraent en se basant
sur la comparaison faite entre la ligne d'ascension et la ligne de descente. 11 est reconnu
que TexciLabilité du muscle est diminuée par le froid et la fatigue. Les deux processus
allongent démesurément la courbe, mais ils n'inJluent pas de la njême façon sur les
parties constituanles de la courbe, Aînsi^ sous Tinlluence du froid, le rapport entre la
partie ascoîidaide et la partie descendante de la courbe teste â peu près le même (Gâo et
Ueïman:^, a, p., 1890}p taudis que, sous l'intluence de la fatigue, rallongement porte sur-
loul sur la période de descente. Dr la différence physiologique entre le muscle fatigué et le
muscle refroidi est trt's grande, le premier ayant dépensé une grande partie de ses réserves,
l'autre étant relativement intact. On pourrait donc faire la supposition que le processus
de relâchement s'accomplit d'autant plus lentement que le? matériaux de réserve sont
en quantité plus restreinte. Four le prouver, Scïîk.nck recourut aux expériences sui-
vantes. 11 compara la forme de la contraction d'un muscle fatij^^né par excès de travail
à celle d'un muscle qui était resté an repos, mais dont rexcitabilité était diminuée par
une injection d'acide lacti(|ue, subîîlance fatij^'ante en pretniére ligue, suivant les an-
ciennes idées de BanivE. S'il est vrai que la fatigue est due k un épuisement de réserves,
alors le relâchement du muscle fatigué doit se faire beaucoup plus lentement que le relâ-
chement du muscle acide. Les expériences vinrent confirmer pleinement ces vues. Si le
muscle normal était fatigué au point que ses contractions étaient de hauteur égale à
celle du muscle acide, alors la partie ascendante du tracé avait la mfime durée dans les
deux cas, tandis que la partie descendante était toujours beaucoup plus longue pour le
muscle fatigué, L'èfTet était le même pour les excitations indirectes que pour les excita-
tions directes, pour le musclé curarisé que pour le muscle non curarisé, pour la contrac-
tion isoionique que pour la contraction isométrique. En outre, le muscle tétanisé et lavé
par une solution de soude dans le liquide physiologique présentait une ligue de dei-
ceute un peu plus longue qu'à l'état nurmaL Les produits de la fatigue, élaborés au
cours du tétanos, ont donc été lavés ou neutralisés par la solution sodique, mais le
tétanos a appauvri le muscle de ses matériaux de réserve. Ces expériences montrent,
d'après Sche.ngr, que le processus de relâchement s'opère d'autant plus lentement que les
matériaux de réserve du muscle sont en quantité plus restreinte. Cette relation qui existe
entre les matériaux de réserve et la période de relâchement "s'explique bien, si l'on
admet avec Moistlsomery que la période de relâchement est destinée à la reconstruction
de la molécule, et se fait d'aulant plus lentement que les matériaux de reconstruction
sont moins abondants.
Les expériences de ScHEXC*i ont donc bien mis en relief ce fait que ta longueur déme-
FATIGUE.
a»
sQr^edê la ligtie de descente dos le début de \a fatigue est liée ao procnssus de répara-
tion. Si la phase de raccourcissement est liée à la désassimilolion du mnscle, la phase de
relâchenient est Texpression de rassimilation et d ane reconslructïoii moléculaire. C'est
Afin dVbéir aux exigences de la réparation que le muscle fatigué demande un temps
51 long pour se déconiracter»
Que cette réparation dépende de la reconstruction des réserves ou de Téloignement
des déchets, l'allongement *fiie présente la phase de relâchement du muscle fatigué
n*en est pas moins une nécessite biologique. C'est un mécanisme auto-régulateur qui
assure la réparation.
^ Occupons-nous maintenant des phénomènes de réparation. Après un repos de longue
dorée, la hauteur des contractions peut être récupérée intégralement chez la grenouille
à einmlation conservée; il arrive mi'mivquc la secousse devient plus haute après le repos
(RoLLrrr). Le plus souvent cependant, elle n'atteint pas la valeur primitive. Apn"'s un
lon^ repos, la réparation porte aussi sur lo durée de la. secousse; celle-ci redevient nor-
male comme longueur; en même temps elle acquiert de nouveau Ja propriété de s'al-
longer de la même manière sous l'inlluence d'une nouvelle fatigue. Mais le cas ne se
présente pas toujours. Il arrive fréquemment qu*aprt*s la réparation l'allongement de la
secousse est beaucoup moins prononcé qu'auparavant (Rollett). Nous pouvons donc dis-
tinguer plusieurs cas. En premier lieu, le muscle fatigué pour la deuxième fois (après
réparation) peut se comporter exactement comme le muscle fatigué pour la première
foi« au point de vue de la propriété d'aîloni^'er ses secousses, c'esl-à-dire que ie rtiit:ntis'
tement croit protjrcusivemt'nt avec le nombre de secornscs, qnil affecte la période de relâche^
ment plm que la période de ra€cottrci!iH<'mefitt et que^ à tme phase (rè$ avaneçe de ta futigitef
$a croissatice subti un arrêt, et que Ttu^me une décroissance peut s'opth'er. Ainsi, pour rallon-
gement de la secousse sous rintluence des excitations répétées, le muscle réparé est dans
certains cas tout à fait comparable au muscle frais. Mais, dans d'autres cas, il peut en
dilTérer plus ou moîns sensiblement. En règle générale, le muscle réparé a p^^rdu la
propriété d'allonger ses secousses lors des [treniirTes excitations; rallongement ne
débute que bien plus tanL Ces deux modes de réparation ont été désignés sous le
nom de réparation adaptée {anpasaende Erhotung), par Uollett, qui les a décrits [kjui la
première fois (ISl»6). Il existe en outre un troisième mode de réparation {réparation
non adaptée, de Rollett;, i\m se distingue par un manque complet de régularité dans
rallongement de la secousse.
Ces dilTérences dans la réparation s'observent indépendamnient de l'amplitude
atteinte parle muscle après le repos; eîtes plaident en faveur de Kopinion que Tampli-
lude est loin d'être Tunique facteur de la courbe iniluencé par la fatigue. Suivant Hol-
LET, la figure donnée par Mahkv (bu mouvement, etc., 238; Trav, du labor., u, fif^, 00;
La méthode graphique, llg* 2t>4), et reproduite datis plusieurs manuels, comme un des
plus beaux spécimens de la méthode graphique (fig. Oj, a trait incontestableinenl a
une expérience de réparation non adaptée; elle représente 88 contractions imbriquées
verlicalemenl; la forme de la première secousse, ja hauteur réduite, l'écart considé-
rable entre les lignes de descente des premières secousses démonlreni nettement ce fait.
Examinons maintenant les phénomènes relatifs à faïlongement de la secousse, quand
des séries de oO cunlractions sont interrompues par de courts inlervalles de repos (Rol-
lett;. Si la phase de repos atteint quinie minutes, alors, tnénie après l 200 contractions,
on n observe encore aucun elfet de falipue. En diminuant le temps de repos, on arrive à
obtenir des modifications, mais scïulement dnns les séries tr»*s éloignées. Enfin, avec un
repos dii trois minutes, on obtient des changements de série en série. Il se fait des chan-
gements incessants dans îe débours de la secousse, et riniluence de la réparation se
manifeste par le retour des caraclères propres aux séries antérieures. Les intervalles
d'une demi à une minute ne se distinguent des intervalles de trois minutes que par
Tapparition plus rapide des changements consécutifs à la fatigue et à la réparation. Ici
également nous voyons se produire le même fait que dans les expériences précédentes :
le muscle Fvparé a perdu la propriété d'allonger sa secousse dans la série suivante. C*est
particulièrement le cas, quand un muscle fortement fatigué est soumis à un nouveau
travail. Si l'intervalle entre les séries des contractions est de six secondes, alors, après
300 soulèvements, on n'observe plus de modifications appréciables.
90
FATIGUE,
Cb. RicBKT a vu que le muscle de la pince de récrevisse s*épuise Uès rapidement et
oe peut donner plus de 30 à 40 conlraclions de mile. Au contraire, les contractions de
la queue de l'écre visse sont analogues à celles du yastrocnémieii de grenouille. Auctiu
moscle peut-être ne présente d'une manière aussi marquée une diflércnce enlre les cou-
rants isolés et les courants fréquemment répétés que le muscle de îa pince. Uuaml il
n'est plus eïcitable par des
courants isolés, il reste
longtemps encore exci-
table par les courants
fréquemment répétés,'
L ascension de la courbe
musculaire est alors ex-
trêmement lente, et la des-
cente est aussi d'une très
^Tande lenteur. La fi g. 7
montre que la première
excitation a un temps per-
du assez court, mais que
ce temps perdu va en au^-
mentan t pou r les secousses
successives, de sorte que
la dernière secousse a un
temps perdu qui est envi-
ron le double de la pre-
mière. C». RiCBST a ob-
servé en outre sur le
muscle de !a pince une
forme particulière de té-
tanos quiï a appelé ryth-
mique. Après la cofï trac-
tion initiale, le tétanso
s'établit; mais, au lieu de former un plateau, il forme une ligne brisée régulière. Les
constriclions et les relclchementsdu muscle se font suivant un certain rytlime, La période
d'épuisement du muscle de la pince, période pendant laquelle les excitations ne
produisent plus de mouvement, est comparable à la période post-sjstolique du cœur
(Giï. RrcHKi).
Ranvier a découvert chez les vertébrés des muscles particuliers, qui, bien que volon-
Fio.6. — fD'a|>t^s Marey) Gr/iphique dai cocotisi»8 musculaircft.
F]d. 7. — (D'après Cif« RiCHctTt loûueaea de la faiigui sur la teinpa perdn du mascle de la piaco de récro-
"viss^. (A chm|ue tour du cvlindra se raîuit au mèaiti pomt r«ïcitaiion éLectriquc»T )aqiifill« eit indiquèo
par le [letit. irait marqué sur Ja ligne S ûv^s »lgtiaux électriques.)
taires et composés de fibres striées, se contractent à peu près comme les muscles
lisses. Il les appela muscles rowfes, par opposition aux muscles striés ordinaires, qu'il
désigna sous le nom de paies. Le temps perdu des muscles rouges est huit à dix fois plus
considérable cjue celui des muscles pales. Or, sous l'influence de la fatigue, les muscles
pâles prennent certains caractères des muscles rouges, par exemple raugmcntation du
temps perdu, et on a dit que ces derniers sont des muscles pâles normalement fatigués.
La durée de la secotisse dans le nmscle blanc est d'autant plus grande qu^il est plus
FATIGUE,
ÎM
fatigué, et ressemble de plus en plus à celle du muscle rouge non f&ligué. La différence
porte principalement sur la période de déconiraction» q«ii est représentée par une ligne
concare pour les muscles rouges, au lieu d'être convexe. En outre, entre le mode de
réiiCtioQ de ces deux espèces de muscles, il existe une dillérf'nce caractéristique : tandis
que dans les muscles t>lancs l'amplitude du tétanos est proportionnelle à ta secousse
(il y a une légère différence en faveur du tétanos), cette proportionnalité n'existe pas
pour les muscles roupies, qui donnent encore un tétanos, alors qu'il n*est plus possible
de produire des secousses isolées. Enfin, la forme de la ligne tétanique n'est pas la même,
et c'est même là un fait sur lequel on s'est basé pour comparer la fatigabiîité des deux
espèces de fibres. Il existe même certains muscles mixtes, par exemple le triceps liuméral
du lapin, lesquels, étant soumis à l'action d'un courant électrique, donnent un tracé
qui au début est celui des muscles blancs, mais qui à la lin prend de plus en plus
Taspect de celui des muscles rouges. On en conclut que ce sont les fibres blanches qui
se fatiguent les premières. Or, comme les fibres rouges sont plus riches en sarcoplasme
que les libres pâles, on en a conclu que les muscles riches en sarcoplasme (rouges) »e con-
tractent plus lentement, qu'ils sont moins excitables, se fatiguent plus lentement et
meurent plus tard que les nmscles pales, pauvres en sarcoplasme, mais riches en
fibrilles (Gbûtzner). Bierhieund trouva que les muscles pAles entrent en rigidité plus vile
que les rouges; les premiers au ijout lîe 1-3 heures après la mort, les seconds au bout
de 11-1j heures dans les mtîmes conditions. Le muscle cardiaque» qui est très riche en
sarcoplasme, possède aussi une survie tr^s longue. Rollett montra qu'en excitant le
nerf sciattque par rélectricité, les fléchisseurs se contractaient pour une intensité de
courant beaucoup plus faible que les extenseurs* GH(T7,NEn constata le m^me fait dans
reicitalion directe; mais, si l'on continue l'excitation pendant quelque temps, alors la
différence primitive s'efface et disparaît compirUement, Cela sif^'uttie que les ûéchis-
seurs, composés en grande partie de fibres pales, p!us excitables, se fatiguent aussi plus
vite que les extenseurs, composés en majeure partie de fibres rouges, moins excitables»
mais Iplus résistantes. Un phénomène semblable s'obtiendrait dans fexcitation des
muscles du Dytiscitii et de VHydropkite (Rollcttj. Les muscles du Dytisque, composés de
fibres pâles, ont une contraction rapide et se fatiguent beaucoup plus rapidement que les
muscles de THydrophile*
Le muscle est composé d'éléments hétérogènes, et on peut dire que la contraction
rapide est l'apanaf^e d'une striation riche, tandis que la contraction lente est due à la
richessse du sarcoplasme. Cette théorie a été aussi développée avec beaucoup de talent par
BoTTAZZu Les muscles extraits du corps des poîkilothermes et des invertébrés se fatiguent
plus lentement et ont une survie, plus longue que les muscles des homéothermes. Il y a
pourtant des exceptions; la perle d'excitabilité est rapide chez les Poissons et les Insectes.
Raphaël Duhois a enregistré les courbes de contraction du siphon de kiPhotade tiac-
ttfie^ lorsque cet animal a été fatigué expérimentalement 11 existe deux sortes de con-
tractions : Tune locale, appelée par H. Duuols contraction primaire ou contraction de
Tappareil avertisseur; et faulre, générale, qui est une rétraction de tout le siphon
(contraction secondaire). Sous finlluence de la fatigue on voit s'allonger considérable-
ment la durée de la contraction, en même temps que son amplitude diminu»^. Si la
fatigue est poussée plus loin» la contraction secondaire disparaît ; puis, si l'on continue
TexcitatioD, c*est la contra4.*tion primaire qui disparait k son tour,etenfm fanimal toinbe,*
vis-à-vis de rexcitation lumineuse, dans fiuerlie complète, alors que fon peut encore
provoquer des contractions par les excitations galvanique ou mécanique.
Téianot, — Un muscle qui, pour une raison quelconque, donne des contractions lon-
gues, se laissera tétaniser par des stimulations moins fréquentes que celui qui donne des
contractions brèves. Les muscles rouges entrent en tétanos pour une fréquence d'exci-
tations bien moindre que les muscles pâles iHa.wier)» La même dilférence sépare les
r muflcles de la pince de fécrevisse des muscles de la queue; les premiers entrant en téta-
[oos avec une extrême facilité (Cu. Riceer). La fatigue, qui produit un allongement de la
secousse, facilite l'apparition du tétanos. Par la fatigue et le refroidissement, le tétanos,
d'abord incomplet, marqué par une lijfue sinueuse, devient complet et se traduit par une
ligne parallèle à Taxe des abscisses. Mais son amplitude est toujours plus grande que
celle des secousses isolées. La fusion des secousses s'opère bien plus facilement pour un
9S
FATIGUE.
muscle fatigué que pour *m muscle frais; il en résulte qu'an nombre d'excitations qui
ne suffirait pas pour faire entrer en tétanos un muscle frais» amène le tétanos d'im
muscle fatigué. On peut constater sur Thoinme lui-même cette fusion des secousses sous
Tinfluence de la fati^çue. En employant la pince myograpljique de Makey, on peut voir
au bout d'un certain Itdmps les oscillations correspondant à chaque excitation disparaître
peu à peu, et la courbe, primitivement ondulée, passer à Tétat de tétanos complet
IMarky)» Quand l'excitation a une intensité très grande, la fusion des secousses peut
môme s'établir d'une façon immédiate; le raccourcissement musculaire atteint alors
d'emblée son amplitude maximum, et il ne peut y avoir de superposition de secousses
isolées,
La fatigae, le froid et los intoxications ont la propriété d'allonf^er la contraction névro-
musculaire aussi bien que la contraction idio-musculaire.
Courbe de la fatigue. — La courbe de la fatigue donne une idée exacte de la
décroissance successive de l'amplitude des secousses sous l'influence de la fatigue. Nous
a?ons vu que la diminution d'excitabilité dépendait de plusieurs facteur?, et Ton d'eux,
la hauteur (qui est l'expression du travail mécanique), peut même mesurer le degré de
fatigue. En effet, la fatigue se caractérise, soit par la nécessité d'excitants plus énerjt^iques
pour obtenir le même degré de raccourcissement qu'avant la fatigue, soit, l'excitant
restant le même, par une diminution de force. E. Neumann trouva que l'intensité de
l'excitant induit doit être particulièrement grande pour les muscles fatigués, quand on
emploie des courants de très comte durée. Ainsi la sensibilité du muscle aux excitants de
courte durée est très diminuée dans la fatigue, que rcxcitation soit directe ou indirecte.
Au contraire, entre certaines limites, un muscle fatigué est plus sensible aux varia-
tions brusques de potentiel qu'aux variations plus lentes (ditférence entre la clôture et
la ruptnre (J, Ioteïko).
IL Kroneckêr (1870) a étudié avec détail les Ims de la fatigue des mmcks striés^ au
point de vue des modificalions de l'amplitude des secousses. Les muscles (gastrocnémien
et triceps de grenouille) étaient excités par des chocs d'induction appliqués au nerf scia-
tique à des intervalles réguliers (2-12 secondes)^ et les hauteurs de soulèvement s'inscri-
vaient successivement sur un cylindre enregistreur sous forme de lignes verticales dis-
tantes d'un millimètre environ; les excitations étaient graduées de façon à donner le
maximum de raccourcissement (excitation maximale); le muscle soulevait *au moment
de sa oontraelion un poids qui ne dépassait pas ^0 grammes. En joignant par une ligne
les extrémités supérieures des lignes verticales équidistantes, correspondant aux hau-
teurs des soulèvements, on obtenait la courbe de ia fattgue du muActe. Cette courbe,
d*après Kroneckeh, esl une li*jne droite^ autrement dit la dilTérence de soulèvement de
deux lignes voisines (ou de deux contractions successives), est une constante, c'est ce
qu'il appelle : différence de fatif/ue. Cette loi ne se rapporte qu'au muscle travaillant en
surcharge, c'est-à-dire dans des conditions où le poids n'est soulevé qu'au nïoment de
la contraction, et, dans les intervalles, il repose sur un support. Si, au lieu de ne faire
soulever le poids par le muscle qu'au moment de sa contraction, on charge le muscle
d*un poids avant sa contraction, de sorte qu'il subisse un alïongement avant la contrac-
tion, la ligne de fatigue est toujours une ligne droite, mais seulement jusquau point
où elle coupe la ligne des abscisses tracée par le muscle inactif non chargé de poids, et, à
partir de ce point, la ditTérence de fatigue devient de plus en plus en petite à mesure que
se suivent le^ excitations, et la ligne de fatigue se rapproche d'une hyperbole dont une
asymptote esl fabscisse du muscle inactif et chargé [gitatriême loi de la fathjue]. La
ligne de fatigue fait avec la ligne des abscisses un angle d'autant plus grand que les
intervalles des excitations sont plus petits; la diflérence de fatigue diminue à mesure
'que les intervalles des excitations augmentent {deuxième loi de ia ftdigue). La différence
de fatigue reste constante même pour des poids variables {troisième loi de la fit ligue) ; les
courbes correspondant aux diiïérents poids sont parallèles entre elles, quand les inter-
valles des excitations restent constants,
Kronecrkr a donné les formules suivantes pour la fatigue musculaire. Si Ton repré*
sente par D ta dilFérence de fatigue (constante pour les intervalles d'excitations constants
et pour des poids constants), par y' la hauteur de soulèvement de la première contrac-
tion, par j/^ la hauteur de soulèvement d'une contraction quelconque de la série, par
FATIGUE.
93
n le nombre de coulrac lions qui ont précédé la conlraction de s/"» on a t*êqt]ation sut^
▼aote : y^^y' — nD.
Si dans les expériences avec le muscle travaillant en char^çe» on représente par o,
la longueur d'extension du muscle par le poids, on q D=^*jt-*
HtaiiAiiN a combattu cette dernière partie des conclusions de Kronrcker,
Ivo Novi a comballu aussi les idées de KRor^Eciieti. et se refuse à admettre la ligne droite
de la fatigue. Le muscle est excité dans rappareil de Novi d'une façon automatique au
mouient où il se repose après une contraction, et it peut tui-méme régler l'intensité de
rexcitatioo. Hrographc de PpLUGEfi; gastrocnéjuien de grenouille curarisée. Novi dis-
tin^Hie cinq phases dans le cours de la fatigue : 1° phase de courte durée; labauleur des
eonlractions augmente, contractions rapides; 2** phase trois à cinq fois plus longue que
la précc'dente, contractions rapides : elles s'abaissent en formaut une ligne ondulée;
3* phase moitié moins longue que la précédente, contractions ayant toutes à peu pièsia
même hauteur, mois plus lentes; 4" nouvelle augmentation de hautp^ur des contractions^
qui sont devenues encore plus lentes; cette phase dure plus longtemps que la précédente ;
5* la plus lonjtîtie de toutes les phases, contractions encore plus lentes» et ce n'est que
cette phase qui correspond à la courbe classique de Kbonecker, Alors la différence entre
la hauteur des contractions est une constante.
La courbe de la fatigue de Novi présente par conséquent deux convexités tournées
en haut. D'après lui la première phase nous montre que, dans de certaines limites, la
répétition de Tacte augmente la force musculaire; la seconde phase , que, quand celte
limite est dépassée» la répétition provoque une diminution de IVxcitabililé; )a troisième
prouve que, jusqu'à un certain moment^ le muscle reste en équilibre sous raction de
difTérentes forces agissant en sens contraire et ne se fatigue pas; la quatrième phase
établit qu*avec les progrès de la fati^nie Félasticité musculaire va en diminuant et que
le muscle a besoin d'un temps plus long pour arriver au stade de repos : les contrac-
tions sont donc ralenties ; mais^ gnlce k ce ralentissement, le muscle se contracte plus
fort, parce qull n'est pas encore épuisé; entin, dans la cinquième pliase, malgré les in-
tervalïes encore plus espacés entre les excitations, le muscïe est tellement fatigué que
Texcitabilité va en décroissant.
Il est impossible d'établir un terme de comparaison entre les cooclusions de Novi et
celles de Kkoxkcker, tu les conditions totalement différentes de l'expérimentation ; suivant
KnoNECKER la ligne droite n'est obtenue que dans les cas où tes intervalles des excita-
tions restent constants. Les expériences de Novi démontrent uniquement que, quand les
intervalles sont variables, la courbe de la fatigue présente les particularités énumérées
plus haut.
J. JoTEYKo (18Q6), qui a repris les expériences de Kromecrea sur la grenouille, trouve
que, dans la majorité des cas, la courbe de la fatigue d'un muscle constamment tendu est
une ligne droite dans s*»s traits principaux ; mais une analyse minutieuse permet de distin-
guer trois phases dans la courbe : 1 ' pAase d'entraînement (escalier) ou d'excitabilité
augmentée, représentée par une ligne à convexité supérieure, qui elle-même est com-
posée d'une phase d'ascension et d*une pha^e de descente; "2."^ première phase de la fatigue,
à partir du moment où tes contractions sont descendues à la valeur qu'elles avaient au
début, phase de descente rapide, représentée par une ligne droite : la difTérence de
fatigue est considérable; 3^ deuxième phase de la futinue ou de descente ralentie, repré-
sentée par une seconde ligne droite : la diiïérence de fatigue esit diminuée. Ces deux
lignes droites forment entre elles un angle ouvert en haut, et, comme tes transitions ne
s'opèrent pas d'une fa(;on très tranchée, il en résulte une ligue ïégèiement concave en
bas. Ce tracé peut être rapproché de celui qu'ont obtenu Rossbaiih et Hahteneck pour les
animaux à sang chaud : il présente de grandes analogies avec les courbes obtenues par
Hosso pour les muscles de rhomme; mais en même temps il est presque identique aux
tracés de Kronecker pour le muscle travaillant en charge, après en avoir retranché la pre-
mière phase, dont Krotceckeh ne tient pas compte.
Dans un autre travail avec Gotsch (îSSOj^Khonecker a étudié les lois de la fatigue da
muscle tétanisé : il a reconnu que le tétanos qu'on obtient en excitant directement ou
indirectement les muscles (curariaés ou non) des grenouilles ou des lapius, présente des
94
FATIGUE.
phases analogues à celles que donne l'excilalian du muscle par ondes uniques périodî-
qnpmenl rt^pétées. La ligne du tétanos est une droite, ci U y a ascension de la ligne,
lorsijue les excitations auguienlent d'intensité, tandis que la fatigue est [>roportionneUe
au nondire d*excitations.
Les recbercties de Khonecker ont été ïe point de départ d^cxpériences très nombreuses
entreprises par diiïérents physiologistes, qui ont appliqué h IVHude de la. fatigue la mé-
thode du professeur de Berne. Parmi ces travaux, mentionnons particulièrement celui
de RossBACH (1876) et celui de Hossiiach et Hahtexeck (1877) sur les animaux à sang chaud.
Pour pouvoir faire des expériences de longue durée sur les houïtotherraes (chien, chciL
lapin), les auteurs inimohilisaienl ces animaui par section transversale de la moelle
Respiration artincielle. Le lendoij du ninsclc exploré était relié au myographe de Marky;
courants de rupture toutes les secondes; excitation maximale. Au comnïencement de
rexcilalioo du nerf, on observe une augmentation d'excitabilité qui dure trois a cinq
minutes chez le lapin, dix à quinze minutes chez le chieo, vingt minutes chez le chat,
de manit^re que les excitations les plus hautes peuvent atteindre le double de
leur hauteur du début (escalier}; le maximum d'excitabilité est plus vite atteint chez les
herbivores que chez les carnivores; chez les premiers» aprcs 60-100 contractions; chez les
seconds, après MO contractions. Cette aug-mentation d'escitaiiilité s'observe aussi pour le
muscle fatigné, après chaque phase de repos et de réparation, A cette phase d'excilabi-
lilé aa^mentéc suc. ède bientôt une phase de diminution de rexcitabilité, et la décrois-
sance des hauteurs se fait très réguhèrernent, de sorte que le profil de la fatigue est
représenté par une iigne droite pour les animaux h sang chaud. Mais, quand la circula-
tion est arrêtée (ligature de raorte), on n'observe plus le phénomène de Tescaïier chez
les animaux à sang chaud. Un muscle soustrait à la circulation se fatigue en deux à
sept minutes, et, après 120-140 contractions, Texcitation du nerf devient inefficace,
TïEGEL (1875) a repris l'étude de Ivuonecreh sur les grenouilles pour les excitations
sons-maximales, et il est arrivé exactement aux mêmes lois pour ïe muscle qui se charge
au moment de la contraction. De même, pour le muscle cura ri se, la courbe de la fatigue
est une ligne droite. La loi s'applique aussi au muscle privé de circulation et soigneuse-
ment lavé par une solution de chlorure de sodium à 0,5 p. 100. Ainsi, la courbe de fa
fatigue du muscle en surcharge reste toujours une droite (excitations niaxiraaJes ou
sous-maximales, curarisation, anémie) pourvu que les intervalles des excitations et Tin-
lensité restent constants. Un fait curieux, et qui paraît même assez étrange, c'est que la
différence ÛB fatigue (D) possède une valeur plus grande lors des excitations sous-maxi-
males que lors des excitations maximales (Tiegel). Autrement dit^ la courhe de la
fatigue présente une descente plus rapide vers la ligne des abscisses* et le muscle se
fatigue plus rapidement pour des excitations sous-maximales que pour des excitations
maximales.
Kronëcker a confirmé aussi les résultats de Tiegel^ savoir que la courbe de la fatigue
est une ligne droite pour les excitations sous-maximales.
TiEGBL a trouvé en outre que, quand le muscle travaille avec des excitations sous»
majtimales, il peut toujours donner une amplitude plus grande pour une excitation plus
intense; mais, quand le muscle travaiiïe ave*; des excitations maximales, il ne peut jamais
â aucune phase de la fntùjuCj se contracter plus énergiquemenl, quand on augmente
rintensité de l'excitation.
Si l'on excite le muscle pendant un certain temps avec une intensité donnée de cou-
rant, et si Ton diminue rintensité de cette excitation^ pendant une vingtaine de secousses,
alors» à la reprise de l'intensité initiale, les premières secousses auront une amplitude
plus grande que celle que le nmscle a fourni avant que l'intensité n'a été diminuée.
Pendant l'excitation sous-maximale il y a im réparation (Tiegel).
Certains auteurs se sont élevés contre dttférentea parties des conclusions de Kno.VBCXEBH.
Ainsi Valrntin trouve que les premières contractions du g as troc né mien non seulement
ne diminuent pas de hauteur^ mais augmentent sensiblement. Mais la contradiction est
plulrtl apparente que réelle, car Kronecrer fait iui-même la remarque qu'il n^avait pas
tenu compte des premières contractions pour apprécier la courbe de la fatigue. L'augmen-
tation d'excitabilité du début semble s'observer en effet dans tous les cas et a été l'objet
d'études détaillées (Ch. Hichet, Walleh, Rollett).
FATIGUE-
n
Ajoutons qae Limbourg, en einj>loyant des excitants chimique», a retrouvé la ligne
Idroite de Kboneckér, La descente de la ligne est plus brusque qua-iid un upt-re avec les
P^xciUnU chimiques. Cybuls&ï et ZANfETOWsiii ont comparé la rapidité avec laqu*îlie 3ur-
Heat la fatigue lorsque deux préparations névro-musculaires sont excitées; Time par
l'appareil d'induction de Du Bois-Rëymond, et l'autre par les décharges d*un condensa-
teur. Us trouvèrent qu'une plus longue durée s*observait dans le tétanos obtenu par des
excitations descendautes du, nerf au moyen du eondeusateiir.
Pour la courbe de la fatigue chez les invertébrés, J. Îotetko s'est servie de la pince
de Técrevisse détachée du corps, dont la branche fixe est solidement allachée à. une
planchette de liège; un excitateur est placé dans la patte à l'endroit de la section»
l'autre pénètre dans le bout ouvert de'la pince llxe On attache un lit à la branche mo-
bile, et on la relie au levier enregistreur d'on myograpbe ordinaire (procédé de Ch.
KtLHtr I. L'étude de la fatigue de îa pince de Técrevisse est rendue assez diflicile par la
endance des muscles à entrer en contracture et même en tétanos; nïèine avec des eici-
Uiotis assez espacées et d'intensité moyenne, les secousses isolées font bientôt place h
tétanos physiologique, qui se transforme en rigidité cadavérique quand on pro-
rexpérience; on ne peut, par conséquent, en tirer de conclusions relativement
à la fatigue. Les contractions de la pince de Técrevisse sont loin de présenter le même
degré de régularité que les secousses du gastrocnémîen de grenouilles et ou n*u ici rien
d'analogue à une ligne droite de la fatigue. En outre, il arrive fréquemment que l'eici-
tahiUté de la pince disparaît tout d'un coup, sans présenter des contractions à hauteur
décroissante.
La courbe de la fatigue chez les grenouilles présente souvent quelques irrégularités,
dues h des phénomènes de diflérent ordre, dont les principaux ofit été décrits sous le
nom de con*rtJc(i/rt\ d'iiddition hit€nle de secousses et de iifjnt'» ûndittécfi.
L'étude de la coulrncturc a déjà été faite (voir ce m^jl), nous ne nous y arrêterons
donc pas. Notons toutefois que ïiegkl, Punkb, Rossbach et lUnrEyKcK ont vu la contrac-
ture se produire chez les grenouilles avec d'autant plus de facilité qu'elles se trouvaient
à un stade plus avancé de la fatigue, tandis que Cn. Hicutr Ta observée sur les écrevisses
^jiîrhe? et 1res eicitables. Avec la contraciure, Mosso a observé chez Thomme uue
raade irrégularité dans la hauteur des contractions.
les irrégularités dans la cuurbe de la fatigue chez les grenouilles, notons
on de contractions isolées, s'étevant notablement au-dessus du niveau de la
ourbe, dues probablement à un phénomène (taddilion tatmte (sommation) ; ce phé*
^nomène ne se produit jamais avec un muscle salé (Tjegêl). On a aussi constaté (Fujikr)
Tapparition de plusieurs secousses plus grandes, auxquelles succède une série de
cousses plus petites, ce qui donne à la courbe Tai^pect d'une ligne onduke ' WetltnU-
fnit)^ phénomène observé à toutes les phases de ta fatigue et attribué à des oscillations
de rélasticité musculaire.
Satctesso^v décrit une particularité de la courbe de la fatigue observée déjà par Boehk
sur les muscles de la grenouille et appelée par lui crochet [Hachcn], Elle consiste en
.ee que la deuxième contraction est plus basse que la première, la tioisième et la qua-
ième sont encore plus basses, et ce n'est qu'a leur suite que commence l'escalier. En se
servant de Tergographe, J, Iotryko a constaté sur ses propres courbes une particularité
constante et caractéristique : la première et quelquefois les deux premières contrac-
tions, sont plus élevées que les suivantes; ce n'est qu'ensuite que commeoce la courbe
de la fatigue proprement dite.
En excitant le muscle altentativement par des ondes de clôture et des ondes de rupture
oû obtient deux courbes de la fatigue : Tune qui unit le sommet des contractions à la
rupture et l'autre le sommet des contractions à la clôture. Nous avons déjà vu que la
secousse de clôture, qui est toujours moins intense que la secousse de rupture, diminue
plus rapidement d'amplitude et disparaît la première. 11 est intéressant de suivre le
rapport qui existe entre ces deux courbes.
TiEi^EL a trouvé que la courbe de la fatigue présente une descente plus rapide fers la
ligne des abscisses, et que le muscle se fatigue plus rapidement pour des excitation*
naximales que pour des excitations maximaies. La clôture étant sous-maximale
elativemeot à la rupture^ on comprend sa dispaxitioo précoce. Toutefois, on peut sup-
96
FATIGUE.
poser que les deux espèces d^ondes de cBlure et de rupture ne sauraient être rigoureu-
semeni comparées aui ondes sous-raaxiraales et maximales du môme courant. D'après
FUNRE, la clôture disparaît la première, môme quaad les deux espèces d'ondes sont
maiimates, Tiecel pense que, dans les expérieuces de Funre, seules les ruptures étaient
maximales. D'après lui, la rupture et ta clûLure se comportent exactement comme les
Fio. 8. — (D'aprA-i J, Iotkyko} Lo^ «iTeta dp 1* foti^'uo mi la coDiractiou
ée ciMmo cl de rupture du courant d'inductioa.
courants maximaux et sous-maximaux, c'est-à-dire que Teflet de la clôture, qui est
moins énergique, disparaît le premier, tandis que reflet de ta rupture persiste encore.
J. loTETiio, qui a fait une étude détaillée de la courbe de la fatigue pour les courants
de clôture et les courants de rupture alternés, arrive à la conclusion que, dans la très
grande majorité des cas, la conrbe qui correspond h la clôture disparaît bien avant la
courbe de la rupture; mais les courbes respectives ne forment pas deux lignes paral-
lèles. Bien au contraire, aii dès le début, la secousse de clôture est plus basse que la
FiG. 9,
(,I>upr^8 J.. Iotiykq) Les effets do l:i fatigue sur in coDCractioD
de cldtuio «t dti mpturû da courftut d'iudticUon.
secousse de la rupture, la différence ne fait que s*acc€ntuer mec tes progrèii de h fatigue,
et les deux lignes s'écartent sensiblement Tune de l'autre. La (ïgure B démontre bien
ce phénomène. D abord un escalier des plus manifestes. Dés le début, la clôture est
moins hante que la rupture; les deux sortes de secousses s'élèvent avec l'escalier,
mais Tentraînement est bien plu.s manifeste pour la rupture. L'escalier prend fin très
brusquement, et aussitôt la divergence entre les deux courbes de la fatigue commence
à se montrer. Nous obtenons deux lignes presque droites, mais nullement parallèles.
Quand la courbe de la fatigue à la ♦:lôtyre a pris fin, la rupture conlinue encore fort
longtemps. Ainsi donc le cas le plus fréquent est représeuté par deux CQurhes de la
FATIGUE.
97
1
3
ë
•3
fatigue qui sont dti lignes droites non paraUèles^ ûi dont ta di}>eryence s'accentue de plus m
p/iijr avec k^ progrci (le la fatiQUC,
L'n aecùnd type de courbe, beaucoup moins fréquent que le premier» est représenlé
par de^ix lignes parallèles: rnaisi après la cessalmii de la clôture, ïa secousse de rupture
se prolonge encore assez lon^'temps (fig. 0), plus long-
temps que ne l'exige le parai t«flisme.
Ce fait semble prouver que ies excitai! ons inefficaces
(cessation de TelTet de ta clôture^ quand elles sont
appliquées à un muscle déjà faljgué, n'y produisejit
aucun effet (confirmation des expériences de Flnkk).
t'n troisième type de courbe consiste en ce que, au
début, les deux secousses sont d'égale bauleuri mais
|>ea â peu la clôture commence à lléchir, et, ik partir de
ce point, la différence avec la rupture ne fait que s\icoen-
*tuer, surtout quand les deux ondes sont maximales. Il
est cependant intéressant de constater qu'avec les progrès
de la fatigue Fonde de clôture cesse dV^tre maximale.
Un qmUriême type^ qui se rencontre de même dans
la secousse maximale, consiste en ce que les deux
secousses se maintiennent à la même hauteur depuis le
commencemenf jusqu'à la tin.
Enfin le cinquième type comprend les tracés où, la
rupture étant très régulière et la courbe représentée par
une li^ne droite (fig. 10). la clôture décrit une courbe à
périodicité très marquée et assez régulière dans sa
distribution. Celte forme de courbe de la clôture peut
être indir(uèe sous le nom de périodique ou rythmique
(J, lûTEYkO).
Xous pouvons maintenant par l'examen de ces courbes
^voir bien nettement si, dans la fatigue, la fermeture
et la rupture du courant induit se compoiietit exactement
comme les courants sous-maximaux et maximaux^ ainsi
que le prétendait Tieokl. Que les deux courbes s*écarteul
sensiblement Tune de Faulre dans la fatigue, cela
parait être simplement en rapport avec la descente plus
rapide de la fatigue sous-maximale. Mais il y a deux
raisons qui nous empêchent d'assimiler les etfets de la
fermeture et de la rupture k ceux des [i^ourants sous-
maximaux et maximaux : 1° la différence entre TelTel
physiologiqoe des deux ordres peut être absolue, au
point qu*îl est impossible de les égaliser malgré Temploi
de courants les plus forts; celle diiïérence s'accenlue
avec les progrès de la Tatigue; 2° la diilérence entre
reffel physiologique des deux ondes peut être nulle
au point de vue mécanique, car elles ont toutes les
lUx la mt>me hauteur el s'accroissent de la même
leur si on augmente le courant. Et pourtant» avec les
progrès de la fatigue, nous voyons naître et s'accen-
tuer la divergence, toujours au préjudice de la ferme-
ture (J. loTEYKo), Ce fait montre que les courbes île la
fatigue des ondes induites de fermeture et de rupture Jie suivent pas les lois établies par
TiBGEL pour les courants maximaux et sous-maiimaux. Entre les effets des deux ondes
existent des difl'érences quatttativcfi : &ous nii/Iuence de la fûtigue (le même fait se produit
dans l'aneslbésie des nerfs), /V/fcf tiioteur (ks onde^ induiUn de fermeture e$t plua fortement
diminué que l'effet moteur dt'fi ondes indinien de rupture^ même dana les cas oit, au dchttt^ ta
différence entre Vcffet mécanique deê deux ondes était absolument mdk. Or, en raison même
de la constitution des deux ondes^ la différence qualitative peutjétre ramenée à une quea-
DICT. DE eUVSIOLOOlE. — TOME \'t. 1
?
98 FATIGUE.
tion de rapidité de la variation du potentiel électrique (la différence quantitative étant dae
à une différence d'intensité). Dans la fatigue, les courants à variation de potentiel moins^
brusque tendent à devenir inefficaces beaucoup plus vite que les courants à variation de po-
tentiel pltAS brusque (bobine de Du Bois-Heymond et interrupteur à mercure). Nous pouvons
en déduire que : la perte d'excitabilité, survenant dans la fatigue, se caractérise, non seule-
ment par la nécessité d'employer des courants de plus en plus intenses pour produire le
même effet qu*au début, mais aussi par la nécessité d'employer des courants à variation de
potentiel plus brusque. Dans la fatigue, il y a perte de la sensibilité aux variations lentes
de potentiel. Il est certain que cette sensibilité aux variations brusques de potentiel élec-
trique doit être dévolue au nerf et non à la substance musculaire, laquelle dans tous
les cas est excitée par l'intermédiaire du nerf (même d'après la théorie classique, qui, en
attribuant au nerf une excitabilité plus grande au courant faradique qu'au muscle, con-
sidère^Pes contractions du muscle non curarisé comme indirectes) (J. Ioteyko). L'étude
Fia. 11. — (D*après J. Iotbtko) Coarb«s de la fatigue par excitation directe de la moelle (grenouille).
Le tracé de droite est obtenu après trente minutes de repos.
de Tanesthésie venant compléter ses données, nous pouvons conclure que le premier
stade de la perte de l'excitabilité (fatigue ou anesthésie) se caractérise non par l'impos-
sibilité de réagir à la même force de l'excitant, mais par Timpossibilité de réagir à une
variation trop lente.
Dans une série de contractions isométriques, la forme de la fatigue a la forme d'une
S, c'est-à-dire qu'elle est d'abord concave, puis convexe vers l'abscisse (Wallbr).
J. loTBYKO a aussi étudié la forme de la courbe de la fatigue d'origine centrale ou
réflexe, c'est-à-dire obtenue soit en excitant directement la moelle chez des grenouilles,
soit en excitant un sciatique et en inscrivant les contractions du gastrocnémien du
côté opposé. De même que le tétanos réflexe, la courbe de la fatigue produite par exci-
tation réflexe ou centrale possède une grande variabilité de formes. La courbe de la
fatigue est très régulière, mais elle peut affecter toutes les formes imaginables. Sur la
fig. il, nous voyons deux courbes de la fatigue, obtenues par excitation centrale de la
moelle au moyen d'ondes périodiques; elles sont séparées par trente minutes de repos.
L'exlrôme régulante de ces tracés est à signaler; la courbe présente une pente très
rapide à concavité supérieure, et exactement les mômes caractères se retrouvent sur le
second tracé après la réparation. C'est là une forme de courbe assez rare.
La Hg. 12 peut être considérée comme le type de la courbe de la fatigue, aussi bien
pour les centres que pour les organes périphériques. C'est la forme la plus fréquente,
atec cette différence que les formes aberrantes sont relativement rares pour la courbe
FATIGUE.
g»
de la faiigae directe; elles se rencontreot plus souvent dans l'élude de la fatigue réûeie
ou centrale. La conlracture se produit assez souvent dans rexcilaUou des centres ner-
veux. En somme, le passage de la transmission à travers les centres nerveux ne parait
pas modifier essentiellement la courbe de la fatigue. Les différences sont d*ordre secoo-
dajre; elles portent sur la durée plus grande de ta première phase (escalier) de la courbe
et sur sa variabilité plus fréquente. Il parait certain que la courbe de la fatigue centriile
ou réllexe emprunte ses caractères à des particularités d*ordre périphérique, et que le
travail médullaire est limité par le travail des organes terminaux,
Examinons maintenant la courbe de la fulîgue chez Tbomme. En employant l'ergo-
grapbe pour ces recherches, A. Mosso a pu se convaincre que, dans un certain nombre
de cas, la hauteurdes contractions va en décroissant d'une façon régulière et que leur som-
met se trouve sur une ligne droite, bien que rirrégularité soit ici beaucoup plus accen-
tuée que pour les muscles de grenouille. Dans d'autres cas, sirrlout avec des poids lourds,
la courbe présente une convexité tournée en haut ou en bas; quelquefois elle forme une
double courbe (S italique). Le profil de la fatigue change pour bien des causes : intluence
du poids, fréquence des conlraclionSt fatigue précédente ou repos, différences de saison,
de régime, intluence des émotions, etc. Mais, chose remarquable, chaque individu a sa
|f|0, 1*. — rD'aprô» J. loTHYKo) Courf)e de la fatigue par oxciUtion directe do la moello et enrojçistremout
dem commuions du gastrocoémioD d'un cAté (grenouille). RéducUoa aux deux^tiura do l'origioaL
eùm'bê de fatigue qui lui €&i propre (Mosso); les tracés se distinguent facilement les uns
des autres, même après desanntîes, La quantité de travail mécanique peut toutefois varier
dans d'assez grandes limites. Quoique la raison des caractères personnels de la courbe
nous soit encore inconnue, il est certain que la courbe indique la variété que chaque per-
sonne présente dans la manière dont elle se fatigue. On dirait, dit Mosso, que, dans la
courbe musculaire enregistrée par Tergographe, nous lisons la différence si caractéris-
tique que présentent certains sujets qui différent dans la résistance au travail. Quelques-
uns se sentent souJaiuenient fatigués et cessent tout travail, tandis que d'autres, plus
persévérants, dépensent graduellement leurs forces. L'ergographe nous donne ainsi l'in-
scription d'un des faits les plus intimes et les plus caractériàtiques de notre individu :
la manière dont nous nous fatiguons, et ce caractère particulier se maintient constant.
Si chaque jour, à la môme heure, nous faisons une série de contractions avec le
même poids et suivant le môme rythme, nous obtenons des tracés qui présentent ton*
jours la mi^rae forme.
Eo employant des poids de 3 à 4 kilogrammes et en répétant les contractions chaque
deux secondes, on fait généralement 10 à 80 contractions qui décroissent régulièrement.
Lorsqu'on travaille avec un poids pas très considérable, on sent que^ tout d'abord ^ on
atteint le maximum de la ûexion sans que les muscles aient fait tout reflforl dont ils sont
capables; mais, lorsqu'on est fatigué, on ne réussit plus à soulever le poids, qui paraît
plus lourd (Mosso). Dans le travail ergographique deux muscles travaillent en même
temps, le fléchisseur profond et le fléchisseur superficiel; et les interosseux ne sont pas
absolument exclus.
Tous les auteurs qui, après Mosso, se sont occupés d'ergographie, insistent sur les
curactères individuels des tracés ergographiques, qui les rendent aussi reconnaissable^
que les particularités graphiques de récriture. Les spécimens qui se trouvent dans le
100 FATIGUE.
chapitre consacré à la fatigue des mouvements volontaires démontrenl bien ces particu-
larités. Si Torganisme ne se trouve pas dans des conditions identiques, alors nous obser-
vons une grande différence en plus ou en moins dans le travail mécanique. La forme
de la courbe se maintient toutefois constante. Et il faut un changement iroporlanl dans
la nutrition intime du sujet, une modification en quelque sorte de sa constitution,
pour obtenir une modification de sa courbe. Ainsi Magoiora, qui a travaillé pendant
sept ans avec Mosso à l'Institut physiologique de Turin, a présenté un changement de
la courbe entre la quatrième et la sixième année. Il est devenu plus fort, et sa santé
s'est améliorée. Il résiste mieux à la fatigue, et, tandis que sa courbe, dans la première
période, va décroissant rapidement, ce qui est sa caractéristique personnelle, elle présente
dans la seconde période une résistance suffisante à la fatigue avant que son énergie
soit totalement épuisée. Mosso a noté que les variations sont plus marquées chez ses
collègues plus jeunes, que chez lui-même, dont le type graphique est resté invariable.
CoLucci trouve que le tracé ergographique est capable de révéler même les phénomènes
psycho-dynamiques individuels.
Une différence notable dans la force se produit avec le changement de saison. L'exer-
cice est aussi une des conditions qui augmentent beaucoup la force des muscles. G*est
ainsi que Aducco, après un mois d'exercice quotidien, obtenait avec Tergographe un
travail double de celui qu'il produisait dans les commencements.
En analysant la courbe ergographique, A. Binrt et N. Vaschide ont reconnu qu'il y avait
lieu de considérer trois éléments : 1« le nombre des soulèvements; 2° la hauteur maximum
des soulèvements; 3° la forme générale de la courbe, qui est donnée parle contour des
sommets de tous les soulèvements. Comme le profil de la courbe ergographique paraît
très difficile à apprécier, on peut, dans certains cas, le remplacer par une donnée plus
simple, qui est la hauteur de soulèvement prise au milieu du travail ergographique
(soulèvement médian); ainsi, dans un travail composé de trente-six soulèvements, cette
hauteur est celle du dix-huitième soulèvement. Cette donnée permet de savoir si un
sujet a maintenu longtemps la force qu'il avait au début de l'expérience, ou si, au con-
traire, ses forces ont diminué rapidement.
Une courbe ergographique est composée de deux éléments : la fiauteur du soulève-
ment et le nombre des soulèvements. Hoch et raepelin (1895), en poussant plus loin les
recherches de Mosso et de l'École italienne, ont reconnu que ces deux facteurs
-étaient indépendants l'un de l'autre, car ils peuvent varier séparément. Us ont rattaché
la hauteur des soulèvements au travail des muscles, leur nombre au travail des centres
nerveux. Le rapport entre la hauteur totale et le nombre de soulèvements, auquel
J. loTEYRO a donné le nom de quotient de la fatigue, est l'expression de la résistance
individuelle à la fatigue. Il ne se confond pourtant pas avec la courbe de la fatigue,
<!elle-ci étant l'expression du quotient de la fatigue en fonction du temps. En effet, dans
la courbe de la fatigue nous pouvons lire le rapport qui existe entre la hauteur des
soulèvements et leur nombre à chaque instant de l'expérience. Mais nous pouvons
prendre des quotients partiels, c'est-à-dire le rapport qui existe entre l'effort et le temps
à différents- moments de la courbe. Pour avoir un quotient de la fatigue exactement
comparable à lui-même, il faut fournir deux tracés ergographiques dans la même
séance, en prenant un repos suffisant entre les courbes pour faire disparaître toute
irace de fatigue précédente. On voit alors une identité parfaite entre le travail mécanique
des deux tracés, entre les deux quotients de la fatigue et entre la forme des deux
courbes, si bien que la seconde semble être la photographie de la première (J. Ioteyro).
Ce procédé, qui met complètement à l'abri des erreurs, montre qu'il y a là, à n'en pas
douter, matière à l'établissement d'une loi psycho-mécanique de l'épuisement moteur
à formule mathématique. Mais la forme de la courbe change pourtant quand le sujet
«st en état de fatigue. Le quotient de la atigue subit alors une diminution (Voir cha-
pitre V).
Pour ce qui est du travail physique exagéré, des marches forcées, des veilles et du
jeûne, Mag(;iora a vu que les tracés obtenus après le jeûne ressemblent à s'y mé-
prendre à ceux qu'on obtient après de grandes fatigues. Il y a cependant une diffé-
rence importante : la faiblesse du muscle provenant du jeûne disparait rapidement dès
u'ou prend de la nourriture, tandis que, dans la fatigue qui suit une marche forcée ou
FATIGUE.
m
rinsomnie, la prise d*alimenU n*a qu'une faible influence restauratrice: un temps l>ien
plasconsiiiérabli! est nécessaire à la réparalioii; le repos du système ner%*eux au moyen
du sommeil est indi^tpensable. Et même» d'après Manca, les vaiiations de force du jour
déjeune ne sortent pas des limites des variations normales. Dans des expériences faites
sur lui-m^me, Wahiikis Lf*MD\îi[> (181»'i) conslala qu'il y a des variations diurnes dans la
courbe ergo|LTapliique. Le pouvoir de motricité est moindre le soir que le malin; le
repos d'une bonne nuit le fait augrnienh^n Les repas exercent une influence restauratrice.
En comparant ses tracés pris pendant plusieuis ann*^es successives , Maggiora remarqua
la'afec Tàge sa force avait augmenté dans de très lar^i^es linïilfs. Il attribue ces chan-
gements à Tâge ; car il nu pas été malade durant toute cette époque, et son poids n'a
pas varié. Cette au^'nientation de force est la démonsiration expérimentale de ce fait
d'observation courante, que le passage du jeune ûge à TAge adulte est accompagné d'un
renforcement d'énergie de tout forganisme. Binet et Vaschide» comparant la force
d>'Damométrique chez les jeunes garçons et les jeunes gens, ont vu que la fatigue
arrive plus vite chez l'enfant que «"liez radolescent
Warhen LoMOAtiD a observé une forme de courbe de la fatigue assez particulière. Dans
la contraclion volontaire, étudiée par Tergographe de Mo,sso, il vit très fréquemment
l'aptitude au travail diminuer et s'accroître successivement plusieurs fois dans la mc'nie
expérience. Durant les intervalles de la décroissance de la force, la contraction des
muscles allait presque jusqu'à disparaître compbMement, tandis que» dans les périodes
d'augmentation, la force devenait égale à celle qui avait élé déployée au commence-
ment* Ce phénomène n'est d'ailleurs pas constant; on ne l'observe que sur certaines
personnes. Le tracé périodique, caractérisé par une perle périodique et par ini accrois-
sement successif des forces, apparaît seub-^mcnl après qu'on a accompli un travail (^on-
sidérable, avec des poids lourds et une grande fréquence des contractions. La perle
périodique et le rétablissement de faction de la volonté sur le muscle ne dépendent pas
des changements dans la nutrition du muscle (ils ne sont pas empêchés par le massage).
Us ne dépendent pas non plus des variations dans l'excitabililé des nerfs et des muscles,
puisque, au moment où la contraction volonlaire est presque impossible, le muscle
répond à Texcitation directe et indirecte (par le courant électrique). Los altérations qui
produisent la périodicité doivent être placées, >uivant Wahren LoiiB\RD, dans quelque
mécanisme central nerveux qui se trouve entre les régions du cerveau d*où part Finipul-
sion de la volonté, et les nerts centrifuges. Maggiqra a conliriué le fait, que les périodes
ne se manifestent pas quand les muscles se contractent par rirritation électrique appli-
quée aux troncs nerveux ou directement sur les muscles* Ces deux auteurs considèrent
le» périodes comme un phénomène d'ordre central, et le localisejit au-dessous des centres
de lavohtion, lesquels chaque fois envoient aux organes périphériques un ordre égale-
ment énergique, c'est-à-dire celui de la conlradion niaximuni. Les périodes sont unelTet
de la fatigue, et consécutivement d'un défairt de tioordination fonctionnelle; mais au
point de vue du travail mécanique ils présentent un gain considérable.
Les eipériences récentes de Trkvks combatient la manière de voir des deux auteurs
précédents. Ce physiologiste a constaté une périodicité très nette dans ie Iracé de la
fatigue du gaslrocnémieJi de lapin travaillant en surcharge et excité par réleclricité.
Les tracés qu'il donne sont absolument démonstratifs. Selon Tr]?:ves, la périodicité serait
due aux oscillations du rappurl erilre le muscle et le Iravail selon les conilitions méca-
niques dans lesquelles nous le faisons travailler. Comme le muscle en se fatiguant subit
des modilications d'élasticité, quand celle-ci diminue, le muscle exécute moins de tra-
vail; or, dans le muscle on surcharge, c'est-à-dire dajis les conditions du p<>ids avec
appui dons rintervalle des exciialions, le muscle ne sera pas tendu constaminonl, il
pourra se reposer en partie dans Tintervalle des excitations, sou élasticité se rapproi hera
de la normale, et alors apparaîtra une nouvelle période de travail plus considérable, qui
tendra à rabaisser de nouveau graduellement. Si. au i-ontraire, nous faisons travailler
ie muscle en charge rompléle et, par conséquent, en tension constante, les périodes
n'apparaîtront plus ni chez le lapin, tii chez Thomme.
S*d en est ainsi, on a le tlroit de se demander si le tracé périodique ne serait pas
autre chose que le phénomène de u lignes ondulées >^ dont parle Fcnke en 1874 en cea^
termes : « La courbe de la fatigue qui touche à sa lin présente souvent des a lignes on*
102 FATIGUE.
dulées, caractérisées 'par plusieurs secousses pins hautes, auxquelles succède ane
^érie de secousses plus basses, phénomène dont on s'est beaucoup occupé et qui est dû k
des oscillations de l'élasticité musculaire. »
Mosso s'est aussi occupé de l'influence qu'exerce un appui sur la courbe de la fatigue.
Suivant ce physiologiste, l'influence d'un appui est nulle. Si, dans le décours d'une
courbe, on enlève soudainement l'appui, il en résulte un vide en bas en forme de
triangle, sans que la courbe de la fatigue montre quelque variation sensible. On peut,
au moyen de Tappui, dispenser le muscle d'une bonne part de son travail, sans que la
courbe de la fatigue change. Kronecrer avait déjà dit, pour les muscles de la grenouille,
que la fatigue reste la même, pourvu que les excitations restent constantes. En irritant
ie nerf médian, et en enlevant soudainement l'appui, on remarqua un léger effet sur la
courbe de la fatigue. Il est probable, dit Mosso, que, pour le muscle frais, dans ses pre-
mières contractions, le poids est indifférent, de telle sorte que, l'ordre une fois donné au
muscle de se contracter, celui-ci produit un maximum de raccourcissement, aussi bien si
le poids doit être soulevé pendant toute la durée de la contraction maximum que s'il
doit l'être seulement pendant une partie de celle-ci; mais, l'énergie du muscle dimi-
nuant par suite de la fatigue, le muscle alors profite de l'appui qu'on lui donne. Avec
l'excitation électrique, dès qu'on se sert de l'appui, les contractions deviennent un peu
plus hautes et se maintiennent tant que dure l'appui.
Mosso a excité directement le muscle ou le nerf médian au moyen de l'électricité,
afin d'éliminer l'élément 'psychique. Le courant inducteur était interrompu toutes les
■deux secondes. L'application du courant tétanisant se faisait au moyen de deux boutons
métalliques recouverts d'une éponge imbibée d'eau acidulée. A cause de la douleur que
produit l'application de l'électricité, il est impossible d'obtenir des contractions maxima.
11 est aussi impossible de faire soulever par le doigt médius des poids lourds. Généra-
lement, il ne faut pas dépasser 400 grammes. Les tracés de la fatigue artificielle ne sont
donc pas strictement comparables aux tracés de la fatigue volontaire, et cependant,
chose remarquable, le muscle suit la même courbe, quHl soit excité par la volonté ou par
Vélectricité. C'est donc avec juste raison que Mosso conclut de ces expériences que les
phénomènes caractéristiques de la fatigue ont leur siège à la périphérie et dans le
muscle; l'influence psychique n'exerce pas une action prépondérante, et la fatigue peut
encore être un phénomène périphérique.
Nous devons admettre, avec Mosso, que les muscles ont une excitabilité et une énergie
propres, qu'ils s'épuisent indépendamment de l'excitabilité et de l'énergie des centres
nerveux. Nous devons transporter à la périphérie et dans les muscles certains phénomènes
4e fatigue qu'on croyait d'origine centrale.
Berninzonr obtint des courbes de la fatigue en excitant mécaniquement le nerf
médian au moyen d'un instrument spécial appelé vibrateur. Le bras droit était attaché
à l'ergographe, et le médius soulevait un poids de 4 kilogrammes avec intermittences
de deux secondes. Le travail mécanique est plus considérable avec l'excitation méca-
nique. La même augmentation de travail s'observe dans l'excitation mécanique de la
région motrice correspondante de la tête. L. Patrizi a construit un ergograpbe crural,
^ui inscrit l'oscillation de la jambe d'arrière en avant. Cet appareil a été destiné surtout
à des recherches névropathologiques, dans lesquelles il peut être intéressant de pouvoir
comparer la force de l'extrémité supérieure avec celle de l'extrémité inférieure. L'auteur
donne des tracés de la fatigue volontaire et artificielle (électrique) de la jambe. Ainsi,
,par exemple, un individu, qui donne normalement i**«f™,17 (fatigue volontaire), ne
fournit plus que O^^m^ga après une course de 20 kilomètres. Casarini (1901) a repris
cette étude. G. C. Ferrari a fait des recherches ergographiques sur la femme. Il existe
une différence profonde entre la fatigue ergographique chez l'homme et chez la femme.
Chez celle-ci, la main gauche est mieux développée que chez l'homme. C'est là un fait
presq ue constant, qui montre que chez la femme le cerveau droit est plus développé.
Mais la fatigue ergographique de la main droite est la même chez l'homme que chez la
femme.
La réparation de la fatigue ergographique a été étudiée par un grand nombre d'au-
teurs. Il y aurait là une étude très intéressante à faire, relativement à l'âge, au sexe,
aux races, aux conditions d'existence, etc. On peut dire dès aujourd'hui que toutes ces
FATIGUE.
103
inlltiences doivent être tr«i5 manifesLes, bien qu*elles n'aient pas encore été recherchées.
En tout cas, le temps de réparation n*cst pas le même selon les différents auteurs. Ainsi,
d'après lY-cole italienne, il faut deux heures (temps moyen) pour faire disparaître tout
signe de fatigue ergo^içraphique; les sujets d'expériences ont été les assistants, et les
jeunes professeurs des Universités italiennes. Dinet et Vasgmidk, qui ont expériniento sur
douze jeunes gens français, de seize à dix-huit an9> trouvent qu*une demi-hcure de
repos est suffisante pour réparer complètement ïa fatigue à rergof^iaphe, Frey trouve que
la réparation d'un muscle fatigué k Terf^'ographe se fait au bout d'uue heure de repos
(Suisse). J.loTtYKoa vu, sur vingt éludiauts de TCniversitéde Bruxelles, à^^és de vingt ans
environ, que le temps de dix mimiLes de repos suffisait pour dissiper complètement
les eCTets de la fatigue ergographique, et même que, dans certains cas, cinq minutes
de repos pouvaient produire cet efleL C'est aussi le temps (dix minutes) indiqué par
KnAErsLix (expériences faites à Heidelberg).
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nikirter quergestreifter Muskeln (A. P., 1880, 438); ^ et Stihlinc* Veber die Genesis des
Tetanm {Ak. Berlin, 1877 et A. P., 1878, 1-40). — Losibard Warren. Some of ihe
influences which affeet ihe power of voluntary muscular contractiom (/, P., xni, 1892,
1-58); Eff^ets de la fatigue surlla conlrarMon muscttlaire volontaire (A. », J3., 1890, xrir, 372);
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— Lbvy (A, G.). An attempl to estimate fatigue of the cérébral cortex when caused by
i
104 FATIGUE.
electrical excitation (J. P., xxvi, 1901). — Limbourg (Ph.). fieiinïge zur chemischen
Nervenreizung und zur Wirhung der Saize {A. g. P., 1887, xli, 303-325). — Maggiora (A.).
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dcW uomo {Realc Accadi^mia dei Lincei, v, 4 nov. 1888); — et Lkvi. Unters. ùber diephysioL
Wirkung der Schla7nmhader {Arch. f. Hygiène, xxvi, 1896, 285).— Maggiora. Influence de
Vdge sur quelques phénomènes de la fatigue (A. i. B., 1898, xxix, 267). — Manca. Influence
du jeûne sur la force musculaire {A. i. B, 1894, xxr, 220). — Marey. Études graphiques
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Paris, 189i; Ueber die Gesetze der Ermudung (A. P., SuppL, 1890, 89); Les lois de la
fatigue étudiées dans les muscles de Vhomme (A. i. B., xiii, 1890, 123). — Novi (Ivo). Die
graphische Darstellung der Muskelermùdung (C. P., 1897, xi, 377); Sur la courbe de la fatigue
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der Muskeln abfàllt (A. P., 1886). — Neumann {£.). [Deutsche Klinik, 1864, 65; Kônigsber-
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naturale degli arti inferiori [Un erg ografo crurale) [Bulletino d. Società medico-chirurg , di
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576); — RoLLETT (A.). Ueber die Contractionswellen und ihre Beziehung zu der Einzelzu--
ckung bei der quergestreiften Muskelfasern (A. g. P., 1892, lu, 201-238); Zur Kenntniss^
der physiologischen Verschiedenheit der quergestreiften Muskeln der Kalt und Warmblûter
(Ibid., Lxxi, 1898, 209-236); Ueber die Vernnderlichkeit des Zuckungsvei'laufes querges-
treifter Muskeln bel fortgesetzter periodischer Erregung und bei der Erholung nach dcrsel-
ben [Ibid,, 1896, lxiv, 507-568); Physiologische Verschiedenheit der Muskeln der Kalt und
Warmbliiter [C P., xiii, 1900); (Ak. W., lui, 1887, 243-244); (A. g. P., lxiv, 527 et liu
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ZuckungshOhedes untermaximal gereizlen Muskels [Ber. d. Gcsel. d. Wiss. zu Leipzig, Math.-
phys. classe, 1875, 81-130).— Vale.ntin (G.). Einiges iiber Ermiidungscurven quergestreifter
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[Ibid., 1870, III, 372-403). — Waller (A.^ Report on experiments and observations relating
to the process of fatigue and Rccovery (The British med. Journ., 1885 et 1886); Éléments
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Reizstarke und der Tetanushohe bei indirekfer Reizung [A. g P., 1885, xxxv, 69). — Wundt.
Lehre von der Muskelbewegung, 1858. J
§ 4. Les effets de la fatigue sur la force musculaire et sur le travail mécanique. — Le
travail mécanique d'un muscle (travail extérieur, elFet utile) s'évalue en mullipliant le
poids soulevé par la hauteur de soulèvement : T = PH. Le poids soulevé par un muscle
comprend en réalité : 1° le poids dont le muscle est chargé; 2<» la moitié du poids du
muscle lui-môrne; cette deuxième quantité est en général négligée dans les expériences.
Quand le muscle ne soulève aucun poids, l'effet utile est nul, car on ne compte pas
comme effet utile le soulèvement de la partie inférieure du muscle. Pendant le tétanos, le
muscle n'accomplit de travail mécanique que durant son raccourcissement; tout le temps
que le muscle tétanisé maintient le poids à la hauteur de soutien, il n'accomplit pas de
travail mécanique extérieur. Cependant le poids 'ne retombe pas, le muscle reste actif.
FATIGUE.
fO»
I
\
et celte activité, qoi se traduit au bout d*im certain temps par une sensation de
fatigue, correspond à ce qu'on appelle tra\ ail intt*t'iettr (îu mnnde^ ou contraction statiqur,
par opposition avec la contraction dyntmiiquc, dans laquelle un Itavail extérieur est
produit. Celte conlraclion viatique ne peu! ^*trc soutenue bien longtemps ; ainsi,
d'après les recherches de G aiixatvp, on ne peut tenir les bras étendus plus de dix^neuf
minutes.
On dbtingae deux espèces de contractions musculaires : \a contraction isotoniquCt dans
laquelle la tension du muscle ne varie pas pendant la coutracllou, le muscle se con-
tractant librement et soulevant un poids; et ia contrantion iHmètnqu(\ dmis laquelle la
contraction du muscle est presque complètement empêchée. Dans ce dernier cas, le
muscle convertit toute son énergie chimique en chaleur. Le dégagement de chaleur est
plus considérable dans la contraction isométrique que dans la contraction i^utonique. Il
semblerait que le déga*];emeul d'énergie est plus considérable dans la contraction isomé-
trique que dans la contraction isotonique, car, dans le preznier cas, la l'ati^'ue survient
plus rapidement, l ne expérience très simple» due h J. Iqteyro, montre bien que la con-
traction isométrique fatigue plus vite que la contraction isoionique. Unr^ ji^renouiHe étant
placée sur un myographe double» on dtkoavre les deux nerfs sciai iques, et les deux
gastrocnémiens sont attachés aux leviers correspondants. Une paire dV'lectrodcs amenant
le môme courant est mise en contact avec chaque gastrocnémien. Au commencement
^^ Texpérience, on s'assure que les conlraclion^ des deux côtés sont d'égale hauteur.
On produit alors le tétanos isotonique d'un ctMé et le tétanos isométrique de Tautre
(le raccijurcissemenl est empcclié tout simplement par la Itxatioii extemporanée du
tendon du gastrocnémien h la planchette de liège au moyen d'une ôpinglel. Quand le
tétanos isotonique touche à sa lin, indice de la fatigue isotonique» on suspend pour
quelques secondes Teicitatiou des deuv ciUés. L'épingle ét^iit enlevée, on recommence
Teicitation des deux côtés pour connaître la hauteur de la conlraclion après la fatigue.
Or le gaitrocnèmien qui a fourni un tétanos isométrique (par conséquent, sans pro-
duction de travail mécanique) donne des contractions moins hautes que le gastrocnémien
qui a fourni le tétanos isoloîiique. La fatigue isométrique a donc été plus accentuée que
la r^ligue isotonique* La fig. l.'l, qui est une illustration d« ce phéjîoniéne, démontre
aussi qu'à mesure (juGn produit des It'danos n-pélés la différence s'accentue entre les
eflf-'ts de la fatigue isométrique et ceux de la fatigue isotonique. L'accumulation de fatigue
est plus prononcée dans la conlraclion isométrique. La mîeur du quotieHl i/^/i eœprime
U rapport de la hauteur de la contraction d^emam du musde fdtiijué isométriqurmcut à celte
de la contraction dressai du muscle fatigué i^otoniquemcnt , diminue proyressivemcnl à mesure
que la fatigue ii\iccumutc. Cette eipérience est aussi une démonslruUou de la loi de la
conservation d'éneigie; car dans la contraction isomùlri4iue l'énergie se dégage sous
forme de chaleur.
Le travail mécanique n't^st donc qu'une des niaiiifestalions d'éneigie du muscle.
Nous pouvons cependant étudier isoléjuenl Taclion de la fatigue sur le travail méca-
nique, sans nous préoccuper des autres facteurs, si nous expérimentons dans des condi*
tions toujours rigoureusement les mômes,
HAiTGiiTO?r et iNiPUER ont essayé de calculer, pour Thomme vivant, une toi de la fatigue
mtaaUaire, Hauoiitox est arrivé à la formule suivante dans le cas de travail statique :
T-
— =^ constante.
Ce résultat se rapporte au bras tendu horizontalement^ et mainlenant des poids
T
variables pendant un temps 8. Le quotient -^ s'appelle la vitesse du travail statique ; si on
ta désigne par r% la formule de HaugtOxN se ramène alors à la suivante :
Tkv = constante-
Et Ton peut énorcf^r la loi suivante qu'on appelle loi de ta fotîtjue de Hauguton : le
produit du travail statique effectué par un groupe de muscles qui restent contractés
jusqu'à épuisement par la vitesse du travail est un nombre constant.
^^^^^^^H
106 ^^* ^
■ ss
En ce qui con-
cerne le travail Jy-
naDiique, Hai:»jh-
-5 ^
TON arrive à la for-
o ^
mule suivaate : •
3|
II
n(H-^«^) = A,
dans laquelle n est
le nombre de sou-
2i
lèvements qu'on
peut elTectuer avec
is
le même poids et
^^^^^H ^^^^^^^^^^^^^^^^^^IH3^^^^S^^^^^^^^^^^^^^^P
jusqu'à la niémA^^H
hauteur, ( le temps^^^
= TA
-3 e»
que dure chaque
soulèvement, ^ et
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^H'^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^l
A des coQstantes.
o 5
Le maximum d-e
^ o
travail est alteint
S, g
i
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^BS^s^^^^^^^^^^l
n
quand t = -j^ Cette
r^
loi fut trouvée
E S
exacte pour des
poids difTérents.
D'après ÎREves, ^^H
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^E^H^^^^^^^^^^^^^^^^^I^^^^^^^^^p^^^^^^l
Tergogramme ea^^^H
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^Kil^^^^^^^^^^l^S^^^^^H^^^^H
stirctiarge (avecap- ^^W
^^^^^^^^^^^^^^BS^^^^^^^B^^^^^^^^^l
J 5
puidaiis les in ter- ■
^^^^^H
^^^^^^^^^^^^^^^a^^^^^^^^^^^^^^^^^l
i:
valles des contrac- H
■fl
tiens) peut semr à ■
te""
donner une idée de 1
la marclie de la fa- H
tii^ue, mais il n'est ^^U
pas précis et) ce qui ^^H
^ ^
concerne l'évalua- ^^H
^1
lion du travail mé»^^^|
e 2
caoique. Les cou- ^1
II
tractions que le
3 "
muscle exécute
avec un poids dou-
O ^
oé à toute charge
lll
sont plus hautes
que celles qui sont
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^H
iii
exécutées avec le
^^^^^^^^^^^^^^^^^^1
même poids en
^^^^^^^^^^^^^^^^^^1
_ -US O
surcharge. Franti
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^1
recommande Tu-
^^^^H^^^^^^^^^^^^H
^ fc ^
sage isométrique
^^^^^H^^^^^^^^^^^^^H
h:.!
d'un ressort, parce
que la force mus-
culaire se trouve
? p J
pratiquement iso-
tu
lée. Après CiiO con-
tractions maxima-
^^^H ^^^^^^^^IH^^^^^^^^^^^^^^^^^^^I
les le muscle ne
^^^B ^^^^^^^^DH^^^^^^^^^^I^^^^^^^I
^l-ê
peutaccomplirque
^^^HHI^^H^HH^^II
:^
40 p. 100 de ce qui!
^
FATIGUE.
107
faisait bxl début. L'auteur critique ies méthodes courantes de Tévaluation de la fatigue.
Avec Tergographe h poids ou à ressort, il y a toujours deux «Méments variables qui inter-
viennent, la force et l'étendue d'une contraction, et ces deux facteurs sont si variables
d*un individu à Tautre, que les comparaisons deviennent impossibles.
M est difficile d'évaluer exactement la quantité de travail mécanique que peut fournir
un muscle. D'après KRO?(eciLE&, le triceps fémoral de la grenonille cbargé de 20 grammes
et iravaillant en surcharge, peut fournir à l'exci talion maiimaîo (toutes les 4 ou 6 se-
condes) un nombre des contractions variant de :250 (Janvier) h 2 700 (Octobre). La force
d'un muscle est donc très différente suivant les saisons. L'influence des saisons sur la
fatigue musculaire de l'homme mériterait une étude approfondie; nous savons, d'après
les expériences de Mosso^ que le ctiangement des saisons exerce une inJhience sur la ré-
sistance À la fatigue, mais le physiologiste italien nous fournit fort peu de détails k ce
sujet. En moyenne, un homme adulte fournit à Tergo^raphe 5-5 kilogrammèlres, la
femme 3-4 kilogrammètres de travail (J, Iotevko]. Ces chilTres n'ont d'ailleurs qu'une
valeur très approiimative.
On a beaucoup étudié l'influence du poids et de rMemité des excUations sur Texcita-
bilité musculaire, mais relativement peu de recherches précises ont été faites sur
rinfluence qu'exercent ces facteurs sur la somme de travail mécanique* Suivant Rosenthal,
il y a pour chaque muscle une charge déterminée sous la<juelle ce muscle accomplit le
maximum de travail utile. Cet elTet utile correspond plutôt à un poids moyen qu'à un
poids* fort. Ainsi un muscle de grenouifle produit] plus d'efTel utile avec un poids de
100 grammes qu*avec un poids de 200 grammes, et le maximum est produit avec un
poids de 150 grammes. De môme Cu. Ricbet a trouvé que, pour Técrevisse, l'effet utile
maximum coïncide avec le soulèvement d*un poids moyen. Tout cela ne s'appîique qu'à
une excitation donnée. Si nous faisons travailler le muscle jusqu'à extn^me fatigue, nous
voyous que, toutes conditions égales, un muscle travaillant avec un poids l'oit se fatigue
plus vite que s'il travaille avec un poids léger (Fcnkr, Pompiliaw), et la lia u leur des con*
tractions d'un muscle très cbargé décroît plus rapidement que celle d'un muscle moins
chargé (Volkma.nn). Kronbcker et Tibgcl sont d'accord sur ce point important, à savoir
que les courbes de la fatigue d'un muscle travaillant avec des poids dilTérenls sont des
lignes parallèles : la plus élevée d'entre elles correspond au poids le plus faible, la plus
h^Sêe correspond au poids le plus lourd. M. Poupilian a vu qu'un muscle fatigué complè-
tement par un poids faible donne encoret pendant assez longtemps^ de belles secousses
si on le fait soulever un poids fort On est eu droit d'admettre que Faugmenlalion du
poids a agi comme un excitant.
Ed. WfBER (1846) a étudié rinfluence du poids sur la fatigue et la force musculaire.
l^ fatigue n'exerce pas une action parallèle sur ces deux propriétés du muscle, le
raccourcissement et le soulèvcmeiit d'un poids (etfet utile), car le raccourcissement décroît
phis lentement que l'effet utile. H en n-suRe qu'un muscle fatigu('î et fortement chargé
se raccourcit beaucoup moins comparativement à son état frais qu'un muscle légèrement
chargé. Cette influence qu'exercent les différents poids sur la fatigue se laisse reconnaître
dans les expériences : deux muscles, dont l'un est plus fortement chargé que l'autre, se
raccourcissent d'une quantité égale au début de rexpérience, mais, avec les progrès de
la fatigue, les hauteurs de raccourcissement commencent à diverger. Ainsi, par exemple, si
nous avons trois muscles chargés de j, de 10 et de 15 grammes, au début la hauteur de
raccourcissement est la même pour les trois muscles ;mais,^ous rinfluence de la fatigue
des différences commencent à se manifester. .\ la fin de Texpérience^ le raccourcissement
du muscle chargé de f 0 grammes ne constitue que le 34 p. \0(l, et le raccourcissement
du muscle charj^é de 15 grammes ne constitue que le 17 p. 100 du raccourcissement du
muscle chargé de 5 grammes. Par conséquent, l'influence de la fatigue se fait ressentir
davantage quand la résistance à vaincre est plus considérahle. Donc, sous rinfluence
de la fatigue, la force de la contraetion est considérablement diminuée (Wkbbr). Si le
poids est très considérable, alors le muscle fatigué peut même s'allonger au moment de
l'excitation au lieu de se raccourcir (voir : Inlluence de la fatigue sur l'élaslicilé muscu-
laire), car il est devenu moins élastique et plus extensible. Avec des poids de 30,
35 grammes, nous obtenons des modiliciitious analogues, maïs plus accentuées qu'avec
des poids de 5, 10 et V] grammes; il en résulte qu'à un moment de Texpérience, quand
108
FATIGUE.
le miiscKï chargé de 5 grammes se raccourcit encore de 22 p. 100 de son raccourcis-
sement primitif, k moscle chargé de 35 grammes commence à s*allonger. Cet allonge-
ment augmente avec les progrès de la fatigue et ne disparait que plus tard* avec la
mort du muscle.
Le maximum de travail que fournit un muscle fatigué correspond donc à un poids
léger, et non à un poids lourd; les muscles fatigués peuvent fournir nn travail incora-
parabiement plus grand en soulevant des poids légers que des poids lourds. La force du
muscle dépend aussi de l'élasticité; si Télasticité est grande, alors avec la même force
de raccourcissement le muscle peut développer une force considérable; si rélasticilé est
diminuée (comme dansli faligue)» alors le muscle développe une force moindre (Weeeb).
La théorie lïiodernci qui tend à assimiler les forces contractileî* aux forces élastiques,
n*a fait que confirmer ces conclusions de Wedkr.
Ainsi donc Teiïet de la fiiligue est de diminuer ces trois phénomènes inhérents à la
contraction : 1) la longueur de raccourcissement; 2) la force que le muscle développe
pendant son raccourcissement; 3) le travail mécanique. Le travail mécanique (effet
utile) qui dépend aus>i bien de la hauteur de contraction que de la force de raccourcis-
sement est très différent suivant la charge à soulever. Ce n'est qu'avec une charge déter-
minée que le travail mécanique est maximum : il diinitme avec des charges plus grandes
et plus petites. Mais les rapports cliangent avec la fatigue. L'elïet utile maximum corres-
pond a un poids d'autant plus léger que la fatigue est plus avancée. Les muscles fatigués
se raccourcissent beaucoup moiui pour des poids lourds que pour des poids légers. La
cause de cette différence est due en grande partie aune dimiûutiond'élasticilé nuisculaire.
Au point de vue pratique, ce princi^ie nous conduit ù. émettre quelques critiques au sujet
des instruments de mesure à poids Uxe» tels que l'ergographe de Musso.
Pour obtenir un travail maximum^ il faudrait soulever une charge graduellement
décroissante dans le cours de rexpérienoe.
J. Bern^teln a étudié rijiOuence de la fatigue sur la force développée dans le tétanos
et dans mie contraction unique. H a cnufirmé les données de Heruann, qui avait trouvé
antérieurement «[ue la force musculaire développée dans le tétanos est le double de
celle qui est développée dans la contraction isolée, à égalité de temps. Ainsi pendant
le tétanos il y a sommation de la force comme il j a sommation des raccourcissements.
Suivant Bewnsteix, le rapport entre la force du tétanos et celle de la contraction unique
se maintient même pendant la fatigue, mais quelquefois la différence de force s'ac-
centue avec les progrès de la fatigue. Il faut, pour ces expériences, choisir des gre-
nouilles très vigoureuses, car sur un muscle pou vigoureux la difTérence de force n'est
pas très manifeste dès le début. Fua ke trouve au contraire que dans la fatigue la
courbe du tétanos est quelquefois moins élevée que la secousse unique.
Quand un muscïe^ au lieu d'agir sur une charge constante, agit sur une charge
gruduetlement dccrotëxaule, Tcffet utile augmente. Ce priiici/je (fa//r'f7t'mc?î^, étudié expéri-
meulalernent par P'jgk, se retrouve dans beaucoup de muscles de Torganisme. Lanoaci et
pAcifLLY montrèrent qu'un muscle qui est allégé de son poids toutes les fois qu*il atteint
son maximum de raccourcissemeut, se fatigue moins et développe moins d'acide qu*un
mu:scle qui est tendu durant la fieriudn de décontraction, (^^[iutrairement u Topinion de
KHrjNKCKEH, il paraît certain que la tension seule sullit par épuiser un muscle ^Iirause,
WuxDT, GoTsceucn). On peut aussi fjiire agir sur le muscle une charge graduellement
croissante. Enfin on peut produire une modiUcation brusque de tension à tel moment
de la contraction. Nous n'entrerons pas dans tous les détails de ces contractions et nous
ne ferons ressorlir que quelques points touchant rinlluence de la fatigue. Cette étude
a été poursuivie en Allemagne par Fh, Scne.xck VVùrzbourg;, V. Ktnes avait montré Fin-
it uence exercée par la tension sur le cours de la contraction et décrit une contraction
ou le muscle est empéclié de se racMurcir durant un certain temp.^ après Fexcitation,
et puis la détente s'opère brusquement, Socalli a continué Tétude do la Schleuder"
zuckuntj. ScuExcs a vu que le processus de raccourcissement de cette contraction était
iidluencé par diftérents facteurs, entre autres par la fatigue. — Si la charge d'un
muscle est diminuée d'une valeur déterminée au commencement de la contraction, la
hauteur de celle-ci ne sera pas aussi grande que celle d'une contraction isolonique,
dont la charge était moindre déjà avant tout début d'excitation. Ainsi donc, il n'y a pas
FATIGUE*
1Û9
traddition du raccourcissement dû à l'allégement et du raccourcissement dû à Tacli-
-vitè. ScHENCK a étudié rnction de la fatigue sur ce geiirc de contracUon (Entlastungszu-
kun^/}* Si nous dési^'rionà par îk le soulèvement de la Enttasiwigszutkung au-dessus de
5isse de la contraction isotonique, et Hi la hauteur de cette dernière» nous obtenons
un ijaolienl |Tr qoi est toujours plus petit que l'unité. Ce quotient varie peu avec la
fatigue. Quand lafatigueest poussée à rextphne, il y a légère ditninutîon de ce quotient.
Il ci*y a pas lieu d*insîsler,5ur les phénomènes qui caractérisent les autres genres de
contractions, où la tension est modifiée {Zugzuckunif^ Anuiilagszuckwig)*
Nous savons peu de cho^e relativemt-nt à l'influence de Vint ensilé de t* excitation sur
la ratî{:ue musculaire. M v a un rapport intime entre l*intensité de r€\cilatiùn et le tra-
vail produit, et même, suivant Kronecrer, la pn>pDrtionnalité est complète. Mais quelle
est l'inlluence de rintensité de Texcitation sur la marche de ta fatigue? Il semble qu'il
n'est pas possible aujourd'hui de répondre calégoriquement à ces questions, et c*est en
Tain qu*on a cherché à démontrer, pour le rapport entre Texcitalion et le travail muscu*
plaire l'existenee d*une loi myo physique analofîue a la lot psychophysiqne do Fechner-
k'e&CR. Suivant C«. Richet, pour obtenir Telle t utile maximum, il faudra tendre le muscle
avec un poids d*aataut plus ^^rand que rexcitalion sera plus forte. Ei.^tuovea (t892) a
étudié rinlluence de Texcitation des nerfs vagues î»ur les contractions des nmscles des
bronches. Sous Tinfluence de la fati^^ue on voit les contractions diminuer d'amplitude.
L'clTet de la ftcquence des excitations (rylhme) a été fort bien étudié. Tous les auteurs
sont d'accord pour attribuer à une grande fréquence d'excitations l'inlVuence la plus
fdcùeuse sur la somme totale de travail mécanique (Engelu^nn, Fu.xke, Khonruker).
Parmi les influences exercées sur la fatifrue, la plus importante est, sans conteste, la
> fréquence des excitations; plus les intervalles des excitations sont rapprochés, cl plus
'tite survient la fatigue. Ce résultat est d'nne extrême importance. Les intervalles entre
les excitation?, ce sont les moments de repos entre les contractions successives; plus ils
sont grands, moins le muscle se fatigue; après chaque contraction te muscle peut se
réparer en partie, après s*étre débarrassé des produits toxiques engendrés pendant le
travail» produits dont Taccu mutât ion est l'origine de la fatigue. D'après Oseretziîowsky
e4 KiiAEPEUTf, si on passe d'un rythme de 30 à un rylhme de 00 et 120 contractions à la
minute (er^ographe), le travail mécanique augmente, principalement à cause de l'aug-
mentation du nombre de soulèvements. Quand «m exécute des mouvements rapides, il
en résulte une excitation psycho-motrice.
Les mêmes auteurs ont vu qu'en soulevant un poids de 5 kilogrammes arec le rylhme
de 1 seconde» la fatigue arrive d'aulatit moins vile que l'intervalle entre les deux courbes
e&t moindre. Le travail mécanique est plus considérable avec une charge de 4 kilogrammes
qu'avec une charge de 6 kilogrammes.
Dans des expériences faites sur lui-même Maggiora a étudié l'action du poids et de
la fréquence des excitalions sur la courbe eigograptûque. Le travail accompli avec une
charge de 2 kilogrammes est supérieur au travail accompli avec % kilogrammes, et celui-
ci est supérieur au travail accompli avec 8 kilogrammes (fréquenct^ des cojitractions 2").
Lvec 2 kilogrammes l'auteur a pu produire 2 062 kilogrammètres; avec 4 kilogrammes,
1892 kilûgramniî'trcs; avec 8 kilogrammes, I 040 kilogrammètres. Travaillant avec un
oids de i kilogramme, il n'a pu fournir que 2 23H kilogrammètres. Il semblerait donc
"qu'il existe un poids déterminé avec lequel on obtient le maximum de travail, Pour
MAnGiOHA, ce poids est de 2 kilogrammes. Si Ton fait travailler le muscle avec diflérents
poidsp on obtient des ligues qui descendent presque parallèlement vers Tahscisse, résul-
tat en tout semblable à celui qu'obtint Kroneckkr sur le muscle de la grenouille. Les
unîmes faits se produisent aussi pour les muscles de l'homme dans la contraction pro-
voquée.
Quant à la fréquence des excitations, Maggiora a vu sur lui-même que, avec la fré-
quence d'une contraction toutes les dix secondes, les contracliona des lléchisseurs attei-
gnent leur maximum de hauteur et se maintiennent toutes au m^me niveau; ta fatiifut
ne se produit pas : dans ces conditions, le muscle peut travailler indéfiniment» et, en
Ifoulevanl un poids de 6 kilogrammes, il accomplit par heure le travail de 34.500 kym.
C'est un travail de beaucoup supérieur à celui qui est fait par le muscle, alors qu'il
110
FATIGUE.
soulève le même poids avec ime fréquence de 4'^; dans ce cas, il a besom de deux heures
de repos, et la production de travail mécanique est seulement de 1,074 kgra.ii rhenre,
c'esl-à-dire un travail 32 fois uioindre. Dus résultats analogues ont été obtenus avec uu
poldâ de 2 kilogrammes.
D'une manière générale, la quantité de travail est d'autant plus grande et la fatigue
d'autant plus retardée que la fréquence des excitations est moindre, résultat absolument
comparable à celui qu*on a obtenu sur les muscles des animaux à sang froid et à sanj;
chaud. Il existe donc pour les muscles périphériques certaines conditions de travail*
dans lesquelles la contraction peut se répéter indétlniment sans produire de fatigue* Le
repos de 10" entre les contractions est suffisant pour Ja réparation intégrale. Nous
Yoyons ainsi que la fatigue n'est pas une conséquence inévitable de raclivité; elle n*est
point le résultat de l'intensité avec laquelle le travail est accompli, elle n'est pas non
plus proportionnelle au temps pendant lequel Tactivité est soutenue. Lu muscle peut se
contracter indéfiniment en fournissant le maximum de contraction et en déployant une
force considérable. Mais la fatigue est fonction de laï*apidUé avec laquelle se suivent les
mouvements. Ainsi le muscle est infatigable quand il se contracte six fois à la minute.
C'est là son rythme optimum. Un repos de dix secondes entre les contractions est donc
suffisant pour restaurer complètement le muscle, compenser les pertes et anéantir les
produits de déchets de la conlraction. Comme ncjs mouvements s'accomplissent habi-
tuellement avec une fréquence bien plus grande» il en résulte que la restauration n'est
pas complète d'une contraction à Taulre. Le retour à l'état normal demande alors un
repos bien plus lon^, à cause de raccumulation des effets de la fatigue.
Les recherches de lMaggiora, relatives au rythme optimum des contractions des
muscles périphériques, ont jeté une vive lumière sur les phénomènes de Tinfatigabifité
du crpur. Nous sommes autorisés à admettre par analogie que, dans les conditions nor-
males, le camr bat suivant un rythme optimum qui est suffisant pour sa réparation inté-
grale; les changements chimiques survenus au moment de la contraction étant exacte-
ment compensés pendant la période de repos. L'alternance des systoles et des diastoles
est réglée de manière à restaurer compliMement îe muscle cardiaque dans les intervalles
de repos. Le cœur est toutefois fatigable quand il est soumis à des excitations trop fortes
ou trop souvent répétées, comm^ cela a lieu dans les cas pathologiques. Dans les
maladies organiques du cœur, k la suite d'un obstacle au jeu régulier du cœur, celui-ci
est tenu à accomplir un travail bien plus considérable qu'à l'état normal; il chauge de
rythme » ses battements redoublent d'intensité, et, pendant un certain temps, grâce à ce
renforcement, le débit du sang dans les tissus n'est pas modifié. Pour pouvoir exécuter ce
supplément de tâche, le cœur a suivi la loi générale commune aux muscles soumis à uu
excès de travail : il s'est hypertrophié. Cette hypertrophie compensatrice (appelée aussi
providentielle) assure pendant un certain temps le bon fonctionnement de Torganisme.
Mais bientôt l'équilibre est rompu. Le cœur, ne pouvant plus suffire au travail exagéré
qui lui est imposé, se relàt'he. C'est la phase de la fatigue du cœur. 11 ne se remet pas
de cette fatigue; car il n'a plus le moyen de se reposer, A l'hypertrophie succèdent la
dilatation et la distension de cet organe, lequel finit bientôt par être hors d'état de tout
travail. C*est ainsi que meurt le cœur dans les maladies valvutaires : il meurt par
excès de fatigue. 11 est à remarquer que dans Tétiologie des maladies du cœur nous
trouvons fréquemment les grandes fatigues et l'eflort qui, en exagérant raclivité propre
du coeur, ont amené son hypertrophie et sa déchéance consécutive. De môme les émo-
tions morales répétées, qui accélèrent le rythme cardiaque ainsi que les palpitations
d'origine nerveuse, produisent à la longue son hypertrophie*
Ma^geora a étudié les variations simultanées dans le poids et la fréquence des excita-
tions. Quand les poids croissent, il ne suffit pas de faire croître dans les mêmes rapports
les intervalles de repos entre chaque conlractiou; mais la pause de repos doit croître
dans une mesure beaucoup plus large. Étant donné R (rythme) = '1, et P (poids) =
3 kilogrammes, si nous doublons le poids, il faudra tripler les intervalles pour obtenir
la mftme quantité de travail. L'auteur fit aussi varier simultanément le rythme des con-
tractions cl les périodes de repos entre tes expériences. Il est arrivé ainsi à la conclusion
que la quantité la plus considérable de travail mécanique est produite avec la fréquence
de 2" et des pauses de i' après trente contractions. Ou peut arriver, grâce k l'ergographe,
FATIGUE.
lit
à la cannaissance du procédé le plus ëccnoroique d'utilbation de la force du muscle.
Plus récemment. Trêves a fait des çxpérieiices sur des lapins, dont les gaslrocné-
miens ont fourni des courbes erf;i>graphiques; eicitatioris électriques maximales appli-
quées sur la peau de la région du nerf scialique, travail en surcharge (avec appui dans
rinlerTalle des contractions). Ses conrlusion^ sont les suivantes : l^ le maximum de tra-
Tail dont un muscle est capable correspond toujours à un poids déterminé, et 2^ ïes
contractions que le muscle exécute avec un poids donné à toute charge sont plus hautes
que celle» qui sont exécutées avec le même poids en surcharge.
A. Broca et Cu. Richet ont fait des expériences sur eui-mr'nies afin de préciser dans
quelles conditions un muscle donné peut effectuer sans fatigue nciiabte un travail con-
tinu, régulier et maiimiim. Pour résoudre cette que?4tion ils nont pas étudié les condi-
tions de la fatigue, mais ils cherchaient à faire un elTart modéré, qui ne fatigue pas le
muscle outre mesure. Certaines expériences ont duré deux heures et demie. A Terg-o-
graphe était appliqué un colîe<"teur de travail, donnant Tévaluatipn de felfet utile. Ces
auteurs sont arrivés à trouver les meilleures conditions de travail pour le muscle fléchis-
tscur de l'index : poids tr^s fort, 1500 grammes; fréquence très grande» 200 par minute;
infennittences de 2" de repos alternant avec 2'' de travail. Avec les périodes de repos la
puissance du muscle a pu atteindre le double de la puissance à laquelle iî a pu arriver
par le travail continu^ et cela au prix d'un elTort beaucoup moindre et d'une souffrance
presque nulle» Cette uéc^assité des intermittences pour obtenir le maximum d'effet utile
est expliqué par A, BnocAetCu* lirciiKT par Tafflux sanguin énorme qui se fait dans le
muscle après le travail, et grâce auquel s'effectue la restaura lion du muscle. La vaso-
dilatation post laborem fournit aux fibres musculaires l'oxygène indispensable pour
détruire les produits nocifs de la contraction musculaire.
Le travail musculaire et la fatigue des muselés lisses viennent d être Tobjet de
recherches entreprises par WooDwtJHTa i;l8î>9; et par Colin Stewart (1900), Déjà aupa-
ravant E?<CKtMANN avait montré la grande fatigabililé des muscles de Turètlire chez i&
lapin; déjà une seule contraction est capable de produire la fatigue, car l'action des
excitants mécaniques devient nulle après cette contraction. L'excitabilité revient au bout
de plusieurs secondes de repos, si la circulation est conservée.
Le travail de Coun Stewart a trait à la vessie du chat, La vessie en place montre à
peine quelques signes de fatigue. La vessie extraite du corps peut ôtre fatiguée et se
reposer partiellement pendant plusieurs heure!?i, Enflo, les contractions spontanées per-
sistent pendant quarante-huit heures à la température de la chambre^ et pendant quatre
jours dans le muscle refroidi.
Bibliographie. — Berx8Tel\ (L). Ueber den Einflussder Reizfrequenz auf die Entwic-
keltmu der Musketkraft (A. P., 1883, Suppi,, 88-104). — Binet (A.| et Vaschioe (N.). fiépa-
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d'un muiide en régime régulier (C. K., 1898, cixvu 356). Ùe ^influence du ta fréquence
des mouvements et du poidf^ fiotttevé sur ta puissance maximum du muscle en réqime régulier
{Ibid.f 485). De i*in/luencc des intermittences de repos et de travail sur in puissance
moyenne du muscle {Ibid., 656). — Elntiîoven (W). Veber die Wirkung der Bronchialmusketn
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11^
FATIGUE,
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kel {Ibid., lS9o, ux, 39SS-402), Weitere Untersnckungen ûber den Einflms der Spannung auf
den Zuckungniverlauf (îbid., Lxr, 1895, 77-1 OIî). — Stewart (Colîn C.) Mammalinn Smooth
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Einfîuss einiger uUlkûrlich Verdnderlich, auf die luckungshôhe des untermaximal gereîztcn
Muskeh {Ber. d. mat hem, phfjs. Ctasue der mchs, G es. d, Wiss,, 181S). Veber àtmkel-con*
tractur im Gegcnsaiz zu Contraction [A. g. P., 1870, xiii, 71-83). — Tigerstedt {MittheiL
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dlung ûber die Contrôle der Mu^kekrmâdung (A. P., 1862). — Wede.nskl Einige Bedingungen
zwischen der Beizstàrke und der Tetanu^hôhe bei indireeter Beizung (A. f/- P., 1885, xxxvii),
— WoomvofiTH (R. S.). Studies in the contraction of smooih Muscle (Amer.Journ. of Physio-
%y; NI, août 1899).
Voir aussi, p. 62, la Bibliographie relative à la fatigue des nerfs, et p. 103, celle qui
est relative à la fatigue des terminaisons motrices. En elfpt les bibliographies spéciales
ne contiennent pas les indications bibliographiques données antérietiremetit» quoique
les auteurs soi eut maintes fois mentionnés dans le texte.
^ 5. Les effets de la fatigue sur la thermogéaèse du muscle. — Le dégagement d'énergie
qui se fait dans le muselé an moment de l'excitation se nrontre (abstraction faite de
rélectricité musculaire) sous forme de travail extérieur on sous forme de chaleur (tra-
vail intérieur). Ce dégagement de chaleur^ qui se fait déjà dans les muscles inactifs,
augmente d'une façon marquée au moment de la contraction. Fjciî a montré que le tra-
vail cbimique est plus fortement limité par Tétat de fatigue que le travail mécanique. Il
y avait donc lieu de supposer que pendant le tétanos isométrique îa chaleur développée
serait plus fortement limitée par la fatigue que la teusion. On sait aussi que, pendant
le tétanos, le travail chimique décroît progressivement malgré la persistance de la ten*
sioo. Les rapports ne sont pas les mêuies dans le tétauos isométrique. Une augmentation
de Tintensilé de rexciUtion produit encore une augmentation du travail chimique,
alors qu'un accroissement de tension ne peut plus se faire, et même on observe déjà ujie
diminutiou de tension par eiïet de la fatigue, malgré Taugmentation de l'excitation.
Ainsi FiCK a montré qu'une augmenlation de t'inlensité de Texci talion piodoit dans le
tétauos isoniiHriquH; un accroissement notable de chaleur, tandis que la tension est déjà
diminuée par lafaligue.
En IBBo, FicK lit des recherches sur Tinfluenco de la température sur la chaleur
dégagée pendant les contractions iso Ioniques ou isométriques. Il vit qu'à 27^ le rapport
entre la chaleur dégagée par la euntraction isométrique et la contraction isotonique
(désigné par -^ J était égal à 1,1, tandis qu'au-dessous de 10* il est égal à 2,1. La diffé*
FATIGUE.
1Î3
reii
Kl'
^1a c
MM
renée entre les contractions isométrique et isotonique au point de vue du dégagement de
lialeur s'accentue donc h des températures basses. Schenck a confirmé ces doiinées,
différeuce s'accentue avec un abaissement de terapératore, tandis ♦jo'elle diminue
ivec le potdSt au point qu*avec des poids très lourds et à des températures très t^levées
contraction isotonique dégage plus de chaleur que la contraction isoméfrique* Avec
des poids légers, ta contraction isomiHrîque dégage dans tous les cas plus de chaleur,
même dans le muscle surchaufTé. Mais, toutes conditions égales, la valeur du quotient
gst moindre pour le muscle surchaufTé. Ces données sont intéressantes ù connaître pour
être comparées avec les phénomènes qui se passent dans la fatigue, La fatif^ue égalise
la chaleur produite pendant la contraction tsotonique et pendant la contraction isomê-
Irique.
L41 quantité de chaleur dégagée dépend aussi de la fatigue: plus, par suite d*excîta-
lions successives antérieures, le travail mécanique du muscle diminue eu égard à Texci-
tant resté constant» plus aussi diminue la production de chaleur. Les deux quantités ne
minuent toutefois pas d*une manit>re égale : la chaleur diminue plus vite que le tra-
Tnil mécanique; de telle sorte que nos instruments actuels ne démontrent dtjà plus de
production de chaleur, alors qu*? le muscle peut encore produire une quantité de travail
ipprécîable. Du mmde fatigué dégage moitis de chahur iHbidenhaix). La diminution de
ihaleur apparaît même avant que la fatigue se soit manifestée par une diminution
du travail. La fatigue d'échaulîemeiit débute après la lîn du phénomène de l'escalier,
quand les secousses sont devenues égales aux secousses primitives. Pendant l'escalier
l'échaufTement augmente. Si Tescalier fait défaut, la chaleur ne varie pas pendant les û à
8 premières contractions (Hejdenhain). Quant à la chaleur dégagée par le tétanos^
HiiDENBÂiM a vu que, si Ton tétanise plusieurs fois un muscle, la chaleur dégagée dimiime
d'expérience en expérience plus vite que la hauteur du tétanos. Ainsi donc, pour le
tétanos aussi bien que pour les secousses isolées, un muscle fatigué prodoit» par rapport
au travail mécanique, moins de chaleur que le muscle non fatigué. La fatigue de cha-
leur survient plus vite que la fatigue de la motricité.
En i886, LuKJANOw fit des recherches thermomélriques sur des chiens dont ît ané-
miait les muscles par la ligature de raorte; il étudia parallèlement ta chaleur dégagée
et la contraction muâculaire*j la marche de réchaulFement en fonction du temps;
rjnfluence des excitations d'égale intensité, mais de fréquences dilférenles; rintluence du
poids. Quîind un muscle exsangue a été épuisé par une série d'excitations longtemps
continues, et que sa puissance de production d<^ chaleur parait complètement abolie, de
sorte que des excitations réitérées n'amènent plus d'augmentation dt> température du
muscle* le repos et le retour de la circulation (on détachait la ligature de l'aorte) peuvent
ranimer la puissance calorigène qui paraissait perdue. Le retour de la puissance calori-
gêne du mu^^cle épuisé se produit assez vite; elle est à peu près complète au bout de
" trois minutes environ. Il se passe pour la production de cliateur les mêmes phénomènes-
d'addiliou latente que pour la contraction. Dans les condilious ordinaires, ta puissance
calorigène du muscle diminue à mesure que le nombre des excitations augmente; mais,
cette fatigue de cfntlenr ne décroît pas régulièrement comme la fatiyue de conlraction.
Ces résultats ont conduits Luiuanow à admettre dans le muscle une substance calorigène
distincte de la substance qui fournit le travail, et qu'on pourrait appeler substance dyua-
mogène. Dans le muscle normal, les deux substances sont également excitables. Dan*
^^@ muscle faligné, la substance calorigène est plus excitable, et se répare plus facilement
^Bpie la substance dynamogène; mais elle perd cet avantage par une série rapide d'exci-
^^■ÉMips, et on voit alors te travail diminuer moins vite que la chaleur libre, de sorte qu'on
^mMl avoir des coniraf^liom sans dégafjemenî de chaleur.
f Chauveau fit des recherches, en 1^91, sur les modilications imprimées par la fatigue
I au raccourcissement et à réchauHement musculaire dans les muscles isolés de la gre*
nouille. Nous avons déjà vu que, lorsque If muscle est fatigué, sou extensibilité s*accrolt
(son élasticité diminue) en sorte que la même charge, qui rallongeait faiblement au début
d'une expérience, l'allonge beaucoup plus vers la fin, quand il est fatigué. Supposons,,
dit CuAUvÊAU, que dans les deux cas, psar des excitations convenablement adaptées, on
obtienne un soulèvement absolu de même valeur; réchauflement déterminé par la con-
traction sera cependant beaucoup moindre dans le deuxième cas que dans le premier,
DICT. DIS PUVîilOLOaiK — TOUE VI. 8
f u
FATIGUE-
parce que le raccourciss entent lelatîf du muscle sera moindre, et que, de plus, le muscle,
«nLrainé par l'efTet de la fatigue au delà de ses limites naturelles, absorbe de réuergiaj
pour la reconstilutioii de sa Jougueur primitive. A plus forte raison observera-t-on cetl#]
difTérence d'écbauiïeraeril» si cVst la même excitation qui provoque la contraction da
les deux cas. Le muscle en état de fatigue soulèvera la charge moins haut avant qmi''
d'être en cet état. Comme réchanïTement musculaire est proportionnel au degré de rac-
courcissement du muscle, te raccourcissement relatif de ce muscle sera encore moins
prononcé, et la différence d'échauiïement se prononcera bien davantage* C*est le cas
d'une expérience de Heide,\hain% où le soulèvement de la charge, à ïa fin, s'abaisse à 1/15
de ce qu'lî était au début, tandis que récliauflement du muscle descend jusqu'à l/57,J
il faut donc tenir compte des iutlnences qui modifient la longueur naturelle du mascle.l
Cei* expériences parlent dans le même sens que celles de Chacveau, à savoir que l&l
grandeur de la charge et le degré du raccourcissement iniluent de la même manier»!
sur réchaufTemenl, indice de Ténergie mise en trtivre par le travail statique du niuscle.'
Il eu est de même dans le cas de contraction dynamique. Chauveau a étudié séparé-
ment le travail positif et le travail négatif. Ici encore (travail positif) il faut tenir compte
de l'allongement musculaire déterminé par la fatigue. Sous TinQuence de la fatigue, le
muscle est, en ellet, allongé de plus en plus, ce qui réduit singulièrement la valeur du
rapport de la longueur perduR par le muscle en contraction à la longueur totale que
prend Torgane au repos. Ajoutons que Textension qu'il a subie Texpose à absorber do
Ténergie pour la reconstitution de sa longueur normale. Ces données sont en accord avec
les lois de la thermodynamique musculaire: âous Tinfluence de la fatigue, ta production
de chaleur diminue beaucoup plus vite que te travail mécanique. EL il ne faudrait pas
croire, ajoute Cbauveau» que le muscle fatigué travaille plus économiquement que le
muscle frais; ce n'est pas le muscle fatigué qui travaille plus économiquement, c'est le
muscle suraiiongé qui se raccourrU fort peu. Du reste, ce n*est pas seulentent a?ec le
muscle fatigué qu'on a constaté que la production de chaleur diminue plus vite que la
hauteur de sontèvemi^nl de la charge. Nawalicuin, sur les muscles non fatigués, a vu que,
si l'on a te choix de soulever on poids à une certaine haut*^ur par une série de petites
contractions ou par une seule grande, ta première méthode est plus avantageuse»
parce qu'elle permet d*accomplir le travail avec moins de dépense d'énergie chimique
que ta seconde. Quand les charges sont soulevées par une grande contraction, une
partie de l'énergie paraît se dépenser en pure perte.
Kn résumé, la fatigue, et rallongement musculaire qui en résulte, apportent des modi-
fîcations importantes aui manifestations des phénomènes thermiques de la contractiou.
Le muscle allongé devra en reprenant sa longueur primitive alisorber une certaine quan-
tité de chaleur; donc l*organe se refroidira. Il en résulte que, dans la fatigue,
réchauffement déterminé par la contraction peut être neutralisé par le rerroidissement<f
qulmphque le retour spontané du muscle à sa longueur normale de Tétat de repos. Nous
voyons ainsi que : 1^ le^ muscles allongés sous tlnfîtience de la fatifjue (ou de l'accroisse-
ment de la charge) se raccourcissent et s'échauffent fnoins, û simlèvemeîtt égal des charges^
que quand ils ont leur longueur normale. Il faut, en effet, faire une distinction entre la
hauteur de soutien ou de soulèvement de la charge et le degré de raccourcissement du
niuscie. La hauteur de soulèvement est la quantité absolue dont le muscle se raccourcit.
Le degré de raccourcissement est le rapport de cette quantité absottie à la longueur
normale du muscle à l'état de repos. Tout ce qui modillera celte longueur normale chan-
gera la valeur dudit rapport, quand raôme le premier terme de celui-ci, c'est-à-dire la
hauteur du soulèvement, ne changerait pas ; 2"^ Quand les muscles isolés^ en t^lat de relâ-
che ment ^ s'allongent sous l'influence de la fatigue, ih perdent de la chaleur (Chauveau),
Bibliog^rapMe. — Aesonval (a'). Sur la mesure du travail en ihermo-dynamiijue ani-
inak iJi. B,, 1895). — Blix. Zur Beleuchtung der Frage, oh Wdrme bei der Muskelcontraction
sich in mechantsche Arbeit umsetze (Z. B., xxi, 1885, xii, 190). — Béclard. De la contrac-
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févr. mars 1861) (t\ R. l, 47t, 1860 . — Béclaro et Breschet. Mémoire sur la cMleur
animale (Ann. de Chim. et de Phys,, 1835, 257). — Chauveau (A.). Comparaison de Vèchauf-
fement iiu'éprouvent les muscles dans le cas de trûvail positif et de tramil négatif (C. R.,
cxxF, 1895;i; Les lois de Vcctumffement prûduit par la contraction musculaire d'après lu
FATIGUE.
ftS
• OC
IpàC
z
tapëfitnoes mr tes mmdf» isolés (A. de /»., 1891. 20-40); La vie et i*énergie efnz tanimal,
Pam, 1894, 10 et suiv, — Danilewsky. Therowd. Untcrs. der Muskcln {A,r/.P., xx\, 109,
1880); Veàer dU Wùrmeproduclion und ArbeiiteisturiQ der Muskein (Ibid., 1882, xxx); VVr-
che diê itûUigkeit des Principes der Energie hei der Muskelorbeit ej^erimentell zu bewei*
H, Wiesbaden, 1889. — FiCR (A.i. Myothcrmischc VnlcrsucJLumfen, 1889; Neuc Betlrûge zttr
t'untniîi& ton der WitrmeeHltvickltwti im Mtisket[A,g, P., Li, 1892» li^ï-M^); Myothcrmische
Fragen und Vermcke {Pht/s, med, Gesel, zuWnrzbwy, 1884, xvtu); Mcckanische Arbeit und
M'anneeniwicklung hei (ter MuskeUhàt*ykei( [internat, Wissensch. Bibl., Leipiig, 1882);
Jeber dk Abhângigkeit des Stoffumsatzes im tetanisirlen Muskcl von seiner Spannung
[A* g. P,, 1894, Lvii, 65*77). — Grefe (H.). Veber den Einfîtm der Reizstàrke auf die Wér-
Hekiung im TetanhUi{lbid,, 1896, Lxn, 111-130). — Laborde. Modifimtioiu de h tetn-
iire liées au travail musculaire (fî. H,, I88G, 297). — ïatkianow. Warmeiieferuwj und
Arbtitskraft de^ btutteeren Sdugethiemmskels [A, P., 1886. Supp.^ 110). — iMeyersteln et
i TmiiY (Henle und Pfeiffers Zeiùichr,, xx, 45, 1863), — .Mbtzneh (R.). Veber dufi Va-kailniss
^Êf»on Arbeitski^tung und Warinebildung im Muikel {A, P., 1893, Suppl.y 74-152). — Nawa-
^Bucoiif. Myothermische Untersuchungen (A, g. P., iiv, 1870, 293). — Nehring. Veber die
^MWâi-rnebildung bei Muskellhatigkeit {D., BerlÎQ, 1896). — Hosej<thal (J.). La caiorimétrie
^^htpiotogique \A, i, B., 1891, xxr).
^H I 6, Les effets de la fatigue sur les phânûmènei électriques du muscle. — L^état de nos
eounaissances sur ce poini de la physiologie est irrs imparfait, car jusqu'à présent nous
ignorons quel est le rôle des manifestations électriques dans les transformations éner-
^Lgêtîques; bien plus, la nature physiologique de la variation négative a èXt* mîse en doute
^■par certains auteurs. Nous croyons que» pour résoudre la question, il ne sullU plus
d'étudier les rapports entre la variation négative et le travail mécanique, mais qu*il
faudrait étudier paraïlèlement le travail mécanique^ Télectrogi^nèse et la thermo^énèse;
non pas qu'on s'attende à trouver dans tous les cas un parallélisme conipïet entre ces
trois manifestations vitales du muscle, mais parce qu'il s'agit de déceler la part qui
revient au pUénoraène électrique dans les translormaliotis énergétiques qui se pro-
^^<luîsent dans le muscle en activité. L'étude de ta fatigue pourrait être ici d*un grand
^P secours, comme elle Ta été dans d'autres domaines.
Les phénomènes iL'alvaniques du muscle, comme les autres manifestations vitales,
augmentent avec Hntensité de Texcitation; elles atteignent uti maximum ^l disparaissent
{)rogressivement avec la fatigue. Habless a vu l'intensité de la variation négative aug*
menter parallèlement à la conlraclion (I8:i3), et Laiiaxsry (4870) trouva que le courant
d'action du gastrocuémien augmente avec la charge du muscle.
Deux poinls importants restent acquis relativement au courant électrique du muscle :
!• sous Tinfluence de la fatigue (tétanisation prolongée) nous voyons disparaître d'abord
la contraction musculaire, el en second lieu la courbe de la variation négative; par con-
séquent la variation négative est plm résistante û la fatigue que la contraction: 2° la
variation négative du muscle est beaucoup moins résistante à la fatigue que ia variation
négative du nerf: la variation négative du nerf est infatigable. Cela tend à prouver que
Ja fatigue survient plus rapidement dans le muscle que dans le nerf.
Si l'on compare les rapports de la variation négative et de la contraelion musculaire
, (travail mécanique) d'une part, et les rapports de la chaleur dégagée et de la contraction
musculaire (travail mécanique) de l'autre, nous voyons que, sous V influence de la
fatigue, il y a disparition de ces trois manifestations dans l'ordre suivant : 1" chaleur
2" contraction^ 2^ phénomène ékcirique. Ainsi le dégagement de la chaleur est le premier
à disparaître, et il arrive (fait en apparence paradoxal) quun muscle fatigué fournit
encore des contractions très appréciables, continuer dégager de rélectncilé; mais que
tous ces phénomènes ne sont plus accompagnés d'un dégagement de chaleur. A une phase
I plus avancée de la fatigue musculaire, la contraction elle-même disparaît, et le phéno-
^^ mène électrique persiste seul, témoignant ainsi que rexcitabititê n'est pas totalement
^B éteinte.
Sous riniluence de la fatigue nous avons donc une dissociation des trois phénomènes
physiologiques qui ordinairement se présentent simutlanément dans les conditions
normales. La fatigue a décelé des résistances qui n'étaient pus les mêmes. Aussi n'est-ce
qu'avec une très grande réserve qu'il faut envisager les conclusions de quelques physio-
il6
FATIGUE.
logisles, qui reTuseiit à ta variation négative la propiiété d^être une manifeslalion vitale,
en s'appuyant sur ce fait qu'elle persiste mÔme sur des nerfs morts en apparence ou
mourants; car leur excilatîoïi n'est plus apte à éveiller la contraction musculaire, La
dissociation de la cbaleur et du travail mécanique ^iis rinllueiice de la fatigue montre
en eiTet cju^une dissociation pareille est d'ordre physiologique et peut se présenter
sur un muscle vivant el excitable. La variation négative pourrait tHre le dernier phéno-
mène vital à disparaître, étant douée de la plus grande résistance à la mort. D'autre
part» ces faits viennent contlrmer le bien foudé de Topinion de Hebken relativement à
l'action du curare sur les nerfs moteurs : il est impossible de chercher des preuves de
la noiî-altération du nerf par le curare en se basant sur la persistance de la variation
négative dans le nerf; il est fort probable que^ dans le nerf curarise, la propriété de
conduire ta vibration nerveuse est abolie, sans qu'aucune atteinte ait été portée au
phénomèue galvanique.
Tous ces rapprochements nous sont personnels» mais dans notre appréciation Dou»
nous basons sur des faits démontrés; il convient de citer dans cette étude les noms de
Weoeîssky, Eues, Waller, Sanderson, L. Ukruann, Morat et Toussaint, Uivière, etc.
Wereksky employa en 1883 le téléphone pour rendre sensibles à l'oreille les courant
d'action du nerf ^ciatique de grenouille et du muscle. Tandis que le muscle excité c^sse"
bientôt de répondre en raison de sa faligabilité, le nerf continue à résonner sans inter-
ruption pendant des heures. Edes (1892) trouve que la variation négative du muscle
tétanisé cesse au boui de i-2 heures; mais que celte du nerf persiste encore au bout de
3 heures sans modificalious. Walleb (1885) s'est occupé spécialement de rordre de dispa
rition des etfets mécanicpies et des eïTet» électriques de la contraction dans la fatigue.
C'est à lui que nous devons d'avoir bien mis ces points en relief. 11 est certain que la
contraction disparaît avant la variation négative dans un muscle fatigué, mais on n'est
pas encore défmitivement fixé sur la durée des ptiénoménes électriques dans un muscle!
fatigué. Suivant Sceonlefn, la fali^'ue vient modifier assez vite le courant électrique du
muscle. D*aprés Fleischer (l&OO), la grandeur du travail mécanique ne possède aucune
influence sui la variation négative. Hivière, qui a bien étudié les rapports qui eiistent
entre les phénumènes électriques de la conlraction jJiusculaire el le travail mécanique
produit^ trouve, au contraire, qu'en faisant travailler lenmscle avec des poids différenU^
la force éleciro-mulrice dii courant d'action d'un muscle exécutant un certain travail
extérieur augmente à mesure que ce travail devient plus grand (une conclusion sem^|
blable ne signifie point, dit l'auteur, que la quantité d'électricité apparaissant pendant
la contraction s'accroisse de la même manière).
L'iniluence de la fatij.tue isométrique sur la variation négative ne parait pas encore
complètement établie. L'inlensité de la variation négative dans la contraction isomé-
trique sans fatigue est déjà tiès discutée. D'après Meissneu el CouN, lu variation néga-
tive d'un muscle excité et qu'on empêche de se raccourcir [procédé isométrique) est
moindre que dans la contraction iso tonique. L\mansry, Hivière aftîrment le contraire.
D'après ScuEiSXK, la tension du muscle au repos, et à plus forte raison d'un muscle fatigué
et tétanisé (qui présente déjà un alîaihlissement de la variation négative) a pour effet de
diminuer le courant d'action; mais la tension d'un muscle non fali^i^ué et tétanisé, qui
présente une variation négative notable, a pour elTel d'augmenter le courant d'action.
On peut supposer, ajoute Schench, que la tension a pour effet de diminuer la variation néga-
tive dans les deux cas^ mais que, pour le muscle frais» cette diminution est compensée
par une auymentatinn due a l'excitation; le muscle fatigué esL en etîet moins sensible
à Texci talion que le muscle frais.
MoRAT et Toussaint ont étudié rinfluence de la fatigue sur les varialiona de Tétat
électrique des muscles pendant le tétanos artiticieL Pour mettre en évidence les varia-
tions électriques^ ils se sont servis du tracé de la patte indiiile. Ils ont montré que, de
même que les contrat^tions intermittentes qui constituent te tétanos sont transformée*,
en un travail continu, les oscillations concomitantes du courant miisciilaire peuvent'
être atténuées au point de fixer le courant musculaire en état de variation négative
presque constante, et cela par le même procédé, c'est-à-dire en obtenant une fusioo
plus parfaite des secousses composantes du tétanos. Tout tétanos, provoqué par un
nombre relativement peu fréquent d'excitations, s'il se prolonge un certain temps, pré-
FATIGUE.
HT
i
tentera trois phases, nullement dislinctes dans son propre graphique, mais qui se tra-
duisent dans le tracé de la patte induite par trois phases bien nettes, correspondant à
des étais électriques difTérenU du muscle inducteur : V phase : les secousses brèves
du tétanos inducteur, que le graphique montre déjà fusionnées, s'accompagnent en réa-
lité d'oscillations accentuées de la variation négative (tétanos induit); îî« phase : la
fusion des secousses devient de plus en plus complète (chute graduelle du tétanos
ioduit]; 3' phase : les secousses composantes du tétanos s'allongent de plus en plus,
les oscillations électriques s'allénuent au point de ne plus provoquer de réactions dans
la patte (ïalvanoscopique (cessation du tétanos induit).
Nous passerons sous silettce les autres particularités de l'étal électrique du muscle
qui sont modifiées par la fatipue, car leur eiposé demanderait une révision de presque
tous les points essentiels Je IV lectro- physiologie. Rappelons seulement que, si Ton relio
le circuit du galvanoraélre à ta partie moyenne d'un muscle intact et à ses extrémitési
on constate au moment de Texcitation deux phases, d'après Heïimann : I" une première
phase dans laquelle le courant est dirigé dans le muscle du milieu vers les extrémités
{courant niterminal); 2*> une deuxième phase, dans laquelle le courant est dirigé des
extrémités du muscle vers le nrilieu du muscle (courant abterminai). La seconde phase,
qui est nioms accentuée que la preinitTO, manque complètement dans la fatigue et au
moment de la mort. 11 existe en outre, d'après Hebuann, une espèce de courants qu*il
nomme dtxrcmefitieis, qui sont dus à la ditTérence d'intensité de Tonde d*excitalion aux
deux points d'application des conducteurs du circuit fîalvanométrique; celte diminution
de fintensité n'existe pas dans les muscles tout à fait frais; mais ces courants sa
montrent dans le tétanos, sous l'influence de ta fatigue et de toutes les causes qui dimi>
nuent rexcitabililé du muscle. Ce « décrément » s'accentue de plus en plus avec les pro-
grès de la fatigue, et il est la cause de la disparition de la phase abterminale. D*aprés
Dd Bois-Reymond, les courants décrémentiels n'existeraient pas dans le muscle k l'état frais,
maïs seulement dans les muscles fatijiués ou mourants. UsaMANN confirma plus tard lui-
même cette manière de voir. Le « décrément i^ est une conséquence de la fatigue ou de
la inoit.
Bibliographie. — Dn Bois-Revmomo (^l. P., 1870, 364 et 3601 — Edes (R, E.) (J. P.,
1892, xiJi, U14é9). — Flkisciier (F.)- Ueb^r cinen neuen Mmkelindicator und uber die
négative Schwankunfj des Muskehiroms bei verschiedener Arbeitsieiatung des Mmkets {A* g» P.,
1900, Lxxxiv, 300). — Habless (Anz^ d, baier, Acad., xxxvn, 1853),— Mobat et Toussaint,
Inltueticc ti^ la faiitiue $ur les varialions de i'étut ékctrique dea mmcies (C* R., 1876» Lxxxni,
155-157). Variaiions de tetat Hectriqite des mw.sc/es dans ies difff'rents modes de conlracHùn
(A, deP,^iHTit 150). — Mahtius (F.). IHstorisch'kritischc und ej'perimentelk Sfudieu zur
Physiotofiie des Telanus (A, P., 1883, 542-592)* — Rivière. Variations étectriqm& cl travail
mécanique du muscle {Annaîes d'Êlccîrobiohgie, 18M, 492). — Sandebson (J, B.). The etec-
irical respome to stimukttion ofmuatle^ and its relation to the mechameal respome (J. P.,
1895, xvnr, 117-150). — ScuEwcJi (Kh.). Vebcr den Einpuss der Spannung auf die « négative
Schwankung » des Mmkelstroms (A. g. P., 1896, 63). — Waller {A.) {Brit.med. Joum.,
1885, i:ir,-!38}.
§ 7, Influence de la fatigue musculaire sur la mort du muscle. — L'influence de la
latigue sur la survie des muscles était déjà coimue par les physiologistes anciens. Jean
^Cller signale dans son Manuel de Phi^sit^loffie (1845) des expériences rapportées par
AuTE.NAi£T& : « Lorsque» prenant deux lambeaux égaux de muscle sur un animal qui
Tient d'être lue, on provoque de petites convulsions dans Tun, avec la pointe d'un cou-
teau» tandis qu*ûn aliandonne Tautre à lui-même, on voit le premier perdre d'autant
plus tôt sou irritabilité qu*il st; meut davantage. Los hommes et les animaux qui sont
mor Is à la suite d'un violent déploiement de forces, comme par exemple un cerf forcé à
la chasse, se put relie jit même plus rapidement» à ce qu'on prétend, que ceux dont la
mort a été causée par la perte loLile du sang. Ln muscle enlevé ii un animal em^ore irri-
table se putréOe bien plus vite, lorsque avant la mort on a excité en lui de fréquentes
contractions, qu*un autre tout semblable qu'on a laissé au repos. «
Beau.ms a vu la rigidité cadavérique commencer immédiatement après la mort sur
des lapins soumis à des contractions musculaires intenses et répétées. D'après Bïiown-
Séqcard, plus Tirritabililé musculaire est prononcée au moment de la mort, plus la
It8
FATIGUE.
rigidité cadavérique met de temps à se rnontrer, et plus elle a de durée. EUe apparaît
plus vite et dure moins longtemps chez les aiiimaui surmenés. Dans ses belles étudesi
sur la rigidité cadavérique, Catherine Srjiti'iLni-F (1889) observa une rigtditë cadavérique
précoce dans les muscles tétanis<5s par un courant électrique ou bien dans la mort
survenue à la suite du tétanos strjchnique. Nagkl a représenté graphiquement la courbe
de la rigidité cadavérique des nmscles fatigués et des muscles non fatigués. De deux
jambes d*iine grenouille, la première était tétanisée, la seconde préservée par la section
du nerf. Le muscle tétanisé se rigidifla seize heures avant rautre; ïa ligne d'ascension
de la rigidification est plus escarpée pour le muscle tétanisé, mais la hauteur, c*est-à- i
dire le degré de raccourcissement, est moindre. Wusdt avait vu (ju'un muscle fortement
chargé devient plus rapidement rigide qnun muscle peu chargé, Shkencr, recherchant sÎ
la fatigue n'exerçait pas une inlluence sur la force de raccourcissement dans la rigidité
cadavérique, trouva une prédominance tantôt pour le muscle non fatigiié, tantôt pour
le muscle fatigué.
Quel esl îe mécanisme de rapparition hâtive de la rigidité dans les muscles fatiguést
On admet généralement que ce phénomène résulte de Faction, sur le moicle, d'un sang
pauvre en oxygène, riche en produits de désassimiïatlon. A Tappui de cette hypothèse
Ch. RicaET fait rexpérience suivante : il coupe le sciatique d'un lapin et tétanise l'ani-
mal, puis il le sacrifie. Il voit alors la patte dont !e s<'iatique a été coupé deTenir presquo ^
aussi vite rigide que l'autre, bien qu'elle ait échappé aux convulsions des autres membres.
De nombreux faits plaident dans le même sens : Taugmentation de substances réduc-
trices dans le mus«'le létanisé, les effets désastreux de la contraction musculaire ana-
érobie, et ce fait, observé par J, ïoïKYROr que la contraction dans un milieu privé d'oxy-
gène (hydrogène pur) est suivie d'une rigidification du muscle plus rapide que dans
l'air atmosphérique. Toutefois Texpérience de Cu. Richkt a donné un résultat opposé à
Tissot; mais les conditions expérimentales n'étaient pas les mêmes (tétanos strychniqne
chest le chien auquel on fait la respiration artificielle pour prolonger le tétanos). Dans
une expérience, la rigidité a commencé à être apparente dans le membre énervé (section
du sciatique, du crural eL de lobturateurj au bout de deux beures et demie, tandis que
dans Tautre elle était complète au bout de trois lieures et quart. D'après le même expé- i
rimentateur, Tinanition a le même elTet que le travail : rapparition de la rigidité est
rapide, et sa durée abrégée.
Bibliographie. — AuTBNiiETH. Ph^miogie, \, 63 (cité par J. MiLLEa). — Be\uxis.
T. de Physmiogie, 1888, i, 599. — BïEaKREUND {A. î^ P., xliiï, 195). — Latimbr (Caroline W.).
On ihe jnodifieaiion of rigor mortis î^esuUing from previoits fatigue of the muscle in caW-
bioodcd animah iAmer. Journ, of Pht^sîoî,^ 1808, n, 20-46). — Nagel (W. A.). Exp. Unters,
ûber die Todtmstarrc bel KaUbhmrn (A. g. P., 1894, lvui, 279-307). — Schkxck (Fr.),
Unters, ûber dit; Nainr einiger DauercQntractionen des Mu:>keh (A. g. P>p i89î>, LXi, 494-
553), — Scuo'JLOFF (Catherine). Recherches sur la nature et tes causes de la rigidité cada-
vérique {Hev, méd, de la Suis&e romande^ t889L — Tissot (J.). Études des phénomènes de
survie duns les muscles après la mort générale. Thèse de la ¥ac, des Se, de Paris, 1893.
IL — INFLUENCE DE LA FATIGUE MUSCULAIRE SUR LA
CiRGULATION ET LA RESPIRATION
La eîrculation devient beaucoup plus intense dans un muscle en actiWté, fait établi par
Cl, Bernard (Levons :iur lei liquidci^ de l'organismt\ 1859. p. 325), Luawio et ses élèves,
Gbauveau et Kaufma.xn, Sadleh et Gaskell, élèves de Ludwig, virent la vitesse de Técou-
lement sanguin augmenter pendant le tétanos musculaire; ils en conclurentque les vai*--
seaux qui traversent les muscles se dilatent pendant la contraction. Au contraire, (
HuMtLEwsKv affirme que les modifications circulatoires dans les muscles qui travaillent'
ne sont pas dues à des aclions vaso-motrice», mais bien à des pliénomènes mécaniques,
provoqués par la contraction musculaire sur les vaisseaux qui traversent rintimité du
muscle ou qui sont en rapport immédiat avec lui. Kaufmann pense qu'il faut faire ici
une distinction rigoureuse entre les effets d'une excitation artificielle et ceux d'une
excitation volontaire; dans le premier cas, en excitant un nerf moteur, on excite en
même temps les libres sensitives. Ses expériences furent faites sur le muscle relerear
FATIGUE.
119»
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de la lè?re chez le cheval, qui intervienl dans Tacte de La masUcation, et dont la circu-
lation de retour se fait par une seule veine, très accessible à rexpérimealation. Il con-
stata un débit cinq fais plus «considérable pendant ractivité que pendant le repos.
Il admit que l'activité pbyâioKogique des muscles s'accompagne d'une énorme vaso-
dilatation, et que celle-ci s'établit dès le d^hut du fonctionnement et disparaît insensi-
blement lors du retour des muscles à TéLat de repos. Atka^nasilî et Cabvallo ont étudié
ces niâmes phénomènes à Faide du plélhysmoa^rapbe de Mosso. Ils ont vu que : I* pen-
dant la contraction permanente des muscles fléchisseurs des doigts, le volume du bras^
eVfl-i-dire la quantité de sang qui s'y trouve, diminue considérablement. La vaso-dilata-
lion ne devient manifeste que lorsqu'on arrête la contraction; 2*^ le pouls s'accélère pen-
dant la contraction, et reprend tout de suite son rythme normal, aussitôt que la con-
iracUoQ a Uni; 3^ si, au lieu d'une contraction unique, on fait une sétie de contractions,
le Tolume du bras diminue au commencement du travail, mais bîent(!^t il ga^ne et
dépasse le niveau normal; 4* le co'ur est acuéiéré pendant la phase d'activité des
muscles; 5° si Ton travaille avec le bras opposé, en maintenant celui qui est enfermé
dans le pléthysmographe au repos (Fb, Francr), on constate des modillcations inverses.
Le volume du bras eu repos au^^mente légèrement pendant que Tantre travaille, puis il
diminue ^^'raduellement lorsqu'on cesse les contractions.
Ainsi le cœur accélère ses mouvemenls et lance dans le syslôme artériel une quantité
de sang plus considérable pour lutter contre la vaso-dîlatation périphérique qui s'établit
lors de Tactivité musculaire; la pression se mainlient donc élevée dans les gros troncs
artériels malgré la vaso-diïatation et l'abaissement de pression dans les artères mus-
culaires (KAiifTiANNi. Cette compensation ne peut plusse faire dans la fatigue. Le même
auteur a montré que la pression restait normale pendant rolluredu pas i cheval), mais qu'il
y avait un abaissement notable de pression aortique et carotidienoe, malgré Taccéléra-
tîoti cardiaque, pendant rallure franche* lïans ractivité de nombreux groupes muscu-
laires, le cœur ne compense plus la vaso-dilalation énorme et générale. Cette impuis-
sance cardiaque explique fessouflloment. Il est à noter que les sujets à cœur puissant
maintiennent leur pression normale pendant un léger escercice, mais, pendant les allures
vives, rabaissement de pression est général.
H est très intéressant de constater que rentralnemenl progressrif agit, non-
seutenient en augmentant la puissance à la résistance à la fatigue des muselés de la vie
animale, mais surtout en adaptant graduellement la puissance de contraction an muscte^
cardiaque aux besoins circulatoires du système locomoteur.
D'après Marsy, le phénomène deraccélération cardiaque, à la suite du travail, tient à>
rabaissement de la pression sanguine
D'autre pari, Oertel, MAïiiiovirca et Rïebeh, ont vu chez Thomme^ en mesurant la
pression sanguine au moyen du sphygmo-manomMre de Basch, que la pression sanguine
s'élevait après le travail, Hcmilews&y constata une augmenlalion de la pression carolî*
dieu ne pendant le tétanos électrique du train postérieur. Atuanasiu et Càrvallo-
afOrmcnt que U pression baisse toujours de quelques millimètres dans le tétanos, Mai&
ces données ne sont pas applicables au travail volontaire.
Ghauveau réussit h mesurer la pression sanguine dans la carotide du cheval pendant
l'acte volontaire de la mastication. La pression sanguine s'élève aussitôt que les^
muscles entrent en activité, en même temps que le cœur s'accélère et que la vitesse de
l'écoulement du côté de la lé te augmente.
Nous pouvons conclure que, pour les mouvements volontaires, la pression centrale
monte constamment dans le travail localisé; elle baisse légèrement dans le travail géné-
ralisé. L'accélération du cœur est toujours la règle.
TàfîGL etZuNTz (1898) ont fait des expériences sur des chiens que l'on faisait marcher
ou courir sur une planche mobile; une des carotides était réunie par une canule à un
manomètre qui indiquait la pression artérielle. La pression du sang, qui chez la
chien assis égale en moyenne à 124 mm. de mercure s'élève à t"28 mm» si le chien
est debout» elle monte à 134 millimètres lorsque le chien marche ou lorsqu'il com-
mence à courir, et à 15! millimètres lorsque le chien a déjà couru pendant plusieurs
minutes sur une pente inclinée en haut, Enfin, dans des cas où le chien était iW^s fatigué
par une course rapide, la pression sanguine avait monté jusqu'à 235 et môme 242 mnv
ito
FATIGUE,
de mercure. Ces expériences concordent avec celles de Binkt et Vaschide, faites sur
rbomme au moyen du spliygmo-nianomètre do Mosso. Nous ne'pouvons que mentionner^
les travaux de Oehtel, Chîvist, Kilehne et Kionka, Haluon et Comtk, Hill, Spkcr, StâbeliuJ
l/iiccord nesl pas complet entre tous ces auteurs» ï^état de la pression san^ine étant Ifl
résultat de très nombreux facteurs.
A. BiNET et J. Courtier oiitjfait des recherches sur Tinfluence du travail musculaire
sur la circulation capillaire avec le plélliysniographe en caoutchouc dellALLiON et Comte.
On peut faire deux catégories distinctes dans les expériences d*exercices musculaires; les
Unes produisant un pouls sihenique; les autres, un pouts asthénique. Le pouls capiMair#J
sthénique est fort et énergique, et indi(|ue un bon état du cœur; la ligne d'ascension*
et la ligne de descente sont brusques; le dicrotisnie est placé très bas sur k lif>ne de
descente, et il a une forme accentuée, rebondie. Le pouls capillaire asthéniqucest faible,
lent; les lignes d'ascension et de descente sont longues; le sommet de la pulsation
est émoussé; le dicrotisme est remonté et a une forme amollie. Les exercices qui pro-
duisent tin pouls astbénii|ue sont les exercices d'ensemliïe d'inlensité modérée* dont la
marche est le meilleur exemple. A la suite d^arie marche d'une demi-heure, d*une
heure, et plus encore, si on met la main dans Tappareil, on oblient un pouls bien dif-
férent de celui qui s^inscrivait avant la marche; le pouls est plus rapide, ce qui tient i
Fio. 14. — (D^apréft A. Binkt fi Courtier)
Potils radial sthénique.
Fïo. 15. — (Diprôs A. Bikkt cl CouRTisa)
Potilt radiftl a«théIl^^o.
à
l'accélération du cœur et de la respiration. Ce qui est tout 4 fait caractéristique, c'est
rabaissement et l'accentuation du dicrotisme. Le second groupe d'exercices muscu-
laires comprend des exercices locaux {pression au dynamomMre, efforts de position,
faradisation, etc.)» qui durent peu de temps et amènent a leur suite une fatigue pro-
fonde. Le cteur, la respiration sont accélérés^ mais beaucoup njoins que dans les exer-
cices de la première catégorie; ils amènent avec jurande rapidité l'asthénie du pouls
capillaire; chez quelques-uns une pression de 31) kilogrammes maintenue au dynamo-
graphe pendant 10 à 20 secondes suffit à modifier la pulsation et à en amollir le dicro-
tisme, ce qui est un signe de fati|^ue. Chez certains individus, le tracé capillaire est on
réactif extrêmement délicat permettant de déceler la moindre Ijace de fatigue; il va
élévation du dicrotisme aven atténuation, ce qui constitue Taslbénie de la puisai ion,
La fatigue produit une diminution du tonus vasculaire qui se traduit par un amollis-
sement du dicrotisme. La première manifestation de la fatigue serait donc circulatoire
(Voir Ji^. 14 et 1,'ii.
L'accélération cardiaque accompagne constamment le travail musculaire. Chauv^ead
et Kalxsiann, Athan asïu et Carvallo ont montré qu'il n'y a pas de rapports de cause à
etfel entre les variations de la pression sanguine qui accompagnent le travail musca-
lairp. et le phénomène de laccéléralion cardiaque; ce dernier phénomène précîtde tou-
jours le premier. La pression cardiaque baisse si Taccélération cardiaque ne sufllt pas
à compenser la vaso-dilatation périphérique; au contraire elle augmente on se maintient
lorsque le jeu du cœur s^accroîl considérablement. L'accélération respiratoire qui
accompagne le travail musculaire n'est pas non plus la cause de l'accélération car-
diaqtie; cai% si l'on quadruple le nombre des respirations sans faire du travail nmscu-
laire, on arrive à 100 pulsations» mais pas davantage (Athanasju et Carvallo). Toutefois,]
si Ton exécute des travaux musculaires de plus en plus intenses, on constate que le
rythme du cœur augmente progressivement. Dans d'autres expériences les auteurs ont
conslalê l'indépendance entre le rythme cardiaque et la quantité d'oxygène inspiré.
Johansson avait émis en 1894 Thypotlièse que Vaccélération cardiaque qui accompagne
le travail volontaire est principalement d'origine psychique; Tanimal étant attaché
FATIGUE*
121
chaqoe mouvement qu'il fait pour se défendre enlraloe une élé talion de la pression
^sanjîuine avec forte accéléralion du cœur. Si ou lui fait faire des mouvements passifs,
I rucoélération est très peu maoifesle. l/aoleur pense que rexcitation sensitive rétlexe
I Ii"est pas ie véritable facteur de raccélératiou cardiaque, mais qu'elle semble plutôt
obéir à ractîon du cerveau sur les centres d*innervalion du ca'ur* l/cxcitatioii méca-
nique directe du muscïe ne donne pas lieu à une acceîéraliun cardiaque (Klkkn).
JoitA^cssoN considère que raccélération cardiaque est d'origine chimique^ et qu'elle tient
à rioloxicatioD du centre cardiaque par certains poisons dérivés de la contraction raus-
, culatre. Il a pu constater en elTet que le oa-*ur s'accélère encore pemlant le tétanos du
I train postérieur à moelle sectionnée; f:'est donc le sang qui esl porteur des excitations
I cardiaques. Ces résultais concordent avec ïes expérierices de Mnsso qui dHmoulra le
premier que le sang des aniniani liitigué, injecté à d'autres animaux do la même
espèce, donnait lieu à des accélérations cardiaque et lespiraloire intenses.
Elles concordent également avec les expériences de fiUpreBr et Zintz, qui, en 188»,
èlablirent par des expériences ingénieuses que raccélération respiratoire produite
par Tactivité musculaire est d'origine chimique. C'est à eux que Ton doit la méthode
d'expérimentation qu'a reprise ensuite Jokansson. Ils produisirent ractivité musculaire
sans exciter les centres respiratoires par la voie nerveuse; à cet effet ils sectionnaient
la muelle lombaire et entretenaient la respiration artiticielle. Dans ces conditions, le
travail musculaire produit par la tétanisation des extrémités inférieures produisait une
accélération respiratoire, tout comme à l'état normal (cUien et lapin}. L'accélération
respiratoire qui accompagne le travail musculaire n'est donc pas d'origine nerveuse,
mais elle est due à rèicitalion chimique des centres respiratoires par le sang modifié.
En esl-il de même pour raccélération cardiaque? Cauvallo elATtiANAsiir ont observé
que Je travail musculaire normal peut auj^menter la fréquence cardiaque par le seul
intermédiaire du système nerveux: eu produisanL l'atiémie du bras par une liaude de
caoutchouc, ou constate une acréléralion très notable du pouls en pressant un dyna-
momMre. On est donc forcé d'admettre l'existence d'une action rétlexe pour expliquer
le mécanisme de cette accélération du cœur* Suivant ces auteurs, les pneumo-gastriques
sont les Toies essentielles par lesquelles se détermine le réllexe musculaire qui agit si
[rapidement et si puissamment sur le rythme du cœur. Us appellent l'atlpiition sur la
différence qui sépare l'accélératiim cardiaque du travail volontaire et raccélération
cardiaque du travail artiiiciel. Dans le prenner cas, Taccélération est soudaine, elle atteint
rapidement son maximum d'intensité et se maintientà cette hauteur tard que dure Tacti-
[litè des muscles. Dans le second cas, elle apparaît relativement tard, et son intensité
|>AU£;mente proportionnellement avec la durée de Factivité musculaire. Enhu^ dans le
uvail artificiel, raccélération persiste beaucoup plus longtemps. Ces deux phénomènes
kiont pas du tout comparables. L'accélération oardiaque du travail normal est tin
phénomène e$sen(ietlemcnt neneux qui api^araît et dispîirall avec rapidité ; raccéléra-
tion cardiaque du travail artificiel est un phéHom**ne tVordre chimiqut', dont la persis-
tance et Taccroissement s'expliquent par ce fait que les principes toxiques qui la pro-
voquent augmentent et s'accumulent dans le san|^ au furet à me>nre que le li avait
continue. Le travail produit par l'excitation centrale est impuissant à déterminer la
formation des substances to^Liques qui agissent sur le cœur; tes muscles qui travaillent
ben voient des excitations vers les centres nerveux supérieurs, qui, dans leur passage
par le bulbe, inhibent le centre modérateur du cœur en augmentant ainsi la fréquem^e
cardiaque. Ce phénomène, dont rintensité semble être proportionnelle à la grandeur
du travail, a pour but la régulation de la pression sanguine. Mais, dans le cas d'un tra*
vail prolooj^é et spécialement de la fatigue, certains corps toxiques prennent naissance
iqui peuvent encore agir en accélérant le cœur (Athanasju et Carvallo).
Les muscles ïatigués deviennent œdémateux; les vaisseaux sanguins dilatés laissent
asser la lymphe en plus grande abondance.
Dans ses recherches sur la physiologie de l'homme sur les Alpes, A, Mosso a étudié
Bs phénomènes de la fatigue aux grandes altitudes. La fatigue rend le pouls irrégulier;
la dilatation du cu^ur, constatée au moyen du phonendoscope de Bjanchi, s'observe déjà
après une heure d'exercice (haltères). Deux causes inlluencent la rnodiJlcation du cœur
Lpeudant la fatigue, dit Mosso; la cause mécanique, qui dépend de la pression du sang;
1
122
FATIGUE.
Tautre, d'origine chimique, loxique, qui dépend des produits formés dans rorgaoisme.
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riL — INFLUENCE DES AGENTS M 0 0 I F I C AT E U R S
SUR LA FATIGUE MUSCULAIRE
g 1. Influence de la température. — Il e?t reconnu qne les phénomènes chimiques,
et par conséquent les intoxications de l'organismet sont plus actifs à une température
éleviie qu'à une température basse. Si donc on admet la nature toxique de îa fatigue
musculaire, on peut s'attendre k voir hi fîiligue survenir plus vite dans un muscle
surchauilé que dans un muscle refroidi. On sait qu'à basse température les poisons
sont moins artils qu7i des températures élevées. Cn. R{chbt a montré que, pour une
grenouille plongée dans de l'eau chloroformée ou alcoolisée, à 0^ les elfet< toxiques
sont presipie nuls; à 32** ils sont immédiats. Ce fait peut être généralisé à tous les orga-
nismes (Ch. MirHET et Laniîlois. Saint-Hil\ire). Or presque tous les auteurs constatent
que l'action de la fatigue peut être assimilée à celle de^i poisons, et qu'elle augmente
avec la température.
ScHML'LEwiTcu avait déjà remarqué »mi 1807 que la somme de travail que peut fournir
un muscle de grenouille est plus grande à une température basse qu'à une température
élevée. CiAd et Heyîians constatèrent que la contraction diminue d'intensité avec Félê-
vation de la température, et ils ont démontré la fâcheuse complication de la chaleur et
de la fatigue. M. Pommlian vit qu'un muscle de grenouille chauffé s'épuise bien plus vite
qu'un muscle refroidi; la fatigue survient d'autant plus vite que la température est plus
élevée. Patrizi confirma ces faits sur les muscles du ver à soie. A des températures
moyennes les contractions atteignent le maximum d'élévation, tandis qu'à des tempéra-
tures inférieures à 18° la hauteur des contractions diminue; mais la faligue t^irde à se
présenter. Après cinq minutes à 0** rexcitabilité se perd, mais le muscle recommence à
travailler facilement, si, au bout de 5 et même de 10 minutes, on élève la température.
Avec Tergographe Patriki constata sur Ttiomme que Télévation de la température
FATrCUE. 1«
(inimersian de Tavant-bras dans de Teau chaade) était défavorable au travail mécanique.
Le même auteur a étudié les oscillations quotidienucs du travail musctiluire, chez
Tbomme, en rapport avec ta température du corps. Il a conslali^ une marche parallèle
des courbes quotidiennes du travail musculaire et de la température. Le maximum
d'énergie a été observé vers 2 heures et demie de l'après-midi (température :n«»,78);
le minimum, le matin (37); une l*?gère augmentation, le soir (37^56) et une diminution,
Ters miauil l'ST'^i. La courbe quotidienne de Ténergie de Thomme est donc semblable
à »a température.
Nous voyons donc que la force musculaire croît quand augmente la température de
Tor^anisme physiologique, qoi est sous la dépendance d*un dégagement plus considé-
rable d^éuergîe chimique. Et cependant, quand nous élevons artificiellement la tempé-
rature dans de très grandes limiter, quoique nous provoquions une accélération notable
des mutations organiques, ce chimisme intense produit des substmces toiiques en
nombre suffisant pour paralyser le mouvement.
Dans ses recherches sur la marmotte, Hahu^el Dubois a étudié Finlluence de Téchauf-
fament sur la fatigue musculaire. Les courbes de la fatigue montrent que le muscle de
Im marmotte chaude se fatigue beaucoup plus vite que celui de la marmotte froide.
Dans le muscle encore froid d'une marmotte en train de se réchaulFer, l'excès de CO*
est déjà en grande partie éliminé, et Toiygène arrive en abondance : c'est pourquoi, dans
ces conditions, le muscle se fatigue difficilement. Le muscle chaud, produisant d&us le
même temps beaucoup de GO-, se fatigue plus rapidement.
BoLLKTT montra que rallongement de la secousse, qui est la caractéristique et le
premier syraptOme de la fatigue, se produit bien plus tardivement dans les mufles des
animaux à sang chaud que dans ceux des animaux à sang froid. Ce fait semblerait
prouver que les muscles homéothermes se fatiguent plus lentement que les muscles
polkilûthermes. Pour éviter rallongement de la secousse dans une série de conlra«Hions
des muscles de grenouille» il faut exciter à des intervalles bien plus f^loignés que pour
les muscles des animaux à sang chaud. Rollett pensa que cette différence était due
à la qualité dilTérente des muscles. D'après Schsncr, ce phénomène peut tenir simple-
ment à une différence de température. Pour s'en convaincre, il fit IVïpérîence suivante :
Deux gastrocnémiens de grenouille séparés du corps sont léUmisés avec le même cou^
rant; Tun d'eux est chautTé à 30". Le muscle chauffé se fatigue plus vite que le muscle
non chauffé. Mais Sghknck expérimentait avec des muscles extraits du corps, tandis
que KoLi-BTT employait des muscles a circulation intacte. i
Nous voyons ainsi que presque tous les auteurs s'accordaient à considérer réiévation
de température comme favorisant Tapparition de la fatigue. Ce point de la physiologie
paraissait très bien éclairci quand parut le travail de Carvallo et Weiss, dont les
résultats plaident dans un sens radicalement opposé. Ces auteurs ont expérimenté sur
le gastrocnémien de la grenouille verte et ont recouru au procédé isolonique et au
procédé isométrique (le résultat a été le niAmej. On décharge un condensateur à travers
le circuit primaire d*tine bobine d'induction; dans ces conditions l'onde éleclriqoe lie
donne lieu à aucune action chimique et n'introduit aucune erreur dans Tétude de la
fktigne. La planchette portant la grenouille se trouvait dans une caisse de zinc où Ton
pouvait maintenir la température voulue à Taide d'eau dans laquelle la grenouille était
plongée. Le myographe se trouvaiten dehors de la caisse de ïinc. La circulation était con-
servée; le nerf était coupé pour éviter les mouvements volontaires de l'animal, et on
excitait directement le muscle gastrûi^némien. Voici les résultats de Weîss et Carvallo^
1» A une température de *20*> le muscle peut répondre presque indéfiniment â des
excitations maximales se succédant à des intervalles de 0 secondes; cVst lu une tem-
pérature optimum, nù la résistance à la fatigue est la plus grande. A partir de là la
fatigue se produit d*autant plus rapidement que Ton s'éloigne de cette température;
2** quand le muscle est épuisé à 0"*, il suffit de le chauffer k 20% pour voir les secousses
réapparaître avec une amplitude égale k celle qu'elles avaient au début. La rapidité avec
laquelle ce phénomène se produit est remarquable; 3'* un muscle fatigué à des hautes
températures ne reprend pas son énergie par un retour à 20*; 4"* Les mêmes phéno-
mènes s'observent sur les muscles anémiés; le maxin\um de résistance est encore à
SO°y et la fatigue se produit d'autant plus rapidement qu'on s'éloigne plus de ce point.
1^1
FATIGUE.
Fatiguons un muscle sans circulalion àO*; il suffit d'élever la température à 20*» pour
toir les secousses réparaître aver une amplitude égale à celle qu'elles auniient eue
sans la taUf^ue préalable à O". On peut aussi élever successive m eut la température du
muscle de 0^ il 3", de 5-^ à 10", de 10° à 15°, de Ï5^ à 20*'; on a à chaque élévation de
température une nouvelle courbe de faligue dont la grandeur diminue a mesure que Ton
passe de O*» à 20^.
Ces expériences ont conduit Wefss et Carvallo a émettre quelques considéra tious
générales sur la nature de la faligue musculaire. Deux hypothèses peuvent servir à
expliquer ces phénomènes : 1** Hiipothé^e de V intoxication. Les produits toiîques dus à
la fatijçue ne peuvent se détruire à basse température. Il en résulte un empoisonnement
rapide du muscle. A 0* ces produits seraient très stables, ils s accumuleraienl facilement.
L'élévation de la température ies détruirait; 2*» Hypothèse de l*u$ut'e. La contraction mus-
culaire serait directement liée à la combustion d'un produit A. Ce produit eiisterail
en quantité limitée, et h mesure qu'il se détrait» il se reproduirait aux dépens d'un
corps B, Cette transformation ne se produirait qu'à une haute température (optimum
20"), Quand tout A est brftlé, le muscle est épuisé, et il faut une nouvelle transformation
de B en A. Au-dessus de 20**, A et B se détruisent» la réparation est impossiblo.
Ils s'appuient encore sur d'autres expériences pour éliminer Thypothèse de poisons.
On peut arriver à détruire A par un autre procédé que la contraction musculaire.
Eu rhauflant un muscle pendant 10 minules à 30*\ puis le refroid issatrt brusquement kÙ^,
on a un muscle qui présente tous les phénomènes du muscle fatigué à 0*». Il est abso-
lument inexcilable; mais il suffit de le chauffer à 20" pour lui redonner son énergie
primitive, comme si, dans le premier chauffage on avait détruit A (moins stable que
B) et, dans !e second, transformé B en A.
Cu, Fkré a étudié rinlluence de la température extérieure sur le travail ergogra*
phique. L'iihaisscment de la température du laboratoire provoque une diminution con-
sidérable de travail, suivie d'une légère reci^udescence peu durable, à laquelle succède
un épuisement rapide. Au contraire, Lefkvre considère le froid comme activant d'une
façon remarquable le travail chez les homéolhermes. Un homme bien exercé peut, en
quelqnes heures» fabriquer 700 ou 800 calories supplémentaires sous l'action du froid.
L'auteur a constaté sur lui-môme Faction dyuamogêne du froid.
BlbliograpMe. -- C.vbvallo fJ.) et Weiss ((k). Influence de {a température sur ta
dùparifiau et la n'apparilion de ta contraf'tion muxculnire {Journ, de Fhi/siol, et de PalhoL^
i809, îilHi). Inflitence de la tempèrattire sur tu fatigue et la réparation dif musde (B, U.,
8 juillet 1809). — De bois (R.|. Sur le rôle de ta chatfur dans le fimvtionncment du
muscle (C. IL, 1809, cxxix, ii). Nouvelles recherches ^ur la pkt/sïoloffie de (a marmotte
{Jomnal de Phtjiiioloi/ie., septembre 1890). — Ficai^: (Ce.). Influence de la température exté-
rieure sur ie travail (B. B., 1901, 17). — Gao et Heymans. Ueber den Einflms der Tempe-
ratur auf dk LeLitungsffihi{}heit der Mit'ikeLmbslanz (A. P., SuppL, 1890, 59). — LEFSvAEt
Sur l'aufjmt'ntalion de raptiîude au fravaii sous l'influence du froid [B. B., 1901, 415). —
Patrè/.! (M.), Action de ta chaleur et du froid iiur la fatigue des muscles chez thomme (A.i.
B., I8D:1, xl\, 105,', Chcillatiom quotidiennes du travail musculaire en rapport arec la tempe'
rature du rorps (A. i. IL, 1892, xvn, i:i4). Sur la contraetion des muscleii sirtès et sur Us
mouvements du « Bombij.r mori •> (A. (. B,, xix, 1893, 177*194).— Schenck {¥.), Kleinere
Notizen zur allgemeinen Muskelphysiologie. iO. FÂnfluss der Temperaiur auf der Span-
nungszunahme und die Mushetermudung {A. g, /'., 1900, lxïix, 333). — Scumulevitch,
Recherches f:ur Vinfïuence de la chaleur sur le travail mécanique du muscle de la grenouille
(C. B-, 1867, 358),
§ 2. La fatigue aérobie etanaérobie. — Dans la fatigue Toigène fixé parles tissus n'est
probablement pas en quantité suffisante pour la combustion totale; il en résulte que
la faligue réalise certaines conditious de la vie anaérobie, et it ne serait pas impossible
que la viciation de la nutrition dans la fatig:uo relevlt de celte cause.
Il existe trois procédés pour réaliser les conditions de la vie anaérobie des muscles :
Tanémie, la dépression atmosphérique et Tasphyxie.
Chez les poïkilothermes Texcitabilité du muscle privé de san^ persiste beaucoup
plus longtemps que chez les homéolhermes; ces derniers ont bien vite épuisé leur
réserve d'oxygcne. l/injection de sang oxygéné dans un membre séparé du corps y
FATIGUE.
125
maintient l'irrilab il i lé pendant un certain temps; Lldwig et Alei* Scuuiut ont réussi à
conserver rirntabiliié des muscles du chien lonf^letnps après la mort, grAcB à ïa circu-
talion artincietle du sang défibriné. Si le muscle, dans lequel on continue la circutation
artincielle, reste quelque temps au repos» il se restaure, et devient capable de soulever
un poids k une hauteur plus grande. Le cournnt sanguin peut réparer les perles que le
muscle subit en travaillant. Mais, mal;s;ré la survie du muscle extrait dti corps, la hauteur
de ses contractions est moindre que pour le muscle recevant du sang, La somme de tra-
vail mécanique du muscle anémié est moins considérable; il se fatigue plus vite; le phé-
nomène de l'escalier est peu net, et souvenl m*?rae fait défaut, ce qui démonlre que la
soustraction de l'oxygène est immédiatement suivie d'une diminution de l'excitabilité.
Ou sait, depuis une ancienne expérience de Ra.nke, qu'une patte de grenouille, fati-
guée jusqu'à épuisement complet par des excitations i lectriqucs» est rendue capable
d*une nouvelle série de contractions par un sinïple lavage» c'est-â*dire par le passage
d*eau saJêe par Tartère principale du membre. Le lavage af^it mécaniquement, en entraî-
nant au dehors les substances toxiques produites pendant le travail musculaire. KeoiNrc-
KKi a montré qu'une substance pouvant céder son oxygène aux tissus {perman/^anate de
potasse ou sang oxygéné) était encore plus apte à restaurer le muscle en état de fatig-ue.
L*oxygène apporte au moyen du permanganate n'est pas cependant toujours efUcace,
tandis que Toiygène des gtobule^^ rouges Test dans tous les cas. Dans une de ses expé-
riences Krlineckeh obtint une courbe de la fatigue composée d'une série de lignes à. con-
vesités supérieures; chacune correspondait à la circulation artilicielle de permanganate
de potassse. Ces expériences montrent que raclion réparatrice du sang dans la fatigue
musculaire est due à son oxygène et non aux substances nutritives qui y sont contenues.
Nous verrons plus loin la conûrmation de cette conclusion, qui semblait peut-Ôtre trop
hardie à répotjue où Kronecker instituait ses expériences (1871), mais qui aujourd'hui
est pleinement démontrée il. Ioteyko, 1896, A. Bhoca et Cu, IIîchet, Verworn),
D'autres procédés peuvent être utilisés pour montrer l'actiun de Toxygène comme
élément réparateur; dans l'asphyxie expérimentale, le cœur continue h battre, la circula-
tion n*est donc pas empêchée, mais la respiration est arrêtée; par conséquent le sang
charrié est presque dépourvu d'hémoglobine. Les troubles de rexcitabilité musculaire
observés lors de Tasphyxie peuvent donc être attribués presque exclusivement au
manque d'oxygène. A. Broca et Ch, IIichët ont étudié la conti^action aoaérobie chez le
chien, dont Tasphyxie était détenninée au moyen de l'obl itération momentanée de la
trachée. Au moment où le*?: mouvements respiratoires commencent à se ralentir sous
rinfluence de l'asphyxie» les contractions provoquées par le courant électrique s'affai-
blissent pour disparaître en peu de temps. Dés qu'on désobstruait la trachée, on voyait
revenir la contractilité, mais elle ne revenait jamais à son état primitif; le muscle
qui avait donné une série de contractions anaérobies était épuisé pour longtemps. Il fallait
attendre quelquefois trois heures pour que la réparation pût s'effectuer. Ce qui fatigue
surtout le muscle, disent les auteurs, c'est la contraction complètement et rigoureuse-
meut anaérobie. L'asphyxie seuïe ne suffit pas à épuiser un musole, parce que les muscles
qui n'ont pas travaillé ont gardé leur excitabilité. Probablement^ quand le muscle se
contracte, il produit des substances toxiques, nîais dans \e^ conditions normales elles
sont détruites aussit/^t par roiygéne, tandis que, pendant l'asphyxie, elfes ne sont pas
détruites, et peuvent alors se (ixer sur les éléments musculaires qu'elles intoxiquent
gravement (À. Broca et Cb.Hicuet). Ce qui doit attirer Tattention dans ces expériences,
e'est la longue durée de l'épuisement après la contraction anaérobie. Même quand l'as-
phyxie a cessé, lorsque le sang est redevenu oxygéné, il n'y a pas retour de iarontractilité.
Nous voyous les mêmes phénomènes se produire dans l'asphyxie du cœur. Le ralen-
tissement observé pendanl l'asphyxie exerce une action protectrice remarquable, et ce
ralentissement est dû à l'action des pneumogastriques (Oastre et Morat). Si Ton sec-
lionne les vagues, comme l'a fait Cu. Hjciikt. le c<j*iir s'accélère immédiatement, et alors
l'asphyxie est bien plus rapide. Quand la quantité d'oxygène est en petite proportion^
comme c'est Je cas dans l'asphyiie, alors il faut que la consommation en soit réduite au
minimum, et c'est pour cela que le cœur bal plus lentement. Si le cœur ne ralentit pas
ses mouvements, l'asphyxie survient très vite, la contraction musculaire détermine la
production de certains poisons, qui ne peuvent être détruits que par l'oxygène (Cu, Biciikt)*
126 FATIGUE.
Si, au moment où Toxygène a déterminé le ralentissement du cœur, on fait la respiration
artificielle, l'animal revit immédiatement. Mais, si le cœur a accéléré ses mouvements
par destruction des values, on a beau rétablir Thématose par respiration artificielle, elle
est absolument impuissante à ranimer le cœur. «Nous assistons, écrit Ch. Richet, à ce phé-
nomène d'un cœur qui continue à battre, qui reçoit du sang oxygéné, puisque Thématose a
été rétablie, et qui cependant dans quelques secondes va mourir malgré la circulation du
sang oxygéné. Tout se passe comme s'il était empoisonné d'une manière durable par des
contractions fréquentes s'étant produites au sein d'un liquide peu oxygéné. Le poison
qui s'est formé alors a intoxiqué définitivement les cellules ganglionnaires du cœur. C'est,
en un mot, un effet de fatigue névro-musculaire. »
La toxicité du sang asphyiique a d'ailleurs été directement démontrée dans les expé-
riepces d'OrroLENGHi ; d'autre part, Mosso a prouvé que le sang d'un chien surmené ou
tétanisé est toxique ; injecté à un autre chien, il produit les symptômes de la fatigue.
Les recherches ergographiques sont également fort intéressantes à cet égard. En
produisant l'anémie par compression do l'artère humérale, Maggiora a vu la force
musculaire décroître sensiblement. Avant l'anémie, il a pu produire 2,736 kilogram-
mètres; après l'anémie 0,650 kilogrammètres. Il est à noter que la courbe de Vanémie
est une hyperbole. Mais l'aptitude à exécuter une première contraction maximum n'est
pas perdue; lorsque l'anémie cesse, les contractions augmentent rapidement de hauteur.
Le même auteur a fait des recherches sur la force musculaire après l'augmentation de la
circulation. A cet effet, il s'est servi du massage. DéjàZABLouoowsKY avait observé (1883)
que le massage active d'une façon remarquable la réparation des muscles fatigués.
L'auteur italien arrive à la même conclusion : on obtient du muscle qui travaille avec
des périodes de quinze minutes de massage un effet utile quadruple de celui que donne
le muscle auquel on accorde des périodes équivalentes de repos.
Occupons-nous maintenant des phénomènes asphyxiques obtenus par l'introduction
des animaux ou de leurs tissus dans une atmosphère d'un gaz inerte, impropre à entre-
tenir la combustion, hydrogène ou azote. L'origine de ce procédé expérimental remonte
à des temps très éloignés, puisque Humboldt [Versuche ùber die gereizte Muskelund
NervenfaseTf Berlin, 1797) avait déjà fait la remarque que le muscle reste plus long-
temps excitable dans l'air que dans l'hydrogène, et dans l'oxygène plus que dans l'air.
Ces résultats furent confirmés par les expériences très précises d'HERiiANN (1868); cet
auteur constata en outre, que le muscle excité dans l'hydrogène continue à dégager de
l'anhydride carbonique, bien qu'il soit impossible d'extraire de l'oxygène d'un muscle
détaché du corps, même à l'aide de la pompe à gaz. D'après Vbrworn, cette expérience
ne prouve pas que le muscle sans circulation soit complètement dépourvu d'oxygène; il
est très vraisemblable que ce gaz se trouve combiné au sarcoplasma musculaire et sert
à l'oxydation des fibres piusculaires au moment de leur contraction. Nous savons
que les cellules des organismes supérieurs empruntent leur oxygène à l'hémoglobine, à
laquelle ce gaz est faiblement lié. De même dans le sarcoplasma existerait une combi-
naison semblable, mais avec cette différence, que l'oxygène ne pourrait en être extrait
au moyen de la pompe à mercure, comme c'est le cas pour l'hémoglobine. Cela explique-
rait comment certaines cellules privées de l'accès de l'air peuvent être le siège d'oxyda-
tions intra-organiques jusqu'au moment où leur réserve d'oxygène est épuisée. D'après
Pflvgek [Ueber die physiologische Vei^brennung in den lebendigen Organismen (A, g. P., x,
4875), la contraction dans ces cas est due à l'oxygène intra-moléculaire. L'instabilité
des matières albuminoïdjes vivantes est due à l'oxygène intra-moléculaire, c'est-à-dire
contenu dans la molécule albuminoïde. Ainsi donc un muscle vivant d'une existence
anaérobie continue à dégager de l'anhydride carbonique et utilise ses [réserves d'oxy-
gène, ne pouvant en prendre à l'air ambiant. Au contraire, un muscle extrait du corps
et placé à l'air absorbe de l'oxygène par le fait d'une respiration élémentaire de ses
fibres (Tissot).
Ces données préliminaires sont nécessaires pour nous rendre compte des diffé-
rences qui séparent la fatigue aérobie de la fatigue anaérobie des muscles sans circula-
tion. Pour apprécier cette différence avec netteté, il faut soustraire les muscles à la
circulation; car alors les phénomènes caractéristiques peuvent être attribués en tota-
lité à la présence et ou manque d'oxygène.
FATIGUE*
li7
Le processus de la fatigue aérobie (air) et de la fatigue anaérobie (hydrogène) des
muscles eitraits du corps présente ce seul fait digne crinlérôt, que le travail mécanique
est sensiblement moindre dans la fatigue anaéroLie. Nous avonï^
vu plus haut que )e fait de la soustraction du sang avait pour effet |^^K^| 'Z ^
de diijiiauer dans une forte mesure le travail mécanique. L io- ^^^^H 2.^
fluence combinée de ranémie et du manque d'oxygène est encore ^^^^H "^ J
bien plus pernicieuse. Mais c^esl le mode de réparation qui va nous ^
fournir les éléments difîérenciels de la fatigue aérobie et de la ^^^^B
fatigue anaêrobie. ^^^B
Disûns tout d'abord que déjà Edouard Weber (1846)^ Kiuan ^^^^^S
(1841) et Valextin (1847), et, parmi les auteurs modernes, Ch, ^^^^H
BtcBET« avaient observé que la rêparalion de la fatigue pouvait se ^^^^M
faire même dans un muscle extrait du corps. Ce phénomène, en ^^^H
apparence paradoxal, n*avatt cessé d'intriguer les physiologistes^ ^^^S
et avait été considéré par certains d'entre eux comme contraire à la ^^^S
Ihéorie toxique de la fatigue (Cyi^itlski) et à la tbéorie toxique du ^^^Bl
ionmieil. Le sang n'est donc pas indispensable pour entraîner au ^^^Ej
loin les produits de la désassimilation produits pendant te travail ^^^H
musculaire^ puisque la restitution des forces contractiles peut se ^^^S
faire m^me dans un muscle sotistrait à la circulation. La substance ^^^S]
musculaire possède en elle les facteurs essentiels de la réparation ^^^H
(Veiwoiin). ^^H
Dans des expériences faîtes avec Ck. Ricret, J. Ioteyko a ^^^E
nettement établi que la réparation de la fatigue des muscles ^^^g
extraits du corps est duo à rintervention de Toxygène atmosphé- ^^^S
rique (1890). C'est l'oxygène de l'air qui intervient ici comme élé- ^^^H
ment réparateur grâce à un plié no mène de respiration élèmentairi? ^^^H
des fibres musculaires. La preuve en est fournie par ce fait qu*un ^^^Ej
muscle sans circulation, fatigué dans un milieu privé d'oxyg+'ue ^^^El
(hydrogène pur, ou eau bouillie et recouverte d'une couche d'huile) ^^^El
ne $e répare pas; ta perte d'excitabilité est irrévocable dans ces ^^^S
conditions. Ce fait a été démontré pour les muscles de la grenouille ^^^H
^l pour le muscle de la pince de récrevisse. La réparation de la ^^^H
fatigue d'ttti musc/e anémie n'a pas tien dans un milieu privé ^^^El
itoa^tjgene, I /oxygène est indispensable pour la réparation de la ^^^Bl
fatigue musculaire. Main ia réparation a Heu si on introduit un peu ^^^Ëj
d'oxygène sous la cloche à e^^périence^; elle est due de ce fait aux ^^^EJ
échanges gazeux s'efTectuant entre le muscle et l'oxygène ambiant; ^^^El
la réparation de la fatigue du muscle anémié est donc un phéno- ^^^S
mène de respiration élémentaire. (J. Iotktko). La fig. If) démontre ^^^H
ce phénomène, La réparation d'un muscle anémié placé à Tair ^^^H
s observe tant que persiste rexcitabilité musculaire; et même un ^^^H
muscle dont les capillaires ont été complètement lavés de sang se ^^^p]
répare à Tair après une grande fatigue (J. Iqteyeo). ^^^S
11 est permis de conclure de ces expériences que la vie stricte- ^^^Bl
ment anaêrobie ne donne pas au tissu musculaire Ténergie uéces- ^^^§
saîre pour réparer sa fatigue; Fintervenlion de roïyj?éne devient ^^^Bj
nécessaire. On peut même établir une sorte de hiérarchie d'après la ^^^^S
rapidité avec laquelle suniennent la fatigue et la feiiteur do la ^^^ra
réparation. D*abord il y a le muscle normal (cVst-à-dire chez un ^^E]
animal qui respire et dont le sang est oxygéné), muscle qui, placé ^^^S
à l'air, se fatigue tardivement et se répare intégralement. En ^^^S^
second lieu le muscle d*un animal à moelle sectionnée : la respi- ^^^^^| ^
ration pulmonaire est arrêtée^ mais chez la grenouille elle est B^B^I
oppléée par la respiration cutanée. En troisième lieu, le muscle
as circulation, mais placé à Tair, En quatrième lieu, le muscle avec circulation, mois
placé dans Fliydrogëne (la réparation se fait). Enfin un muscle sans circulation et placé
£1
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^55
i28 FATIGUE.
dans l'hydrogène, vivant d'une existence strictement anaérobie, ne se répare pas. Celle
division ne correspond-elle pas à la quantité disponible d'oxygène?
Graves pour le muscle doivent être les conséquences du travail accompli dans an
milieu privé d'oxygène. Une des preuves, c'est la rigidité cadavérique bâtive constatée
par J. loTEYKo sur un muscle anémié ayant fourni des contractions dans l'hydrogène
jusqu'à extrême fatigue. Toutes ces expériences montrent que l'excitabilité musculaire
est notablement diminuée dans un milieu pauvre en oxygène ou complètement dépourvu
de ce gaz. Mais la contraction anaérobie épuise bien davantage le muscle. Nous savons
qu'un muscle même normal renferme des toxines. Sans doute pendant la contrac-
tion elles augmentent; mais, quand l'oxygène fait défaut, elles ne sont pas détruites, el
amènent une paralysie précoce du muscle, sa mort à brève échéance. Il semble donc
que l'oxygène indispensable au retour de l'irritabilité agit principalement par son
action antitoxique sur les produits de la fatigue.
On peut établir des degrés dans la vie anaérobie; ils correspondent à des degrés
dans la fatigue et la réparation.
i^ Un muscle sans circulation, placé à Tair atmosphérique, répare sa fatigue; la
réparation prouve que la fatigue n'était pas due à un épuisement des réserves (le sang
n'ayant pas apporté les matériaux de reconstruction) ;
2» Un muscle sans circulation, placé dans l'hydrogène, ne répare pas sa fatigue. Nous
savons que sa réserve nutritive n'est pas épuisée, et nous en concluons que c'est
l'absence d'oxygène qui est la cause de cette non-réparation ;
3<* Un muscle avec circulation, placé dans l'hydrogène, répare sa fatigue. Le sang
n'est pas indispensable à la réparation; mais, dans ce cas particulier, l'oxygène fait
absolument défaut; la réparation s'effectue grâce à la circulation, qui entraîne au loin
les substances toxiques engendrées par la fatigue.
La réparation de la fatigue peut donc se faire sans l'intervention de l'oxygène, mais
il faut que la circulation (sanguine ou artificielle) vienne laver le muscle de ses produits
toxiques. Dans le cas contraire, quand la circulation est interrompue, l'oxydation devient
indispensable. Normalement, ces deux processus entrent en jeu. Nous rentrons ainsi
dans la loi générale, la défense de l'organisme à l'égard des poisons s'accom plissant grâce
à deux processus : élimination et oxydation.
La vie anaérobie du cœur présente des phénomènes qui ne sont pas sans analogie
avec ceux qu'on a constatés pour le muscle strié ordinaire. Ainsi Oehrwall a observé
la reprise du fonctionnement du cœur par l'introduction de l'oxygène ou de l'air atmo-
sphérique dans le sérum ou même dans l'air ambiant. Au Congrès de Physiologie de
Turin (1901), Locxe démontra le fait sur le cœur des homéothermes. Verworn l'a établi
aussi pour la réparation de la fatigue médullaire.
Les changements de pression atmosphérique agissent aussi en modifiant les oxyda-
tions intra-organiques. Les troubles connus sous le nom de « mal de montagne » et
« mal des aéronautes » augmentent d'une façon marquée quand les sujets exécutent des
mouvements. Ce phénomène a été vérifié expérimentalement par P. Regnard pour les
cobayes, qui meurent rapidement dans un air raréfié, quand ils sont soumis à des mouve-
ments forcés; tandis que les cobayes témoins résistent ou succombent seulement à des
pressions beaucoup plus basses. De môme les alpinistes, quand ils sont transportés et
n'accomplissent pas de travail musculaire, ne souffrent presque pas. La fatigue entre
donc activement en jeu dans la production des troubles observés. Zenoni prit des tracés
ergographiques dans l'air comprimé (une atmosphère) et remarqua une légère augmen-
tation de force pour les contractions volontaires; la fatigue n'est pas retardée, mais les
premières contractions surtout se maintiennent élevées. Pour les contractions provo-
quées, la force musculaire reste invariable à la pression d'une atmosphère. D après
Warren Lombard, quand la pression atmosphérique s'abaisse, il y a diminution du pou-
voir de contraction; quand elle s'élève, l'effet inverse se produit. Dans son livre sur la
physiologie de l'homme sur les Alpes, A. Mosso consacre un chapitre à la force muscu-
laire aux grandes altitudes. Son frère Ugolino donna à Turin un ergogramme de
3,48 kilogrammètres. A Monte Rosa (4 560 mètres d'altitude), il ne donna que 2,828 kilo-
grammètres. Le type de la courbe est resté k peu près le même. Les mêmes expériences
furent répétées sur plusieurs personnes (on a éliminé l'action de la fatigue consécutive à
FATIGUE-
Deg^rès dans la Tle anaèroble du mascle (D'api^t J, lomYKO).
139
^
HKSJMUATION.
3
Ë
GRE^OCÎILLE.
t^
^ <
CONCLUSIONS.
PULHO*
HI.rt«RN-
t3
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— :
X 4 1 R F-,
CCTAN'KK,
T A IRM.
G
1
1. Normale. * ,
Normale.
Normale.
Normale-
Normaln,
Normale.
Iniégralc*
2, Moelle section-
Absente.
Normale.
Normale.
Normale»
Normale.
Non 1
née (à rair). .
inté^rrale.
3. &lo«llo section-
Absente.
Absente.
Normale.
Absente.
Diminuée.
Non ,
t^ fait da la
née et c(PUr en-
intégrale^
rèpamtioa in-
levé (â l'air). .
dique quo la
fati^QQ n'avait
pas épuisé les
rAierves.
4. Moelle sec t ion-
Absente.
Absente.
Absente.
NomiJilc.
Diminuée.
Non
La prfSseucD tie
liée (bvtlro-
tnicjxrale.
la circulatiop
g^o^N . ,
n'est pas in-
dispeniahle k
la rApar&tioa;
mais 1 «xygèaii
fait défaui. La
réparation s'ot-
fectue grkcé au
courant sau'
gum, qui en-
trains iei lub'
stances toai-
ques.
S. Moelle seeLioQ-
Absente.
Absente.
Al^senle*
Aliscfiic,
Dimlnui'e.
Pas de
Loi réscrvos uu-
née et coeur es-
rf^nlÏM.
trîtives ne sont
JeTé (hjdro-
g*oe)
pas A puisés B
(voir 3K C'est
donc rabsenté
d'oxygène qui
mt ta cause de
eette uoa-répa-
ratioxi.
_ J
Tascensionl. Ce qui Trappe surtout, c'est la grande irrégularité des tracés pris à Mante
Rûsa. Une asceasian de trois otj quatre heures e^t suffisaule pour inodiOer ta louiciLé
des muscles; ils se laissent plus l'acilement distendre; la cotUraclioii est plus lente et
ntoins efficace.
En résumt\ en Tabsence d*oxygéoe (asphyxie, anémie, dépression), la rie des tissus
produit des subslances nuisibles» qoi, nées anaérobiquement, ont besoin d'oxygène pour
être disîïociées et pour perdre leur toxicité. Mais, si nous imposons aux Aires ou aux
tissus dont nous avons délerniiiié l'existence anaérobie un surcroît de Iravail, pour les
muscles en les excitant par réiectricité, pour le cœur en accélérant ses battements par
seelton des vagues, l'intoxication devient bien plus g-rave : elle peut même aller jusqu'à
la mort malgré le rétablissement de rhématose. Or^ dans la faligue^ il y a anuérobisrne
parliftl, en ce sens que Toxy^énc (ixé par les tissus n*est pas en quanlité suffisante pour
la combustion totale : de ià formation de produits toxiques, qui perdraietit leur nocivité
s'il J avait oxydation. Cette iiïterprétation des phénomènes cadre bien avec la présence
de substances réductrices dans le jnuscle tétanisé.
Blbliuçraphle. — Bagua (A.) et Hicuet iCa.). De ta contraclion mmculaire anaérohie
(A. de P., 18%, 829), — llRK3iAN^î (L.). Vnters. s. l*hy»wL 4, Muskein und Nervcn, Berlin,
1868 (A. f/. P.» L, 3.16). — loTEYKo (J) et Ricdet (Cu.,;, liêparation de la fatigue musculaire
par ta respiration élémaUaire du musdc (B. B., I89tj, 14»V]» — Kjli an. Vermche uber die
Restitution dcr f^ervenûrregbarkeil nach dent Tode. Ciiessen, 1847. — Maggiora (A.). Les
DICT. DE PflVSIOLOOlE. — TOME VL 9
130
FATIGUE.
lois de la fatigw étudiées dam les muscle$ de rhomme (A. i. B,^ 1890, xiu^ 187). Untera, Uher
die Wirhma der MassaQc auf die Mmkeln der Memchcn lArçh, f. Usaient, xv, 141, et
A, i. B., i8Ut. wi, i2o). — Mi>ss<> (vL). PUioloijia detC Vumo stdle A!pi. Nuova ediiione.
Blilano, 1898. — Uhîhkt (Cir-), Ln mort du cœur dans i'aspht/xie chet te chim (A, de P.,
1804, 653). — K\NKK (J.). Tetamtn, LeipziÉr. 1863. — nnsRNTH\L(VV.;:. La diminution de
la prcsiiiivt atmospfiérifjtie ejperr.e-t'etîe un effet sur les muscles et sur le système nerveux
delnurnimnltc:uA. i. B., 1896, xxv, 418-425) et A. P., ISyfi, i-2l). — Schmileviuh. Veber
den EiHpuss drs Hîutgehaltes der Muskcin nuf deren Reizbarkeii {A, P., 1879). — ScHiiior
(A) et Lt;i*wit; {Ber. d. Sâch, Aknd, d. Wisa. zu Leipzig, 1868, 34, 1809, 99). — Zablûli-
iiowsKY. Veber die phy^iolotjisctfe Bedeutung der Massage (C* W„ 1883). — ZenoiM. BecA,
tep. sw Ir travfiil datu Vair comprimé A. i. B., 1897, xxvri, 4(>).
§ 3, [tifluetice dea agonis pharmacodjoamiqiifiB et des poisons. La fatigue dans Us état»
pathoiofiques. — Alcool, — L'iolluence de l'alcool sur le travail musculaire a été étu*
diée par un i^^rand nombre d'auteurs, attirés par rimportance sociale du problème. Le
premier travail expérimental est dû a Krakfelin et Dehio (1892); ces auteurs ont iîisUlaé
des expôrienres dyiiamoniétriques avant et après Tusage de Fakool; Feicitabilité de
Dkhio *e trouva dinrinuée pendant une demi-heure; le travail de Khaepelîn augmenta
tout d'abord, pour diminuer ensuite très rapidement. Sarlo et Rernardlni constattrenl
une légère aiigmentaliun de rexcitabilité musculaire observée au dynamomètre après
rtioge des 10 grammes de rhum.
C'est surtout depuis l'inlrociurtiou de la méthode ergographique eu physiologie que
les recherches sur l'alcool acquirent un grand inlérôt. Lo)iB\iiD Warrkn (1892) fut le
premier à iHudier l'inlluence de l'alcool sur le travail ergographique ; il trouva une aug-
mentai ion de force après de petites doses, une diminution après den fortes doses. Il
attribue raction dynamogène à une ijiHuence de l'alcool sur les centres nerveux. Hbb-
iiANN Frey (1H«Ji>) arriva aux conclusions suivantes : 1° L'ûsage d'une quantité modérée
d*aU noi exerce une inlluence indéniablf» sur l'excitabilité musculaire, mais il y a lieu de
(aire une distinetiou entre le muscle fatigué et Ir nmscle non fatigué; 2* Le travail du
mn^rle non Taligué est diminué sous l'inlluence de l'alcool, et cette iiiflueuce est due à
une diminution de rexcitabilitédu système nerveux périphérique; 3* Le travail du muscle
fatigué est considérablement augmenté sous rinîluence d'une dose modérée d'aicooL
L'alcool possède donc des propriétés nutritives; 4* Laugmentation de force constatée
après Tusage de Palcool n'arrive pourtant jamais au degré d'énergie déployé par le
muscle frais, car ici aussi ta diminution d'excitabUité du système nerveux périphérique
entre en jeu; 5*^ Cette action se manifeste déjà l à 2 minutes après ringestion de Talcool
et se maintieut longtemps; 6'^ Dans tous les cas Talçool a pour effet de diminuer la sen-
sation de fatigue; le travatl apparaît bien plus facile. Fmky arrive à conclure que Talcool
a une double action : l* Une action paralysante sur le système nerveux central (diminu-
tion de la sensation de fatigue) et périphérique (moindre excitabilité du muscle; ; 2* Une
action due à l'apport de matériaux nouveaux de combustion, utilisables par le muscle.
La première action (paralysie du sy^stème nerveux) apparaît dans les résultats des
recherches sur le muscle non fatigué: dans les recherches sur le muscle fatigué, cette
action apparaît aussi, mais assez faiblement* Quant à l'apport de nouveaux matériaux
de combustion, Fret tâche d'expliquer pourquoi cette seconde action de Falcool se
manifeste seulement quand le muscle est fatigué; selon cet auteur, le muscle frais a
tout ce qu'il faut pour donner son maximum de travail, et ce maximum, il ne peut le
dépasser» malgré un apport de matériaux nouveaux* Dans les expériences de Fiky
l'action excitante de Talcool se manifeste surtout par une augmentation du nombre de
soulèvements à Tergographe.
Ces travaux furent repris presqne en même temps par Destrée en Belgique» ScHEFFEa
en Hollande et Hxck en AJlemagne.
DssTR^ s'est posé la question de savoir si Talcool est vraiment avantageux pour le
travail musculaire et $*il amène un rendement plus considérable en kilogramme très
produite. Il a examiné les effets immédiats et tardifs de Talcool. Voici ses conclusions :
f L'alcool a un effet favorable sur le rendement en travail, que le mttscle soit fatigué
ou non; 2* Cet effet favorable est presque immédiat, mais trè^ momentané; 3« Conséca*
tivemeni, Talcool a an effet |>aruly8ajDt très marqué* Le rendement musculaire, enriroa
4
ri
1^^
FATIGUE,
I3r
uoe demi-heore après administration d'alcool, arrive k un minimum que de nou-
relies do«ies d*ûlcool relèvent diOkilemenl; 4» I/effel paralysant consécutif de Talcool
compense rexcîtatîijninomentanée, et, somme toute, le rendement de travail obtenu ttvec
remploi de subsitances alcooliques est inférieure celui que Ton obtient sans elles; 5*' Les
effets paralrsanls ne s^observent pas conséculivoment à l'emploi du tbé, du café« do
kola. Ces expériences enlèvent donc à Talcool toute valeur comme a^ent nutritif ou
anti^déperditeur. L'augmentation d'excitabilité au début de Taction ne repose pas sur
une illusion (abolition du sentiment de fatigue, d'après Bunge), mais est réelle. Schrffbr
a constaté aussi par des expérirnces ergographiques que des doses modérées d'alcool
produisent d*abord une augmentation de la capacité de travail musculaire, bientôt
suivie d'une diminution, par rapport a l'état normal. Ces effets successifs jiont attribués
par l'auteur aux modifications corrélatives et de même sens de rexcilabilité du systt^me
nerveux. En elTet, Waller, Gao» Wehigo, Sawveh, PmTROwsKi, Schrffeb, Ioteyko et Strfa-
wow^KA, ont trouvé une augmentation initiale, puis uue diminution de Teicitabillté de
^ap[^a^eil nerveux moleur péripbérique (tronc nerveux et terminaisons nerveuses) .sous
rinlluence de TalcooL Sgheffeh s'est assuré que, si Ton élimine par le curare l'action
de l'appareil nerveux terminal, riufîuence de l'alcool ne se montre plus sur le travail
musculaire (grenouille). L'alcool n>st donc pas un dynamogène pour le muscle. C'est
un excitant du sjstème nerveux moteur périphérique, dont Texcitabilité augmente sous
son intluence, mais pour diminuer toujours ensuite (Scheffkr). Dans sa thèse inaugu-
rale, faite sous l'inspiration de Fick, Cm* Hkck conteste Taction excitante iailiale de
l'alcool; d'après lui, c'est un effet de suggestion. Il est pourtant impt*ssible de faira
intervenir la suggestion pour expliquer un phénomène qui se présente avec un«^ nettet<5
parfaite sur le gastrocnémien de grenouille. ScHExrK admet aussi qu*en lin de compte
l'alcool exerce une action déprimante.
Dernièrement Ca. fÈHÈ a repris l'étude de l'alcool et son iniluence sur le travail
ergographique. 11 a constaté une action excitante initiale, et il l'explique par l'action
dynamogène qu'exerce l'alcool comme excitant sensoriel à son passage dans la cavité
buccale. Une dose d'alcool, lorsqu'elle est conservée dans la bouche pour être rejetée
plo5 tard, est plus favorable au travail que lorsqu'elle est ingérée. Cette explication
est trop exclusive, car les eipériences faites sur le gastrocnémien de grenouille ont
montré une action dynamogène de Talcool en l'abj^ence de toute excitation gustative.
Mais il parait certain que l'excitation sensorielle coexiste chez Thomme avec rexcitalîoii
d'autres appareils. L'excitation immédiate de l'alcool ne relève donc ni de la sugges-
tion ni d'une excitation exclusivement sensorielle (gusLative ou olfactive). Chauveau
démontre qu'on ne peut dans l'ai imen talion remplacer une ration de sucre par une
ration d'alcool. Il donne chaque jour oO<J grammes de viande et 250 grammes de sucre k
un chien et lui fait fournir un travail déterminé. Au bout de 54 jours on constate une
augmentation de poids du chien. Mais, si l'on remplace un tiers du sucre par une quantité
équivalente d'alcool dilué, alors le poids du cïiien s'abaisse, et it n'est plus en état de
fournir la même quantité de travail.
Dk Boeck et Guxzaoua^; (IBl^Of ont étudié l'inlluence de l'alcool sur les alcooliques à
l'aide du dynamomètre. L'alcool augmente l'excitabilité du muscle fatigué, mais cette
action s'épuise rapidement. Un repos de quelques minutes est plus utile pour le muscle
que l'alcooL Si les sujets en expérience étaient antérieurement intoxiqués par l'alcool ^
l'alcool agissait comme stimulant.
Dans de nouvelles recherches^ faites avec OsKREtrxowsK y, KaAiraux (l!H)i) trouve que
des doses d'alcool de Iti à 50 grammes exercent une action excitante extrêmement
fugace; l'augmentation de travail est due presque exclusivement à une augmentation du
nombre de soulèvements. Pour KnAEPELix, l'alcool est un stimulant du travail moteur,
qui ne diminue que consécutivement; au contraire, le travail psycliique (addition)
diminue d'emblée, et sans le coup de fouet du début. Pahthidge trouve que l'action
dynamogène initiale existe aussi bien pour le travail musculaire que pour le travail
intellectueL
CASA»i?it (t*J01) étudia l'influence de l'alcool sur le travail ergographique, brachial et
crural; l'alcool à petites doses produit une augmentation de travail plus considérable
pour le membre inférieur (ergograpbe crural de Patrizi) que pour le membre supérieur;
i32
FATIGUE-
des fortes doses produisent une dépression qui est plus nette pour la courbe crarale que
pour la courbe brachiale. En comparant les courbes artillcielles (électricité) avec les
courbes volontaires (aussi bien pour l;i jambe que pour le bras) on voit que Tinfluence
de l'alcool, tant hyperkinêtique que hypokinélîque, est plus intense sur les centres
nerveux qu^ sur les appareils nearo-musculaires périphériques.
De ces recherches se dégage un fait important, a savoir que Taction dynamogêne de
l'ûlcool est dire à une influence centrale et non k une inlluence périph<5rique. Si Scheffer
et Frey ont soutenu le contraire, c*est parce que Talcool exerce une action directe sur le
tronc nerveux et le muscle. Mais J. Iotryko et M. Stefanowska ont montré que raction
de Talcool (de même que celle de Téther et du r blorofurme) présente une série de gra-
dations, et que. dans T intoxication générale, le système nerveux central est déjà com-
plètement paralysé^ alors que les parties périphériques des neurones sfint encore
indemnes. L'alcool ne peut donc agir sur les muscles et les nerfs périphériques dans les
eipériences sur Thomme, alors que la dose est compatible avec la vie. L'action exercée
par Talcool est par conséquent d*ordre centraL Lombard Warren d*une part^ et Casarlni de
l'autre, ont bien montré que rinflaence de Talcool sur le travail ne se montrait que sur
les tracés de la fatigue volontaire, et était presque nulle dans Texcitation artificielle.
Mais ce qui est surtout sig-nificatif, c'est que raugmentation de tiavail est due sur-
tout à une augmentation du nombre de soulèvements (Frky. KRAEPEuxet Oskretzkowsky)
et non à une augmentation de leur hauteur. Nous savons que le nombre est déterminé
par l'état dVxcilabilité des centres moteurs. En appliquant à ces données la terminologie
de J* loTEYio^ nous dirons, que Talcool» tout en augmentant le travail mécanique,
abaisse la valeur du quotient de fatigue |^, par un mécanisme opposé à raccumutatioti
de la fatiguCp qui diminue la somme de travail mécanique. L'accumulation de fatigue
diminue la valeur du quotient, en amoindrissant surtout la valeur de H, tandis que
l'alcool diminue la valeur de ce rapport en augmentant la valeur de N.
Sucre. — UooLiNo Mnsso et L. Paoletti ont pris de 10 en 10 minutes leur courbe de
fatigue après avoir ingéré des quantités variables de sucre. Les solutions moins concen-
trées sont plus actives. Le sucre possède un fort pouvoir djnamogène; les petites doses
etles moyennes (5-60 gr.) développent dans lenmscle fatigué la plus grande énergie; avec
les doses graduellement supérieures à 60 grammes, le travail diminue graduellement.
Le maximum d'action apparaît presque immédia Le jiient pour les petites doses, au bout
de 30 à 40 minutes pour les doses moyennes. Les auteurs préconisent Teau sucrée
comme liqueur sportive (véiocipédistes, alpinistes, soldats). Elle pourrait Hre également
employée avec succès pour redonner une force nouvelle à Tutérua fatigué par [e travail
de raccouchement. Le meilleur breuvage correspond à 60 ou 100 grammes de sucre
pour un litre d'eau* Pour Vauohan Harley, la consommation de grandes quantités de
sucre accroît le pouvoir musculaire de ^G à 33 p. 100, et, avec le retard de la fatigue,
raccroissement pour la journée peut atteindre 61 à 76 p. 100; l'addilion du sucre au
régime ordinaire peut accroître le pouvoir musculaire de 9 à 21 p. 100 et le Iravail total,
avec relard de la fatigue de 6 à 39 p. iOO; Taddition de 2r»0 grammes de sucre au
régime normal, accroît le travail quotidien : l'accroissement e&l de 0 a 28 p. 100
pour le travail de 30 contractions musculaires, et, pour la journée entière, de 9 à 30
p. 100; le sucre pris tard dans la soirée peut faire disparaître la chute diurne du pou-
voir musculaire qui a lieu vers II heures du matin, et accroître la résistance à la fatigue.
Suivant ScuuMBURCr le sucre, même à ia dose de 30 grammes, augmente la force du
muscle fatigué, et, par son action sur le système neneux, efface le sentiment de la
fatigue. C'est un vrai aliment.
Caféine^ cocaïne, thé, maté, ijuarana, tabac ^ condiinents, bouillant eau, albumine, elc.
— Ugolino Mosso a étudié» par la méthode ergographique, l'action des principes actils
de la noix de kola sur la contraction musculaire. L'action de la poudre de kola sur les
muscles (série de courbes, d'heure en heure ou toutes les deux heures] dure de 2 à
7 heu^s pour ;> grammes pris en une fois; le maximum d'effet est atteint dans la pre-
mière heure après I*admiaistration. La noix de koïa quadruple le Iravail dans la
première heure.
L'action de la caféine est analogue à celte de la noix de kola, toutes proportions
FATIGUE.
133
égaies. Pourtant la noix de kolaf privée de caféine^ exerce encore une action sur Télé*
ment musculaire fconfirmation de l*opiuion de Hkc&el). En revanche, le ro^ifje de kola
est pre»i|ue inaclif. La poudre de kola sans ciileLne et sans rouge de kola conserve
encore son action sur la L-ontrucLion musculaire, bi^n que celle-ci soi! très inférieure îk
celle qui est obtenue avec la caféine. Les principes actifs contenus dans la noix de kola,
auU-e que la caféine, sont t*amidon et le gltieone. Le rouge de kola est complètement
inacUL Les hydrates de carbone contenus dans la noix de kola unissent leurs efTetn
à ceux de la caféine pour rendre les muscles plus résistants a la fatigue. D après Hoca
et Krakpklin, la caféine augmente la liauteur de^ soulèvements à Tergographe sans
influer sur leur nombre : elle exerce par conséquent une action excitante sur le système
musculaire. L'essence de thé diminue le nombre des soulev^ements, et n'intlue pas sur la
hauteur totale des soulèvements; elle exerce une action dépressive i^nr les centres ner-
veux. KocH confirma TaiHion dynamopène de la cocaïne et de la caféine; sous l'action
de Ja cocaïne le travail augmente d*un tiers pour la journée entière. Osrretzrowsky
trouve aussi que la caféine agit principalement en augmentant la hauteur des soulève-
ments à Tergographe.
Suivant Ug. Mosso, ia cocaïne accroît sensiblement k force musculaire, et son
action est plus accentuée sur le muscle faligtie que sur le muscle frais; elle restaure
après une lon^^ue marche. Bexeiiu emi étudia Taction excitante de la caféine, du thé, du
maté, de la guarana et delà coca, Queïques-tmes de ces substances accroissent d'emblée
Ténergie musculaire fcocal^ tandis que d'autres retardent la fatigue. Le tabac produit
une légère dépression de la force musculaire (Vaughan Hahleï et W. LtiiBânn). flouGEf
partage la môme opinion. Mais Fkhk reconnaît au tabac une influence excitante primi-
tive, soit au repos, soit dans la fatigue. L'action excitante est plus marquée dans la
fatigue. Elle est suivie d'une dépression de Taclivité motrice et intellectuelle. Le besoin
des excitations sensorielles, qui augmente à mesure que la race s'affaiblit, amène un
épuisement proportionnel à l'excitation primitive, et sa satisfaction contribue pour une
part à précipiter la dégénérescence.
Chez les sujets fatigués le bouillon produit une restauration immédiate (Ce. FiîriI), à
la manière des excitants sensoriels. Les condiments, qui agissent tantôt sur le goût,
tantôt sur Todorat» possèdent une action excitante manifeste (Cu. Férk), L'aihumlne,
administrée a des doses équivalentes (au point de vue du nombre des calories) au sucre
exerce dans le môme temps une action bienfaisante sur les muscles fatigués [Frentzel).
1 eau pure est parfois aussi excitante (Koch). Fkbi5 étudia Tactiou d*un nombre considé-
rable de substances sur le travail ergographique. L'action de la théobrmnine parait très
variable. Le haschihch et l'opium excitent à petites doses et dépriment à dej doses plus
fortes. La digUaline et ïa spartéiue sont des excitants de raclivité volontaire; Tatigmen-
tation de trarail qu'elles provoquent est passagère et sur Tensemble du travail leur
action est déprimante. Sous rinlïuence de la pilocarpine , Texcitalion cérébrale se fait
en même temps que la sécrétion. Plus la sécrétion est abondante, plus le travail dimina©
rapidement et plus tôt arrive la fatigue.
Cilon"* enlin les eipérences de Rossi qui, sur Tliomme, constata une action byperki-
nétique pour Talcool, Talropine, la caféine, le camphre, Félber sulfurique et la stry*
chnine; une action bypokinélique pour le bromure de potassium, Thydrate de chloral,
l'hyoscyaraine, la morphine, l'opium.
Un grand nombre de ces expériences sont sujettes à caution; c'est le cas quand
les auteurs se sont contentés d'expérimenter l'action des substances médicamenteuses
sur eux-mêmes, sans contrôler leurs expériences sur d*aulres sujets non prévenus, La
suggestion est inévitable dans ces conditions, et la méthode ergographique cesse d'être
une méthode objective de recherches.
Xantkine, murine, choline. — L'action curarisante de la neurine et de la cholrne a
déjà été étudiée (Voir : Curarisauts [Poison» ^J* L'influence des xanthines méthylées sur la
falîjîue musculaire a été étudiée par Lusim en 1898, par Baldi en 1891, et par Pascïikis
et Pal en 4887. D'après LusrNi, on constate une action toxique à échelle croissante de la
monométhylxanthine à la di et trlméthylxanthine; ces substances font diminuer pro-
gressivement la résistance à la fatigue*
Veratrine. — Bkzoli», Bossit.icii, Menoel^sohn, Walleh, Weiss et Carvallo, Ioteyko ottt
134
FATIGUE.
trouvé que des excitations poussées jusqu'à la raligne foot disparatlre les efTels de la
véiatrine («le même que rartémie et les varialions de température).
En i^éncral, les auteurs sont, d'accord pour attribuer à la vératrioe iin eJTet excitant
sur la libre musculaire. Malgré celte influence, les signes de la fatigue apparaissent
plus vite dans les muscles véralnaîsés ijue dans les muscles normaux, c'est-à-dire
que les contraclionî* se font beaucoup plus petites et plus jrrégyli'*res, et le muscle
devient plus rapidement inexcitable; la véralrine n*est pas capable de faire disparaître
du muscle les ellets de la fatigue lorsqu'ils se sont produits (IIahfori).
Liquides et extraUs or^janiquen. — J. Ioteyko a montré que le sérum normal de chien
injecté à une grenouille produit une influence dynamogène intt^nse. Vito Copriatï étudia
rinOuence du suc testiculaire de Brow.n Sêuçard et constata à Tergograptie une notable
augmentation de force. On peut cependant objecter à ces expériences que rentraîucment
du sujet eût sulli à produire le même effet, Zotïî et Pregl éliminèrent l'en traînein eût
de leurs expériences et constaltrent un accroissement notable de la force du muscle fati-
gué sous rinflueuce du suc lesticulaire. Il reste sans efîet sur le muscle non fatigué et
n'augmente pas sa capacité au travail. Le type de la courbe n'est pas modifié. L'effet se
prolonge après la cessation des injections. Le sentiment de la fatigue est amoindri, et
sa dinJinulion suit une marcbe parallèle k la diminution de la fatigue objective du sujet.
MossÉ a constaté avec Teof^ploi du dynamomètre et de Tergograplie une augmenta*
tion d'amplitude et de durée de la courbe du travail au début du traitement tliyroidien
et une attt^nualion assez rapide de cette influence tonique. Cette augmentation de force
est tout aussi nette avec remploi de l'iodothyrine qu'avec celui de la glande thyroïde
fralcbe. Or cette action tonique est provoifuée aussi par des sucs organiques autres que
le suc Ihyrojdien {extrait orchitique, surrénal, etc). MossÉ s'appuie sur ce fait pour
expliquer les effets de Fopothérapie : <* Les sucs et extraits orgauothérapeutiques intro-
duisent dans l'organisme, en môme temps que la substance ou les substances spéci-
fiques de la sécrétiûu interne qui les fournit, des principes communs à divers élé-
ments des tissus (ferments» diastases, etc.). Ainsi s'eiplique ce fait que des sucs et
extraits organiques différente puissent provoquer, etf dehors de leur action spécifique
particulière, certains effets communs. ^ Bien u'aulorise, en effet, à reconnaître une
action spécifique aux principes dynamogénes contenus dans les sucs organiques. Mais
un fait reste acquis, c'est que toutes les substances dynamogèues, sucs organiques ou
produîtij chimiques déterminés, restent sans effet sur l'excitabilité du muscle frais; leur
inUuence dynamogèue ne s'exerce que sur le muscle fatigué.
Anhydride carbonique^ oxi/de de carbonv. — D'après Sanzo, le muscle plongé dans
une atmusphére d'onhytlride carbonique perd au bout de plusieurs heures son excita-
bilité. Au bout de deux heures, rexcitabilité indirecte est abolie, et, après un s^'jour de
sept heures, le muscle est en rigidité cadavérique (grenouille). Ces expériences ont
amené fauteur k considérer avec Ra.nke fanhydride carbonique comme un des fac-
teurs de la fatigue musculaire. Plusieurs auteurs italiens ont donné les résultats de
leurs recherches sur la respiration dans les tunnels et sur Tioffuence de foxyde de car-
bone. L'iullueuce de ce gaz sur la contraction musculaire (Weymeyer), sur la courbe
de la fatigue du gaslrocnémien (Aupknixo), sîir la courbe de ta fatigue crgographique
(L'{i. Mosso), est exactement celle qu'exercerait une atmosphère d'hydrogène. En règle
générale il y a diminution du travail, pouvant être attribuée à une diminution des
oxydations inlra-organiques (asphyxie). Chez l'homme la diminution est suivie d'une
augmentation après la sortie de la cage en fer renfermant un mélange de CO.
La fatigue dans les états patholag'lques. — Pa^itanettj a étudié divers cas
d'hystérie, de neurasthénie et d'ictère. HoMioriOM et Dibtthicu ont pris des courbes
chez, les aliénés, et ont noté une variabilité très grande de la force^ dont le maximum
est le matin. Colugci fit des études ergographiques chez les épileptiques. Casabini expé-
rimenta sur des vieillards.
Zenom et Trêves ont constaté une longueur eitjaonïinaire de la courbe de la
fatigue chez les diabétiques. Trêves combat fin terpréta tion généralement admise, à
savoir que, dans les différents états pathologiques, les impressions motrices cérébrales
par la diminution de leur énergie, sont incapables, dès le commencement» de faire
•exécuter au muscle tout l'effort dont il est capable ; c e^st pourquoi il resterait toujours
I
I
I
Mwm
FATIGUE. 135
un résida qui serait précisément la cause de la durée iivdénnie de la courbe. Ce pbéao-
mhie serait dû à une cause tout autre. L'auteur remarqua une extensibilité très grande
d^s tnusclef chez les diabétiques; une partie des contractions s'exécute chez eux à vide,
4?«c rapide abaissement de l'ergogramme. Si» en éloignant lavis d'appui de Tergographe,
i] rr^tabltssait une tension opportune (travail eu surcharge), Térgogranime recommençait.
Ainsi la cause du tracé sans fin serait une élasticité imparfaite de^ muscles chex
certains malades, et non un phénomène d'origine côn'brale. D'ailleurs le tracé sans lin
s'observe aussi chez certaiups personnes normales (Mosso)»TnKVEs en tire la conclusion
que le travail en surcharge peut servir à donner une idée de la marche de la fatigue
mais qu'il n'est pas précis en ce qui concerne le travail mécanique.
Abslous, CiiARRi?* et Langlois ont pris des tracés ergographiques des addisoniens
chez lesquels on observe une fatigue, une asthénie motrice qui n>st nullement en rap*
port avec les lésions trouvées d'habitude à l'autopsie* Celle étude présente un grand
intérêt, \-u que dans la maladie d'ADDisox les capsules surrénales sont presque con-
stamment le siège de divers troubles (tuberculose, cancer, etc.) et le rôle de ces cap-
sules iLanglois» Abelous, Albanese) p.iraU élre d'élaborer des substances capables dn
neutraliser les poisons fabriqués au cours du travail musculaire. Le (racé d'un addi-
sonien fiit comparé à celui d*un tuberculeux» les deux malades ayant des lésions pul-
monaires au même degré X^addisonien est devenu rapidement impuissant, tandis que l*!
sujet témoin a fourni un travail bien plus considérable (Voy. Addiaon, j, 136).
Les recherches ergographiqiies dans les maladies, peu nombreuses, n'ont encore
révélé rien de particulier, mais elles peuvent dans Taveuir devenir un précieux élément de
diagnostic.
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Ricerche clinich^sulfaffaticamento muscolari nei diabetici (Policlinico, m, 1896).
FATIGUE.
137
IV. — CHIMIE DU MUSCLE FATIGUE
La faligae musculaire, qui, au point de vue physiologique, se raractériae par une
diminution d>xcitabililé (dotil les dilTérenles tnûdalités viennent d'être étudiées), se
caraclérise, au point de vue chimique, par une prédominaïice du processus de ladésassi-
milation sur le processus d'assimilation. Il en n-sulte qu*ofi peut atlrihuer une cause
double à la fitigue : d'une part, il y a consommation progressive des substances néces-
saires à ractivité, qui ne peuvent se reformer assez rapidement pour suffire aui
exigences da moment, et, d'autre part, il y a accumulation des produits de déchet
(substances dites fatiffante^), qui ne peuvent être éliminés ou neutralisés assez rapide-
ment. Eo raison de cette diiïérence fondamentale dans la gt-nt'se des phénomènes,
Vebwor.'^ propose de désigner sous le nom u d'épuisement >» les phénomènes de para-
lysie dus à la consommation des substances nécessaires h. Taclivité, et sous celui de
« fatigue n les phénomi^nes paralytiques qui résultent de raccumulation et de fa ioaci*
cité des produits de déchet* Nous acceptons cette distinction, sans perdre de vue, lou-
tefoiSf qu^il est très difficile dans la pratique de faire la part qui revient â chacune de
ces deux causes dans la paralysie résultant d'un excès d'activité.
La consommation des réserves n'est jamais absolue : un muscle cesse de se contracter
bien avant répuisement complet des réserves. Ainsi, même un muscle extrait du corps
se répare. En outre, quand ta fatigue parait complète, il suflit d'augmenter la force de
Texcitant pour voir reparaître les contractions. Ce n'est donc pas tant la consommation
des réserves que Timpossibililé d'en tirer parti, qui caractérise la fatigue. Et il parait
certain que la stagnation des produite de la désassimilatiou en est la cause. I/aitteurs,
il est d'observation courante, qu'après une grande fatigue il ne suffit pas de réparer
les pertes par un excès d'alimentation ; il faut du temps pour permettre à 1 Vuvre de
réparation de s'accomplir.
Le travail poussé Jusqu'à la fatigue modifie profondément la composition des
muscles. La fatigue amène la rigidité hâtive [rliamps de bataille). Les mauvais effets du
surmenage sur la chair des animaux ont été signalés par les vétérinaires. La chair sur-
menée devient très vite fiasque, humide: elle prend une odeur aigrelette, et peut deve-
nir dangereuse. On a cité des épidémies de typhus survenues a la suite do la consom-
mation de viande de bestiaux surmenés. Des constatations de même genre ont été faites
pour le gibier forcé.
L'accroissement des échanges gazeux pulmonaires et intra-musculaires pendant le
travail trouvera place à TarUcle Musck,
% L Changementt de réaction. — En 184^», Du Bois-Beymoxo montra que te muscle, de
neutre qu'il était, devient acide sous Liiilluence de la tétanisation; cette acidité esl
plus faible quand la circulation est conservée, car dans ce cas l'acide est saturé par
les alcalis du sang. D'après les recherches de Lieuio cet acide est Tacide lactique. Ba.njvK
montra que les muscles soustraits à la circulation produisaient une quantité d'acide
strictement définie pendant la tétanisation.
Hkidexualn et ses élèves ont montré que l'acidité du muscle peut Hve considérée
comme une mesure de ses transformations énergétiques; l'acidité augmente quand le
muscle est chargé d'un poids plus considérable. La tension active les transformations
nutritives d'un muscle excilé. L'acidification suit une marche parallèle au développement
de chaleur d'un muscle en activité. La réaclion peut donc servir à mesurer les (phéno-
mènes chimiques qui s'accomplissent dans un muscle actif (HEJDE?tM.^tN). Cette étude fut
reprise et compîétée dans le laboratoire d'IlEn^ENHAiN par Gotscbucm, Cet expérimenta-
teur a étaljli que le muscle devient acide même quand il est soumis à des excitations
sabininimales qui ne produisent pas de contractions visibles. Danilewskit observa dans les
mêmes conditions un dégagement de chaleur. D'autre part, les excitations supramaxi-
maies ne produisent pas une acidillcation plus intense que les excitations maximales et
une tension musculaire continue développe de Facidité, si bien que le muscle chargé
devient acide eu l'absence de toute contraction et de toute excitation. Nous voyons donc
que la tension seule augmente les mutations organiques, fait en concordance avec les
eipénences de Kkacse, de Wundt (qui trouvèrent un signe certain et positif de Tin-
138
FATIGUE.
fluence de la tension sur U rigidité cadavérique; ils virent que les extenseurs se
rigidifieiil avaiU le* llécliisseorsL Hetoexhaix avait déjà montré rinrtuence de la tension
sur le muscle actif; (i^>TscllLlCll te démontra pour le muselé iuactif. La tension rythmée
produit plus d'acide que ta tension continue, le procédé de Hëiiie:vhak\ et de GotscHuca
consiste il écraser le muscle dans la solution physiologique, à filtrer l'extrait et à
rechercher sa réaction au moyen de ralizariue sodée, Lâ^ndau et Pacolly montrèrent
qu'un muscle qui est déchargé chaque fois qu'il atteint la hauteur de sa course se
fatigue plus lentement et développe raoÎDS d'acide qu'un muscle qui reste chargé pen-
dant la phase de la déeon traction.
Ce rapport entre le développement de l'acidité musculaire et l'intensité du travail chi-
mique apparaît aussi avec netteté dans le travail deGLEiss. Le muscle de crapaud, qui a
une contraction plus lente que le muscle de grenouille, développe [régulièrement moini
d'acide pendant son activité, l/auteura pu constater, en outre» que le muscle de crapaud
se fatig'uail moins que le muscle de grenouille, et pouvait soulever des poids alors que ce
dernier était déjà paralysé, La même diiïêreoce existe entre les muscles pAles et les
muscles rouîmes du lapine du rat blanc et des chat:*. Le muscle rouge, à contraction lente,
travaille plus économiquement et développe des produits de désassimilatioo en quantité
moindre que le muscli paie. Ces faits, qui sont en concordance parfaite avec les
recherches myolhermiques de IfEmENHALN et de FiCK, ont été conlîrmés par MoLHscaoTT
et Battistint, qui ont vti que les muscles pâles du lapin développent beaucoup plus
d'acide que les muscles rouf;es du chien.
Dans d'autres recherches aucun parallélisme entre le degré d'acidité et 1« travail
chimique n'a pu être démontré. Il semblerait même que l'acidité n'est nullement en
rapport avec le travail des muscles. A?5tas<;iiewskï(1880) ayant expérimenté sur le lapin»
a trouvé une diminution de l'acide lihr^i des muscles tétanisés, et cela dans chaque
eipérjence» Un résultat semblable a été obtenu par Warrkn. L'acide lactique décroît
fortement dans les muscles fatigués, suivant Monart.
Comparaison entre les valeurs moyennes de potasse satnrable par ractde libre
contenu dans lOO parties de muscles au repos et fatl|^ués, selon les divers auteurs.
AMMAJ,.
REPOS,
FATIOUE.
AUTEURS,
Gretitipille. ,.,,...,
©,047
0.026 1
Warren.
Mot-erchott et Battistinï,
astaschbwskv.
Waïiren.
Moles cuoTT et Battïstiki,
WtîVL et ZuiTLRJt.
MoLEScuoTT et Batiîstini.
0,18^ 0.114
Pia:eon ...
Cobaye . .
Liipiri
riiien. . .
0,:i60
0,1ÎI9
0,192
0,123
o,eo(»
0,097
0,383
0.296
0,145
0.136
0,476
0,067
0,112
(D'après lo tabloatt de MoL£8Chott et Battiitini),
Ce tableau nous rnonlre donc que, contrairement à l'opinion de Du Bots-Reyhoni»,
ta réaction du muscle a.u repos est légèrement acide, et non alcaline on neutre.
MoLEscHOTTet Battistini employèrent la phénol-phtaléiue comme réactif; voiri le rap-
port trouvé par eux entre racidité des muscles au repos et des muscles tétanisés :
AU RKIHM.
TKTANIII
Chien. .
100
ll.J
Lapin. .
100
161
Cobayi . ,
100
168
Pi|^e<iii .
100
108
Grenouille. . . ,
1 00
79
Ils n'ont pas constaté d'accumulation d*acide dans les muscles soustraits h la circula-
I
I
I
l
I
FATIGUE. 13!*
iton. Le rapport moyen eotre le repos et le travail est de 100 : 139. A quoi est due cette
acidité? C'est uniquement daji3 les recherches de MoLEâcMorr et Rattistini qu'il a été
tenu compte de l'acide cartiouique, et non daas celles d'AsTASGUBwsRV^ qni épuisait les
muscles avec de l'alcool et avec de IVau bouillante, ni dans celles de Wahhkn, (]ui, n'ayant
en vue que Tacide lactique, faisait un extrait à froid avec de Talcool, Ttivapûrait, épui-
sait le résida avec de Téther, expulsait l'cther jiar dislillalion et titrait avec la potasse
Taeide contenu dans le résidu de la soluliou étbérée» après l'avoir dissous dans l'eau; ni
dans celles de Weyl el Zeitler, qui rî^duisaient en cendres les extraits obtenus avec Teau
en se proposant seulement la détt^rmination de l'acide pliospborique. l) après MoleschotT
et Baitiî^tinï, à cMé de Tacide phospliorique, dont l'augjiientalion pendant le tétanos est
un fait démontré, c'est, avant tout, Tacide carlionique qui doit expliquer Taciditè des
muscles, AsTASGHEw^kv ne nie pas létle réaction» bien qu'il ait trouvé plus grande la
proportion de l^acide dans les muscles au repos qu'après le tétanos. L'acide carbonique
peut avoir un rôle dans Tai-'idilé des muscles, mais non pas un rôle exclusif; car Du
BoiS'Hkymond a trouvé persistante la couleur rou*:re que les muscles tétanisés produi-
saient sur le papier de tournt^sol. Les conclusions de MoLEsaiorr et Batti^tim sont que
les muscles, même h l'état de repos, contiennent de l'acide libre; cet acide doit être sur-
tout de Facide lactique. Dans la majorité des cas» les muscles fatigués contiennent une
plus grande quantité d'acide que les muscles au repos. Parmi les acides libres du muscle
fatigué, ceux qui doivent prédominer sont : Tacide pbosphorique (pbospbate acide) et
Tac i de carbonique.
La présence d'acide dans les muscles tétanisés a été encore constatée par Mahcuse,
WertHEB, BoEUM, BuHlIANNf LANDSBEnt^B.
Il est intéressant de constater que l'organe électrique de la torpille devient acide par
Taclivité tout comme le niuacîe, lait mis en lumière par Du Bols'Hkvmond {t8ri9) et
O, FuNRE. Cette observation fut trouvée ineiacte par IJoll (1K73), auquel vint s'adjoindre
KuLfiENBER*;; le tétanos slrycbnique fut impuissant à modilier la réaction alcaline, qui
est habituelle à l'organe électrique. Ta. Weyl (i883J, qui reprit cette étude, employa le
tétanos strychnique et le tétanos électrique pour produire la fatigue. Dans ces expé-
riences l'animal était à l'air; il supporta fort bien le manque d'eau. L'orj^ane électrique
excité devenait constamment acide, tandis que l'orj^'ane témoin conservait une réaction
alcaline. L*auteur a constaté de plus que les animaux vivants présentaient parfois spon-
Uoéraent une réaction acide; c'étaient des animaux fatigués; car ils étaient incapables
de produire des décbarges.
Il parait certain que la fatigue musculaire est accompagnée d'une augmentation
d'acidité du muscle. Mais c'est aller beaucoup trop loin que d'attribuer la fatigue mus-
calaireà raccumulalion d'un acide quelconque. Normalement, le sang alcalin neutra*
lise à chaque instant Tacide formé. Kt puis, comment expliquer que, plusieurs jours
après la fatigue, les muscles restent encore rlouloureux et présentent une dmiinution
de force dynamo métrique et ergo graphique? Pourtant Lagrange explique la courbature
de fatigue par une accumulation d'acide lactique.
On a constaté aussi un changement de réaction des urines à la suite de la fatigue
musculaire. Klûpfel avait institué en 1808 des expériences sur les modilicalions que
subit Turine par le travail musculaire. Il déterminait Tacîdité de l'urinti produite dans
les vingt-quatre heures au moyen d'une solution titrée de soude caustique, Il conclut
que les urines produites pendant un jour de travail demandent une quantité de soude
caustique bien supérieure pour être neutralisées. En 1872, Sawicki lit des recherches
dans le but de déterminer si la quantité totale d'acide contenue dans les mines d*un
jour de travail est supérieure ou non à celle contenue dans les urines d*nn jour de
repos. Les expériences ont porté sur trois individus, qui se reposaient un jour et tra-
vaillaient le jour suivant, en faisant des marches forcées et des exercices musculaires.
U obtint des résultats contraires à ceux de Klîpfel; la quantité et la qualité des aliments
avait plus d*inlluence sur la réaction de P urine, que la fati^'ue ou le repos.
Jakowski lit deux séries d'expériences qui durèrent six jours chacune*
Il détermina la teneur en acide des urines sécrétées pendant les vingt-quatre heures
des troisième» quatrième, cinquième et sixième jours d'expériences. Pour se fatiguer il
faisait de longues promenades. La quantité d'acide contenue dans les urines augmen-
1
5
uo
FATïCUE.
tait considérablement les joors pendaDi lesquels le sujet aTdt fait an grand travail
muscntaire. Un résultat semblable a été consigné par Fcstier et par Gilbehti et Alcssi.
La fatigue rend Tiirine plus acide. Ces recherches Turent reprises par Aoucco en 18dl 1
sur le chien qu'on faisait courir dans la roue tournante de Mosso. Au bout d*une heure
on sonde le chien et on lui donne à boire une quantité d^eau correspondante au poids
qu'il a perdu. On le remet dans la roue, et on Ee fait travailler Jusqu'à l'épuisement
complet des forces. La réaction était déterminée quantitativement au moyen d'une solu-
tion titrée de soude caustique. 1^ réaction limite était indiquée par une solution
alcoolique d'acide rosaîique, qui devenait jaune par les acides et rose-pourpre par les
alcalis. On recueillait aussi les urines pendant les deux ou trois heures consécutives,
puis le matin suivant. Ces urines ne contouaîent jamais ni sucre ni albumine. Dans toutea
les eipériences, la réaction de l'urine, qui était acide avant la course, subissait une *
forte diminution d'acidité déjà après la première heure (10 kilomètres), ou même
était déjà devenue alcaline. Oans la première heure de repos^ l'urine tantôt mainteuait
son alcalinitéi tantôt prenait une réaction acide ; pendant la seconde heure de repos !
elle se montrait constamment acide. L'alcalinité de l'urina du chien qui court est doa
îi la présence de carbonates alcalins, comme le démontre nettement relTervescence
que produit l'addition d'acide chlorhydrique. Dans les urines des chiens au repos
l'acide ciilorhj'drique ne produit pas d'effervescence. En conséquence, ce sont les sub-
stances qui donnent de l'acide carbonique comme dernier produit de leur transforma- 1
tion qni sont sp/'cialemenl brûlées dans ta fatigue. D'après Movaru l'urine est alcaline*
cheT: le diien fatigué, acide chez le cUien r*^posé.
Des résultats semblables furent également obtenus par Ouoi et Tabulli. D'après
Bk?(euicentj, qui a fait des analyses d'urines après des marches forcées, il y a tout
d'abord une auff^mentation d'acidité; ensuite on observe une vérilablti fermentation
ammoniacale; l'urine devient alcaline et se putréPie facilement. L'augmentation de
l'acidilé urinaire est encore bien plus grande qu'elle ne le paraît, car la sueur abon-
dante tend à abaisser l'acidité de l'urine (Lassetzk(). Gucosa avait constaté une augmen-
tation d'acidité urinaire chez les cyclistes.
Nous voyons donc, d'après les données contradietoires de ces divers auteurs» que
la réaction de rurine ne suit pas exactement l'intensité de TelTort, et qu'elle est une
donnée Irrs complexe, la résultante de facteurs variables.
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an einem Arbeitstai^e ijrùsser al$ aneinem liuhetage? {A, g. P., v, 1872, 285.) — \VEYLiTn.)
Fhjsiolofji^ietie und cttemische Studien an Torpédo {A. P.^ SuppL, 1883» 103-126). — Wkyi*
(Ta.) et Zkitleh (IL). Veber die mure Réaction des Ihalujen Muiikels und uber die Roîte di'V
• Pho^^harsaur^ bei Munkelthàtiijkeil [Z. p. C, 1882, vi, 55). — VVabren (Joseph W.). Ueber ^
den Einfluss des Tetanus der ^ïuskeln auf die in ihm enlhattenen Sàuren (A. g. P., ^88ip^
xxïv, 391-406). -- Wehtheiv. Ueber die MikhsatircbitdnHg und Glf/kogenverbrauch im quer*
FATIGUE.
UI
I
gnîreiften Muskel bei der Thûtvjkcit und bei der Toàtenstarre (À, g. R, 1889, xlvi, 63-92).
— ZvxTz et HAGEMANf^f. Stoffw€citëel des Pferdes bei Huhe und Arheit, Berlin, 1898.
%%. Hydrates de carbone. — Le travail musculaire est ïié à une diniinutioii de «ly-
co^ène du muscle, fait coiislalé en premier lieu par Claude Bernard ilS^λ) et confirmé
ensuite par Na^sk (1869). S. Weiss (1871) observa une diminution du glycogèoe musculaire
dàDS U létanisatton pousat'e jusqu'A l*épuîsement, diminution qui va de 25 â 50 p. ICK).
Voici ses chiffres (en grammes) dans trois expériences sur les muscles de six, douze et
quinze membres postérieurs de grenouilles :
1
s
8
Blusclea de grenouille Inactifs. ,
a,iii3
0,252
0,1 n
— — — létani&rs .
(1,107
0,138
©,05»
H Ainsi la proportion de glycogène musculaire diminue parle fait de la fatigue. D*autres
analyses viennent aussi à Tappui de cette opinion. Les muscles les plus actifs d'ordi-
naire sont ausM les plus pauvrt^s en gtycogène; cette proportion variera donc suivant
le genre de vie de ranimai. Tandis que cheï le poulet le glycogène s*accumul« dans
les muscles de Taile, muscles inactifs» et disparaît presque des muscles des pattes; chex
la chauve- souri s, dont tes muscles pectoraux sont si actifs, c'est Tinverse qu'on con-
I State (Ghothe)- D'autre part, après la section des muscles d'un membre, la proportion de
glycogène augmente dans les nmscles du côté delà section» comparativement à ceux du
côté opposé, intacL (CriANDELON). Les faits constatés par Weiss furent confirmés par
MATtCHB, WEATREn, BoE'Ju, Krauss, Moritz, KCltz, Dans ses expériences sur le masséter du
cheval, Duuveau a obtenu les chiffres suivants :
Poids du plycogène. ......
Dani 1 000 grammes de masseter.
Pendaut 1p repoi.
Après le livivail, .
13 «,774
15f^396
I
\
I
I
I
D'après les expériences de Morat et Oufoubt, faites sur des cUiens dont les muscles
IJIlient tétanisés, il y a une diminution de 4D k SO p. \m Je glycogène par le fait du tra-
vail des muscles exsangues. Pour rendre évidente la consommation de glycogène, il faut
supprimer le passage du sang dans les muscles; autrement la provision de glycogène
est con»taramenl renouvelée parsuractivitéde la fonction glycogénique du foie. Catherine
ScBiFJtOFF a montré que môme les contractions musculaires Irè^ faibles, à peine per-
ceplibles, suffisaient pour amener une très forte diminution de glycogène.
Toutes ces expériences montrent d'une façon certaine que les muscles possèdent
une réserve toujours disponible de potentiel sous forme de glycogène- Mais nous igno-
rons pourquoi îe muscle cesse de se contracter avant que .sa réserve de glycogène soit
complètement détruite. Le rétablissement par le repos des fonctions d'un muscle fatigué
9t ex5anj>ue montre, en elTet^ que d'autres facteurs que répuisement des réserves
iODt ta cau^e de lu fatigue muscutaire.
Le fonctionnement des muscles est lié à une suraclivité de ta fonction gtycogéntque
du foie (Chauyeau) ; le taux de glycose augmente toujours dans le sang artériel après
un travail musculaire local, comme celui de la mastication. D'après Kult/, sur un chieo
en inanition on trouve encore du glycogène dans le foie au quinzième et mêjjie au ving-
tième jour. Or, si l'on fait travailler un cbien jnanitié, et si Ton procède à l'analyse du foie
immédiatement après le travail, on n*y trouve plus de glycogène, ou seulement des
traces.
Le glycose est ralimenl prochain et immédiat des combustions attachées à la produc-
tion de la force musculaire (Cmauveau).
D'après les anciennes expériences de Rankk (1865), la tétanisation des muscles com-
plètement privés de sang augmente la proportion de sucre musculaire; faugmentalion
atteint parfois 50 p. 100. D'après Monari {1890), le sucre tantôt augmente et tantôt
diminue sous Pintluence de la fatigue, Beneoicenti ne trouva janiais de traces de sucre
dans les urines des soldats surmenés par de longues marcher.
§ 3. Substances axotées. — Crèaîine. — Une expérience déjà ancienne de Liebig
(1847) semble démontrer que Tactivité musculaire poussée jusqu'à Textréme fatigue
augmente ta proportion de créatinedans le muscle; cet auteur a constaté que les muscles
142
FATIGUE.
d'un renard forcé à la chasse contenaient dix fois pi as de créaiine qne ceux d'an renard
privé. Sarokow a trouvé »|iie le muscif: !e plasacLîf de l'organisme* lerœur, contient pins
de créatine que îes muscles périphérif^iies. lia au5>si observé que les muscles desantmaax
actifs contenaient plus de créaLjiie que les muscles des animaai au repos; que les
muscles tétanisés et fatigués étaient plus riches en créatine. Sczklrow vit que dans les mus-
cles qui travaillent davantage il y a une plusfrrande quantité de créatine. Il trouva plus de
créatine dans les extrémités postérieures que dans les eïtrémités antérieures; en les
paralysant les unes et les autres au moyen de la section de la moelle épinière et en téta-
nisant en su lie les extrémités antérieures seules, il trouva dans ces dernières une plus
grande quantité de créatine. Ces résultats furent contestés par Nawrocki, Voit, Bislea
et Meissner. Nawrocki trouva, tant dans les muscles antérieurs que dans les musclef.i
postérieurs des grenouilles et des poulets, la même quantité de créatine. Voit, HoFVANr
Balenke, Irouvèrent toujours dans le cœur de Thomme une moindre quantité de créatine
que dans les extrémités du même animal. MoxARr a observé la transformation de la créa-
tine en créatinine dans le muscle fatigué. Il trouve dans le muscle au repos 0,334 p. 100
de rréatine et 0,05») p. 100 de créatinine» alors que dans les muscles fatigués il y avait
0,493 p. 100 de créalinine. Le muscle fuligué contiendrait une moins forte proportion
de créatine ijue le muscle au repos; mais il s'y trouverait de la créatinine ou plutôt une
nouvelle base créatinique, la xanlhocrcaiimne. Celle base, que A. Gautier parvenait à
extraire en 1885, fut Irouvée par Monari dans les muscles fatigués et les urines des
personnes lasses. Le même auleur constata deux fois sur cent la présence de la teucine
dans les muscles fatigués.
Ces expériences sont insuffisantes pour déterminer le rapport qui existe entre le
travail et la formation de la créatine. La créatine, étant un produit de la déssasimilalion
musculaire, s'élimine constamment par la voie rénale sous forme de créatinine et d*urée.
Sa toxicité est très faible; injectée dans les membres, elle n'amène pas la fatigue mus-
culaire, et ne peut, de ce chef, éire classée parmi les substances fatigantes.
Créatinine, — Le travail musculaire augmente dans d'assez fortes proportions ta
quantité de créatinine éliminée par les reins. Mosso a observé que Turine des soldats
soumis à une marche forcée contenait, pour une période de 12 heures, 0,74 gr. de créa-
tinine, tandis que pendant i2 heures de repos le cliiffre observé a été de 0»50 à 0»38.
L* augmentation de la créatinine dans les urines pendant le travail est très marquée,
d'après Groecho. Cet auteur lit des observations sur six militaires tenus à une diète ali-
mentaire constante; il constata finlluence constante et marquée du travail musculaire
sur les quantités de créatinine éliminée. D'autres données lui furent fournies par un
voyageur qui franchit Ici Alpes à pied et se rendit jusqu'à Pavie où iî fut reçu à l'hôpital
brisé de fatigue, Chei cet individu» la quantité de créatinine éliminée s'élevait à 1^^,57
les premiers jours, et descendit à 0»^87;> le huitit^me jour. Oddi et Tarulli reprirent
les expériences de Hofmann et celles de Ghoecho, et donnèrent raison à ces deux auteurs.
Le travail musculaire normal n'exerce aucune influenresur la formation et sur l'excrétion
de la créatinine. C'est seulement dans le travail exagéré, lorsqu'il y a une cfrlaine
dyspnée, qu^on rencontre dans les urines une augmentation de celte substance. La
créatinine conserve avec Tazote total un rapport presque constant et suit toutes ses
variations. De fait, pour Voit^ Mei^sneu, Maurocor, HAîiANN,le travail nmsculaire modété
n'exerce aucune inlluence sur Te limi nation de la créatinine par l'urine. Mqitessier a
expérimenté sur lui*môroe et sur un ami : la créatinine était dosée par le procédé de Nea-
bauêb; il a trouvé une augmentation de la créatinine éliminée dans la proportion d*un
huitième après des marches de 15 à 40 kilomètres. Ranke a vu que la créatinine injec-
tée dans le sang exalte l'irritabilité des nerfs et produit des contractions spasmodiques.
Landois considère la créatinine comme assez toxique.
Urée et acidt' uriqite, — Il est rigoureusement démontré, par des expériences, soit an-
ciennes, soit récentes, sur lesquelles il n'y a pas lieu dinsister ici» que l'azote de Tunue
n'est pas modifié par le fait du repos ou du travail; la contraction musculaire n'est pas
accompagnée d'une production d'urée (Kalffma.nx), et cette substance n'augmente pas
non plus dans les urines par le fait du travail musculaire. En est-il de même dans la
fatigue? La question a été vivement discutée.
D'après Lbhhann, le travail musculaire intense produit une augmeolation de relirai-
FATIGUE,
U3
I
I
I
I
nation de l'urée, fait coutredii par Voit, Pour Han&c le tétanos musculaire est Hé à une
diminution des sub^ttances albuminùldes. Suivant Bouchard, les exercices modérés font
disparaître les sédiments uratiqyes des ormes qoi en renferment d'habitude, el les
exercices Tiolents en font apparaître dans cellesi qui n'en renfermaient pas d*ordînaire.
MoiTEàsiER trouva une augmentation d'acide urique et d'urée après des marches pro*
longées. Oddi et Tardlli constatèrent une assez forte augmentation de Kurée iiprès des
marches fatigantes; mais cette augmentation ne correspond pas à une consommation
d^aLbuminoîde capable de nous expliquer Ténorrae quautilé de force développée pen-
dant le travail.
Suivant CmanET* Teiercice musculaire agit sur rexcrétion de Turée selon Tétat d'en*
trainement du sujet. Avec un entraînement suffisant, Texercice musculaire, assez
modéré pour ne pas amener de courbature» détermine une augmentation de l'urée.
Cette augmentation disparaît et fait place à une diminution à mesure que Tenlraîne-
ment préalable est moindre ou que Texercice augmente de façon à provoquer la cour-
bature. Eu même temps, les variations des quantités d'urates sont en raison inverse de
celle de Turée. En sorte que renlraînement réalise les conditions d'une oxydation plus
complète de la matière azotée; en cas d'absence d^entrainement, le travail jnuscutaire
s'effectue avec gaspillage de la matière azotée, ûuxlop, Fatux, Stoc&mann et Mai^cadam
constatèrent snr Thomme que le travail musculaire intense produit une augmentation
de Tazote et du soufre urinaire. L'albumine désassimilée est d'origine musrulaire. Mais»
si l'individu est mal entraîné, alors il y a augmentation d'acide urique» de matières
extractives et de phosphore. Suivant Garratt, l'urée est légèrement diminui^e pendant
Texercice musculaire, pour augmenter ensuite fortement; sa valeur est doublée eu
douze heures, L*a«gmentation est suivie d'une légère diminution, après laquelle s'éta-
blit réiat normal. Le môme rapport existe pour l'acide urique. D'après les analyses de
KcRABW, faites sur la grenouille et le lupin, la tétani«;atiou des musoles leur enlève des
albumînoîdes en quantité plus grande quand ils sont pourvus de ciriulation que quand
ils sont exsangues* Kascmkadamow trouve une perle de 0«f,88'p- 1(M>, d'azote musculaire
sous rinlluence de la tétanisation.
En appliquant les idées que Bouchard et A. Gautier ont rendues classiques, Lac.ha.xgb
propose une hypothèse qui attribue la courbature de la fatigue à une sorte dlntoxication
de rorganisme par des produits de désassimilation, en particulier parTacide lactique et
les déchets azotés. Il a observé que les sédiments urinaires, composés en grande partie
d*UTates, apparaissent à la suite de travaux intenses; ils font défaut si le travail est peu
intense et dure peu. Mais l'état du sujet a bien plus d'tnOuence que la violence de
Texercicc pour augmenter ou dnninuer ïa quantité de sédiments rendus à la suite du
travail. Plus on se rapproche de l'état d'entraînement, et moins abondants sont les
dépôts de Turiue pour une même quantité de travail. A mesure qu'on acquiert par
l'exercice plus de résistance a la fatigue, les urines perdent leur tendance à faire des
dépôts. Si le même individu se livre chaque jour au même exercice nécessitant la même
dépense de force, écritLv(;nANr.g (p. 110), s'il entreprend, par exemple, de parcourir, en
ramant pendant une heure, une distance donnée loujourg la même, il arrive que son
ex:ercire, après lui avoir donné les premier;! jours de fortes courbatures, ne produit plus»
au bout d'une semaine, qu'un malaise insignifiant. Il arrive aussi que ses urines, après
avoir donné lieu à des précipités très abondants au début, ne présentent plus en der-
nier lieu qu'un imperceptible nuage. A mesure qne les sédiments deviennent plus rares,
la sensation de fatigue consécutive tend à diminuer, et le jour où les urines gardent»
après le tiavail, toute leur limpidité, rexercice ne- laisse plus à sa suite aucune espèce
de malaise : la courbature ne se produit plus. Il y a donc un lien étroit, une relation
constante entre la formation des sédiments uratiques et la production de la courbature.
Cette remarquable corrélation se retrouve dans toutes les circonstances qui peuvent
faire varier les efTets du travail. Si Ton passe d'un exercice auquel le corps est fait, à un
exercice exigeant l'action d'un groupe musculaire dilTérenl, on éprouve de nouveau les
malaises de la courbature, et les urines recommencent à présenter des sédiments.
11 en est de même quand, pour une raison quelconque (même d'ordre morai), l'orga-
niame est moins résistant à la fatique. Lagrange donne le résultat de l'examen d'un
échantillon d'urine recueilli après une {très longue séance d'escrime, sur un sujet non
Ué
FATIGUE.
entraîné, qui, depuis deux mois, s'était abskîiiti de lonl exercice musculaire. Pour un iiire
d'urine, la quautitc* d'acide urique éliminé a clé de i ^''», 43, Chez le mfirae sujet ajaiil
exécuté le même travail, après entraînement préatable, et dont Turine n'a formé uucua
dépôt, k quantité d'acide unque éliminé pour un litre de liquide a été Os^tiO, chiiïre
qui ne s'écarte pas de la iionnaïe.
L'exercice viidenl laisse donc à sa suile, chi?z les hooimes non entraînés, une sur-
charge urique du sang» une véritable uricémie, comparable, suivant Laghange, à l'état qui
précède un accès de goutte. Cetteanalo^ieesl conPirmée par l'observation ; chez les sujets
prédisposés à la goutte, un exercice violent est souvent la cause déterminante d'on accès.
Tissié constata une augmentation du double de Fazote total, de l'urée et de Tacide
uriqiie le lendemain d'un record de 2i heures sur piste,
Ammoniafitii'. — Pour savoir si falbunijoeest consommée dans le muscle en contraction,
Slosse (IGOOJ a fait le dosage de l'ammoniaque dans le sang et les muscles; la produc-
tion d'ammoniaque est, en effet, le premier résultat de Tattaque de la molécuïe d'albumine
in vitro. Pour doser l'ammoniaque Tauleur s'est servi de la méthode de Nencki et Zvlesri.
En rnoyerïue le muscle renferme i*">"^'»^92 d'ammoniaque par 100 grammes (muscles
au repos); après convulsions strycbniques, ce chiffre s'élève à 2i™**^«^,G2 par 100 gram-
mes; après convulsions électriques, à 23'°^"^"f%20. Le dosage de l'ammoniaque dans le
sang a dojmé les cbi Tires suivants :
Sang artérieL ...... !wiiiJiBT,9ri p. ïOÛ
Sang veineux, ;,.... 2»»ii'*e'',i7 —
La contraction musculaire serait donc liée à une production d'ammoniaque,
g 4. Seli. — TissjÉ constata chez le coureur Stépbane, pendant son record de 24 heures en
piste, que les pertes en acide phosphorique le jour de la course s'élevaient : phosphates
combinés aui alcalis» à 2^';43î combinés aux alcalino-terreux, à i^»",21; acide phospho-
rique total :3»'*,6ÏK Le lendemain de la coiirse : phospliates combinés aux alcalis, i^^GG;
combinés aux alcalino- terreux, 2«%3t; total: 7 grammes. Les sulfates passaient de
Giî^lS le premier jour, à 7^^,12 le lendemain î enfin, tandis que le jour de la course la
perte en chlorures atteignait IS^^SO, le lendemain elle diminuait du quart et arrivait
seulement k Z«^,i2. Suivant Garrat, il y a une augmentation de phosphates urinaires
et de stxlfates pendant Texercice. L'élimination de chlorures est régulière.
Une augmentation de rélimination de phosphates par rémonctoire rénal sous Tin*
Ouence du travail musculaire présente un grand intérêt, car elle est directement liée àift
désassimilalion des matières albuminoïdes. Cette augmentation a été constatée dans de
nombreux travaux, notamment dans ceux d*Eni;elmann (1871), Kllig et Olszawsry,
pRESYz» Wktl et Zeitler trouvèrent une augmentation de phosphates dans les muscles
tétanisés; ne pouvant trouver une explication satisfaisante à ce phénomène, ils suppo-
sèrent que le phosphore se formait au dépens de la nucléine, attendu que celte augmen-
tation n'était pas due à la décomposition de la lécUliine. Suivant ta remarque de IUacleoo^
cette explicatiou est inconciliable avec le fait de la faible teneur des muscles en nucléine
(Whitfield ne trouve pas de trace de nucléo-albumine dans le muscle; Pekëluahlng en
trouva en très petite quanti Lé). La méthode employée u'était pas non plus exempte de tout
reproche; pour extraire la lécilMne. Wevl et Zeitler employèrent l'alcool et Télher
à froid, bien qu'il ait été démontré par Liebermann que, même à rébullilion, ces
di-isolvants ne peuvent enlever toute la lécitlune. Pour extraire les phosphates inorga-
niijues, ils traitèrent les muscles dépourvus do téciLhine par l'eau bouillante pendant
cinq minutes; or ce traitement a pour effet de détruire la nucléine (ainsi que Kossel
et Miescher l'ont montré) et d'aiigmenter artiltciellement la quantité de phosphates.
A cûté de la nucléine, il existe encore dans le muscle d^autrcs substances phosphorées
qui étaient encore inconnues au momeiit où Weyl et Zeitler publiaient leur travaillât
dont la décomposition, au moment du travail, peut produire l'augmentation de phos-
phore inorganique. Une de ces substances est la nucléone, découverte par Siegfried. Cet
expérimentateur trouva, en effet, que l'extrait aqueux des muscles tétanisés contenait
une moindre proportion d'azote provenant de la nucléone que l'extrait aqueux des mus-
cles au repos. Macleod (1899) institua des expériences pour se rendre compte si dans
le travail musculaire il y avait une dissociation du phosphore d'avec la molécule de
I
-^-r-
FATIGUE. H5
nucléoiie, ainsi que cela se produisait pour Tazote. Les expériences furent faites sur des
cbîens, qui quatre jours auparavani, étaient nnurris do viande de cheval. Us étaient
eosu!t« soumis à des marches dans une roue jusqu'A grande fatigue. Les chiens témoins
étaient gardés au repos. Les animaux étaient tués par anéniitj; teurs musdes brojés dans
an€i machine à viande. Voici les résultats des analyses : nom Vin/luence de la fatigue
mmculaire, le phosphore organique contenu (hmii CextraU aqucujc du muscle diminue dans
de très larges limites. Cette diminution se fait en partie (50 p. 100) aux dépens du phos-
phore de la nuclêone, on partie aux dépens d*autres substances phosphorées qui se Irouvent
dans le muscle (acide inosique^ etc). Dans tes expériences où la fatigue a été très intense
(8 hflurea de travail)» le phosphore de la nucléine est tr^^s fortement diminué. Ces résul-
tats concordent avec les faits observés parSiEOParED, que la proportion denucléone détruite
est plus considérable dans un travail intense que dans un travail modéré. Proportionnel-
lement i la diminution de phosphore organique total soiuhïe dansTextrait aqueux, M aclbod
a observé une augmentation de phosphore inorganique soluble. Le phosphore total soluble
dans l'extrait aqueux ne varie pas à la suite du travail ; seul le rapport entre le phos-
phore organique et le phosphore inorganique, qui était 1 ; 3 pendant le repos, devient
1 : 5 et même 1 : 6 (quelquefois { : I3j pendant le travail. Nous avons vu que» sous
Tinfloence de la fatigue musculaire, une partie du phosphate disparu était due à la
décomposition du nucléone; or cette décomposition na lieu que lurs d'un travail mus-
culaire très intense. Le travail modéré libère aussi du pihosphore, mais celui-ci provient
d'une autre substance phosphorée qui se trouve dans le muscle^ et qu'il a été impossible
à HâCLGOD de déterminer.
Les expériences rapportées dans ce chapitre tendent à prouver que pendant la fatigue
te muscle consomme des matériaux un peu difTérent^à de ceiix qu*il utilise pendant la
contraction sans fatigue. Ce n'est pas une conlradictînn avec les opinioiiâ de Cbauvëau,
qui a établi que ^ le travail musculaire ii*emprunte rien de Ténergic qu'il dépense auJt
matiV^res albuminoides, maii que c est à Tétat d'hydrates de carbone que le muscle en
travail consomme le potentiel qui est la source immédiate de sou activité, et cette con-
sommation n'est pas autre chose qu'une combusliou totale. Sl'uI le travail d'usure donne
Heu à des excréta azotés, et c'est la nécessité d'un travail de réparation pour nos tissus
qui explique Fimmense importance de t'axote alimentaire. <• L'alimetLlation iiistiflisaule
ou un travail excessif se confondent, d'après Covuvkau; ils ont pour eilet d'entraîner une
dépense d'albumine vivante qui se traduit par un excès dans l'excrétion azotée. Mosso
croit aussi que le muscle ne consomme pas aans ses premières contractions les mômes
substances qu'il utilise quand il est fatigué; de iiième, dans le jeûne, nous consommons
le premier jour des matériaux qui sont compUHemenl diiïérents de ceux que nous emprun-
tons à nos tissas dans les derniers jours de Tinanition. KnoxECEBa partage la même
opinion.
Si ce point de vue est exact, les produits de ladésassimilalion pendant la fatigue doivent
différer non seulement au pomi de vue quautilatit', mais aussi au point de vue qualitatif
de ceux qui sont fabriqués normalement par l'organisme. Parmi les produits de la désas-
^tmilatton des matières albuminoîdes^ il en existe de trêstoxiques (â.Gautieh), et ce soûl
ces produits qui constitueni l'origine des symptômes de la fatigue. On peut donc dire que,
dans les conditions ordinaires, le muscle consomme des substances non azotées, et que
c'est aux dépens de ces substances qu'il produit du travail mécanique et de la chaleur; la
consommation d'albumines est insigniï]ante,el résulte d'une simple usure du tissu mus-
culaire (Chauveau); les produits toxiquf*s, issus des matières albuminoïdes, sont fabri-
qués en petite quantité et sont aussitôt brùtés au moyen de l'oxygène du sang, détruits
dans le foie et dans d'autres glandes de l'organisme et éliminés par le rein; dam Icscon^
ditims anormales d' exercice prolontjé jusqu'à la fatigue^ qm d'apport insuffisaul de matériaux
«on azotés, le muscle, à défaut de ces substances, consomme des albummoides et fournit
des produits de déchets azotés, dont quelques-uns sont doués d'une très grande toxicité;
ces substances s'accumulent dans l'or^^anisme et agissent d'une façon paralysante sur les
éléments excitables du rorganisme (Doxoens» tlAi^GiiroN, etc*). Il ne faudrait pourtant pas
croire que la désassimilatton des albumirioides commence au momt»nt où toutes les
réserves hydrocarbonées sont épuisées: nous avons vu que, même en faisant travailler un
muscle sans circulation, on n'arrive pas à lui faire consommer tout son glycogône; la
OÏCT. DB PBVSlOLOalï, *- TOME VK 10
«46
FATIGUE.
f&ligue arrive auparavant. IJ est doue fort probable que la consommattoo des aIbumiuoIile«
débute déjà au moment oCi le travîiil musculaire commence à fléchir.
La n'paralictri de !a fatigue musculaire par Toxygène nous fournit aussi un ar^umeut
dans 1** même sens (J. Iotkyko); elle tetid à faire supposer qu'il y a plutôt une consom-
raatiou de matières albumiuoïdes avec production de substances toxiques; car, s'il s'agis-
sait de glycogène détrtiit, on ne comprendrait pas la restitution du glycogène dans k
muscle privé de sang, tandis qu*on comprend très bien la destruction et la paralysie du
muscle par des substances toxiques, d^^rivant des matières albuminoïdes.
§ &« Matières extracUves et réductrices. Teneur eu eau du muscle fatigué. — Les
muscles qui ont été soumis à un excès de travail ont subi de profondes modificatiotis
chimiques. Leur corruption est tiâtive; ils renferment des suLslances nouvelles, dites
isHrmtivcs. Helmholtî; avait montré en 1845 que les matières extractives, soluhles dam
Talcool, augmenleul dans le muscle qui travaille, tandis que les matières solubles dans
Tean diminuent. Si Ton suppose les matières extractives solublcs dans Falcoot égales à
100 dans te muscle au repos, elles deviennent égales à 133 dans le muscle tétanisé. Ces
faits furent conllrniés par J. Ramîk, aussi bien pour les muscles exsangues que pour léftj
muscles avec circulation. La diminution des matières extractives solubles dans Tej
n'est pas relative (comparativement à l'augmentation des matières solubles dans Takool),
mais elle est absolue.
On sait que le travail musculaire est lié à une consommation d'oxygène. Suivant
l'hypothèse de Traube [Vtrch. Àrch., xxi, 399), la fibre musculaire possède la faculté
d'enlever l'oiygène au sang et de s'unir avec lui en une combinaison lâcbe, pour le céder
ensuite à d'autres substances, dissoutes dans le suc musculaire et douées d^ine afïînité
plus ^*raude pour Toxygène. Grûtzner chercha k montrer ces réactions en fournissant
au muscle pendant ou après son activité des substances qui cèdent facilement leur oxy-
gène. 11 injecta de Tindigo daus la veine abdominale on dans le co^ur des grenouilles, el
lia eui^uile Taorle; il tétanisa alors une cuisse par l'intermédiaire de la moelle, alois que
la cuisse du côté opposé était gardée au repos par la section du nerf correspondarit. Il
s*attendait à trouver une décoloratifon de Tindigo sous l'intluence de substances réduc-
trices. Les résultats ne furent pas bien nets; parfois le muscle actif fut trouvé plus pâle
que le muscle inactif, mais on observa aussi le contraire. Au contraire, avec Tacide
pyrogalliqiie, le filtrat du muscle actif était légèrement jaunâtre, tandis que le filtrat do
muscle inaclif possédait une coloration brune foncée, La difTérence apparaissait encore
plus grande quand, au lieu d'acide pyrogallique pur, on employa un mélange d'acide
pjrogallique avec des traces d'un sel d'oxyde de fer. L^uuleiir n'acquit pourtant pas la^
conviction que la modification de coloration était due à une action réductrice exercée
par le muscle en activité, et il Tattribua à une quantité plus grande de laclates. Schôn-
BEi.x avait trouvé, en 1861, que tous les nitrates solubles se réduisent en nitrites, non seu-
lement par riiydrogène, le zinc, le cadmium, mais aussi par des corps organiques tels
que l'amidon, le sucre de canne, la glycérine, les globules du sang. La formation de
nitrites est expliquée, seîon Sciiu^aEiN, par un processus d'oxydation.
Cette découverte fut le point de départ des recherches de tiscBEiDLEN (1874), qui
voulut se rendre compte si, sous l'inÛueDce de processus d'oxydation aussi énergiques
que ceux qui s'accomplissent pendant l'activité musculaire, il était possible d*obtenir
une transformation de nitrates en nitrites. Il injecta à des grenouilles sous la peau du
dos ou dans la veine abdominale des solutions de nitrates alcalins d'intensité variable.
Après rinjection un des sciatiques est sectionné; la grenouille est tétanisée par Tinter-
médiaire de la moelle, ou bien elle est strycbniaée. Après un tétanos d'une durée de
une à liîiit heures, les cuisses sont hachées, el les extraits filtrés. L'extrait des muscles
tétanisés donna, en présence de Tamidon^de Tiude et d'une solution faible d'a■^ide sulfu-
rique une coloration bleuâtre déjà au bout d'une demi-heure k deux heures (indice de
la formatioft de nitrites), tandis que la même coloration s'obtitit avec l'extrait des muscles
non tétanisés au bout de vingt-quatre à trente-six heures seulement. Ce fut le résultat
constant de soixante expériences. Sans exception, l'extrait des muscles tétanisés se colora
plus tôt que Textrait des muscles non tétanisés. L'apparition hàtîve de la réaction est
d'autant plus surprenante que différents corps organiques possèdent la faculté de déco-
lorer riod e- amidon (Pettenkofer, Blondlot, Bêchami»).
É^^
FATIGUE.
147
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Il tiiste encore d^autres Agents qui démontrent la formation de nitrUeii par le fait
de ractmté musculaire; cornrae Tacide diamidobeniiOjqu**, considéré par Griess comme
le réactif de l'acide nitrique. Les extraits des muscles tél.misés deviennent pluâ forte-
ment colorés en jaune par Tacide diamidobeiizoïque que les extraits des muscles inac-
IUb, La nitrifieatton dans les muscles actifs est en outre démontrée par la tlifférence de
coloration entre Textrait des muscles tétanisés et des muscles inactifs après qu'on ajoute
d« la bt'ucine, dissoute dans Tacide cijiorhydrique. La coloration rouge est proportioit»
nelle à la quantité d'acide nitrique qui se trouve dans le liquide. S'il y a eu formation
de nitrites sous riniluence de l'activité musculaire, l'acide axotique disparaîtra, la colo-
ration rouge soufi 1 influence de ta bructne et de Tacide sulfurique dans Textrait du
muscle inactif persistera un temps plus Ion;;;', et la coloration jaune apparaîtra plus tard
que dans l'extrait des muscles tétanisés. C'est ce qui s'observe en réalité, l/extraitdes mus-
cles inactifs est coloré en beau rouge sous l'intluence de la brudne et de Tacide sulfn-
riquet alors que l'extrait des muscles tétanisés est à peine rosdtre, et en peu de temps
la coloration passe à l'orangé et au Jaune.
Toutei ces réactions montrent que l'exUail des musrles tétanisés renferme des
nitrites (Gscheidlkx), et que ceux-ci ont pris naissance pendant reipérience. La nitrilî-
cation n'est pas accélérée si on arrête la respiration cutanée de la grenouille par immer-
sion de la patte dans un bain d'huile, et si on arrôte la respiration pulmonaire par extir-
pation ou ligature du poumon; elle n'est pas accélérée non plus si oti ploof^e ta^^reitouille
entière dans une atmosphère d azote ou d'hydrogène. Probablement les nitrites fortnés
sont éliminés tels quels par l'animal. La conclusion de G^^chëidlkn est qne^ pendant Tac-
tivitê mmcuiaitet il y a format iûn rff mbstances qui possèdent un potwoir r<;ductsur trt}s
énergique. On ne sait quelle est leur nature; on sait seulement que ces substances, faci-
lement oxydables, .^yrrl soiuhtes dam Vatcool: car, si Ton prend les extraits alcooliques
des muscles tétanisés et inactifs, et si après Tévaporation de lalcooî et la dissolution
dans l'eau on ajoute des nitrates, alors on constate que, daus la solution aqueuse de
l'extrait alcoolique du muscle tétanisé, il y a formation de nitrites en peu de temps^
tandis que la formation de nitrites dans le muscle inactif n'a lieu que sous rinlluience de
la putréfaction (Gr^cnEiDLEN). Aucune des substances connues, qui se forment pendant
Tactivité musculaire, ne possède le pouvoir de transformer en réaction acide tes nitrates
en nitrites dans le cours de plusieurs heures, bien qu'un g^rand nombre de substances
(acide lactique, sucre, glycogène), en réaction alcaline plus rapidement qu'en réaction
ftdde, agissent d'une manière réductrice sur les nitrates dans le cours de plusieurs jours.
ÀBKLOiTs, pour doser les matières réductrices^ qui représentent les termes intermé-
diaires de la désassiminaliun des substances albnminoides, a employé ïe procédé d^ÊiARO
et Ctt, RicHrr, basé sur le pouvoir absorhantde ces substances réductrices pour l'oxygène
{Trnv. du labor, de Ca, Riciïet^ n, 3,ï2). L'oxydation se fait par une liqueur de brome,
et le dosage de l'excès de brome par une solution titrée de chlorure stanneux.
Matières rédactrices des muscles lapioi pour 100 iprammes
{D'iL[jri!^-i Ahf.loli».^
Muscltfs nonn&ux.
Muscles tétaniaéi^
Différence. , . .
Muscles paralyiéi 0«^,(>9Ga
Muscles norraam 0«%H52
Différeoce Û^viTiâ
Ces ehifTres se rapportent aux muscles extraits du corps; nous observons une aug-
mentation de matières réductrices dans les muscles qui ont travaillé. A l'état normal, le
sang débarrasse les muscles de ces décbets de la contraction. Cependant le sang artériel
renferme toujours plus de substances réductrices chez les animaux fatigués que chez
les animaux au repos (AïifLOtJ.s).
Rankk a vu que le muscle qui travaille est plus riche en eau, que la teneur en eau des
muscles qui accomplissent le plus de travail est le plus considérable. La teneur en eau
des muscles extraits du corps et tétanisés ne varie pas; par conséquent, la richesse plus
grande en eau du muscle avec circuliilion et létiinisé n*est pas due à la formation de
l'eau dans le muscle même. L'augmentation de la quantité d'eau dans le muscle en
activité con^espond à une diminution de la quantité d'eau du sang, A la suite du tétanos
146
FATtGUE-
le sang devient plus conceiïtré, plus riche en matières solides. L'augmenta lion de la
quantité d'eau dans le muscle repose sur un phénomène de ditFusion entre le sanfj; et la
substance mnsculaire; le muscle est lavé d'une partie de ses substances solides pendant
le tétanos; le sang des grenouilles tétanisées est plus riche de 1^3 p, 100 ea sahalaocas
solides, et pins pauvre en eau qu'avant le tétanos. Or, à la suite de factivilé musculaire*
ia pression osmotique croît dans les fibres musculaires et par conséquent le nombre de
molécules dissoutes dans la substance mnsculaire doit croUrc au^si (Lokb). Le fait s'ac-
corderail très bien avec la supposition que l'origine de Ténerfîie déployée par le muscle
est un processus de dissociation. Elisabeth Cooke a déterminé, dans le laboratoire de
LoEB, à Chicago» Taugmentation de pression osmotique dans le muscle ; même un tra»
vail relativement mod*^ré fait croître cette pression de 50 p, iOO, LoEHeo tire argument
pour admettre que pendant Factivité musculaire le nombre de molécules contenues dans
la solution subit un accroissement, que la pression osmotique dans le muscle augmente»
qu*uue certaine quantité d*eau introduite dans les fibres musculaires détermine une
augmentation de volume do muscle et son hypertrophie fonctionnelle. G.iNictE trouve
aussi que le travail musculaire augmente la teneur du muscle en eau [jusqu'à 1! p. lOOJ,
et diminue sa teneur en matières fixes (1,5 p. 100).
§ 6. Toxicité, — Ces substances réductrices, élaborées au cours du travail muscu-
laire, sont douées d'une très grande toxicité. La première expérience à cet égard est due
à). Hanre (1865) : une patte de grenouille, fatiguée jusqu'à épuisement complet par des
excitations électriques, pouvait être rendue capable d'une nouvelle série de contractions
par un simple lavage, c'e&t*à-dire par le passage d'eau salée par Tartère principale du
membre. L*eau salée a agi manifestement en entraînant au dehors les substimces
toiic|ues. KfioNECKER a obtenu des résultats encore plus satisfaisants en injectant de
Thypermanganate de potasse ou du sang oxygéné. Une autre expérience de Rankk est
encore plus démonstrative : il lit l'injection de feitrait aqueux d*un muscle qui avait
travaillé dans un muscle frais et vit diminuer son aptitude au travail. D'après Abelous,
ces substances fabriquées au cours du travail musculaire exercent une action curarisanle.
Dans les conditions normales elles seniient détruites grâce à raciion antitoxique des
capsules surrénales (Abelous et Laxglois)* Leur action réductrice est encore démontrée
selon AflELOLs par la transformation du ferricyanure de potassium en ferrocyanure, ce
qui détermine avec le perchlorure de fer uu précipité de bleu de Prusse. Si au préalable
on oxyde ces substances avec du permanganate de potasse, la réaction du bleu de
Prusse ne se produit pas, et ces substances aiusi oxydées ont perdu leur toxicité. L'action
toxique de l'extrait des muscles tétanisés paraît donc bien établie*
Quant aux substances toxiques, qui, nées pendant le travail musculaire, ¥Îennenl
agir sur les centres respiratoires et cardiaques en produisant Taccélération du cœur et
de la respiration, leur présence ne laisse plus de doute depuis rexpérience de A. Mosso;
cet expérimentateur trouva que le sang d'un chien surmené injecté à un autre animal de
la même espèce produit les phénomènes de la fatigue : abattement, parésie, accélération
respiratoire et cardiaque. Si Ton fait tomber sur un muscle rais une goutte de plasma
exprimée d^un muscle fatigué, elle y produit une contraction locale, lente et prolongée
(Scfiiff).
Enfin, les elTets toxiques des substances musculaires produites dans la fatigue ont
été décelés même dans l'urine, fait qu'on pouvait prévoir âèjk dans une certaine mesure
par les déterminations de Boucha an du coefflcient uro toxique des urines de la veille et
du sommeiK Dans leur étude faite sur le coureur Stéphane pendant son record de
24 heures sur piste, TtssiÉ, Sabrazés et Denigés ont constaté que les urines possédaient
une toxicité qui dépassait le coefficient de celles des fièvres iufeclieuses graves. L'injec-
tion de iO c. c. d*urine à la fin de la course tuait un lapin pesant I kilogramme, ce qui
élevait le coefficient de la toxicilé à 2,35, alors que celui des lièvres infectieuses graves
est de 2 ou 2,50. Le lendemain ce coefficient descendait rapidement à 0,893, mais au
contraire les déchets du jour de la course, qui atteignaient en 21 heures pour Vurée,
31^,50; l'acide urique, 0«%G5; l'azote total, 17^^07; augmentaient presque du double le
lendemain. Stéphane n'avait bu que du lait. Les recherches faites postérieurement par ■
Lapicoue et Marotte sur la toxicité uriuaire, à la suite d'un exercice musculaire poussé '
jusqu'à la fatigue, ont amené ces expérimentateurs aux mômes conclusions. BeNEoicEin'i
FATIGUE.
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a cotistalé qae la toxicité des onnes dans la fatigue était due aux matières non dialy-
sables, et non pas aux seh minf^raux, à Turée* et aux matières colorantes (procédé de
Roger qui consiste à appliquer la dialyse à Tétude de la toxicité unnaire).
Ajoutons* que d'après Ahuiinc» ta toxicité de la sueur est presque nulle quand elle
est provoquée par un bain chaud, l'étuve, etc., elle est très considérable pendant les
exercices musculaires violents.
11 est pourtant impossible d'édîflerune théorie toxique de la fati^e. M faudrait pou-
voir isoler les substances toxiques et connaUre leur mode de destruction.
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150
FATIGUE.
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CHAPITRE IV
La Fatigue des centres nerveux médullaires.
HoftSLEY (1898) a tâché de déterminer qiianlitativement la somme de travail que
peuvent fournir les centres spinaux, en utilisant les réOexes et les effets de rexcilatioti
directe de la moelle épinière. Cet expérimentateur a eoasiaté que la somme de travail
fournie par l'exci talion réllexe était toujours inférieure à celle qu'on obtient en excitant
le nerf moteur. Ces résultats sont difficilement applicables à Tétude de la fatigue médul-
laire, car la contraction ceniraîe ou rétiexe se distingue nettement de la contraction
névro'directe ou muscuJo-directe et ces dîlférences tiennent à des actions d'arrêt, qui se
produisent spécialement à la traversée de centres nerveux (BEArNis), Ainsi on sait, par
les expériences de Beacms et de Wundt, que la contraction centrale ou réllexe exige
pour se produire une intensité d'excitation supérieure à celle qui détermine une coa-
traction directe; les irritants faibles ne provoquent souvent pas de réllexe, mais, si
celui-ci apparaît, il peut largement dépasser en énergie la secousse directe. Souven
des excitations qui, isolées, ne détermineraient aucune secousse, provoquent un tétanoê]
énergique quand elles se t^uivent à des intervalles très rapprochés. Cela démont]
rentrée en jeu des phéuomènes d'addition latente qui se produisent dans les centres
nerveux avec une facilité plus grande que dans le nerf moteur, et, dans ce cas» la con-
traction revêt ordinairement un caractère tétanique, La secousse réllexe a un début
retardé; elle dure beaucoup plus longtemps. Quant au tétanos central ou réflexe, il ne
possède presque jamais ta régularité typique du tétanos direct. Il n'y a pas entre l'exci-
tation et le tétanos, central ou rétiexe, Tétroite relation qui existe entre l'excitalion et
le tétanos direct.
L'indépendance relative de la contraction réllexe ou centrale vis-à-vis de Texcitant
nous montre qu'il existe des différences qualitatives entre la secousse réflexe et la
secousse directe; ces différences qualitatives sufllsent pour expliquer dans une certaine
mesure les différences quantitatives, sans qu'il soit nécessaire d'admettre une fatiga-
bilité plus grande des centres réflexes que de l'appareil périphérique.
Les expériences de Waller ne sont pas plus concluantes. D'après cet auteur, racti-
vité maximale des centres nerveux ne provoque pas ractivité maximale de l'appareil ter-
minal; en d*auties termes, la fatigue centrale limite la fatigue périphérique. Voici Texpé-
rience de Walleh : si Ton applique une série de secousses électriques au bulbe d'une gre-
nouille jusqu'à ce que le gîistrocnémien ne se contracte plus, on obtient une nouvelle
série de contractions en irritant le sciatique, et une troisième série en irritant le muscle
lui-même lorsque l'irritation du nerf a cessé d'agir. Cette expérience démontrerait que
SI
FATIGUE.
151
centres sont pbs fatîgables que les terminaisons nerveuses, et celles-ci |»Iu3 que le
miHcle.
Nous avons montré plus Lautque la soi-disant action ciirarisante de la falif^ue était
un produit arlificjel dû à ï'altération du Iroiic nerveox par le contact avec les électrodes»
La fati^iibitité des ap|)areils nerveux médullaires n'est aussi qu'apparenle* Assurément,
lorsi{ue le gaslrocnémien ne se contjacte plus par exritatiou de la moelle, il fournit
une nouvelle série de contractions & Texci talion du nerf. Mais si l'on admet que la
moelle est devenue incxcitable par effet de la fatigue» comment expliquer alors qu'en
excitant le nerf sciatique d*une g^renouille dont la moelle viejitd'iîlre fali*rm'*e, on obtient
souvent non seulement la contraction direclei mais aussi la contraction réUexe(J.li>rKYKo>?
La moelle ne serait-elle pas complètement épuisée lors du relâchement du tétanos d'ori-
gine centrale? Certainement oui, mais la moelle, fatiguée par une intemsitiô de courant a,
répond à une intensité plus grande de courant b: autrement dit, le même courant,
appliqué sur le nerf^ a une intensité plus grande que quand il est appliqué directement
à la moelle; ce qui explique et la présence de la contraction névro-directe et celle de la
contraction névro-réllexe*
Les résultats obtenus par Waller peuvent donc être expliqués par un manque de
dosage du courant électrique. On se sert généralement de Tex pression « exciter par le
même courant ». sans songer que les tissus animaux n'ont pas tous la même résistance
électrique et que le courant se répartira de fai^on que sa densité soit en raison inverse
de la résistance spécifique de chaque tissu. L'écartement des électrodes restant le
même, et le voltage n'ayant subi aucune modification, rintensité du courant électrique
lancé dans la région intrapolaire^ et avec elle riutensîté de Tînllux neneux mis en
liberté par cette excitation, sera toute diflérente suivant que la région intrapolaire est
constituée par on tronçon de moelle, de nerf ou de muscle. Or les muscles sont bien
meilleurs conducteurs pour rélectricité que les nerfs. Quant à la conductibilité élec-
trique de Taie cérébro-ï^pinal comparée à celle du nerf, les documents manquent plus
ou moins complètement; aussi sommes-nous astreints ii ta plus grande réserve dans nos
conclusions^ mais il ne serait pas impossible que les centres nerveux fussent moins bons
conducteurs, et par conséquent, excités par un courant d'intensité plus faible que ne le
sont les nerfs.
La méthode employée par J, Ioteyko répond à deux desiderata : 1" Elle permet
ploi de courants électriques d'intensité moyenne, ce qui évite !a diffusion du courant
ectrique; 2* Elle élimine complètement la nécessité des mesures comparatives de
l'intensité de Texcilant, en permettant d'irriter, non pas dilTérentes régions du système
nerveux, mais une seule région détermînt^e. Voici l'analyse de ces travaux :
La résistance des centres nerveux médullaires & la fatigue étudiée au
moyen de rélectrotonisatlon du nerf. — Le principe de cette méthode est le même
que celui qu'appliqua Bernsteiw à l'élude de la fatigue du tronc nerveux et qui fut si
ingénieusement modifié par Weoensry. H y a lieu de considérer la moelle épinière à
deux points de vae : l** En tant qu'organe conducteur de la vibration nerveuse, et 2'' en
tant qu'organe du rcflcvenerTenj;, €*est-à-dire tranformateur de Finilux sensitif en inllux
moteur, La conductibilité de la moelle est directement mise en jeu quatid nous Texci-
tons directement par les électrodes, tandis que les propriétés rétlectrices de la moelle
sont mises en évidence par la contraction réJlexe. Noua analysons les processus qui si.^
déroulent dans le^ centres nerveux médullaires en prenant pour mesure des processus
internes le résultat de Tirritation névro-réllexe, c'est-à-dire la secousse musculaire con-
sécutive à l'ii ri talion du nerf sciatiqae du c6té opposé. Or dans Tactivilé réflexe nous
étudions la fatigue des neurones sensitifs aussi bien que celle des neurones moteurs, —
Le point le plus important de la méthode de J. Iotkïr» a trait au procédé employé pour
obtenir la section physiologique du nerf sciatique, de manière que rexcitatîon qui lui
vient des centres soit momentanément arrêtée pour ne pas produire de contraction, et
que, à un moment donné, celle-ci puisse servir comme réactif de l activité centrale.
L*auteur s^est servi de Vvkctrotonisalion : pendant le passage du courant continu,
ranélectrotonus d*une portion du nerf arrête Tinllux nerveux venu des centres par exci-
tation directe ou réflexe de ces ceiUres ; le gastrocnémien, dont le nerf n'a pas été élec-
rotouisé, se téVanise jusqu'à épuisement complet, Taulre reste au repos. Si mainte-
^Tîecl
152
FATIGUE.
nanl, sans interrompre J'excilation de la moelïe, on ouvre te courant conlino, la Irans-
mission s'opère sans obstacle dans le nerf éleclrotonîsé, et l'on voit son gastrocnémiep
entrer en tétanos. Il est donc évident que les centres nerveuit médullaires sont au moins
deux fois plus n^sistants à la fali^'oe que les organes terminaux, parce qu'ils ont
pu fournir un travail double* Dans toutes ces expériences, hauteur s'est servi de gre-
n oui H es de forte Uiille (poids» 50 à 70 grammes). Le cerveau était détruit, et l'hémor-
rhagie de la moelle soipieusement arrêtée. Les deux nerfs scialiques étaient dénudés^
et les cuiFses entièrement réséquées au-dessous des nerfs et des vaisseaux fémoraux.
La grenouille est alors portée sur un myographe double, et les tendons des deux gas-
Irocnémiens sont relit^s aux leviers correspondants (poids en charge, 20 grammes)* Pour
t'viter le dessèchement du nerf, reipérience n'a jamais été prolongée au delà de dix
minutes.
L'auteur a recherché une intensité de courant continu, qui laisse à peu prfes-^
intacte l'excif^ibilité du nerf après Touverture du courant polarisant. Elle s*esl assurée]
que : te pasuage pendant di.r minutes, a trat'cf's uuâ petite portion du ncrf$ciatique dcj/rc-I
nouille, d*UH courant eontinu de 0,20 miiUamph'e {clecirodc?^ mpolarisahles] ^ changeant \
9ms toutes les minutes tt n'affaiblissant ait cours de l'expérience jmtiu à 0,iTj mUliampH^A
laisse intacte l'excitabilité du 7tcrfdans tout son parcùiirs nprùs fourertttre du courant continu.
Le temps de dix minutes est suffisant pour obtenir deux courbes de tétanos l'une à la
suite de Tanlre; il est prt'ft-rable de ne pas pioîonger l'expérience au ttel;\ de ces limites, |
pour t^lre ;"j Fabri des modilications ultérieures de rexcital>ilile%si fréquentes avec i*em-"
plot du courant continu,
L'inexcitabîlilé persistante qu*on observe quelquefois après le jiassage du courant
continu peut f^tre décelée de la façon suivante : il faut interroger promptement dans
les cas douteux rexcilabilité des deux nerfs ; si la modilicatton négative s*est produite,
TiromoLilité absolue du muscle aliénant au nerf qui vient d'être électrotonisé con*
stitue un contraste frappant avec les petites secousses que donne Tcxci talion du nerf du
c6té opposé, lequel, bien qu'nyanl fourni déjà une courbe de tétanos, n'a partout pas
perdu toute son excitabilité. 1/auteiir a eu également à lutter avec la modification posi-J
tive, cVst-à-dire avec Taugmentation d*excitabilité qui suit parfois de prés l'ouverture [
du courant continu. Or, si rexcitabilité du nerf est exagérée^ un courant nerveux, même
extrêmement faible, venu de la moelle, impuissant à éveiller la contraction en temps
ordinaire, est capable de déterminer un tétanos énergique dans ces conditions. On recon-
naît la modification positive en modifiant l'expérience de façon à exciter la moelle, non:
par des courants tétanisants, mais par des ondes périodiques à intervalles assex éloî- ^
gnés;on a alors Tinscriplio!! ^qaphique de Texcilabilité sous forme de lignes verticales»
dont la hauteur mesure le dcj^ré de Texcitabilité. Or, si, après l'ouverture du courant
continu, le travail du muscîe est déterminé par une action centrale, rexcitabilîté di>
nerf n'ayant pas été augmentée, nous obtenons une courbe régulière de la fatigue du
muscle; les premières contractions possèdent lamplitude la plus grande, et la fatigue
s'établit graduellement. Mais, si le travail du muscle est obtenu artilkieîlement par
suite d*une hyperexcitabilité du nerf, la courbe des contractions inscrites sur le cylindre
possédera des caractères exactement opposés: elle sera l'indice lidéle de Texcitabilité
grandissante du nerf : les contractions iront en augmentait de hauteur, et il faudra un
certain temps pour qu'elles diminuent d'amplitude.
Toutes ces questions de méthode et de technique ont un grand intérêt» car elles
nous permettront de ju|^er de la légitimité des résultats. Ajoutons que Tobjectioft
que Ubeizen a formulée relativement h la méthode de l'électrotonisation des troncs ner-
veux ne peut s'appliquer â l'étude de la falitiue des centres nerveux. Ce physiologiste a
fait remarquer que Tobstaele, destiné à enrayer la transmission, pourrait bien enrayer
en même temps l'entrée en activité du nerf. Quand il s'a^tit du neif, rien ne vieut nous
révéler en effet son entrée en activité ; quand nous excitons la moelle, nous avons la cer-
titude qu^elte entre en activité, bien qu'un des nerfs sciatiques soit électrotonisé à sa
partie moyenne ; la preuve en est fournie par le tétanos du côté opposé, qui se produit
malgré rétablissement de rélectrotonus sur l'autre nerf.
La figure 17 nous montre la grande résistance médullaire à la fatigue» Vexcitation.
ttHanisante de tu mociie est obtenue par toie nc'^ro -réflexe. Le tracé inférieur correspond
FATIGUE.
153
aax contractions nérro-ilirecles; le tracé supérieur aux contractions névro-réflexes. On
lit de ^aache h droite de la Hgiire : 1) tétanos d^es^sai des deux gastrocnémiens, n^vro-
direct en bas, névro-rértexe en haut, tous les deux obtenus simullanémcnt par excita-
tion tétanisante d'un sciatique et tous les deux à peu près de mAmc inteDsité;2) réponde
trois minutes, pendant lesquelles nn électrolanisc le nerf avec un courant de 0,20 de
miftiampere, en changea!»! le sens du courant (El sur la ligure) el après avoir suspendu
le courant tétanisant. Lélecti'o tonus est complet au bout détruis minutes (tracé inter«
rompu à cet endroit); 3) L'excitation du nerf A est reprise, le muscle donne immé-
diatement une courbe de tétanos névro-direct d'une durée de quarante-cinq seconde»,
après quoi il se relâche; pendant tout ce tt»mps, le nerf B élertrotonisé ne communique
pas son excitation au muscle qui reste au repos; 4) Plusieurs secondes avant le relit-
chement complet du tétanos névro-direcL, on ouvre le courant contioufO sur la figure).
I
I
F(o« 17. — ^ (D'après J. Iotktho) ]?<Ioi-trotobut «ciiployé pour produire La tccxion phyiiologiijtie dti nerr
KtdUtion téUoitaûta da U ino«ll« par ritilBnnédJaire du nerf scia tique d'ua côté. luftcriptiuu iimtiltaiié&
de la ooDtractton dirsclA et da La cooimctioD réflexe (de g'auclie k droite).
tout en maintenant rexcitation tétanisanie du nerf A; ranélectrotonus disparaissant et
avec lui Tobstacle â la transmission neneose, le nerf B donne une courbe de tétanos
névro-rétlcxe d'une durée de soixante-quinze secondes» démontrant aiusi que la moelle
n'était pas fatiguée à ce moment. Nous en concluons que les centres médullaires sont
au moins deux fois plus résistants à la fatif(ue que les organes termiuaui, parce qu'ils
ont pu fournir dans les mômes conditions un travail double.
Le même résultat a été obtenu en excitant directement la moelle épinière au moyen
d'ondes uniques.
La résistance des centres nerveux médullaires à la fatigue étudiée au
moyen de l'éttiérisatioii du nerf* — La méthode de rélectrotonisatton a montré à
I, loTEYKo que les centres nerveux spinaux sont au moins deux fois plus résistants à
la fatigue que les organes terminaux, car ils peuvent fournir nn travail double en réponse
À la même excitation. Pour voir s'ils ne le sont pas davantage, Fauteur a cherché une
méthode qui permette de prolonger reipérience sans crainte d'une modification de
Texcitabilité d«i nerL La section physiologique du nerf peut être produite au moyen
de réthérisati on locale du nerf. En elTet^ l'avantage de cette méthode est qne le retour
de reicitabilité après réthérisatiou ne passe jamais par une phase d'augmentation
\u
FATIGUE.
ainsi que J. Ioteïkq et M. STEPAfïovvsKA Tont montré (Ann, de la Soc* des sciences de
Bruxelles, i90lj. La mélliode avec lYaher ne diffère donc de U méthode avec l'aoélectro*
tonus que parla subâlilution d*un bourrelet imbibé d'anesiht^sîque au courant eoutïno.
Voici une de ces expériences (J mai IS99, voir fïg. 18).
ExcitaiioQ néyro-réfleze de la moelle par des courants tétaaUants. — Le tracé în/é*
rieur est d'origine névro-directe; le tracé supérieur est d'orisfine névroréileie. On lit de
gauche adroite de la figure : i* Contractions d'essai, les né vro -directes plus intenses que
les névro-rèllexes; 2'' un des nerfs est éthérisé (à partir de K); 3*> plusieurs secondes
à peine après le début de l'éthérisation, l'autre nerf est excité par des courants tétanî*
sants, et cette excitation est maintenue jiisqn*à la iin de Texpérience; le nerf irrité I
donne une belle courbe de tétanos^ tandis que TexcitaUon qui a traversé la moelle est
Pjû. 18, — (D'après J. toTCTuo) S«e(îoo physiologique du narf obtcoue nu mojen do léthénMiîon fl*QM
portion do ce nerf, Eteilatioa téla&tsaote de la moelle par riotermédtaire du nerf iciatliiae d'un c4(A.
tascription timoluiiée de la confcractioxi directe et de la coairacli4Xi réfleie (de gauebe à droite).
arnHée dans Tautre nerf an niveau do point éthérisé; à peine observons-nous un léger
soulèvement de ce côté; 4, Avant raéme qu** le tétanos névro-direct ait pris Qn, la
déséthérisation est opérée (D sur la lîgurei : l'application de lanesthésique a duré par
conséquent environ vingt-deux secondes; la conductibilité ne revient pas immédia-
tement i^la tétanisation ne cesse d*agir!, mais, dix secondes après T'enïMernent de l'éther,
nou^ obteirons un tétanos névro-rétlexe assez intense. L'excitation de la moelle ayant dur
tout ce temps^ nous concluons à sa grande résistance à la fatigue vis-à-vis des organei^
termiaauf .
Vn résultat analogue a été obtenu en excitant directement la moelle avec des cou-
rants tétanisants. Dans d'autres expériences^ l'étbérisatiou a été maintanue Lnen plui
longtemps» et dans tous les cas, un tétanos a été obtenu après que l'éther s'est dissipé. Pen-
dant tout ce temps la moelle n'a cessé d*ètre excitée. L Ioteyxo a pu se convaincre que la
moillepouvaii être excitée pendant un temps au moins quatre fois plus Iohj^ que k mu.^tt, foui ,
FATIGUE.
155
qu*on pût décékr aucun sigm de fatigue, Lauleur u*a pai poussé plus loin cette délermU
Dëtion i|uantitaUve, et n*a pas assigné de limite au travail médullaire.
La résistance des centres nerveux médall aires à la fatigue étudiée au
moyen de la strychnisation de la moelle et de Tétliérisation du nerf. — Pour
ne pas recourir à des excitant;* électriques trop énergiques, qui occasionneraient des
dérivations sur la moelle épinière, oo a géoéralenient ennployé, pour augmenter Tinleii-
iit^ de* phénomènes réHeies, des grenouilles empoisonnées par des doses rninima de
strychnine*
Cette façon d'agir présente de nonibreui inconvénienU dans Tétude de la forme de
la secousse isolée ou du tétanos d*origine rêfleie. Ces inconvéuients apparaissent encore
plus nombreux quand on se propose d'étudier la somme do travail que peut fournir la
moelle épinière^ car Tétat de surexcitation de la moelle strychnisée ne peut servir de
mesure à ractivil** déployée par elle dans les conditions normales. Malgré toutes ces
objections, des recherches sur lafatigue de la moelle strychnisée s'imposaient en quelque
sorte, car grâce à ce procédé remploi des courants électriques extrêmement faibles était
rendu possible (après l'échec des excitations mécaniques et chimiques pour produire un
tétanos réilexe durable)* En eniploycint des doses convenables de strychnine, on parvient
à renverser la formule : rirrîtabilité réOexe remporte alors surTirritabilité directe. En
moyenne un dixième de milligramme de sulfate de strychniue a été trouvé suffisant par
J. loTBYKO pour produire cette eflet. Ces expériences ne diffèrent donc des précédentes
que par la légère strychnisation de la moelle; le nerf est éthérisè suivant le procédé
connu. Ces expériences ont montré que la moelle légèrement strychnisée (pas de con-
vulsion) est en état de fournir un travail au moins cent fois plus considérable que le
muscle. Dans ces expériences, la narcose du nerf était suspeudue de temps en temps, et
Ton se rendait compte du déféré d'excitabilité propre de lu moelle. Les résultats avec les
grenouilles strychnisées plaident donc dans l*? même sens. Il est certain que ces donnée?
ne peuvent servir de terme de comparaison avec le travail que la moelle es! capable
d'exécuter daos les conditions normales* Mais il parait certain que les appareils
réflexes de la moelle sont pratiquement infatigables^ si on les compare aux organes
terminaux.
Par les trois méthodes décrites plus haut cet eipérimentatcur adonc réussi à évaluer
le travail intérieur des appareils réflexes de la moelle et à le représenter parim équiva-
lent mécanique .
La résistance si grande des centres nerveux médullaires peut ^tre interprétée de deux
façons différentes : !*• ou bien les éléments nerveux sont devrais: accumulateurs d'éner-
gie, capables d'un long travail sans fatigue en raison de leurs réserves nutritives consi*
dérables; 2* ou bien leur résistance à la fatigue est findice d*un chimisme très restreint,
l'acte nerveux n'étant pas accompagné d'un dégagement important d'énergie empruntée
aux centres. — La question est loin d*étre résolue. Remarquons pourtant que, si la
grande résistance à la fatigue des centres nerveux médullaii'es était due k un mélabo-
Usme intense dans ces centres, ils seraient les premiers à ressentir les atteintes des
toxines engendrâmes par un travail excessif, et Fintoxication produirait en peu de
temps ta paralysie des éléments nerveux. Or il n'en est rien; ce sont les terminaisons
motrices éparses dans le muscle qui ressentent les premières les elfets de la fatigue,
et il parait probable qu'elles sont intoxiquées par les poisons nés sur place et engendrés
par la contraction musculaire.
Il est intéressant de rapprocher de ces faits les expériences de G. Weiss surTinHuence
des variations de température sur les périodes latentes du muscle, du nerf et de la
moelle. Pour le muscle, la période latente s'allonge avec les températures bassea, se
raccourcit avec les températures élevées. La durée de celte période est liée à la rapidité
avec laquelle se passent les actions chimiques, l^ vitesse de Tinllux nerveux reste
sensiblement la même aux diverses températures^ ce qui concorde avec l'hypothèse
de rinfâtigabilité du nerf. Quant à la moelle épinière, Weissa mesuré la période latente
d'un rétlexe, et, en opérant successivement à 20^ et à 0", il a vu qu'elle doublait, c'est-
à-dire que la variation était de 100 p. 100. Enfin il a fait la même expérience en refroi-
dissant la moelle et les nerfs lombaiies et excitant la partie supérieure de la moelle.
Dans ces conditions, la période latente n'a présenté que des changements insignifiants,
jj^
ÎU
FATtGUEU
parallèles à ceux qu'a présentés le nerf. La moelle s*est couiportée comme si des tubes
nerveux venant des racines antérieures se prolongeaient jusqu'à la parité supérieure de
ta moelle sanâ passer par aucune cellule ni arLiculation dos neurones.
Ces expériences de G. Weiss viennent donc confirmer les résultats de J. Iotky&o sur
rinfatigabilité relative des appareils réflexes de la moelle épinière. Résultat semblable
a été obtenu par N. OscHtx^KVt qui s'est ser^'î de la variation négative comme moyen de
déceler Tactivité médallaire. Il est ^toutefois dinicile de juger de ses résultats en se
basant sur Tanalyse d'une courte note publiée par Tanteur dans le CentralbL f. Phy$iO'
logie (1809, 4-6).
L'étude de la fatigabilité de la moelle épînière constitue un chapitre tout nouveau
de la physiologie, et, tandis que la fatigue du muscle a été examinée sous tous ses
aspects depuis l'inauguration de la méthode graphique, la fatigue des appareils nerveux
médullaires n'avait même pas été abordée par les physiologistes anciens. En ellfet, les
difUcultés expérimentales rendaient impossible cette étude avant la connaissance exacte
des phénomènes de fatigue propres aux muscles et aux nerfs.
Le travîtil de J. Iote^ko aété suivi de recherches fort intéressantes de M. Vkbworn» qui,
sans connaître les travaux de cet expérimentateuri aborda le même sujet en se servant
de méthodes presque identiques : à savoir» de Téthérisation du nerf et la slrychni-
«ation de la moelle. Mais, dans les expériences de Verwor.x, la strychnisation de la moelle
était poussée à lextrème; Tautcur a donc obtenu des phénomènes paralytiques, dus non
k la fatigue des appareils médullaires, mais à. leur intoxication.
Tout d'abord, Vkhwohn a repris à nouveau l'étude de l'action périphérique et centrale
de la strychnine. L'action périphérique curarisante de la strychnine existe aussi bien
pour la Hantt esculmta que pour la temporaria, mais elle est plus prononcée pour la
première (Voir : Carariaanta, poisons). Quant à la paralysie qu'on observe après des con-
vulsions énergiques, elle ne peut être nipportée en totalité à l'action curarisante de la
strychnine, car au moment où la paralysie est complète les appareils périphériques sont
encore excitables (confirmation de faits observés par Poulsson).
Cette paralysie n*est pas due non plus à la fatigue résultant de Tactivilé médullaire;
les grenouilles en effet, qwi ont reçu en injection de doses plus fortes de strychnine se
paralysent plu* vite que celles qui ayant reçu des doses ]ilus faibles, présentent une
phase de canvutsions plus prolongée. A quoi est due cette action de la strychnine sur les
centres médullaires? Suivant Verworn, on nV pas asseî tenu compte de l'état du cœur
dans Tintoxication slrychnique. Or, chez les animaux qui ont été empoisonnés par des
doses fortes de stryclinine (Û^^Jil pour une grenouille et môme davantage), on observe,
peu de temps après la disparition des^réîlexes, l'arrêt du canir en diastole. A un examen
plus minutieux, on observe le développement lent et graduel de la paralysie cardiaque,
qui (hialement mène à Tarrët complet. Cette action de la strychnine sur le cœur est
directe, elle persiste même après la section des vagues. Cet arrêt du cœur n'est pas dt
aux convulsions, car les grenouilles, qui ontété empoisonnées par des doses plus faibles
de strychnine et qui présentent un allongement du stade convulsif, ne présentent pas
d*arrét du cœur. La paralysie centrale n'est pas due à une action spéeilique de la strych-
nine sur la moelle. Mais il existe un parallélisme coniplel entre la paralysie médullaire
et la paralysie cardiaque. Verworn fit aussi des expériences de contrôle : après la liga-
ture du crjjur, Texcitabilité réDexc disparaît au bout de 45 à 60 minutes chez les gre-
nouilles non strychnisées. Ce temps correspond exactement au développement de la
paralysie médullaire dans le strychnisme. Un aytie fait vii-nt plaider dans le même sens.
Uuand dans la paralysie strychuîque te cosur est paralyse au point de ne plus pouvoir
se contracter qu'une fois toutes les 10 ou 15 secondes, si l*on pratique la respiration artifi-
cielle, alors le cœur se remet de nouveau à battre plus rapidement, et l'activité médul-
laire réapparaît. L'auteur ne prétend pas expliquer le mécanisme de cette suractivivé
cardiaque; il est possible qu'il est irrité mécaniquement par Foxygène. Quoi qu'il eu
soit, le retour de la circulation a restauré Tactivité médullaire. Il en résulte que la para-
Lfsie de la moelle constatée dans la strychnisation était due k son asphyxie. On pourrait
dire aussi que, grâce à la suractivité circulatoire» la moelle eist lavée de la strychnine;
mais cette explication ne parait pas prubable, car c'est le sang qui est le véhicule de la
strychnine. Nous saisissons de celte Taj^on Texplication de ce paradoxe, que sous l'inlîuence
FATIGUE-
{1^7
da la strychnine rexciiabilité de la moelle est si coasîdérabiement accrue pour diminuer
et se perdre consécutivement.
Lfl tableau symptomatologique de rintoxication strychnique est en effet composé de
deux processus : excitation et paralysie. Chacun de ces processus a une cause diffé-
rente : rénorme augmentation d'excilabllité tient à l'action spécifique de la strychnine
sur la moelle ("'pinière; la paralysie est due à Tasphyiie résultant de l'arrêt du cœur. La
symptomatologie du strychmsmc est due à rinterféretice de ces deux actions.
Si nous nous sommes étendus sur ces expëriences si intéressantes de Vebworn, c'est
parce que rexpérimentateur allemand tâche d'appliquer ces données à la fatigue et à la
réparation des appareils réflexes de la moelle. Pour amplifier les processus qui se
déroulentdans ces appareils, il emploie la strychnine. La grenouille est fixée dans le
décubitus dorsal sur une planchette de liège; Tartère d'un des membres postérieurs
est liée, le sciatique est préparé jusqu'à rarticulation du genou et le gastrocnémien fixé
tu myographe. Pour exclure le gastrocnémien des convulsions s trichniques, son nerf est
éib^nsé. La grenouille est alors strychnisëe i( centigramme en injection sous-cutanée).
Nous voyons que la méthode employée jusqu'au dispositif des appareils i^raphiqties est
celle qu'inaugura J. Ioteyro dans ses recherches sur la fatigue des centres nerveux
médullaires. L'unique différence, c'est que h loTEVîto utilisa des doses extrêmement
faibles de strychnine (1/10 de milligramme de sulfate de strychnine) incapables de pro-
duire des eonrulsions, mais exaltant les propriétés réHectrices au point que la moindre
excitition était suivie d*un etTet moteur considérable » tandis que Verworn employa la
strychnine à la dose de 1 centigramme, dose convulsive et même souvent mortelle.
Le ciL*ur de la grenouille étant mis à nu, on peut suivre les progrès de la paralysie
cardiaque. Cinq minutes après le début des convulsions, on remarque les premiers
symptômes de faiblesse cardiaque. Quand les convulsions ont pris Fm, on interrompt la
narcose du nerf et on examine ^graphiquement Félat des réflexes en se servant de la
contraction du gastrocnémien, exclu des convulsions par ta narcose du nerf. On s'aper-
çoit que Texcitabilité réflexe est fortement diminuée et qu'il faut un certain temps (plu-
sieurs secondes) pour lui faire récupérer sa valeur primitive. Mais bient(>t te coeur
s'arrête. A ce moment, l'excitabilité réflexe disparaît déflnitivement pour ne plus reve-
nir malgré le repos. Mais on assiste au retour de l'excitabilité médullaire si Tua pratique
la respiration artificielle et si l'on provoque le rétablissement des fonctions du cœur. Ces
expériences viennent donc conflrmer les résultats antérieurement acquis par Verwohn
sur la réalité des deux processujî qui se déroulent dans la moelte strychnisée.
L*actioQ de ta strychnine ne peut donc être, comparée à l'action des anesthésiques,
qui excitent à faible dose et produisent des phénomènes paralytiques à dose plus consi-
dérable. La paralysie strychuique est d'ordre asphyxique. L'unique action spéciflque
de la strychnine est Ténorme augmentation d'excitabilité qu'elle fait subir aux éléments
médullaires.
Après ces constatations, Verwor-n a abordé la question relative aux causes prochaînes
de la paralysie asphyxique de la moelle dans le strychnisme. Est-ce l'accumulation des
substances de la métamorphose régressive qui se forment pendant l'activité médullaire,
qui est la cause de la paralysie, ou bien est-ce le manque de certaines substances
indispensables au maintien de l'activité ? Nous voyons que la même question se pose,
qu'il s'agisse des centres nerveux ou qu*il s'agisse du muscle. Une grenouille étant para-
lysée par une forte dose de strychnine, et le cœur étant arrêté^ une canule est introduite
dans l'aorte et la circulation artificielle est pratiquée au moyen de la solution physiolo-
gique non oxygénée. Le cœur se remet immédiatement à battre. Au bout d'une minute
l'excitabilité réflexe reparaît à sou tour. Mous pouvons conclu xe que la paxalysie était
due, au moins en partie, à Taccumulaîlon des substances nocives, ear la restitution de
rexcitabilité a pu se faire par le lavage avec une solution indifférente. C'est l'ancienne
expérience de Ranke, sur la fatigue des muscles appliquée par Yerwûkw au rétablisse-
ment des fonctions de la moelle strychnisée.
Pour éliminer l'action de l'oxygène almospbérique, Verworn répéta la même expfl-
rience suus Teau privée d'oxygène et obtint le même résultat. Les expériences avec le
lavage de la moelle par une solution inditféreote assurent la restauration des fonctions
dans une certaine mesure, mais non dans sa totalité* l'excitabilité réllexe repartit, mais
t5B
FATIGUE,
on n'observe jamais de crampes tétaniques. Comme, d'antre part, la fatigue du muscle est
oxdue par la natcose du nerf sciatique» on doit admettre la présence d'un facteur sup-
plémentaire qu'il s'agit de rechercher. L'expérimenialion montre, en effet, que la para-
lysie est déterminée par l'intervention de deut fadeurs : accu mutât ion de substances
nocives et manque de substances qui enlretiennent rirrilabilité» Voici Texpérience de
Verwcjrn qui démontre ce phénomène : Nous avons vu que la restauration des fonctions
médullaires au moyen de la circulation artificielle d'une solution indifférente n'était pas
totale. Or, si au momenl où la circtilalion artitlcielle indifférente a produit son maximoni
d'eUet, on injecte du sang déObrioé, agité au préalable à Tair, l'excitabilité tétanique
revient avec son intensité pritnitive : Tanimal se restaure complètement, les crampes
létaniques atteignent leur maximum de force*
Les expériences de contrôle montrent l'action nulle du lavage an moyen du séruni
sanguin. C'est donc Toxyg^ne qui est l'élément réparateur. On peut donc dire que le
lavage delà moelle au moyen d*une solution inditférenle a entraîné au loin les substances
nocives produites par le fonctionnement médullaire et a rendu la moelle capable d*un nou-
veau travail. Toutefois, le lavage mécanique s'est montré inefficace pour assurer la res-
tauration complète; le contact de Toxygène avec les neurones a restitué à la moellt*
son excitabilité lotate. Ajoutons que Vkrworx n'attribue pas à ranhydride carboniqup
un rôle important comme substance de décîiel dans les phénomènes de paralysie médul-
laire; le sang agité dans une atmosphère d'anhydride carbonique et injecté dans le sys-
tème artériel d'une grenouille reste sans elTet. La question reste donc ouverte, à savoir
quelles sont ces substances fatigantes. En ce qui concerne la localisation de la para-
lysie médullaire consécutive à la strychnisalion, l'auteur allemand trouve que les élé-
ments sensilifs de la moelle sont paralysés avant les neurones moteurs des cornes
antérieures.
Dans les conditions normales, il y a équilibre entre le processus d'assimilation et de
désassimilatîon. Cet équilibre est rompu quand la décomposition remporte sur la néo-
formation. C'est précisément le cas quand Tact i vite devient très intense ou très soutenue.
Les produits de la désassimilation se forment alors en quantité plus considérable et
s'accumulent dans les organes, le lavage naturel par le sang ne suffisant pas à les
eut rallier au loin, et f oxygène du sang ne suffisant pas à le détruire. L'accumulation de
ces substances produit la paralysie médullaire avant que la réserve d'oxygène soit encore
épuisée (Vkiiwobn); nous assistons donc à une véritable intoxiiation de la cellule médul-
laire» uvarjt qu'elle ait consommé tousses matériaux de réserve, D'après cela, il peut y
avoir pour la moelle, aussi bien que pour le muscle, deux causes différentes de fatigue,
et en raison de cette différence fondamentale dans la genèse des phénomènes, Verwor^x
propose de les distinguer par une dênoniination dilTérente et de désigner sous le nom de
«t fatigue » les phénomènes paralytiques qui résultent de raccumulation et de la toxicité
des produits de déchet, et sous celui d' « épuisement » les phénomènes de paralysie dus
à la consommation des substances nécessaires à Tactivité de la matière vivante, La latigue
et l'épuisement, bien que produisant le m^mc résultat final (paralysie de Tirritabilité),
agissent diflféTemment sur les deux phases de la nutrition cellulaire: l'épuisement mène
à ta paralysie de l'assimilation, la fatigue paralyse directement la désassimilation.
Quant aux phénon^tnes de la réparation^ le départ des substances de déchet ne suffit
pas pour lui assurer toute son ampleur, ainsi que Vkîîwor\ l'a montré, l/aniraal a besoin
d'une nouvelle quantité d'oiygène pour se remettre complètement. Il est intéressant, à ce
propos, de rappeler ici les expériences de Kboî^egker, de Ioteyko, de Cu,Richet, sur l'action
réparatrice de l'oxygène dans la fatigue musculaire. L'analogie est complète. Kro.nec&iii
en particulier a constaté reflicacitf' des injections oiygénées, alors que le lavage simple
était resté sans résultat appréciable. Enfin, les faits nus en évidence par Vkbwoiln jettent
une certaine clarté sur les phénomènes de rythme en biologie. En présence d'une quantité
insuffisante d'oxygène, nous assistons à des variations continuelles d'excitabilité de la
moelle épinière stryclmisée; les phases d*excitabitité exaltée sont entrecoupées par des
périodes d'inexcitabilité complète. Chaque décharge de la cellule nerveuse est suivie
d'une chute rapide d'excitabilité, qui peut descendre à zéro.
Ces lluctuations sont en rapport avec la quantité d'oxygèue disponible. Il se pourraiti
ajoute Vkrworn, que la période réfractaire, c'est-à-dire la période d'inexcitabilité qui suit
FATÏGUE.
159
t
toole •xcitaiion rythmique, soit tributaire de la même cause. Cette explication serait en
eoDCOrdafice avec la théorie de Ppliuer sur la combustion in tra -organique.
Il Qous reste maintenant à Ibrrauler quelques critiques reïati?enient aux interpréta-
tions de Verworn. En premier lieu, ses expériences démon Irent, selon nous, rextrôme
résistance des centres nerveux à la fatigue, Cest là une conclusion contre laquelle se
dëfeodrait l'expérimentateur allemand, car bien que dan§ son mémoire il n'ait pas fait la
comparaison entre la résistance des centres nerveux à la fatigue et celle des organes
périphériques (1900) , il y fait allusion dans un travail d'ensernbl'f sur h* neurone, pré-
senté au Congés des naturalistes et des médecins à Aix-la-Cliapelle (1900); il considère
les centres de la moelle comme éminemment fatigables et leur attribue un métabolisme
intense. Et pourtant voici ce qu'il dit dans son mémoire original {A. P., 1900, 155) :
Après la phase des convulsions, mais encore avant Tarrêt complet du cœur, on inter^
rompt la narcose du nerf pour examiner Tétat d'excitabilité de la moelle, en se servant
comme réactif du gastrocnémien préservé des convulsions. On trouve que rexcitabilité
réflexe est fortement diminuée à ce moment, et il faut attendre plusieurs secondes pour
lui faire récupérer sa valeur primitive. Or, à notre avis, ces quelques secondes de repos
ne pourraient en aucune façon amener la restauration, s'il y avait fatigue réelle; à n'en
pas douter, ces quelques secondes ont été employées a dénarcotiser le nerf; c'est de
lai que venait l'obstacle à la contraction réflexe. Si notre interprétation est exacte, les
expériences de Verworn seraient la preuve d'une résistance médullaire encore beaucoup
plus considérable qu'on ne pouvait le prévoir des expériences de J. Ioteyko.
Les autres interprétations de Vkbworn sont aussi passibles d'une explication un peu
différente. La paralysie médullaire des ^'renouilles stryc boisées est due à l'asphyxie de
la moelle; nous Tadmeltons sans conteste. Mais, suivant Yerworn, la présence de la
fatigue est pourtant prouvt/e par Teflicacité du lavage médullaire et la reconstitution des
réflexes montre qu'il y avait accumulation des substances nocives, formées pendant les
fortes décharges nerveuses. Bien que la possibilité d'une fal«|5nie propre des neurones de
la moelle est très admissible après une activité aussi épuisante, nous ne pouvons
l'admettre sans contestation. En premier lieu, nous ignorons si le lavage avec une solu-
tion indifférente n'a pas tout simplement entraîné au loin les restes de la solution de
strychnine dans Ifiquelle baignaient les élément*! nerveux de la moelle; cela eût suffl
pour lui rendre son excitabilité. Cette objection est très sérieuse; quand il s'agissait de
l'action réparatrice d'une circulation activée, on pouvait à la rigueur écarter celte hypo-
thèse, car, ainsi que Verworx l'a fait remarquer lui-même, c'est le sang qui est le véhi-
cule du poison. 11 n'eu e^l pas de même avec une solution indiiïérente, qui n'apporte
aucun élément actif aux cellules nerveuses et dont le rôle est de les débarrasser des pro*
duits étrangers. Il ne faut pas aussi perdre de vue, que les grenouilles présentent gêné
ralement des convulsions pendant la phase d'élimination de strychnine. La réapparition
des crampes après Tinjection d'oxygcue pourrait tenir à cette cause.
L'existence de ces substances paralysantes est donc très problématique. Mais ce qui
Test encore bien davantage, c'est la supposition, admise par V^erworn sans conteste,
que ces substances ont été produites m st(u par raclivité médullaire. C'est là une expli-
cation nullement justifiée. If est impossible de perdre de vue que, sauf les muscles
d'une patte, soustraite aux convulsions par narcose de son nerf, tous les muscles de
t'organisme ont pris part aux terribles convulsions strychniques. Or nous ne connais-
sons rien sur le métabolisme des centres neiTeux; par contre, nos connaissances sont
très étendues sur le métabolisme musculaire. Et il est plus prudent de chercher l'expli-
cation d'un phénomène en nous basant sur des faits coonus, que sur des faits inconnus.
Il est hors de doute que les convulsions musculaires généralisées ont été accompagnées
d'une production prodigieuse de substances de déchet, il serait très intéressant de
rechercher quel est leur rûle dans les symptômes de paralysie médullaire.
Nous croyons donc qu'on peut admettre le principe de la i^rande résistance à la
fatigue des centres nerveux médullaires. Sa cause prochaine reste à déterminer.
Bibliographie. — Beaunis. Recherches expérimeniales &ur tes conditions de l'nctivité
c&ébrale et sur la physiologie des nerfs (Paris, 1884). — Housley (V.). A contribution
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160
FATÏGUE.
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centren, 1871.
CHAPITRE V
La Fatigrue des mouvements volontaires.
Un grand nombre iJes questions relatives à !a fati^^e des mouvements volontaires
été traité dans le cliapitre 111 (Fatigue musculaire). Ici nous n'envisagerons que leseipi
riences où une action [isychique a été plus particulièrement rechercUée.
I. Dynamogénie et fatigrue. — Les expériences de Cii. Fêhê (1887) ont montré qae
toutes les excitations sensorielles (anditivea, visuelles, olfactives, etc.) ou leurs représenta-
tions mentales, et toutes les manifestations psychiques en général s'accompagnent d'une
augmentation de l'énergie des rentres nerveux, qui se traduit par des efTet» dynamo-
gèties : chaque fois qu'un centre cérébral entre en action, îl provoque une excitatiou de
tout rorgaiiisme par un processus encore indéterminé.
Ce qui est particulièrement intéressant dans les expériences de Fébj^., c*est le parallé-i
lisme entre la gamme dynamique et la gamme de l'excitation. Ainsi, en ce qui concerna
le sens de l'ouïe, rintensité des sensations auditives^ mesurée par leur équivalent dyna-
mique» est en rapport avec l'amplitude et le nombre des vibrations. Lorsque rexcitation
a dépassé une certaine intensité, la dynamogénie cesse de s'accroître, et on observe un
épuisement en rapport avec la décharge, La sincérité du résultat est confirmée par le
tracé plélbysmographique qui accuse ces variations- Les modifications de Tafflux san-
guin et de la force dynamoraétrique sont concordantes pour les excitations visuelles;
d'après leur pouvoir dynamogène» les couleurs doivent ^tre rangées dans le même
ordre que les couleurs spectrales. On peut constater aussi une vraie gamme dynamogène
par les saveurs fondamentales. Tous ces phénomènes sont bien plus marqués chez les
hystériques que chez les individus sains. Et même les excitations des organes internes
(pincement du col de Tutérus), insensibles a l'état normal, sont susceptibles de déter*
miner une augmentation considérable de la force de pression. 11 en est de même de
toutes les perceptions latentes (le seuil de la réaction étant au-dessous delà perceptioa]
(Féeé).
Féré a aussi constaté une énorme excitation, mesurée à rergographe, sous l'inDueuca
des excitations olfactives et gustatives (essence de citron^ de girotle» d'orange» de cannelle).
La saveur a toujours procuré une excitation plus forte que l'odeur. L'essence d*oranges
(mandarines), agissant à la fois sur Todorat et le goût, a donné un ergo gramme de
90 kilogrammètres avec un quotient de fatigue de 1,44; l'essence de girolle a donné un
travail deSi kilogrammètres; l'essence de cannelle, 148 kilogrammétres. L'action dyoa-
mogène des couleurs a été des plus évidentes. Le bouillon et falcool exercent une action
dynaiTiogène comme excitants sensoriels. Le même expérimentateur a étudié aussi
rinlluence exercée par les excitations intercurrentes sur le travail ergographique.
Lorsqu'on exécute un mouvement énergique de flexion des fléchisseurs des doigta
de Tautre membre supérieur, ou coiistale que le relèvement des courbes ergograplilquea
se fait aussi rapidement. Si, lorsqu'on travaille à l'ergographe, on fait intervenir une
excitation sensorielle, au moment de la fatigue on voit tout de suite les soulèvements se
relever. Cela peut se produire plusieurs fois. Le travail supplémentaire augmente pen-
dant un certain temps, le travail initial diminue et produit une fatigue plus intense que
1
FATIGUE.
tet
le travail fait dans les mêmes coudiLions de tempSt mais sans aucune excUatîoti Inlercur-
rente. Tous les excKanls sensoriels peuvent prûduirc des rel^^vements de racliviLîî volon-
taire (surtout Tessence de cannelle de Ceylan). A mesure que la futigue s'accentue, fa
perception de rexcitalion intercurrente est relardée. Sous rinnuence des excitHtions
pénibles on constate une diminution du travail et snu anjsrnientatiun quand rexcitatîon
a cessé. Dans toutes ces expériences le rôle de U suggestion doit être considérable.
L'iniluencc dynamo^ène ou déprimante d^s divers ag-enls pbarmacodynamiques a
été déjà traitée dans le chapitre sur la Fniiifue muscuitiire.
La quantité d'oiygène absorbé a une intlnoin^e considérable sur Téner^îie du mouve-
ment volojitaire. Fébé a pris avec le dynamomètre de Hkcnie» l'énergie de la pression des
doigts cbet douze personnes avant et après l'inbalalion de 30 litres d'oxygène: il a
constaté une augmen talion de rénergie des mouvenit^nts volontaires. En revanche^ il
se produit une dimiontioii tUi force niu(;cuiaii e très appréciable à partir de 1500 mètres
de latitude {expérience de l'aéronaute Jovis, rapportée par Féhk). Ch. Féné a constaté une
augmentation de force dans Tair comprimé (dynamomètre) ; suivant Zeisoni, à une pression
de l atmosphère, la force ergograpbique subîl une très légère augmentation. A. Mosso
a constaté que sur les Alpes la courbe ergographiqut* est très irrégulière. En outre la
quantité de travail mécanique est constamment diminuée.
II. Influence réciproque exercée par deux centres volontaires en activité.
Fatlsnic et Incoordination motrice. — Nous avons vu l'itdluence dynamo|;éne exercée
parles excitations intercurrentes; le mouvement d*(m m*mibre antre qutî celui qui tra-
vaille produit le même efîVt» en évoquant dans son renlr*^ des représentations motrice».
Déjà, eu 1858, Fe«l:hner el Weber avaient vu que les effets de l'exorcice d'un côté du corps
se transmettaient au membre situé symétriquement do côté oppo^*'. WEeKR remariiuaque»
par Tusa^e unilatéral d'un memlim, il se produit une augmentait on de volume, de force
et d'aptitude, non seulement dans te membre exercé, mais encoie dans celui qui lui cor-
respond de Tautre côté, et il altribuace fait à la raison inconnue par laquelle la symétrie
des parties est un fait congé niial et entretenu par la nutrilion.
LoiBAflD W\RREN a rappoi'lé quelijues expériences ergo;^rapliiques touchant l'action
de l'exercice d'une main sur la force lie Triutre, mais d n'a pas pu en tirer des con-
clusions certaines.
Il est très probable i[ue TalHem'e de résultats ddus les expériences de LoiiBAHu est
due à l'emploi de l'er^'ograpbî comme indicateur de l'élal des forces apré^ le travail,
car l'épreuve ergograpbique est d'une durée trop ïon:^'ue [Mjur déceler une action fugitive,
J. loTEYKo 9*est servie de Tergographe pour produire la fatigue, et la force de Tautre
main a été mesurée par un djnamomélre. Cet espérimenlaleur a réussi à établir la
disttncljon entre deux types scnsitivû'motcunfGn prenant |>onr mesure l'accomplissement
d'un travail qui» déprimant pour certains sujets, est excilaut pour les autres. Ce travail-
limite est celui qu^on accomplit à Tergographe de )fo<iso^ Suivant les sujets, il détermine
tanlôldes phénomènes dynamogénes(fi/pe*ii^mtmoyén€).s^» traduisant par un accroissement
de l'énergie musculaire du membre qui n*a pas participé au travail ergograpliique et par
une exaltation de la sensibililé, tantôt des elfels inbîbîtoires {type inhibHoite}, se tradui-
sant par une diminution de l'énergie musculaire et par un éuiou^sement de la sensibilité
(Voir: Le siVj/e de la fatigue de^ mouvements volnntab'eSt p. 166). Mais, pour des efforts plus
considérables, la distinction entre les types disparaît, el le travail produit toujours une
diminution de force, l/aclion d^'pressive d'un travail poussé jusqti'a la grande fatigue
ressort clairement des expériences de Mosso et de ses élèves : ils constatèrent une di mi-
nul ion notable de ta force ergograpbique après des maiches forcées. Tout récenifnent,
KHO.NECitER el CuTiEa ont fait des constatations de même ordre : les ascerrsions de courte
durée (deui heures) augmentent neltemenl la force du biceps, tandis que des ascensions
de longue durée (10 à 14 heures) ia diminuent. Cu. ¥Èm a associé aux mouvemenlji) de
flexion du médius à l'ergograpbe des mouvements de maslication sur un tube en caout-
chouc ou des mouvements de lleiioji ou d'extension de la jambe; ces mouvements asso-
ciés ont eu pour etîet Taugmenlation au moins momentanée du travail.
Il est donc nettement établi que Texercice modéré des centres psycho»raoteurs pro-
duit une action dynamogène qui len 1 à se généraliser, el que Tétat d'excitation d'un
centre peut retentir sur d'autres centres, soit sur ceux du même bémisphèrei soit sur
I»ICT. Dt rnVSlOL'JCïE. — TOME V. Il
ui^
FATIGUE.
ceux du côtéoppoHt?. l/épuisentent iruii cenlre produit, au contraire, une acliofi dépres-
mre généralisée.
H est pîus difficile d'expliquer le mécanisme de ce plu^uomène* L^eiplicationpsycbo-
li>;jii]ue, cVst que, dans le cas de dynamogénie, il y a renforcement de Timage molriee
dans tes centres voisinsde celui qui est mis en activité; dans ïe cas de fatigue, il y a înhi*
bitiun de la représentation motiice du mouvement- Les centres psycbo-moteurs seraient
donc fatigués sans avoir produit de décharges inotricos. Quant h l'eiplicalion pbysio»
ogique, il est certain que les phénomènes de dyniimo^^énie sont liés à des modifications
circulatoires. L*avant-bras au^^menlf' de volume sous ilntlueiice du travail du membre
jiyrnétrique (Féré, Mosso» Fr. -Franck}. L'augmentation de sensibilité, aussi bien que l'au^-
ïnentalion de force, seraient dus, suivant F&re, à une suractivité circulatoire, qui s'établi-
rait par un processus encore indéterminé. Que se passe-l-il dans la fatigue? Y-a-l-il
diminution de t'afllui sanguin consécutivement k une inbibition du centre vaso-moteurlf
L*expérience n'a pas encore été tentée. Quoi qu'il en soit, l'aclion déprimante n'est pa^
due nécessairement au déversemenl dans Je sang de substances nuisibles au fonctionne-
nient musculaire. J. ïoteyko a montré que, chez certains sujets (type iubibitoire), le
travail erg-ographique d'une main retentit d'une façon inhibante sur la force dyiiamomér
trique de la main du côté opposé* Ce Ut? action déprimante ne saurait être attribuée k
une irdoïication par les déchets de la contraction musculaire, vu le poids insigniûaiit
des muscles qui ont travaillé (lléchisseurs) par rapport à la masse totale du corps. Nous
avons donc là affaire à une fatigue propre des centres nerveux volontaires, dont le siège
est nettement établi, mais dont l'origine reste inconnue. 7
Examinouïi maintenant les elTets mécaniques des impulsions motrices simultanées
ou successives. Féttê (1889) a observé qup, seulement chez les épileptiques ou les indi-
vidus défectueux au point de vue intellectuel, les deux mains donnent au dynamomètre,
alors qu'elles exercent une pression simultanée, une somme de force plus grande que
lorsqu'elles agissent isolément. Le contraire a lieu pour les individus avec le cerveau
normal et développé; il a vu aussi que le temps de réaction des deux mains, si cha-
cune fonctionne séparément, est plus court que quand elles font des mouvements simul-
tanés» Suivant Bry.%« également, une main, en fonctionnant seule (dynamo mètre j, ott
plus forte qu'en fonctionnant simultanément avec rautre. D'après Rlnet, la diminution
du pouvoir dynamométrique, laquelle se manifeste dans une main quand l'autre accom-
plit un ellort simullané, est due à l'incapacité de fixer son altenlion sur deux choses k la
fois- Le phénomène se présente eu elTet avec grande netteté chez les hystériques. Cette
explication concorderait avec les observations relatives à l'attention, laquelle ne consi-
stciait qu'en la mise en activité d'une portion limitée du cerveau, aux dépens de J'activité
d'une autre partie.
l'ATftizE a poursuivi cette étude, notamment au point de vue de la fatigue. Quand 00
observe une personne qui soulève deux hfiïtères (une de chaque main) de poids égaux, en
les portant simultanément au-dessus de la tête, avec un rythme marqué par le métro-
nome, on remarque, quand l'épuisement sur vient, que l'accord entre les mouvement*
symétriques des deux bras tend h se rompre, et que» d'ordinaire^ le mouvement d'éiéva-
lion de la main gauche retarde un peu relativement (k celui du côté droit. On peul se
demander si cette indépendance fonclionntJle, qui s'élablil entre tes deux centres
motirurs symétriques, au mometit de la fatigue, ne crée pas des conditions plus êcono-
miijues de travail. Cela équivaudrait à recbercber si le cerveau, en envoyant aux deux
moitiés du corps une série d'ordres doubles simultanésp se fatigue davantage qu'en
donnant une somme égale d'ordres unilatéraux, alternés à droite et à gauche. Pour
résoudre celte question, Patbizi exécuta des expénences sur deux ergographes;l'tm pour
la main droite, l'aulre pour la gauche, La première partie de rexpérience consistait à
lléchir simullané ment (rythme 2", poids 2-3 kilos) les deux médms jusqu'à fatigue
complète. Après un repos complet commençait la deuxième partie de ^expérience, qui
consistait à lléchir successivement les deux médius avec le même rythme jusqu'à fatigue.
Dans toutes les expériences (au nombre de six sur un jeune homme de M ans), la somme
de kilogramme très obtenue avec les contractions aîternées a été plus élevée qu'avec la
flexion simultanée, mais la perte de travail mécanique qui s'est faite dans cette dernière
est presque exclusivement due à la main gauche. Dans la (lexion simultanée, la main
■
FATrCUE.
I6.t
t
glDcbe, non sealement n^arrive jamais à la puiîisance qu'elle déploie dans la disposi-
tion alternée^ mab elle rejste beaiicoup au-dessous; au cotilraire, pour la main d roi le,
let expériences indiqueal un iivarïlage, lanl*M daus^ Texerciee siiBullaoé, tantût dans
reierricc alterné» et Ton pourrait rroire qu'elle reste indiiïérente aux chaiigemenls
dans les condilions du Iravaif. Il en résulte qye le tail d'ac€oniplir des efforts volontaires
simultanés avec les deux rnoiliés du corps est moins nvanta^^eux ponr la somme de tra-
çait mécanique; rallention ne peut se porter en même temps sur les deux actes, mais
il faut quelle en néglige un» alternativement, pour produire reiïel maximum. L*h6mi-
sphère cérébral droit, moins capable (chez les noii*g^aurbers) au travail, est aussi moins
apte à la coordination et perd plus d'énergie quand il doit s'v soumettre. Le bénéfice du
Iravrtil alternant a été aussi l'unlirmé dans les recherches ergo^rnphiques de Prfîwé, Quant
À rexdlabiti lé comparée des deux liémi^phéres, il y a prédominance marquée de la réac-
tion lia médius droit *ous l'inllocnce d'une même excitation affectant symétriquemenl
Tappareil sensoriel.
L'incoordination des mouvements, consécutive à la fatigue est d*observation quoti-
dienne. Klle a été bien étudiée par A* Môsso. Ainsi tous les ans, vers la fm de mars, on
trouve de nombreuses cailles mortes dans les fossés de la campagne romaine ; ces pauvres
oiseaux arrivent tellement exténués qu'ils ne voient même pas les arbres, ou n'ont
plus la force de modérer ou d arrêter leur vol : ils se heurtent aux troncs d'arbres, aux
poteaux télégraphiques, aux corniches des maisons avec une telle impétuosité qu'ils se
tuent.
L'influence de ta faligue sur la précision des mouvements a été aussi recherchée par
Woodwortb; la fatigue diminue ïa précision, mais beaucoup moins qu'on ne le croirait,
surtout quand il s'af^tt de mouvements rapides. Son elTet se fait d'ailleurs sentir au
milieu de la série plutnt qu'à la tin, d'après une loi qu'on peut énoncer ainsi : la fatigue
accroît l'erreur, mais la pratique tend k l'éliminer, l/attention n'est donc pas seule en
cause; cependant il faut qu'elle ne faiblisse pas, et que la fatigue n'intervienne pas pour
que Texercice améliore le mouvement.
L'incoordination motrice se manifeste dans la fatigue par le trembtementt qui se pro-
duit avec la fréquence d^ 8 à 10 oscillations par seconde. C'est là le nombre des impul-
sions iiiolrices qu'on retrouve dans tous les ^raphiqutîs de la contraction musculaire
volontaire (ScuÂFKa, Kries, Kronki.keh). Toute contraction volontaire offre une trémulation,
avec rythme de 8 à 10 par seconde, indépendant du degré de (aligne du muscle.
I III. Influence de la fatigue intellectuelle sur la force musculaire (voir le
^^^a pi Ire : La futùjue ifiteliectuelie),
^^B IV. IiLfluence de la fatig^ue psycho-motrice sur la sensibilité cutanée. — M. oic
^^^EUflY a observé que lesépil»,^ptiqucs présentaient des variations importantes du seuil de
I la sensibilité : il est étroit dans les moments d'excitation, et beaucoup plus étalé dans la
faligue qui suit habituellement le paroxysme. Un auteur russe, Fedeholf, exécuta des
expérien«'es esthésiométiiques sur des soldats de cavalerie, après te repos et à midi
(après les exercices niilitaires). Il a évalué ladis^tance niininnim à laquelle les deux pointes
du compas étaient senties comme distinctes (en mil limé très). Voicï son tableau ;
I
1 RÉGION KXPLORÉK.
APHKS
LE nie ['Oit.
APRÈS
différence:.
ParniiieUc, ..*...
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DouL du ii€fi ....
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i.3
i.6
Lérre iiîféficure. .,,.,.
t.*
3.6
1,2
Pidpc du p<yuce, .....
1 t:i
3,n
tM
Fulpo de l'indox. ,..,..
2JI
2,1
o.t '
ie4
FATIGUE.
Nous voyons ainsi que Texercice physique poussé jusqu'à la grande fatigue produit
une diminution de U Bensibilité cotanée. Ces expériences montrent que la méthode de
la «Rnsîbilité mUnée, introdnite par Ghiessbach dans l'élude de la faligue intellectuelle,
peut ^Lre truiUueusennenl employée comme méthode de mesure, et nous pourons en
conclure que la dynamogénie est accompagnée d'hyperesthésie, tandis que l'inhibition
est accompafînée d'anesthésie.
V* La fatfg-ue du cœur dans les exercices physiques. ^ L'état de résistance
dans lequel l'entraînement pla^e ïe corps s'appelle la forint. Or le muscle du cœur
parait *Mre le premier à se mettre en forme, dit Tissjk : il se faligue au début de Tentral^
nement; ensuite il résiste tellement que la faligue atteint les autres muscles de Téco-
nomie bien avant lui, ce qui donne l'illusion d\jne puissance musculaire inépuisable, et
provoque ainsi des dilalations ou des hypertrophies du cœur, La fatiitçue des muscles de
locomotion et celle du ctpur ne vont pas forcément de pair. Le surmenage des muscles
de la vie de relation peut être très violent, et ne pas exi^iterpour le cœur. Le danger de
l'entraînement mal réglé est au cœur; le surmenage du cœur provient d'un ctrort pro-
longé jramenanl jamais d'emblée l'essoufrïemenL Les Jeunes gens qui n'ont pas atteint,
leur complet développement sont plus aptes que rbomnie adnite à contracter des affec-'
lions dans les exercices qui demandent une longue durée d'eïTorls, 11 eu résulte que dans
les alfections du cœur tous les exercices doivent être mesurés avec une grande circon-
spection. BoucuABD permet de pousser l'exercice jusqu'au moment où le pouls accuse
160 pulsations à la minute. On a constaté rtiypertrophie du cccur cliex un grand nombre
d'atblètesi de gymnasles et de militaires. Le cœur forcé est assez fréquent chez les che-
vaux; chez le célèbre etieval Eclipse le cœur atteignait trois ou quatre fois le poids ordi*
nuire. Les coureurs de profession d'Afrique finissent presque tous par subir ta dilatation
passive du cœur; on les met généralement à la retraite versTàgedcquaranLean'i (Lagiungk),
11 n'est pas rare non plus de constater l'hypertrophie sans lésions valvulaires chei les
porteurs, commissionnaires {iveakened heart) et chez les personnes consommant de grandei
quantités de liquides {Bicrherz}. La dilatation cardiaque couséeutiveaur ascensions a été
constatée pour la première fois par Alhutt (1870). Après des excursions alpestres de plu
sieurs jours il tut pris de palpitations et de dyspnée; a la percussion il constata nnedila*
talion de roreillette gauche. Après le repos, le cceur revient à ses dimensions normales.
Dans son expédition pbysjoloj?ique sur le Mool Rosa^A. Mosso exécuta une série de
recbercbes sur la faligue du cu^ur. Il etupïoja trois méthodes. Le travail eflectué fui
mesuré au moyen de Tergographie, au moyen d'haltères et enfin au moyen d'une
marche fati^^ante. Les résultais furent les mêmes que ceux qu'il avait obtenus à Turin :
sous Tinfluence de la fatigue il y a accélération du pouls; de jeunes individus (soldats)
tombaient en siyncope après une marche avec un fanleau sur les épaules; la pression
arlèriello dfs doigts, mesurée par le sphygmo-mauomètre, était sensiblement augmeolée.
Les respirations alleignaieni 35 à la minute; la température du corps s'élevait de plu-
sieurs dixièmes de degn', parfois d'un dpgré entier (fièvre de surmenage), mais redes-
cendait très rapidemenL L'accélération cardiaque n'est pas immédiate; elle s'établit ua
peu plus tard et disparaît quelque temps après la cessation du travail. La^yiïcope cardiaque
n'est pas rare. Mosso l'expliiiue par la paralysie du centre cardiaque au moyen de
loxines musculaires. L^atfaiblissement de raclivité cardiaque produit l'anémie céré-
brale. Mosso rapporte que presque tous les médecins suisses qu'il avait inlerrogés à
ce sujet lui avaient déclaré que la grande majorité de montagnards mouraient par le
cœur* — L'anémie cérébrale est la règle dans la fatigue selon Mosso (observations sur
les pigeons voyageurs).
VI, Fatigue et entraluemeiit. — Nous avons déjà mentionné que l'accoutumance
rend l'organisme plus résistant aux atteintes de la fatigue. L'accoutumance peut être
considérée comme uoe adaptation de l'organi^îme à rexcitant. On peut obtenir l'adapta-
tion à des solutions faibles de poisons^ à de hautes températures, à nue lumière intense»
à un excès de travail physique et intellectuel, etc. ; mais, pour que l'accoutumance se
produise, il faut procéder à petites doses. En procédant brusquement on n'obtiendrait
aucune adaptation, mais bien des phénomènes d'épuisement. On peut dire que les effets
de toutes les excitations se meuvent entre deux limites extrêmes: d'une part, la faligue,
et, de Tautre, l'accoutumance.
■m
FATIGUE,
iU
L'eicitabilité est donc forLement modinée par deux processus ania^'onîstes: la fatUçae
el reolralnement. LVulralnement se recouaaii par uoe augmentation de force, de
vitesse ou dp précision d*uii exercice.
Malgré rentraîiieriient on n'èvrle jamais fa courbature nmsculaire au début de tout
eiercîce. La mise en forme demande beaucoup de temps; il Uni, i^elon TissrK, quatre,
9ix mois, un an et mt^me pUi^ pour lacquérir. Il faut environ un mois ou deux k un
sujet précédeniment bien entraîné pour la retrouver au comnienretnent d'un nouvel
enlraJoement. D'autre part, la perle de la forme est très rapide, elle diminue dans
re*pace de quinze jours à un mois, dès qu'on up s'entraîne plus. Par contre, un sujet qui
a été une fois en forme la reconquiert 1res facilement et plus vite qn'un autre sujet qui
ne Tu jamais possédée (observations de Tissik faites sur les vélocipêdistesi. « La ffirnie,
dit TissiK, rend rhonimc plus sûr de lui-même, plus enduraiil» pins roura^^'pux et plus
fort. Ayant conscience de son pouvoir de résistanc**, il lui est plus facile d'entreprendre
onc rt*ovre de longue durée. Il sait qu'il peut atteindre et fournir facilenjent chuque jour
la somme d'eirtnis née*^ssaires. Il agit donc avec méthode; sans précipitation, eu homme
« ricbe " qu'il est vraiment, parce que, dans la recheiche niÔme de la forme, il apprend
h savoir ce qu'il rattt et ce qu'il veut. *> — Il ne faut jamais pousser la forme jusqu'à la
grande fatigue, car r»ntt*gril«î de toutes les functions de l'économie doit être absolue
quand on désire atteindre le dernier degré de la forme. Dans le cas contraire, quand
l'exercice est poussé jusqu'à la grande fati^^tie, forganisme ne se prête phïs à un régime
d'eulralnement Irop intense. L'impotence foncliumielle s'annoncerait jtiir des palpitations,
de Tesson ftlenient, des vertiges, de la fièvre, etc.
La qualité de rentrainementse perd donc pendant le repos; au commencement, elle
se perd très vite; ensuite sa marche est ralentie (lia vepelln). Il existe aussi de» différences
individuelles.
Il y a trois degrés dans la fatigue, selon son intensité, dit TissiÉ : 1** la petite
fatj|4ue ou lassitude, i(ui lonîfie el qu*on doit rechercher dans tout entraînement; 2*» la
fatigue qui irrilep excite et éoerve; 3*» la fatigue qui abat et qui dissocie le « moi >», en
provoquant des phénomènes somatiques et psjcbiques. On doit éviter absolument ces
deux fatigues.
L'entraînement peut aussi être déOni : ta prise d'une habitude qui consiste à substituer
peu à peu (a moelle epini^re au cerveau, le réftexe au mouvement voulu* L'entraînement
consiste à substituer â Taction de la volonté, qui est sujette à la fatigue, faction réflexe
qui peut se continuer d'une manière à pRU pnis indéfmie (MAiraicE he 1''lei:rv). Ainsi
l'observation est en accord avec rexpérimeulation pour établir que les centres psycho-
moteurs sont plus fiiliiiables que les appareils réOeies de la moelle*
L'expérience a montré que, dans la marche des troupes, un arrêt leur est préjudi-
ciable, non pour le lemps perdu, mais pour Tactivité même des hommes. Le demi-repos
qtl^on accorde, en cours de route, ne fait que fatiguer davantage.
L'entraînement peut aussi être étudié au dvuaiuomêtre et à l'ergographe (DEiJiEcr,
Ch. HENflY, J, lOTEVKO, LoUliARO, MOSSO, ScHEFFER, KOCH, ZOTU et PrEGL, IIoCH, kWAEriLlN,
OsKUEtzKOWsKY, elc). (les expériences ont montré trois catégories dVntraînement sui-
vant l'échéance* En premier lieu, chez certaines personnes la courbe erfîographique
présente le phénomène de fescalier, dénotant une augmentation d'excitabilité névro-
musculttire par la répétition du mouvement* En second lieu, certaines personnes pré-
sentent des efTels d'entraliieuient post-ergographiques, qui ne se voient pas sur la
courbe, vu l'étal de fatigue des muscles lléchisseurs, mais qui peuvent être mis en évi-
dence par des mesures de la ftirce dynamomélrique de la main du côté opposé; il y a
dynamogénîe poal-ergographique, preuve de l'excitation centrale (J. Ioteïko). Il y a entin
rentralnement qui se manifeste à longue échéance el qui consiste en une augmentation
graduelle du travail mécanique, qui croit jusqo'à une certaine limite pour rester ensuite
stationnaire. Pour voir ces elfets de l'entrainement, il faut s'exercer quotidiennement.
Lombard Warren ne constata d'abord nulle différence pendant les six premiers jours;
ensuite il remarqua une augmenlation considérable, Mosso rapporte que TefTet utile de
son assistât^ Adicco, qui était de 3«53t kilogrammètres au commencement, atteignit le
chitfre de 8,877 kilogrammètres au bout d'un mois d'exercice, Scïîeffkh constata aur lui-
même une augmentation de 00 p. 100 de force après deux mois d'exercice. Pour éliminer
t(>6
FATIGUE.
rinilutiace de rentralnement daas les expériences ergographiques oh on éludie t'acUon
de telle ou telle substance, il faut alterner les expériences avec cette substance par des
expériences comparalives.
Eu se servant d'baltères pesant 5 kilogrammes, et auxquelles un dispasitif simple
penneL d'ajouter successivement 24 poids supplémentaires, Co. Henry a vérifié quelques
faits avancés par DKLBErp relativement à rintluenee de renlrainement» et il leur a donné
une formule mathématique. Il a trouvé « qu'avant Tapparition de la fatigue et jusqu'à
une certaine limite dépendant de Tétat de chaque sujet, limite que l'exercice a pour effet
de reculer, des travaux ex«îculés avec une succession de poids gradués suivant des rap-
ports rythmiques déterminent par rapport aux mêmes travaux exécutés avec toute
autre succef^sion de poids dans le même temps une moindre fatigue et parfois un entraî-
nement notable ».
Suivant Roca et Krabpeun, IVxeicice acquis en faisant tous les jours des expériences
à Tergographe auf^mente surtout le nombre de soulèvemenls, et, bien qu^au début ou
constate uu léger accroissement de hauteur^ celui-ci est négligeable- Si les sujets
s'exercent, le nombre de soulèvements monte d'abord rapidement . puis plus lentemeut,
et reste enfin statiouriaire.
Il y aurait un très grand intérêt à étuilier la c^ïurhe de rentruinemenl en fonction du
temps, aïusî que la courbe <le la perte des qualités de IVntrainenienl.
Manca, en soulevant deux haltères de l* kilos rjthmiqueuient une fois par jour,
fournit 28 soulèveuieuts dans la première semaine, A 9^» soulèvements dans la neuvièine.
ilocGïi a constaté tjue, quand les muscles sont entraînés, les d i iFé re nce s journal i ères
dans la courbe crgugraphique devienuput nulles; les of^ci Hâtions de la plupart des courbes
sont dues soit à des erreurs, suit aux sensatioua désagréables dans le muscle. La douleur
ne se produit que datis les muscler non entraînés; elle disparaît avec les progrès de
rentminvineuL l/entratuenieut moditle aussi la courbe de la fatigue (Hougu) : dans les
muscles entraînés, la hauteur des soulèvfînieuls descend au commencement de la courbe
plus rapide meiit que vims la fin et demeure lin aliment à une ïiauteur fixe pendant
longtemps. Dans les muscles non entraînés, la hauteur descend conlinuellemeai.
L'entrai ne lu en t reconnaît deux causes suivant Mo^su : les niusiiea s'accoutument
graduellement à un travail plus intense et modihant leur structure en s'hypertrophiant.
Les rechercbes actuelles de Mosso lenden! à séparer ces deux facteurs; nous devenons
plus forts, avant que le grossissement des muscles ne devienne a|iparent, Kt, alors même
que les muscles sont revenus à leur volume primitif par suite du repos prolongé, mônae
pendant des mois, rolfct utile de IVxcrcice subs^ïste encore. Il est probable qu'il s'agit
d'une accoutumance aux poisoiii> de la faliLîue.
ini. LtB slëg-e de la fatigue des mouvements volontaires. — Un grand nombre
de physiologistes, et Mosso t!u jiarticulier, ont démontré par rexpérinieutation le bien
fondé de ce fait d'observaliou courante, que la fatigue, quand elle est très prononcée»
ne reste pas un processus local, niairi qu'elle a de la tendance ù la généralisation; ainsii
par exemple, après uui^ marchti prolongée, nous ressentons souvent uu mal de tête
intense, de la douleur dans les bras, des palpitations, de Tanhélation, etc. Mais ni les
phénomènes généraux de la lati^^ue, ni les phénomènes locaux ne peuvent nous ren-
seigner sur le siège de la fatigue, la théorie toxique de la fatigue pouvant expliquer
facilement les troubles à distance.
Une opinion furteiucut accréditée parmi les physiologistes, c'est que les centres ner-
veux sont plus fatigahles que les muscles. En examinant les arguments mis en avant, on
s'aperçoit qu'aucun d'eux ne repose sur des expériences directes, mais que tous visent
des analogies lointaines. Cette opinion sur l'eitrêine fatigabilité des centres nerveux
s'est formée d'une fa*;i>n théorique. Les centres nerveux sont tellement fragiles et si
sensibles à toute cause d'aîtéiation qu'un a cru qu'il en était de même à l'égard de la
fatigue. Or, il se trouve i[ue l'expérimentation montre Tinverse : grande résistance des
centre» nerveux A la fatigue et extrême susceptibilité des appareils terminaux.
Les expériences de A. Mosso, faites en alternant rincilalion volontaire avec lexci ta-
lion éleclijque des muscles, et en comparant entre eux les résultats ainsi obtenus, sont
presque les seules sur lesquelles on s'appuie généralement pour reronnaîtrc aux centres
nerveux nue résistance à la fatigue inférieure à celle que présentent les organes termi-
■
FATIGUE. M7
naux. Pour élimîi»er ractîoo psychique dans le& phénomènes de fatigue ergographtque
chez Thoinme, Mosso a excilé directement le nerf médian ou le muscle au moyen d'une
bobine d'induction. Le muscle suit la môme courbe s'il est excité par la votante ou par
rél^ilricit*^. 11 existe néanmoins des dilférences notabJes dans le travail mécanique vi la
tension des muscles dans U's deux cas, Figk avait dejù signalé en \SH1 qu'avec l'exci la-
lion électrique tétanisante il n'élaîl jamais possible d'obtenir uu degré de tension du
muscle aussi prononcé qu'avec Texcitation voionlaire, Mosso conclut dans le même sens:
arec la volonté on peut faire des efforts plus grands et soulever des poids très lourds;
mais Taptitade au travail sVpuise vite, et Texcit^ition nerveuse voiorilaire devient iuefll-
care, tandis que Texcilalion nerveuse artificielle agit encore. Lorsqu'ou ne peut pliH
ulever un poids par la volonté, en excitant éleclriquement le nerf ou le muscle, on
irrive à produire encore des soulèvements. De ces expéiiences Mussu tire argument pour
affirmer que ce n>sl pas le muscle qui est fdtigué dans la rontractiou vulontaije,
«lleiidu que celle-ci laisse encore dans le muscle un r^^sidu de force, qui peut être uti-
lisé par ta contraction volontaire. Par cons»''quent, dit Mosso, le sièj^e de la fatigue est
situé dans les centres, tl esl compiéhensibbî que la Jiouveauté même du pliénomèn*%
décrit par Mosso, ait conduit Tilluslre pltysiotogisle italien à celte conclusion.
Les uiéraes expériences furent répétées par H. VV,^lle!», avec celle seule (liiïérence
que le physiologiste anglais s'est servi d'un dynamo;.'raphe au lieu d'ni» ergograplie. Il
a confirmé en tout point les résultats de V\ck et de iMu^so, De même que Mosso, il a vu
que, quand la volonté n'était plus efficace k soulever un poids, on obtenait encore une
série de contractions artificielles. On peut disposer respérience de manière a obtenir
plusieurs séries de contractions volontaires qui alternenl avec des séries de contrac lions
artincielles. A chaque nouvelle série, le muscle en apparence épuisé entre en contraction,
A Texemple de Mosso, Walleji explique *:e pïiénoinéno iiiosi qu'il suit: quand le muscle
eette de répondre à l'excitation volontaire, cV*st à cau^e de r^i'ulréo en jeu de la fatigue
centrale; le muscle directenrent excité fournit encore une certaine somme de travail.
Pendant Texcitation artificielle du muscle, les centres nerveux se restaurent. î>i, apn'^s
répuiseraentélectriqueilu muscle, on parvient encore à soulevei' vulontairemenl le poids,
c'est parce qu'on obtient avec la volonté une force de soulèvement plus considcrable
qu'avec l'excitation électrique.
Telles sont les expériences qui ont servi de base à Ici théorie du siège central de la
fatigue des mouvements volontaires. Comme on le voit, elles reposent sur la compa-
raison faite entre les effets de la eu n traction volontaire et ceux d*" la contraction arliticielle.
Mais d'abord on peut se demandt^r s'il esl [»ossible île produire artificiellement une
activité comparable à celle (jui a lieu dans lo fonctionnement régulier de l'organisme, lit
même en supposant qu'il n'existe aucune dilférence qualitative entre ces deux modes
d'activité, les dilTérences quuniitative* sont sufisaules pour rendre loule comparaison
impossible. Nous manquons absolument de critérium pour comparer Vintemite de Telfoii
nerveux volontaire avec Tintlux nerveux mis en liberté par l'excitation électrique du
muscle. Il y a plus. Tout porte à croire que rinfiux nerveux provoqué artificiellement
chez riiomme possède une intensité moindre que relforl nerveux volontaire. Suivant
Mosso lui-même, la ressemblance ne peut élre complète; car les poids ijue peut soulever
le muscle excité directement sont plus petits que ceux qu'il soulève par l'elfort voloulaire.
Le tracé 8 de son livre sur la fatigue a éti^ pris en faisant soulev^^-r un poids de I kilo*
gramme* « Pour faire soulever li kilogrammes, il fallait un courant trop foi t et trop dou-
loureux, dontjeii'ai pas voulu me servir, malgré le dévouement du docteur Macgioma. «
On peut admettre r|ue, si les excitations électriqur*s sont sons- maximale s par rapport
aux excitations volontaires qui sont maximales, c'est parce que lr*s courants électriques
très forts occasionneraient une douleur trop vive pour pouvoir élre supportée. Le courant
électrique excite, en effet, les ne ris sensitifs au même litre que les nerfs moteurs.
Celle explication très simple expliiiaerait pourquoi le muscle épuisé par l'excitalio;!
électrique se contracte encore fort bien sous rempire de la volonté. Celle-ci est un exci-
tant maximal par rapport à l'excitant électrique, qui ne peut être que sûus>maximal
pour Thomme,
Beaucoup d'autres critiques ont été formulées par de nombreux auteurs : Kraei'eli.n,
V. HE»Rf et G.-E. Miller. Elles sout tellement nombreuses qu'il nous est impossible de les
im
FATrCUE.
passer toutes en revue, MOlleei a attiré l'attention sur ce fait, qu'avec le couraot électrique
onii*exHlc pas les mômes muscles que ceux qui entrent en action dans lesoulèvemetild'un
poids. Si, par exemple, nous appliquons le courant électrique sur les fléchisseurs, nous
n'exerçons pas sur les muscles antagonistes la même action que celle qui est produite
par la volonté; cette dernière consiste, d'après certains auteurs (Oucbewe, HE.\t:.xïs,
Demcny), dans une contraction simultanée des muscles antagonistes, et, d*après d'autres
auteurs ([lERr^iG, SHKantiHCTON], dans un relàetiemenl de ces muscles. On ne peut donc
pas, dit MùLLEH, conclure de ces ex(»énences que la fatigue, dans les soulèvements volûu-
taires» est d'origine centrale et non périphérique.
Bouou ne croit pas non plus que l'excitation alternée puisse servir à démonlrer
Torigine centrale de la fatigue.
Mais c'e>l à R. Mî?llf.r (l!*t>l) que nous devons la preuve décisive à cet égard. Cet expé-
rimentateur a examiné les conditions physiologiques dans lesquelles s'eCTeclue le travail
h l'ergographe de Mosso, et il a reconnu te iù\e pi^do minant des muscles interosseux dans
la courbe du travail volontaire. L'ergogramme se fait principalement aux dépens do ces
muscles. Or, dans Texcitatian artificielle^ nous faisons travailler surtout les fléchisseurs.
Il en résulte que des muscles diff&rents iravmUent dans ta contraction voloniairx et la
contraction artificielk. Toute comparaison est donc impossilile. Et si, après la fatigue
volontaire, nous obtenons encore des contractions par rexcitation du nerf médian, c*est
parce que nous avons excité des muscles qui jusqu'alurs n'avaient pas pris une patt
active au travail; ce qui contredit l'opinion de Mosso» que la fatigue est située dans les
centres nerveux. Il y a plus. En admcHant îe bien fondé des observations de Miller,
nous (levons forcément admettre que même la fatigue intellectuelle est plutûl un phéno-
mène musculaire que cérébral. Nous savons, en effet, que la dépression musculaire con-
statée par Mosso après les grandes dépenses intellectuelles s*observe aussi bien dans
le» ergogrammes volonlaires que dans les ergogrammes arliflciels. Le pUénoraéoe
paraissait assez dilficile a eipliquer jusqu'à présent. Mais nous croyons pouvoir donner
son explication. S*il est impossible de faire la comparaison entre le travail volontaire et
le travîiil provoqué, nous pouvons en revanche comparer entre elles les couibes volon-
taires d'une part et les courbes artiQcielles de l'autre. Or ce n'est pas Tififluence psychique
qui est la cause de la diminution du Iravail mécanique* car la diminution s'obsene dans
les deux cas {travail volontaire et artificiel); nous pouvons donc éliminer Tinfluence
psychique et reconnaître une origine en grande partie nnisculaîre à la fatigue intellec-
tuelle.
Au contraire, nous pouvons puiser dans les arguments de Mosso lui-même des preuves
do l'origine périphérique de la fatig<je. Il est intéressant de couîstaler que» malgré les
différences des conditions dans lesiiuelles se prennent les tracés volontaires et les tracés
artiïkiels» la courbe individuelle reste constante dans les deux cas. Si le type personnel
de la fatigue (courbe) demeure identique qunnd il ny a pas participation de la volonté,
il faut en conclure que rinfluence psychique nVxerce pas une action prépondérante, et
que la fatigue peut encore être un idiénoméne périphérique. C'est avec juste raison que
Mosso déduit de ces expériences que les phénomènes caractérisliques de la faligue ont
leur siège à la périphérie et dans le must le, cl qu'il faut tnjtiisporlei à la périphérie ceriaîus
phénomènes de faligue qu on croyait d'origine centrale.
A cdlé de ces expériences ergographiqnes se placent d'autres observations physiolo-
giques relatives à rentraîncment musculaire, et qu'il convient de citer ici. Ainsi, par
exemple, Pu. Tissnê, dans son livre sur la faligue, nous dit i< que les courbes prises par lui
lors d*un record vélocipédique indiquent que le besoin de nourriture sVst fait sentir
d'abord dans les muscles avant d«î devenir conscient. On voit» en efl'el, la courbe des-
cendre progressivement pendant 6 à S kilomètres, au bout desquels la nourriture a été
réclamée. Le besoin a dû atteiirdre une certaine intensité pour devenir perceptible» alors
qu'il a été révélé musculairement par un nilentissement de la vitesse dès qu'il a com-
mencé à se manifester. Le t^esoin de réparation s était donc fait sentir inconsciemment
dans les muscles plusieurs minutes avant son arrivée aux centres psychiques. Ce tracé
tendrait à admettre que le premier degrt^ de fatigue est périphérique v. (?)
Comme preuve du siège périphériqtte de la fatigue^ on peut encore citer les effets
bienfaisants du massage, si bien étudiés par Zmîlol'dow^iîy et par MAGGmKA. Selon ce
FATJGUE. 169
dernier aoleur, on oblieiil du muscle qui travaille à l'ergograpbe avec des périodes de
«[uiruti mioutes de masaage un ptïet ulîïe quadruple de celui que donne le muscle auquel
on accorde des périodes éiiuivalentes de repos. Il est vrai que le mas^ag'e agit principa*
lemeni par voie réllexe» eu arlivaul ta cîrculnllon et en provoquant un rehaussemeui du
tonus muscalaire. Mais cette action retentit direclemeut sur te muscle, le déharrasse des
produits de déchet accumules pendaul le travail et le reod apte à fonclionuer de nou-
veau. Ainsi donc une cause quieinpt?«'be la fatigue pèripht'Tique de se produire rétablîl
l'action du système nerveux sur le muscle,
tinc preuve certaine du sie^'e péripliérîqua de la fidigue, c'esl Valhngement de la
secou^scp qui se produit. avant la diminiUiou de la hauteur, t^e premier etfct de la fatigue
consiste donc en un<i modificalion do Télasticité mus^culaire.
On sait que tes liysli>riques ont parfois des contractures qui durent des semaines et
des mois. Le muscle est contracture sans qu'il y ait sensation de falif^ue. Cette absence
absolue de fatigue dans un muscle coniracluré est considérée par Cu. FticiiET comme une
preuve du siège central de la fatigue. 11 y a fatigue de la volition. Si la volonté n'inter-
vient pas, et si elle est remplacî'e par un irritant quelconque (myélite, encéphalite, strych-
nisme de Thyslérie), alurs nulle fatigue. On ptut même soutenir, ajoule (^h. RirHfrr, que
tes centres nerveui moteurs ne se rati;j;uent que s'ils soitt mis en jeu par la volonté. S'ils
sont excités par d'aulr*»s agents, ils ne s'épuisent ni ne se ratij^nent plus que la moelle
et le muscle.
Mais la contracture n*est pas une contraction musculaire ordinaire; clic présente un
phénomène unique dans son genre. La temptrttture du mmrk conintHnrt' ne s^éiêvi pas.
BnissAro et RKGWRa ont montré» au moyen d*aiguilles ttiermo-éleclrique!*, que les
muselles contra iurés ont la ménif* température que les muscles sains, et même qu'ils sont
plus froids de quehiues diiièmes de degrés. D'autre parl^ il est bien établi qu'aucune
élévation de température générale naccompajtîne chex les liyslériqucs le» cotitractures,
mémo les plus violentes. Or il serait tout à fait iinpossihlo du supposer, dit Cu. Richet,
que les lois tliennodynamîques ne s'eiercenl pas sur te mui^cte en cuntracturo comme
sur le muscle en contraction, vi cependant te muscle cunliacté s'échaulTe» te muscle con-
tracture ne 5*échau(Te pas! Cette expérience (^rouvi^ que l'échaulTement du muscle n'est
pas directement hé a sou raccourcissement. L'excitation du muscle produit ûqux
phénomènes probal>lement distincts, et que Tétit palïioIogi<|ue dissocie, d'une part
l'èchaufTenient par com bu liions musculaires iulcrslitielles, d'autre part te raccuurcisse-
ment du musck par modillcation de son élasticité. Il peut donc y avuir contractions
musculaires sans éihautlement du muscle.
Mais alors cette cuntraction permanente des muscles appelée contraïUure qui ne
s'accompagne d'aucun eiïet thermique ni de cojnbustions întersticîelles, qui tie ne fait
que par le seul jeu des forces élastiques, cette contraction ne peut donntM^ lieu à de$
ptiéuomènes de fatigue ! La fatigue est un phéuomène d'origine csseulielli?rnenl chimir|ue.
Voici, selon nous, la façon dont il faudrait interpréter celte absence d'èchauïTement
qui caractérise la contracture. Et tuut d'aburd est-rcla un phénomène tellement paradoxal
qu'on no retrouve rien de semhlalilfl dans d'autres circonstam^cs? Kaut-il r^^adresser aux
étaU fwthologiques pour dissocier le phénomène mécanique de la contraction du phéno-
mène lliermiqurt? Nous avons vu dans un chapitre précédent que, si nous excitons un
muscle jusqu'à eitréme latif|ue, nous observons une diminution f^raduelle du travail
mécanique et d^ la ehali^ur; mats ta fatigue de chaleur précède la fatigue de ton*
traction, en sorte qu'un muscle fati^'ué ne dégage plus de chaleur, njais continue encore
ti donner des contraclions Irr» appréciables. Ainsi donc dans ta fatigue nous pouvons
avoir des contractions musculaires sans dé^a^emeiit de clialeur. Ut chaleur diminue pitts
rapidement que h- Iracaif m'^canique (IIeiuënuaix . La chaleur e^i l't^x pression du travriit
chimique; il est pourtant impossible d'admettre que les contractions du muscle fatigué
ne s'accompagnent d'aucun travail chimique. Mais il est certain que le travail chimique
dans un muscle fuli^ué est extrêmement faible, et par suite te résidu de chaleur dégagée
peut être tellement iusiginilanl qu'il n'est plus révi^lé par tes iustruments thermiques
de mesure. La comparaison entre un muscle fortenteiit faiigué et un^ muscle contracture
s'impose. Le muscle contracture stî Irou^fe dans un état loi qu'wn raison de l'étendue
extrêmement restreinte de son travail cliimîqne, il ne produit pan d^f rhattfiir enregis-
<r
170
FATIGUE-
trahie; il produit néanmoins du travail mécanique. Le mmcie cùntracUiré présente une
annh*jie comptete avec un musrJe qui se trouve darta un étni tïexlrème fatigue, La contrac-
ture est un état de fattgue mw^ciihurepet^manente. C'est îâ* croyuns-nous. ruiii*|ue explicalioa
physioïogiquR que Tou puisse donner de ce f)héiioniên(% dont la patïiogënie noasëcbappe;
mais il paraît certain que la contracture, qui est une faligne permafiente de ceiiaina
groupes musculaires, est entretenue parune eicitation permanente. Quant à TaboUtion du |
senliment de la fatigue dans la contracture, cela pourrait être un pbéiiooiène psychique
dont l'explication peut Hre lechercliée dans la dissociation du u moi ►* des hystériques.
Enfin, pour afTirmer que la fatigue est d'origine centrale, on a invoqué aussi les
observations cliniques concernant divers types de convulsions, et dont un exemple
vient d'être rapporlé par m: Fleury; on a pu enregistrer lOÛÛO oscillations doubles À
rheure chez un malade qui avait de la trépidation rétiexe du pied; ce phénomène,
absolument soustrait a l'action du cerveau, pouvait continuer d'une manière indétlme
sans qu*il y eût aucun symptôme de fatigue. On peut répondre à de^ observations de ce
jjienre que la fatigue est presque toujours relative, rarement absolue, et qu'elle dépend
de facteurs extrêmement nombreux, tels que l'intensité de Texcitant, le nombre de»
contractions dans l'unité de tempSp le poids à soulever, la température, etc. AIaggiora
n'a4-il pas montré que le doigt médius pouvait travailler indéfiniment k Tergographe et
soulever un poids de plusieurs kilogrammes, a condition que le nombre des contractions
n'excède pas dix à la minute? Dans ces conditions le muscle, aussi bien que le système
nerveux psycbo-nioLeur, devient infatigable. Aussi, sentes, les expériences rigoureuse-
ment physiologiques, qui tiennent compte de tous les facteurs, peuvent-elles résoudre li|
question relative au siège de la fatigue.
Les expériences pono métriques de Mosso plaident aussi, selon nous> en faveur du
siège périphérique de la fatigue. Le ponomètre inscrit la courbe de l'effort nerveui
nécessaire pour produire la contrai tion des muscles à Tergographe. Avec cet appareil It*
muscle travaille seulement au commencement de la contraction» et on inscrit aussi^ outre
le travail utile, le mouvement successif que fait le muscle quand vient à lui manquer
tout à coup le poids qu*il soulève (contractions a vide . Nous voyons que l'espace parcouru
par le doigl, quand cesse le travail utile de la contraction, est moindre tout d'abord, et_
devient environ trois fois plus considérable quand le muscle est fatigué. L'exiitatiod
nerveuse, que l*on envoie à un muscle pour en produire la contraction, est beaucoup plui '
grande quand il est fatigué que lorsqu'il est reposé.
Ces courbes porioméiriques, confrontées avec les courbes ergographiques, démonlrenl
que, tandis que le travail mécanique tend à diminuer dans la fatigue, Tetfort nerveux
tend à s'accroître progressiv^ement.
Le muscle fatigué a besoin d'une excitation nerveuse plus intense pour se contracter
(DONDERS et Mansvelt). Mais, si on soulève le poids au ponomètro en excitant le nerf
médian, alors la courbe pouométrique va en dimijmant. La dîlTércnce eotre la courbe
ponométrique, ascendante quand il s'agit de la volonté, et cette même courbe, descen-
dante quand le nerf est excité, est due à raugmentation des excitations nerveuses que
les centres envoient au muscle à mesure que les conditions matérielles de la conlraclian
deviennent plus difficiles, par suite du progrès de la fatigue (A, Mosso).
KuAEPELipf reproche à la théorie du siège *'eutral de la fatigue de ne pas être conforme
aux lois de la vie psyc bique en général. Dans rexpérience ergographique nous voyons
s'établir la fatigue en une minute; or, dans les cas de crises convulsives, les musrles
peuvent être excités bien plus longtemps par les centres psycho-moteurs. La réparaliou
après la fatigue orgograpbique a lieu aussi très rapidement. Aussi Kuabcelin suppose que
la un de la courbe est due non pas à la fatigue des centres, mais à un phénomène d'inhi-
bition des rôtiexes exercé sur le muscle par les poisons de la fatigue.
L'épuisement de notre corps ne croit pas en proportion directe du travail etfeclué,
dit A. Mosso, et, pour des travaux deux ou trois fois plus forts, notre fatigue ne sera pas
double ou triple. Un travail elTectuc par un muscle déjà faliguô agit d'une manière plus
nuisible sur ce muscle qu'un travail plus grand accompli dans des conditions normales.
Supposons que trente contractions suffisent pour épuiser un muscle : deux heures serout
alors nécessaires pour permettre au muscfe de se rétablir. Mais, si Ton ne fait que quinze
contractions, le temps de réparation pourra élre diminué^ non pas de moitié, mais du
FATIGUE.
171
I
quart, et il suftlra, dans le cas cité, d*une demî-heare. On voit que répui^enient muscu-
laire dun» les qui nie premières contraclions est beaucoup plus faible que dans les sui-
vantes et qu*il ne croît pas en proportion du travail efTectué. Mosso a réuni sous le nom
de la » loi de répuisement • ces effets de l'accumulation de la firtigue. L'organisme ne
peut être assimilé à une locomotive qui brille une quantité donnée de cliarhon pour
chaque kilomèlie de chemin parcouru; mais, quand le corps est fali^ïiié, une faible quan*
titè de travail produit des eiïets désastreux. Dans ces eipériences raccomulalion de la
fatigue a été niesurt-e an moyen du temps nécessaire à la réparation*
Elle peut s'étudier encore d'une autre façon. Le temps de repos reste le même entre
les courbes successives, mais il esl insulTisanl pour la réparation complète. Nous aurons
donc des efTets d'accumulation de fatigue d'une courbe à une autre {J. lorEVRo). Le travail
mécanique diminue progressivement. L'accumulation de la fatij^ue est variable suivant
les intervalles de repos. Âiusi^ avec des intervalles fixes de huit minutes environ (rylbmeâ",
poids 3 kilos), la décroissance du travail est très régulière; dans la deuxii'me courbe,
le sujet ne récupère que les deux tiers de sa force primitive; dans la troisième courbe il
De récupère que la moitié. En travaillant avec des intervalles bcaurou|» plus courts
(une à trois minutes entre les courber, toutes autres conditions restant les mi^mes) nous
obtenons d'autres chiiTi es, D^ns la deuxième courbe» la clmte de travail est trè^ brusque,
le travail peut descendre au quart de sa valeur primitive; puis, dans les courbes suivantes,
le travail diminue chaque fois d'une vateur minime; quelquefois même on arrive à un
certain équilibre dans les courbes assez avancées dans la seri<^. 11 semblerait que, dans ce
stade de fatigue très avancée, il y a un résidu de force qui ne peut être épuisé. Ce pliénu-
mène est d'ailleurs confirmé par cet autre fait, que déjà un intervalle de plusieurs
secondes de repos produit une réparation manifeste (J. Iiitevio), Très souvent le même
phénomène se voit sur les rourbes isolées; au rotnmencement la dest^ente de la hauteur
des contractions est plus rapide; ensuite, elle se ralentit considérablement et tend n
rester stationnai re.
VIII. Les types seneltivo-moieurs. — Il est reconnu que les centres psycUo- mo-
teurs, qui commandent le mouvement volontaire, occupent dans chaque bémis|rUère un
territoire bien délimité, et qu'il existe un centre spécial pour le juembre supérieur et le
membre inférieur Néanmoins nous manquons Je moyen pour mettre direclement en
évidence félat dVxcilabîlité trun centre psycbo-moleur après la faf i^rne du mouvement
volontaire qu'il commande, Frmons comme exemple le mouvement tel qu*il s*exécute à
Tergographe, L'arrêt des fondions est-il dû à la fatigue du muscle qui ne veut plus obéir
au stimulus que lui envoient constamment les centres moteurs, ou bien est-ce le stimu-
lus lui-même qui fait défaut? Daiis ce dernier cas il faudrait admettre que c*esl /a volonté
ijui s'épuise»et que les centres psycho-moteur? se fatiguent bien avant que le muscle Ini-
méme ne soit frappé.
Tâchons d'explorer reïcitabilité des centres voisins de celui qui vient d*jccomplir le
travail ergograpbique, et cet examen nous permet! ra peut-être de reconnaître si sun
état de fatigue ou d'excitation ne s'est pas propagé aux autres centres sensilivn-moleurs.
Si, après avoir exécuté à Teigographe une certaine somme de travail jusqu'à l'épuise-
ment complet des llé^'bisseurs du médius, on examine la force totale de flexion de la
même main eu serrant un dynamomètre, on constate que l*ênergie dynamomélrique a
diminué environ d'un quart par rapport à ce qu'elle était avant le travail ergograpbique.
Mous avons donc perte de 2:j p. 100 de force musculaire par ïe fait de la fatigue ergogra-
pliique. Celte constatation à elle seule ne suffit évidemment pas pour permettre d'aflir-
mer que la perte de force est d'origine centrale, car la main qui a travaillé à Tergo-
grsphe n'est peut-être pas indemne de toute altération locale.
Mais nous pouvons prendre la force dyn rimométrique de la main f/^f(c/i€, qui est
demeurée au repos; <ret examen va nous montrer si l exercice ergograpbique impose à
la main droite n'a pas retenti sur les centres psycho-moteurs du cAté opposé. S'il y a eu
retentissement, la force dynamométrique do la main gaucho ne restera pas stalionnaire.
mars elle subira soit une exaltation, soit une diminution, traduisant de cette manière un
certain état central déterminé par raccomplissemeut du travail ergographique. C»3t exa-
men, s'il est positif, pourra donc Jeter quelque clarté sur la participation possible des
centres psycho-moteurs aux phénomènes de fatigue ergographique.
172
FATIGUE.
Les expérienœs de J. loiEvito ont porté sur vingt éLadianlïi de l'Uni vem té de
Bruxelles. Les eipérietices étaient disposées en sorte qu'il fût possible dévaluer la force
dynamométriqiie de la main gauche à difTérenls «nonieuts, suivant les dlfTèrenls degrés
de fatigue accusée par la main droite, qwi fournissait plusieurs courbes ergograpliiques.
Celles-ci se auccédaîent k plusieurs minutes d'interiralle, letnps insuffisant pour faire
disparaître toute trace de fatigue antérieure.
Ces expériences ont rnuniré qu'au point de vue de la résislauce à la fatigue on pou-
vait admettre reiislence de deux types moteurs principaux, et d*un type intermédiaire :
(° Les sujets du premier type (type dynamogène) sont ceux qui résistent le mieux
à la fatigue. Clie^ eux, non seulemeut il n'y a aucune espèce de falifîue des centres
nerveux volontaires après le travail ergographique; mais, au contraire, il y a une légère
excitation de ces centres. L*exci talion centrale se Iraduil par une auf/ ment aï ion de
l'énergie dynamomètrique de la main qui n*a pas Iravailîé à l'ergograptie. Même plusieurs ^
courbes ergograpliiques sont incapables dti déterminer la fatigue des centres nerveux.
Il y a toujours un effet dynamogène. Cet effet dynamogène disparall après plusieurs
minutes de repos,
2^ Cliez les sujets appartenant au second type (type inhibitoire), le travail crgogra- |
phique ne détertnine jtimais de dynamogénie» et dés la première courbe leur énergie
dynamométrique est en voie de décroissance. Il y a au plus perle de 20 p, 100 de la
force ilynamornélrique dt; la main gauche par le fait du travail ergographique de la
njain droite. Celle perle d'un cinquième de force ne p^ut être altribuèc à une autre
«^ause qu*à une perte correspondante de l'énergie des centres nerveux, II y a eu fatiguiid
du centre nirjteur cérébral correspondant au membre qui a travaillé et propagation de
cet êial de fatigue aux centres voisins. Comme la diminution de force dynamométrique
de la main droite excite à peine celle de la main gaucbe, il est légitime d'afJlrmer que
la diminution d'énergie cérébrale est la même des deux côtes, et qu*il n'y a pas, à pro- 1
prement parler, de localisation cérébrale de la fatigue. Cet étal de dépression disparaît
au bout de plusieurs njinules de repos.
r{<* Enfin le type Mermêdiahe comprend les sujets qui pré^enlent une surexcitation
motrice après la première courbe ergographique; mais après plusieurs courbes ils
accusent toujours un état de dépression, 11 y a donc chez eux prédominance de l&J
dépression.
Nous voyons par cet exposé que le travail ergographique épuise lolalement la force
des nécbîsseurs du médius, puisqu'il y a abolition complète du mc>uvenn.^tit volontaire;
mais il n'épuise pas la force des centres nerveux qui commandent le mouvements la
uïélbode ergodynamiymeintiue permet de constater que l'élat d'excitabilité du ceutre
présidant à l'exerrice ergographique s'est propagé au centre du côté opposé, et celui-ci
n'a pas accusé de fatigue bien prononcée, Hien au contraire, clies: certaines personnes, i
son excilahililé a augmenté, permettant de saisir, dans les cenlres psycho -moteurs,
rexistence d'un phénomène, qu'on n'avait décrit jusqu'à présent que dans le muscle et]
la moelle épinière, phénomène couïhi sous le nom d'escalier {Treppei ou v d^addittoo
latente ». Certaines personnes se trouvent encore dans la phasii de 1' « escalier psycho-
moteur », alors que leurs muscles sont devenus com[)lètement paralysies par la fatigue.
Les antres, moins résistanles, accusent déjà au même moment un début de fatigue céré-
brale. Le peu d'intensité de la fatigue centrale permet néaiunoins la conclusion que le
siège de la fatigue est situé à la périphérie Mais en tnéme temps on conçoit la possibi-
lité de répuisement des cellules cérébrales pour des elTorts execpsifs.
La réparation des centres nerveux se fait plus vite que la réparation du muscle. Ainsi^
par exemple, il faut au moins dix minutes de repos pour que le sujet regagne la totalité
de ses forces après le travail ergographique; ce letnps est limité par la réparation du
muscle, car les centres volontaires se reslament bien plus rapidement. La dépression»
constatée chez plusieurs sujets après le travail ergographique, disparaît en elïet déjà au
bout de quatre à cinq minutes de repos. Il en e^t de même de l'cxcilalion (jui est la
caractéristique du type <« dynamogè ve »>. Et cette di-^paritioii des eïfets dynamogènes
ou in h ibi toi ces du travail ergographique après un certain temp* de repos et retour à
t'élat normal est .même un des témoignages les plus probants de la réalité des deux
lypes moteurs.
FATIGUE,
173
La réalité des types apparaît avec une évidence d^autanl plus grande qu'il a été pos*
sibte à i. loTEYKO de saisir un rapport constant entre les manifestations motrices et
sensilives. Parmi ses vingt sujets cet auteur en a clioisi ciaq^ qui présontaiet»! des types
bien traQch»^ au point de vue des phénomènes post-ergo^'rnpbîrjues, et ïï a examiné
leur *eosibililé cutan^^e an moyen de t'estbési orné Ire, avant et après racconi plissement
du travail ergographique-Ceut qui avaient présenté un accroissement d*éiiergie muscu*
laite après le travail *^rfço^MMpliique, ont aceusé dans celle série d'expériences une exal-
tation de la sensibilité cntaoée; ceux qui avaient montré une diminution de l'énergie
dynamomélrique ont accusé un éroousâement de ta sensibilité i!utanée après le travail
«rgO|t;raphique.
Ces données expérimenlales sont en accord complet avec tout ce que nous savons
ur la dynamogénie et Tinhibition. Nous savons que l'es excitations relativement faibles
sont dynamogt^nes; les excitations très Tories exercent un elTet înhibitoire.
llai$lec«Mé nouveau des expériences de J. Ioteyko, c'est l'établisse ment de la distinction
«nire cfeicx types fn^nsUivo- moteurs et un tijpe inta-mMiaire^ en prenant ponr mesure
l'accomplissement d^in travail qui, déprimant pour certains s ujet"^, est excilant pour les
autres. Ce travail-limite est le travail qn*on accomplit à Ter^ograpbe de Mosso. Suivant
les sujets^ il détermine tanlût des phénomènes dynamogènes (fj/ptf dynamogène) se tra-
duisant par un accroissement de rénergie musculaire et par une exaltation do la sensi-
bilité générale, tantôt des effets inliibiloires {type inhibitoire) se traduisant par une
diminution de l'énergie musculaire et par un émoussement de la sensibilité. Ces types
doivent être considérés comme l'expression de l'étal normal, attendu que les sujets
d'expériences étaient choisis parmi les individus jeunes et robustes.
La distinction des typf s sensitivo-rnoleurs repose surdes phénomènes qui se déroulent
dans les centres seîisilivo-moteurs et qui ont un reientissement h lii périphérie. Or, dans
tous les cas, et indépendamment de ses ellels centraux, b fiUiyue a fergographe a tou-
jours été totale, jusqu'à eitinction compbMe île la force des Ibkbisseursdu méilius. Tous
ers phénomènes s'observent en travaillant avec le rythme de deux secondes et avec un
poids de 3 kilos. A ms et Larglmer, en reprenant la méthode ergo-dynamomélriquc de
J. lorEVKOr ont conlirmé ses résultais,
IX. La quotient ûe ta fatigue. — Une courbe ergographique est composée de deux
'leurs : \a hauteur des soulèvements et leur nomhre. liocu et KBAKrELt>s otil montré que
s deux fadeurs sont indépendants Tun de l'autre, Ainsii par exemple» il peut ariiver
qu'une certaine cause amène un effet excitant, se traduisant par une augment^iUon de la
hauteur totale des soulèvements ; il ne s'ensuit pas nécessairement que le nomhre de sotité-
Tements doive être plus grand: il peut rester le même; seulement chaque soulèvement
sera plus fort. L*elTet inverse peut également se produire : une cause augmente le nombre
es soulèvements sans inlhier sur leur nomhre. La caféine, par exemple, augmente, d'après
HocM et KaAKPBLtN, la hauteur des soulèvements sans influer sur leur nomhre, tandis que
Tessence de thé dimmue le nombre et nlnllue pas sur la liauleur. Le travail mécanique
d*une courbe peut donc Ôlre iniluencé par les modillcations de Tun ou de rautre des
deux farieurs ou des deux à la fois. En examinant de plus près les conditions dans les-
quelles ces deux facteurs sont sujets à varier, cos auteurs arrivent à cette conclusion, que
la fatigue des centre?* nerveux ou leur excitation modifient le nomhre des soulèvements»
tandis que la b^iuteur est inOuencée par Tétat du muscle. Le nombre des soulèvements est
une fonction du travail du système nerveux central; leur hauteur est fonction du travail
du système musculaire» Les preuves expérimentales fournies par Hocu el Kraepklïn à
Tappui de cette manière de voir peuvent être gi'onpée> sous plusieurs chefs : t« les dis-
positions psychiques au travail, variables suivant les heures de la journée, intluent surtout
tur le nombre des soulovemenls; la chose est conjpréhensible, car ces variations affectent
bien davantage te système nerveux central que les muscles; 2" les modifications de la
force sous Tinfluence des repas retentissent avant tout sur les muscles; après les repas, à
cause de la réplétmn des vaisseaux abdominaux, il existe un léger degré d'anémie céré-
ale qui nous rend inaptes aux travaux psychiques; aussi le nombre de contractions
iminue-t-il; mais en revanche, leur hauteur augmente. Maggiora arrive aussi à la con-
clusion, que Tinlluence p^iratysante du jeûne, de mémo que l'action restauratrice des
repasi est localisée dans les muscles; 3** l'exercice acquis eu faisant tous les jours des
171
FATÎGUE,
expériences à Tergograplie augmente surtout le fioiiibre de soulèTemetits, ei, bien qu'au
début on consUle un léger accroissement de hauteur, ceJui-ci est négligeable. Si le»
sujets s'enercent, le nombre des soulèvenienU monte, puis reste sialioniiaire; 4** enfin,
tes auLeureise basent sur les expériences de Mosso, qui a constaté una dépression notable
de la forte à l'ergograpbe chez plusieurs de ses collègues, dont la fatigue psychique
résultait des examens qu'ils avaient fait snbir aux élèves de rLîniversité de Turin. Ce
qui est très siguilicatif, les tracés après la fatigue intellecluelle diîférent surtout des
tra*!és normaux par une diminution du nombre des soulèvements; la force du premier
elforl n'est pas diminue'e, mais la descente est très brusque et après plusieurs contrac-
tions la force descend à zéro.
Le nom de gtiorienl de ta fatigue — a été donné par J. Iotevko au rapport numérique
qui existe entre la hauteur totale (exprimée en centiniètrf's) des sotilèvemenls el leur
nombre dans une courbe ergographique. Jusqu'à présent, toutes les évaluations, en ergo-
graphie, étaient basées uniquement sur la somme de travail mécanique, c'est-à-dire sur
des mesures quantitatives. Or ïe quotient de fatigue mesure la qwiiité du travail accora*
pli. Comme le quotient respiratoire, qui est le rapport entre le CO^ exhalé et le 0 absorbé,
mais qui ne fournit aucune donnée sur les valeurs absolues de ces gaz, de même le
quotient de fatigue mesure le rapport entre IViïorl musculaire et Tellort nerveux dans un
ergogramme. Rien d'ailleurs ne s'oppose à ce qu'on évalue la quantité de travail concar-
remmenl avec sa qualité. Ce rapport n'est autre que Tévaluation de la hauteur moyenne.
Mais le nom de n quotient de fatigue » exprime un rapport d'ordre physiologique. S'il
est vrai, ainsi qiie Hoch el Kraepelix raffirraent, que le nombre des soulèvements est
l'expression du travail des centres, et que la hauteur totale est l'expression du travail du
muscle» il devient possible de résoudre la question relative au siège de la fatigue en
examinant les variations du quotient de la fatigue sous l'influence de la fatigue même.
On sait que les effets de la fatigue s'accumulent si l'on entreprend un nouveau travail
avant que la fatigue précédente ne se soit dissipée* i,es expériences de J. Iotevko ont
consisté à faire alterner les courbes ergograpbîques avec de courts intervalles de repos,
variant de une à dix minutes, mais réguliers dans la niôme série de courbes. Chaque fois
le sujet épuise totalement sa force a Tergographe; après un court repos, pendant lequel
il y a restauration partielle, il donne une seconde courbe, inférieure à la première au
point de vue du rendement; après un nouveau repos il fournit une troisième courbe, qui
est inférieure à la seconde au point de vue du rendement. Chez certains sujets le
nombre des courbes fournies a été poussé jusqu'à cinq. Pour savoir auï dépens duquel
facteur, hauteur ou nombreuse fait l'accumulation de la fatigue, voici le résuttat général
des expériences faites sur vingt sujets (élèves de TUniversité de Bruxelles) :
1<* Si le temps de repos entre les courbes successives est insuffisant pour la restau-
ration complète, le sujet fournit chaque fois un travail mécanique moindre. Cette dimi-
nution du travail mécanique se fait aux dépens des deux facteurs constituants de la
courbe, mais principalement aux dépens de la hauteur.
A chaque nouveiie courbe^ !a i:ak'ur du quodeni rfc îa fatigue diminue, ce qui signifie
que la diminution de hauteur ne suit pas une marche parallèle h la diminution du nombre,
mais que la diminution de hauteur est plus marquée, La décroissance du quotient de la
fatigue a pu èire ohservée chez tous les viugl sujets examinés sans distinction, el
elle apparaît dans tontes les conditions de rexpèrimentation, pourvu que les temps de
repos soient insuffisants à assurer la restauration complète d'une courbe à une
autre. Toutefois les résultats les plus constants et les plus nets s'observent avee des
intervalles de cinq à sept minutes de repos entre les courbes successives. Il est possible
qu'au point de vue de la résistanc^i à la fatigue les sujets puissent être classés en
plusieurs types, en prenant pour mesure les valeurs décroissantes de leur quotient de
fatigue.
t*^ Si les intervalles de repos entre les courbes successives sont suffisants pour faire
disparaître toute trace de fatigue précédente, il y a dans ce cas égalité entre les courbes
au point de vue du travail mécanique. On constate alors qu'il y a égalité matlié-
matique entre les quotients successifs de la fatigue. Eu effet, chaque indiiridu possède
un quotient de la fatigue qui lui est propre, de même qu'il possède sa courbe de la
FATIGUE-
175
I
I
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fdlîgue; mais les varialions dy qootient de la ÏSLligae sont telleraenl considérables, sui-
vant les jours et îes lieures de \a journée, que, pour avoir un quotieiil comparûbte à lui-
même, il faut fournir deux tracés ergo^rapbiques dans la mf^me seunce en prenant un
repos sufflsanl enire les deux rourbe»» On voit alors qy*il existe une identité parfaite
entre le travail mécanique des deux tracés, entre les deux quotients de la l'aligue et
entre la forme des deux courbes, si bien que la seconde *rmblo ^Ire la phulagrapbie de
U première. H y a là, à n'en pas douter, rnalière à l'établissement d*une loi psycho-
mécanique de l'épuisement moteur à formule jualUémalique* Si, dans les courbes
avancées dans la série, on obtient deux courbes égales comme travail, leurs quotients
aaront aussi la même valeur; le degré de fatigue a donc été le même,
3" Il arrive quelquefois qu'après un repos d'uoe durée suffisante [lour assurer la res-
tauration complète, la deuxième courbe présente une valeur légèremet»t supérieure an
{K>inl de vue du rendement par rapport à la première (excitation et non fatigue^ Dans
ce cas on constate toujours une légère augmentation de la valeur du deuxième quotient
ce qui revient à dire que le nombre de soulèvements s'est un peu accru.
4* Nous sommes donc en présence de trois cas possibles qu'il s'agit maintenant d*in-
terpréter : a) si la restauration est complète, le quotient de la fatigue reste identique*
ment le même dans les courbes successives; b) s'il y a accumulation de la fatigue, la
valeur du quotient de la fatigue décroît progressivement; c) s*il y a excitation, la valeur
du quotient de fa fatigue augmente.
GrAce aux mesures dynamométriqiies, il a été possible kL Iùtkyiîo de démontrer que
le nombre des soulèvements est réellement fouclion du travail des centres psycbo-
moteurs, ainsi que Uocu et KRAin*8Lr?c lavaienl déjà antérieurement affirmé. Cette démons-
tration permit d'expliquer toutes les variations du quotient de la fatigue. Cet auteur a
examiné thei new^ sujets les rapports qui existenl entre les variations du quotient delà
fatigue et les variations de la force dynamoraélrique. La corrélation de ces tests est
remarquable.
Chez $ept sujets appartenant au type inhibiioii'e, nous voyons d*une part la force au
dynamomètre de la main gaucbe diminuer dans la proportion d'un cinquième après plu*
sieurs courbes ergograpbiques accomplies avec la main droite, preuve de l'entrée eu jeu
d'un certain degré de fatigue des centres nerveux volontaires; en même temps nous
Toyons diminuer dans une faible mesure le nombre des soulèvemenli» dans k*s tracés
successifs. Il existe un parai iélism© presque complet entre la décroissance de ces deux
valeurs : pression dynamométrique de la main qui n'a pas travaillé et nombre de soulè-
vements à Tergograplie de l'autre main. Nous voyons de la façon la plus nette que le
nombre des soulèvements est fonction du travail des centi'es nerveirx moteui^^ear û uw3
deiéf€Ssion centrale (s' accusant au dynamomètre) coneapond ttne dimmution mlàiuate du
nombre de soulèvements.
CAiei deux sujets appartenant au type dynamogène, le dynamomètre a constamment
accusé une excitation puât-ergograpbîque des centres nerveux. Cbe7, ces sujets le nombre
des soulèvements du deuxième tracé (avec intervalle de cinq à dix minutes de repos) a
toujours été supérieur au nombre des soulèvements du premier tracé, quoique la dimi-
nution du travail mécanique dans le deuxième tracé ait été manifeste. Ainsi doue, la
diminution du travail mécanique s'est faite ici exclusivement aux dépens de la hauteur,
ear le nombre de soulèvements du deuxième tracé s'était même accru. L'étude du type
dynamogène nous montre donc aussi que le nombre de soulèvements est fonction du
travail des centres nerveux, car à une dynamogénie centrale correspond une augmen-
tation adéquate du nombre des soutèvements.
5° Grdce a ces données nous pouvons maintenant compléter l'étude des types sensitivo-
moteurs et répondre à celte question : le siège de la fatigue des mouvements volontaires
est-il situé dans les centres ou à la périphérie?
Il est certain que Texcitiition post-ergograpbique des centres nerveux du ^* type dyna-
mogène 5» se manifeste par un accroissement de l*énergie dynamomé trique, par une
exagération de la sensibilité générale et par une augmentation du nombre des soulève-
ments du second tracé ergographique par rapport au premier. La fatigue ergograpbique
est donc ici exclusivement due à un épuîseineut d'ordre périphérique, sans participation
aucune des centres nerveux volontaires.
176
FATIGUE.
Eli ce qui concerne le « lype inhïbîtoire », la dépression post-ergographiqne des
centres nerveux se manifesLe che^ lai par une décroissance de l'énergie dynamo métriqac,
par un énionssement de in sensibililé générale^ et par une diminniton du nombre âeê j
30ul«^venienls du second trarc ergograpliiqtiepar rapport au premier. Les centres psycho-
moteurs parlicipenl donc ici aux phénomènes de fatigue ergOf<rapbique. Toutefois
celle participation est exlrèmement faible. La diminution de bauteur des trat^és succes-
sifs i'empuiie toujours sur la diminution du nombre de soulèvements, et nous savons
que la diminution de bauteur correspond a la fatigue du muscle.
Malgré les dijférences qui existent entre les deux types sensitivo-moteurs, ils sont
tous deux soumis à la hi dt^ ia décrohiianre du quotient de fatigue du J. Ioteyko, for-
mulée ainsi ijt/il suit :
Loi de la dét^rohsanee du quotient de fatigue. — Le quotient de la fntigue
s--
est le rapport entre la hauteur totata des soulèvementsi {ejrprimce en centimètres) et leur
nombre dans une courbe ergographique, et qui dam des conditions identiques est mathé-
matiquement constant pour chaque îndiindu (quotient personnet), subit une dècrahmnce
progressive dnns le$ court>es ergographiques qui se suivent à d*'s intervaties de temps régu-
fierx et imuffisants pour assurer la restauration complète d'une courbe à une autre.
La loi de la décroismnce du quotient de ta fatigue signifie que ia fatigue des moui^ementê
volontaires cnitthit en premier Heu les organes périphériques, car des deux facteurs consti*
tuants du quotient de ta fatigue, le premier [hauteur] est fonction du travail des muscles^ le
deuxième (nombre) est fonction du travail des centres nerveaj: volontaires, — Le travail de*
centres est fonction du temps (nombre de soulèvements).
Cette loi se vériïie dans les difTérentescondilionsde travail ergograpliique. en faisant
varier les intervalles de repos entre les ergogrammes des première et dixième
minuits; dans la même si- rie, les intervalles doivent rester rigoureusement les mêmes.
Mais les cbiflres obtenus peuvent varier suivant le temps de repos accordé à l'appareil
nenrO' musculaire. Ainsi* avec des intervalles de huit mi nu Les de repos, le travail descend
aux deux tie]*s de sa valeur dans la deuxième courbe, et à la moitié de sa valeur dans la
seconde. Le nombre des soulèvements est À peine diminué dans la deuxième courbe ; mais
après la troisième courbe, il est diminué d'un cinquième. Cette perte d'un cinquième est
earactérisque, car elle correspond à lîne perte adéquate de l'énergie des centres
nerveux, constalèe an dynamomètre sur la main au repos.
Si nous intercalons des temps de repos beaucoup plus courts, trois minutes, deui» ou
même une minute, le travail mécanique diminue beaucoup plus rapidement, entraînant
une diminution de la bttuhîur et du nombre; mais, si le nombre diminue deui fois au
bout de plusieurs courbes, la bauteur diminue quatre fois, Ortaines courbes obtenues
par I. lOTRYKO (voir : Le Siège de la Fatigue^ Revue des Sciences^ .30 mars 1902» p. 2Ô5),
sont très caractéristiques à cet égard. Pour que le nombre diminue deu^r, /bis, il foulque
la hauteur diminue quatre fois.
Les variations du nombre et de la bauteur des contractions dans une courbe sont donc
bien d^ordre pbysiologique. U est presque inutife de relever Tobjeclion de Théves, que la
décroissance du quotient de fatigue est peut-être due à Tinvariabilitè du nombre de sou-
lèvements. Nous venons de voir, en effet, que les deux facteurs de îa courbe sont suscep-
tibles de variei" suivant Tétat fonctionnel. Les mesures dynamomélriques et estbésiomé-
triques le prouvent suffisamment, étant Texpression de l'état des centres sensitjvo-
moteurs & un moment donné de Telfort 11 n'est pas nécessaire de supposer que ces
oscillations se passent dans quelque autre cejilre situé au-dessous de l'écorce ; il est
plus rationnel d'admettre qu'ils ont pour siège les centres dont Taclivilé a été misé en
jeu.
Mais le quotient de fatigue, qui n'est que le rapport entre deux valeurs mobiles, ne
peut certes être l'expression de toutes les modifications subies par l'ergogramme. Il faut
aussi prendre en considération la somme de travail mécanique, et les valeurs absolues de
toutes les b auteur*! et du nombre des contractions dans chaque courbe. Ainsi, le quo-
tient de fatigue peut être diminué aussi bien par raugmentatîon de N que par une dimi-
nution de H. H peut être augmenté aussi bien par la diminution de N que par l'aug-
mentation de H. Nous avons vu que l'accumulation de fatigue diminuait le quotient,
:
FATIGUE.
!TT
I
I
I
siiiiottl par une diminution de hauteur; U faligue psychique, au coutrairep produit une
augmentation du quotient de fali^'ue en diminuant le nombre des soulèvements. L'alcool
produit une diminution du quoliejji par augmentation du nombre U faut donc dans
chaque cas bien spécifier: 1** si une cause quelconque a modifié la somme de travail;
i^ H elle a modiOé le quotient de fatigue; 3^ quelles sont les valeurs absolues de la hau-
teur totale et du nomlire des soulèvements; 4" quelles sont les valeurs respectives de
hauteurs successives des soulèvements. Celte dernière mensuration est très nécessaire;
car, bien que la hauteur soit dans une certaine mesure indépendante du nombre des
soulèvements» et que chacun de ces deux facteurs puisse varier isolément, il n'y a pas anta-
f^onisme entre euXtet même quelquefois il existe une cerlaine dépendance. Ainsi, par
exemple, sous Tinlluence d'une certaine cause,, la hauteur de chaque soulèvement peut
rester lu même; mai3,Ni ïe nombre augmente, la hauteur tolale doil forcément auginenter.
Enfin « à c6té du quotient total il faut considérer les quotients partiei$. Certaines
variations de la courbe peuvent, en eiïet, échapper au quotient total; admettons qu'une
cjiuse amène une action excitante très fug^ace, suivie aussitôt d'une dépression : ces deux
effets peuvent se contre-balancer diins la m*^rae courbe, au point que le quotient de fatigue
n'en cimservera aucune trace. Mais, si nous calculons les quotients partiels, c'est-à-dire le
rapport entre la somme des hauteurs et leur nombre à un moment donné de l'expé-
rienee, nous connaîtrons alors les valeurs de l'elTort moyen en fonction du temps. Nous
arriverons ainsi k donner une expression mathématique à la courbe de la fatigue, à
connaître ses particularités individuelles et ses variations. Le coefficient de résistance
pourra alors être fèirilement calculé. On sait aujourd'hui d'une façon certaine que la fortne
de la courbe est due h deux variables : aux particularités individuelles, et aux dilfércntes
conditions dans lesquelles s'accomplît le travail. Les variations accidenlelles n'entrent
pas en ligne de compte pour un muscle entraîné* Prenant en con^idérution le quo-